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EAN : 9782020043113
224 pages
Seuil (01/01/1976)
3.87/5   90 notes
Résumé :
On connaît les livres de guerre - le témoignage rigoureux et implacable de Ceux de 14. Le présent volume révèle l'autre versant de l'oeuvre de Maurice Genevoix, ces romans ou récits qui distillent une petite musique aussi fluide et poétique que le cours de la Loire, ses tours et ses détours, ses îles inattendues et ses promesses toujours tenues. Tous à tonalité autobiographique, ils abordent les thèmes chers à l'écrivain : la magie de l'enfance, la beauté profonde d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Ralentir... Apprendre à "regarder" au lieu de ne choisir que de "voir", apprendre à "écouter" au lieu de ne préférer qu'"entendre", apprendre à côtoyer le monde vivant, à vibrer en harmonie avec les vies au lieu de n'être que spectateur obligé de l'existence.
C'est en partie l'invite de ce texte ou plutôt son message en filigrane, la plume qu'il reste dans la main après l'envol de ces quelques pages.


"Un jour", c'est une rencontre, la communion de ces quelques heures partagées, la naissance d'une amitié entre deux hommes : l'un, Maurice Genevoix, tout en attention, qui écoute et retranscrit les mots de cette journée et ainsi nous les donne à lire, l'autre un homme intimidant au demeurant, qui cache une belle âme, de celles que la nature exalte, de celles qui savent la valeur des petites choses, de celles qui qui se trouvent récipiendaires de toutes les vies humaines, animales et végétales qui les entourent. Maurice Genevoix, habité éternellement des foudroiements de la Grande Guerre ne peut que souscrire aux mots de l'homme qui l'a sollicité pour cheminer à ses côtés, au long de cette journée.

Et c'est une suite de réflexions sages sur la vie, une intime conscience de la richesse des petites choses qui sont si habituelles qu'on choisirait plutôt de s'en détourner, un remerciement toujours murmuré dans le silence pour le cadeau d'une rencontre avec le cerf qui se pose au détour d'un bosquet, pour la traversée de la pinède qui embaume et montre ses promesses d'avenir, pour la permission d'admirer l'étang, poissonneux, généreux, miroir des présences qui l'entourent quand l'ombre monte, reflet du firmament scintillant dont il amplifie et enrichit la vision, élevant l'âme et l'esprit de celui qui s'attarde sur ses bords, pour la beauté et l'extrême diversité de la palette des couleurs des corolles et des plumages qui s'offrent aux yeux, aux croisements des sentes.

C'est aussi le constat des années qui s'écoulent, des choix, des drames et des bonheurs. Fernand D'Aubel, l'homme qui parle, n'est ni infaillible, ni parfait, et heureusement ainsi, il ne nous est que plus proche, un personnage dont on mendie un avis, un regard, une clef pour entrer au plus près du coeur de la nature.

Et quand surgira au détour du sentier la brusquerie d'une vision et l'évidence incontournable que les mentalités se modifient, que les enjeux de la société se tournent vers de nouveaux dieux, même si Fernand D'Aubel essaye de convaincre que tout va trop vite, trop loin et dans la mauvaise direction, le baume de la futaie traversée une dernière fois dans la pénombre, s'avérera la plus forte consolation qu'il puisse espérer.


"Un jour", passé à suivre, à s'enrichir, à ouvrir les yeux et laisser s'exprimer la sensibilité, un livre qui tient lieu de pas aux côtés des deux hommes, qui nous laisse la ferveur et le trésor de ces pages à relire souvent, ne serait-ce que pour apprendre à reconnaître la beauté du monde sauvage et la nécessité de le respecter, tout en méditant sur la force de vie qu'il peut nous insuffler et la vénération qui lui est due.
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Un jour. Un mystère. Car l'homme est mystère. Un jour, un homme se raconte. Un homme nous raconte. Comme d'Aubel, je médite avec les pieds. Alors bien entendu, cette longue promenade à travers bois, forcément j'ai aimé. De l'aube à la tombée du jour, comme une évidence, une vie se dévoile. Une vie d'homme, vécue pleinement. Un homme vrai, fait de convictions, plein de sève, enraciné dans la vie, le récit est visionnaire et touche à l'essentiel. Pas à pas le brouillard se dissipe, et c'est la vie même qui apparaît, étincelante... "Quelle merveille !"

Il y a 40 ans, ou un peu plus très vraisemblablement, "Je n'ai pas la manie des dates." p. 213, encore écolier dans ce qu'on appelait les humanités inférieures, j'avais alors l'imagination la plus vive. Apanage de la jeunesse, j'étais faon, puis daguet, ensuite trois-cors, enfin dix-cors, je lisais La dernière harde, j'étais le Rouge, roi de la forêt. Je lisais Maurice Genevoix pour la première fois ... et la seule jusqu'à ces quelques jours de vacances à Azay-le-Rideau. Je ne sais comment j'ai fait la connexion avec la Loire. Toujours est-il que cherchant un de ces petits livres faciles à emmener partout pour m'accompagner, je n'ai eu aucune hésitation après avoir déniché Un jour dans la bibliothèque de mes parents (oui, celle du haut). Petit trésor oublié tout ce temps.

Belle rencontre ! Dès les premières pages, je me retrouve dans une écriture amie de longue date, à croire qu'hier encore... Elle a la beauté de la simplicité. Point n'est besoin d'artifices. Il n'est cependant pas exclu, à condition d'être attentif à la musique du ruissellement, de découvrir au détour d'une sente une comparaison imagée à l'allure d'une rivière touchée par la grâce de quelques rayons s'infiltrant à travers les feuillages qu'elle en viendrait à miroiter. L'instant magique et éphémère n'a fait que passer, et déjà le récit suit son cours inéluctable.

A la force de l'écriture s'ajoutent l'intemporalité de la réflexion sur le sens de la vie et la modernité des mises en garde éthique et écologique. Un guide sûr pour retrouver l'harmonie. A l'heure d'une rentrée littéraire n'est-ce pas le bon moment de fouiller ses étagères, son grenier, les boîtes à livre ou les boutiquiers pour (re)découvrir ce petit bijou nous ramenant à l'essentiel ? Voilà un excellent moyen de sauver quelques arbres.^^
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Le narrateur, un écrivain, se perd à la nuit tombée, lors d'une promenade, il est recueilli le temps d'une soirée par Fernand d'Aubel. Un homme respectueux de la personne d'autrui. de cette rencontre le narrateur garde un souvenir fort. Dix-sept ans après les deux hommes se retrouvent, Fernand d'Aubel lui fait alors une proposition étonnante, lui consacrer un jour, une seule journée entière pour parcourir dès l'aube au hasard les chemins pour communiquer avec la nature. Ce roman est donc le récit de cette journée ordinaire où il ne se passe rien, juste le bonheur d'être vivant. Deux personnes seules, hors du temps, où le monde de leur enfance leur est rendu. Guidés simplement par une odeur ou un bruit, ils vont faire le tour d'un étang puis s'enfoncer au coeur de la forêt.

Dès les premières lignes, on est sous le charme, on a l'impression d'être au début du XXe siècle dans une salle de classe ou un maître en blouse grise épelle une dictée, tant la plume de Maurice Genevoix est belle avec des mots choisis.
Une plénitude, une contemplation des beautés simples de la nature. Un sentiment de partager des instants d'éternité, un émerveillement permanent où tous les sens sont en éveil ; les effluves aromatiques des plantes sauvages, le bruit d'un gland qui rebondit de branche en branche, l'odeur de l'herbe mouillée, le bruit des chevaux lors des premiers labours, le chant du coucou, le battement d'ailes d'une mésange charbonnière, un taon qui bourdonne, l'orage sournois qui rôde, qui mijote. Un écureuil qui vole entre deux cimes. Des ronces exubérantes. L'apparition majestueuse d'un cerf en lisière de forêt.

Un jour est un roman testamentaire publié en 1976, alors que l'auteur était âgé de 86 ans, réédité cette année, l'occasion de découvrir la beauté de l'écriture au service de la splendeur de la nature
Un grand merci aux éditions Plon pour leur confiance #Unjour #NetGalleyFrance



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C'est une célébration ce récit, à la vie, à la nature, à la joie.

Sur un transat ou en pleine nature, sur les berges d'une rivière ou le sommet d'une montagne, se laisser porter par la langue délicate et insoupçonnée de l'auteur. Deux hommes partagent une journée exceptionnellement ordinaire et si riche ! Ce récit simple à la plume parfaite et sans faille de Maurice Genevoix offre paix et sérénité.

Une méditation.

Loin des bruits de notre monde, il est bon de savoir se poser et entrer en relation !

Ce récit nous illustre combien de grands hommes, d'une autre époque, déjà pensaient librement la vie !

Osaient alerter sur le monde en devenir ! Osaient être tout simplement en harmonie avec eux même et leur univers.

Dans des moments de doute, comme nous pouvons en vivre ces jours, il devient vitale de lire ces grands textes.

Merci aux éditions pour cette réédition incontournable !

#Unjour #NetGalleyFrance !
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Maurice Genevoix affiche quatre-vingt-six ans quand il publie « Un jour », un roman sans intrigue vraiment, où l'on voit vivre Fernand d'Aubel, « le double » de l'auteur… Mais là n'est pas le propos : il s'agit plus d'une ode à la vie, à la nature et à la simplicité d'être, à l'évidence de l'être pourrait-on dire...

Et puis Maurice Genevoix n'a pas son pareil pour décrire son Val de Loire adoré tel un envol de migrateurs au petit matin sur un plan d'eau brumeux… Cliché pourrait-on dire ? Oui, sous ma misérable prose…
Un ouvrage que d'aucuns ont qualifié de testamentaire… Sans doute vu l'âge de son auteur quand le texte est édité ; d'autant qu'on sent poindre comme une acceptation de la mort quand la vie fut aussi longue.
On est bien loin des romans sur la grande guerre ou l'auteur s'indignait de la mort, de la mort à vingt ans : « Je me rappelais les lentes larmes coulant sur le visage d'un mourant et son regard faisant passer en moi, dans tout mon être, la peine de mourir à vingt ans ».

Un ouvrage poétique et serein…à la gloire de la nature et à l'évidence de l'être. Un texte comme celui de quelqu'un qui attend serein l'inéluctable.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Au lieu de suivre le bord de la Loire, j’avais marché à l’opposé du fleuve vers une pinède ou je savais trouver le silence grave, la lumière doucement amortie qui me mettrait quelque apaisement au cœur.
La mousse feutrait le sable du chemin que je suivais. De part et d’autre la foule des pins sylvestres espaçait ses hautes colonnades d’un rose ardent peu à peu mauvissant sur les profondeurs bleues du sous-bois.
Le silence même et sérénité. L’essor brusque d’un ramier dans les cimes, le déboulé d’un garenne or d’un roncier, le saut rebondissant d’un écureuil dans la perspective de l’allée s’intégrait parfaitement à se silence et à sa paix.
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Mais, à mesure que l'âge vient, le train des jours se précipite et chacun d'eux, de leurre en leurre, nous emporte dans un songe agité d'où l'on se réveille, un matin, lucide enfin mais septuagénaire.
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Ces Américains… Je citerai sans doute encore : avec Whitman, Thoreau, Emerson… Ces vieux sonneurs d'alerte, ils nous ont devancés sur les voies d'une prise de conscience, d'un retour vers une sagesse à visage d'homme. C'est que leurs concitoyens avaient attrapé la vérole avant nous. N'est ce pas Emerson qui a dit, sauf erreur : "Nous savons beaucoup plus que nous n'assimilons ?"
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Il y a ainsi des moments qui marquent la trame de nos jours d'un signet ineffaçable, d'ailleurs inexplicablement.
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J’y ai pensé, je crois, dès le soir de septembre où vous vous êtes perdu ici. Un désir vague, une espèce d’appétit, à peine conscient d’abord, qui peu à peu… Je vous ai parlé de vos livres, il le fallait. Oui, bien sûr, je les aime ; mais j’en ai aimé d’autres, j’ai beaucoup lu, énormément, depuis que je vis aux Vieux-Gués. Avec les vôtres, il s’agit d’autre chose : une connivence, une harmonie préétablie, ne souriez pas, prédestinée, l’impression absurde et pourtant insistante, indiscutable que je les aurais… que je les avais écrits.
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Videos de Maurice Genevoix (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Genevoix
https://www.laprocure.com/product/1049468/genevoix-maurice-rrou
Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois rroû Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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