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Marie-Claude Peugeot (Traducteur)
EAN : 9782714436702
655 pages
Belfond (20/04/2000)
4.26/5   236 notes
Résumé :
Véritable livre-phénomène aux États-Unis, La Puissance des vaincus explore l'extraordinaire complexité des liens qui unissent des frères jumeaux. Un roman à la fois cru et sensible, sombre et pourtant optimiste, qui parle de la faute et du rachat, d'amour et de pardon.

Le 12 octobre 1990, Thomas Birdsey entre dans la bibliothèque de Three Rivers et, devant les lecteurs terrorisés, s'ampute de la main : un acte religieux, dira-t-il, afin de protester c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
4,26

sur 236 notes
Je commence par la saveur d'une bière fraîche, une blonde de 33 cl. 979 pages plus loin et quelques capsules supplémentaires, je me retrouve dans la poussière des vaincus. Même pas eu peur, j'ai fait fi du nombre de pages, passionné par l'histoire de ces deux frères jumeaux à Three Rivers, dans le Connecticut, Dominick et Thomas Birdsey.

La première scène est frappante. Thomas, aux tendances schizophréniques, se tranche la main dans la bibliothèque municipale. Guidé par Dieu, persécuté depuis tous temps par la CIA et les communistes, la voix divine lui a donné sens à son sacrifice, sa manière de protester contre l'absurdité de cette guerre du Golfe orchestré par Bush père.

Et pendant que Thomas se voit interné de force dans un asile psychiatrique plus proche d'une prison que d'un centre de soin, Dominick se démène avec son passé, ses origines, son père... Il a ce besoin de comprendre ses racines, peut-être pour sa rédemption, une façon à lui d'apaiser la culpabilité qui le ronge depuis tant d'années. Triste, sombre, intérieurement colérique, il s'en veut, en veut à tout le monde, son "père", son grand-père, sa mère surtout qui lui a toujours refusé la vérité sur son vrai père, et qui lui a fait promettre à la veille de sa mort de toujours veiller sur son frère. Mission échouée.

Une histoire bouleversante, un pavé intense de la première à la dernière page, un grand moment de littérature américaine. Sans temps morts, bourré de remords. Une histoire contemporaine, une histoire sociale, une nouvelle pinte de bière pour m'accompagner ? La peur du Vietnam, le système de santé, les relations humaines, les délires d'un homme. L'Amérique. Son immigration italienne, "je suis ton père", il s'en passe des choses dans ce long roman, fleuve impétueux de la littérature, qui retracent l'histoire d'une vie, d'une génération, d'un pays. Bien au-delà des maux.

La puissance des vaincus, c'est aussi le souffle de la vita americana. C'est une immersion totale dans la folie, une plongée en apnée dans la vie, une tristesse profonde ancrée dans l'âme d'un frère survivant. C'est surtout le roman de sa solitude.

Maintenant, pour prolonger cet état hypnotique dans lequel le roman m'a plongé pendant des jours et surtout des nuits, bien au-delà des mots, j'ai rendez-vous avec Marc Ruffalo pour deux fois plus de plaisir. I know this much is true.
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Thomas mon ancre, mon ombre.
Thomas est le frère jumeau de Dominick.
Enfant, il doit protéger son frère doux et fragile. Lui est le plus fort, le plus dur. Face au beau père violent, et à la passivité de sa mère, il se défend, en n'employant pas toujours les armes qu'il faut.
Comment ne pas tomber tout en portant ce frère, cette mère, cette histoire de famille dont il doit sonder les secrets ? Comment aimer ce double qui le fait tant souffrir ?
Pourquoi son frère est-il schizophrène ? Peut-il l'entraîner lui aussi au fond du gouffre de la folie ?

Long parcours entre le passé de cette famille d'origine sicilienne et les années 90 dans le Connecticut.
Un récit troublant. Une introspection douloureuse au coeur des secrets de famille et de la maladie. On apprécie que ce roman soit un pavé, pour ne pas avoir à le quitter trop tôt.
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Je voulais tester une seconde lecture de Wally Lamb après "le chagrin et la grâce" que j'avais bien aimé, voilà chose faite avec un ouvrage écrit avant le susnommé.

C'est un pavé de 650 pages. En général j'aime ça les bons gros pavés... même s'ils nous obligent à changer souvent la façon de les tenir avant qu'ils ne génèrent douleurs ou crampes... si l'histoire et l'atmosphère sont bonnes, c'est un plaisir de rester plus longtemps en compagnie de leurs personnages.
Mais voici le livre qui contredit ce je viens d'écrire. Ici, le récit et l'ambiance sont réussis et pourtant... avec des longueurs et des circonvolutions, je pense que l'on n'aurait rien perdu avec un format plus "standard" et quelques 100 à 200 pages de moins.

Quid de l'histoire et de l'ambiance ? Pour l'histoire, je vous la fais façon télégramme ("c'est quoi ça ?" diront les plus jeunes)... Des jumeaux 1 accablé par 2 schizophrène - stop - maman soumise après passé difficile - stop - grand-père pas estimable et beau-père pas mieux - stop - 2 se tranche une main donc enfermement - stop - 1 de plus en plus accablé...
Avec ce condensé très condensé (vous n'avez pas eu le temps de vous barber j'espère ?) vous imaginez bien qu'il y a un peu plus de monde que ces cinq là, et l'on dérive parfois sur les histoires de l'ex-femme et la perte d'un nourrisson, de la nouvelle copine, des copains d'école. D'ailleurs, on comprend très vite qu'un de ces derniers aura son importance un peu plus tard.
L’atmosphère est souvent pesante, il y a du décorticage de cerveau par des psy, des retours sur l'enfance assez peu marrante des jumeaux et celui, plus pénible des souvenirs du grand-père, le tout saupoudré d'info historiques des années 60 à 90.

Pour résumer, (encore ! de condensés en résumés, ça va devenir long cette histoire là !) le déroulement du récit est intéressant et le climat réussi... mais les longueurs atténuent mon appréciation. J'aurais sûrement beaucoup aimé en beaucoup plus court.
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L'histoire boulversante de deux frères qui malgré leur gémellité vivent dans deux univers différents. Après un sanglant passage à l'acte de Thomas, Dominick va se battre pour sauver son frère interné et dérouler le fil du vécu familial. Amour fraternel versus institution psychiatrique, un combat inégal mené à corps perdu et dont on redoute l'issue. Un roman magnifique qui fait très mal...
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Je n'ai jamais parcouru un roman de 1000 pages avec une telle énergie! Wally Lamb a un talent indéniable pour la rédaction de romans costauds. Il capte notre attention dès le départ, nous subjugue au point où l'on ne peut plus lâcher le livre, puis nous amène vers une finale sans ambiguïté, qui répond aux divers suspenses tout en affinant, dans un dernier aveu, la complexité des traits de personnalité de chaque personnage.

L'histoire est merveilleusement bien écrite, dense, d'une richesse peu commune... Elle analyse la recherche identitaire avec finesse. Mais avant tout, elle oppose la folie et la normalité chez les jumeaux identiques. Thomas est un schizophrène paranoïaque qui a des obsessions délirantes, et son frère jumeau, Dominik, est sain d'esprit. Ainsi débute le roman alors que Thomas, dans une bibliothèque, se tranche la main au nom de la paix, pour protester contre l'intervention militaire au Koweit. Dans son délire, il est persuadé que la CIA et le président Bush sont de connivence contre lui, que le FBI et le KGB veulent le supprimer et qu'il a été choisi par Dieu pour sauver le monde.

S'ensuivra chez Dominik une longue introspection visant à le défaire de sa rage et de sa culpabilité, de son impuissance et de ses remords, de sa détresse psychologique et de sa solitude. Pourquoi aurait-il défié les lois de l'hérédité en échappant à la psychose de son frère? Un retour dans les recoins les plus obscurs de leur histoire familiale tentera d'y répondre, par l'entremise d'une thérapie. Jusqu'à se demander, au final, lequel des deux frères est le plus souffrant ...

Ce roman aborde en parallèle le chagrin d'amour, la perte, le deuil et surtout, le pardon. L'histoire est authentique sans jamais sombrer dans le pathos. La représentation du milieu carcéral psychiatrique est troublante de vérité. C'est à mes yeux un véritable chef-d'oeuvre … J'irai remercier la gentille libraire que j'aime tant chez Renaud-Bray, d'avoir presque insisté pour que je l'achète, parce que je serais passée à côté d'un excellent moment de lecture...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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critiques presse (1)
Lexpress
05 juillet 2012
La puissance narrative de l'auteur impressionne, ainsi que son art de multiplier les intrigues.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Dehors, dans la cour, les internés se mettaient en rang devant un type au chapeau de cow-boy qui leur allumait leur cigarette un par un. c'était ça, la récréation ? Tous assis sur les tables à pique-nique, à fumer en tenue de l'armée ? Le seul à faire un peu d'exercice était un Noir tout maigre qui dribblait le ballon sans jamais essayer de le lancer au panier. Il avait l'air complètement camé. L'effet de la Thorazine, sans doute. C'était pourtant lui le plus actif du lot.
"Vous pouvez me dire pourquoi la moitié de ces types sont en tenue de camouflage ?" C'est la mode dans l'établissement ?"
Elle s'est levée pour venir voir. "La bloc Quatre. La moitié d'entre eux sont des blessés rapatriés du Vietnam.
- Ce type de Mystic qui a pris sa famille pour une bande de Vietcongs, il est ici, non ?
- Je ne suis pas censée vous parler des autres patients. Mais ces anciens combattants n'ont pas tous un casier judiciaire. Beaucoup d'entre eux sont là simplement parce que les hôpitaux militaires sont surchargés et que nombre d'autres filières ont disparu. Il faut bien les placer quelque part. Le Vietnam : la guerre dont on n'est pas encore sortis.
- Et on s'excite déjà sur la nouvelle."
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On a tenu le coup un peu plus d'un an. Sans se disputer vraiment. Il nous aurait fallu trop d'énergie. Les disputes auraient eu raison des illusions de façade et mis la vérité à nu : Dieu, dans sa Malveillance, nous avait désignés pour cette épreuve (c'était la théorie de Dessa), ou bien Dieu n'existait pas (c'était la mienne). La vie n'avait pas forcément un sens, voilà la conclusion à laquelle j'étais arrivé. Ce n'était qu'une vaste blague. On pouvait, voyez-vous, avoir un frère qui se mettait des trombones dans les cheveux pour détourner les signaux ennemis de Cuba, un père biologique qui, en trente-trois ans, n'avait jamais montré le bout de son nez, et une enfant morte dans son berceau... sans que tout cela ait le moindre sens. La vie était un leurre, une chaise qu'on vous retirait juste au moment où vous alliez vous asseoir.
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La Californie ne leur avait pas réussi, écrivait Joy. Ils étaient venus dans l'Est, à Porthmouth, New Hampshire, où Thad avait été en garnison autrefois. Il travaillait comme masseur dans un centre de remise en forme, et elle était serveuse dans un restaurant mexicain. Ça n'allait pas très fort entre eux. C'était assez compliqué. Elle allait devoir prendre certaines décisions. Mais Tyffanie était un bébé facile - elle n'avait que six semaines et faisaient déjà des nuits complètes. "J'ai tout foutu en l'air dans ma vie, ou presque, Dominick, écrivait Joy. La seule chose que j'ai réussie, c'est Tyffanie."
Elle avait joint une photo, un de ces instantanés qu'on prend à l'hôpital et qui montrent incontestablement que l'homme descend du singe. Tyffanie Rose : prénom cucul, orthographe nunuche. Typique. J'ai regardé cette petite chose fripée et lui ai souhaité bonne chance. Elle en aurait besoin avec ces deux tarés de parents...
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" Vous ne voulez pas venir vous asseoir ici avec moi ? Montez la place est toute chaude.
- Ah ouais ?"
Je me suis glissé près d'elle. J'ai vu son livre sur ses genoux. Elle a toujours été une dévoreuse de livres - même à cette époque-là.
"Votre mère ne vous a jamais dit de ne pas lire dans le noir ?
- Je lisais au clair de lune.
- C'est pareil. Sur quoi est-ce que vous vous abîmez les yeux ?
- Richard Brautigan." Elle m'a tendu le bouquin. "Je ne comprends pas vraiment ce que je lis, mais je ne peux pas m'arrêter. C'est mystérieux... ça m'intrigue."
J'ai écarquillé les yeux sur le premier paragraphe, que j'ai lu tout haut. "Dans le sucre de la pastèque tout s'accomplissait encore et encore comme ma vie s'accomplit dans le sucre de la pastèque. Je vais t'en parler parce que je suis ici et que tu es loin.
- Regardez sa photo. Elle est sur la couverture de tous ses livres.
- On dirait Mark Twain défoncé à l'acide. " Elle a ri et m'a passé une main dans les cheveux en les ébouriffant légèrement. Ai-je bonne mémoire ? Est-ce que ça a suffi pour que je tombe amoureux d'elle immédiatement ?
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- Votre trouble est compréhensible. Mais à quarante et un ans, vous avez de la ressource, une perception plus large de l'univers, une vaste connaissance des désirs et des défauts humains, toutes choses dont vous n'auriez pas disposé plus jeune. Si vous aviez découvert la vérité à seize ou dix-sept ans, n'auriez-vous pas réagi avec la violence qui vous caractérise ?
- Je ne sais pas. Peut-être.
- Et ne croyez-vous pas que cette fureur aurait pu se retourner contre elle ? Ou contre son âme sœur ? Votre frère ?
- C'est possible.
- Contre vous-même aussi. Cette vérité que vous cherchiez, livrée au mauvais moment, ne vous aurait-elle pas mené à l'autodestruction ?
- L'autodestruction ? Comment ça ?
- Comme beaucoup de jeunes Américains, vous vous seriez peut-être détruit par l'alcool, ou la drogue, ou au volant d'une voiture ?
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