Je remercie encore une fois l'opération Masse Critique qui nous permet de découvrir des livres dont on n'aurait peut-être pas entendu parler.
Lors de la réception de ce livre, le résumé me tentait bien, j'avais hâte de découvrir l'univers du parfum, j'ai donc démarré ma lecture en espérant que ce livre me plairait!
J'ai cependant eu du mal lors de ma lecture, j'ai mis énormément de temps à le lire, je n'arrivais pas à avancer dans le livre.
Cependant, j'ai trouvé l'histoire très intéressante, et j'ai apprécié découvrir l'univers de cette auteure!
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J'ai rarement lu un livre où une auteure se livre avec autant de générosité. Univers dont j'ignorais tout, Mme Beaulieu vous explique tout et décortique tout : historique, familles olfactives, produits phares des marques célèbres, conception, parfumeurs, chimie, alchimie. En gros comment on passe de l'image que l'on demande au futur produit de porter à son obtention olfactive, via un processus un poil empirique, mais basé sur un substrat de connaissances qu'il est si bon de se faire révéler. L'auteur joint en plus la pratique à la théorie par un exemple concret de création qui fait office de fil rouge au récit. Et c'est en effet profondément intime, car cette création qui s'apparente à la création artistique implique un complet investissement de soi-même, car le parfum que vous souhaitez porter doit coller à votre peau et à votre personnalité, et c'est compliqué de l'obtenir. J'ai ressenti une personne passionnée par son métier et avec une profonde envie de partager avec son lecteur son domaine, et ça cela met du baume au coeur !
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Je suis à Séville sous un oranger en fleur dans les bras de Roman, l'Andalou vêtu de noir qui n'est pas encore mon amant. Depuis le coucher du soleil, nous regardons les confréries religieuses avec leurs capuches pointues parcourir les ruelles de la vieille ville arabe dans le sillage des brancards en bois doré où se dressent des statues du Christ et de la Vierge. Cette nuit de la Madrugá est la plus longue de la Semaine sainte et la ville tout entière s'est déversée dans les rues : les processions dureront jusqu'à ce que des hirondelles chasseresses zèbrent le ciel d'aurore. Devant l'église, les corps pressés dans la petite place blanche embaument l'eau de Cologne à la lavande. Crachés par les encensoirs, des nuages acres de résines grésillantes - messages millénaires des hommes aux dieux - percent l'odeur grasse des cierges en cire d'abeille des pénitents.
Tandis que l'odeur suave et narcotique de la fleur d'oranger se déploie, le parfumeur m'en désigne les facettes les plus incongrues. Comme des tours de passe-passe, ses mots font surgir de la mouillette une cosse de petit pois cassée, l'asphalte surchauffé juste avant l'orage, une coulée de cire grasse, une bouffée miellée de pollen. L'absolue de fleur d'oranger est à la fois animale, végétale et minérale ; elle n'a pas tout à fait l'odeur de la fleur dont elle est extraite. Mais le fantôme de cette fleur, flottant au-dessus de la mouillette, suffit à réveiller un souvenir lointain. Je ferme les yeux pour laisser la fragrance imprégner mon esprit jusqu'à ce qu'elle domine toutes les autres odeurs du labo, me ramène à la première fois où je l'ai respirée...
Elle avait alors pour moi un autre nom, plus poétique, légué par les Maures à la langue espagnole : azahar.
Extrait du livre audio « Madame, la suite de Monsieur » d'E l'James, traduit par Denyse Beaulieu, Dominique Defert, Carole Delporte et lu par Michelangelo Marchese et Claire Tefnin. Parution numérique le 30 juin 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madame-9791035415556/