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Véronique Patte (Traducteur)
EAN : 9782266114585
384 pages
Pocket (17/10/2002)
4.36/5   569 notes
Résumé :
Quand Ryszard Kapuściński arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais. Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées.

Observateur exceptionnel, il croise des potentats... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
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Bien que Ryszard Kapuscinski dans son incipit se garde bien de généraliser sur l'Afrique, il le fait quand même, en en relevant les ressemblances psychiques, au delà des dissemblances évidentes entre quelques pays où il vit.
C'est un monde, ce livre, une Bible, une étude particulièrement aigue, reconnaissante, proche de la réalité des manières de vivre de certains africains.
Un chef d'oeuvre pour qui veut comprendre quelques points communs à la partie sub-saharienne de l'Afrique.

1-Le temps n'a pas la même valeur qu'en Europe où l'on court et où on oublie de respirer et de penser ( enfin, certains ) le temps, en Afrique, « est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective, ».C'est l'homme qui invente son temps, avec l'aide des ancêtres toujours présents, et les dieux, aussi.
Le temps est mis en marche par nous les humains, il n'existerait pas si nous n'y pensions pas. ( Saint Augustin l'Africain le disait déjà.)

2- La mobilité : les villages sont parfois en proie aux épidémies, aux invasions, au feu, à la stérilité des sols, d'où la nécessité de migrer par « l'esquive, la dérobade et la ruse »

3-La solitude, une situation intenable pour un africain, qui vit regroupé en famille, protégé par le clan, faisant toujours « partie de ». D'où la difficulté pour les écrivains africains de s'isoler pour écrire. Car survivre, dans des conditions précaires, ne peut se faire qu'en groupe, avec l'aide , de plus, des ancêtres, confondus dans l'imaginaire avec les dieux.

4- La Matrilinéarité : l'enfant appartient aux deux époux, cependant, c'est bien l'ascendance de la femme qui prévaut, entre autres avec le pouvoir de l'oncle maternel, vrai père de l'enfant. (Matrilinéarité n'est pas matri localité, les femmes continuent à aller habiter chez leurs époux, le pouvoir cependant leur appartient.)

5- Les esprits. Ils existent, des sorciers peuvent faire du mal, « manger les âmes », ce que nous européens appelons dépression, tout en étant aussi démunis pour en comprendre les raisons que eux, qui croient aux sorciers sans jamais en avoir vu un.
Les sorciers agissent souvent à distance, et agissent.

6- Les bestioles : « des fissures du plancher et des murs, des chambranles et des coins, dessous les tasseaux et rebords des fenêtres sortent au grand jour des armées de fourmis, de mille-pattes, d'araignées et de scarabées, s'envolent des nuées de mouches et de papillons de nuit. »Et les plus redoutables, les moustiques.

7- le partage : jamais un enfant ne mangera sans en donner aux autres, la nourriture étant un acte social par excellence. Même si elle est rare, surtout si elle est rare, elle se partage, le jour même. ( d'ailleurs, garder de la nourriture est un acte condamné d'avance, vu le nombre de souris affamées elles aussi)

Journaliste polonais appelé sur les zones de conflits, Kapuscinski ne se contente pas de ces idées générales, il analyse les raisons des guerres, avec une vraie connaissance et vraie compréhension de ce dont il parle. Une appartenance aux civilisations qu'il visite, on pourrait dire de l'intérieur, sans ingénuisme, sans idée préconçue, au plus près de la vérité, relevant les paradoxes ; j'en cite certains :

Le Ghana est le premier pays au Sud du Sahara à obtenir l'indépendance, Nkrumah partisan du panafricanisme, accueille tous les mouvements activistes du continent et des Noirs Américains , avec les dissensions inattendues, ou comment une vraie bonne idée peut capoter( voir Maya Angelou)

Zanzibar a été peuplé de musulmans réfugiés de Chiraz en Iran, qui ont vaincu les Portugais , avant d'être colonie britannique. Puis un agitateur déclare que les Arabes, propriétaires des plantations de girofliers et de cocotiers, et cerveaux de la traite et de la vente des esclaves, -servant souvent de porteurs de l'ivoire, huile de palme, peaux de bêtes sauvages , pierres précieuses, à destination de l'Orient- sont des étrangers, et donc, à combattre. Et l'Indépendance, justement, pour les Arabes, signifie prendre le pouvoir, les Noirs veulent aussi le pouvoir. Problème.

Le Rwanda : ce petit pays est divisé en non pas deux ethnies, deux tribus, deux religions différentes mais en deux castes, comme sous l'ancien Régime en France : les propriétaires de bétail, Tutsis, 14% de la population, et la caste des agriculteurs, les Hutus , 85% de la population. Révolution des uns contre les autres, répression et mise à feu, vengeance , peur de la vengeance, très profondément ancrée chez les africains, dit l'auteur et génocide que l'on connait.

Le Libéria : seul pays d'Afrique de l'Ouest à ne pas avoir connu le colonialisme, d'anciens esclaves venus d'Amérique y accostent. Ils sont affranchis, et, comble du malheur dont Graham Greene parle dans son livre « Voyage sans carte », ils vont se conduire comme des colons. Ils n'ont connu que l'esclavage, puisqu'on sait qu' être affranchi aux USA , c'est être toujours esclave, alors, ils le recréent , ce statut, à leur avantage sur ces sauvages indigènes.
Malheur, malheur. Suivi d'autres malheurs, coup d'Etat, dictatures, terreur, coup d'Etat.

Et livre absolument génial, historique, attentif aux histoires qu'il transmet, une somme, un chef d'oeuvre, qui m'a été offert par Dombrow01, Pierre Duchesne III .


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La route de koumassi. C'est le Deuxième livre de cet auteur que je lis. Il a été traduit par Veronique Patte.A quoi ressemble la gare routière d'Accra . A un grand cirque qui fait une brève halte et qui est un festival de musique et de couleurs. Les bus font davantage penser à des pullmans glissants sur des autoroutes. Autobus aux couleurs vives. j'ai lu de lui un livre sur le Négus qui était fort intéressant. L'Africain croit à l'existence de 3 mondes parallèles. Celui qui l'entoure fait de réalité palpable. le monde des ancêtres défunts. Enfin le monde des esprits ou les swahili mangent les petits enfants. cet écrivain dit sèchement les choses qu'il voit. Je deviens plus critique et pourtant j'aime cet auteur. Je suis né dans
ces années de décolonisation et plein d'espoir. Je suis marqué par ce point de vue. Je pense au sommeil, à Vero qui dort mal, a l'émission de télé sur la 5 qui en parle. Je pense aussi a l'assoupissement de l'auteur en camion. On se penche sur moi. Il fait encore nuit.
J'aime les livres papiers qui encombrent la maison.
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Kapuscinski, journaliste pour l'agence officielle polonaise du temps du communisme, a eu l'opportunité d'être envoyé en Afrique, et d'y couvrir les conflits et « luttes de libération ». Il y a rencontré des chefs d'état, des dictateurs, leur clique, leurs protégés, et tout un monde du quotidien très éloigné de sa culture. En esprit libre, il a su profiter de cette chance pour tenter de comprendre la culture et les modes de fonctionnement des sociétés des pays où il résidait. Cela a donné Ébène, un essai un peu poil à gratter, qui n'idéalise pas l'Afrique, mais essaye de trouver des explications à des habitudes bien ancrées. le rôle de la famille, au sens le plus large, de la tribu, du retour attendu de ceux qui réussissent à percer y était clairement exposé.
L'art de Kapuscinki est d'avoir su traduire le poids de la chaleur, l'incertitude du quotidien, les tensions politiques ou ethniques, le quête de nourriture... La présentation de Kapuscinki a peut être un peu vieilli, mais son regard reste tout à la fois clinique et humain.
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Ryszard Kapuscinski est polonais et commence un voyage en Afrique en 1958 , il a la particularité d'aller dans les quartiers africains et non pas dans les hôtels pour touristes . Il nous donne son avis sur les conflits africains du XX ième siècle et son récit est intemporel , en effet , rien ou si peu a changé sur ce continent dont une grande partie est continuellement en guerre . Il aborde notamment la vie de quelques dictateurs comme Amin Dada ( voir à ce sujet le magnifique film ' le dernier roi d' Ecosse ' qui offre un portrait un peu plus nuancé ) , il analyse le génocide du Rwanda de façon intelligente , nous explique l'origine incroyable du Libéria , où les anciens esclaves Afro -américains s'empressent de faire revivre l'esclavage . Pour celui qui est intéressé par le continent africain , je recommande Américan Darling de Russel Banks qui se passe au Libéria .
Conclusion , un livre intéressant pour ses nombreuses anecdotes et une belle analyse du continent africain .
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Je ne sais, si je pourrais trouver les mots pour vous donnez mon ressenti à la lecture de ce livre. C'est très fort.
Une plume magnifique, des détails qui peuvent être donner que par une personne ayant vécu sur place et au plus près de la population. En un mot ne passez pas à côté, lisez-le, vous ne verrez plus tous ces pays de la même façon..

Un immense merci à Francine ainsi qu'à Pierre Duchesne III, qui m'ont fait un très beau cadeau, en me donnant l'occasion de lire ce très beau récit.

Ebène - Aventures africaines de Ryszard Kapuscinski, ce journaliste passionné, nous fait un magnifique reportage en sillonnant de nombreux pays africains, vivant au milieu du peuple, dans des conditions très difficiles que peu d'occidentaux auraient acceptées, mais pour lui, le principal était d'être au plus près des malheureux.
"Si l'un des gamins a de quoi manger, il mange. Cela peut-être un morceau de pain ou de biscuit, un bout de manioc ou de banane. Jamais il ne mangera sa portion tout seul, car les enfants partagent tout. Généralement l'aîné du groupe s'efforce de faire un partage équitable, même si chacun ne récupère que des miettes. le reste de la journée ne sera plus qu'une quête permanente de nourriture. Car ses enfants sont constamment affamés."

Tous ces pays ont connu la colonisation. L'Europe a morcelé l'Afrique, ils ont pris tout ce qu'ils voulaient, vivaient comme des nababs, ils ont pratiqué l'esclavage, résidaient toujours près des ports, des voies praticables. Les hommes et les femmes qui peuplaient ce pays leurs servaient de domestiques tout simplement. Il ne fallait surtout pas se mélanger.
"Le drame de nos civilisations, et de l'Europe notamment, c'est que jadis les premiers contacts avec l'Afrique ont été le privilège d'individus de la pire engeance : voleurs, soldatesque, aventuriers, criminels, trafiquants d'esclaves, etc. Certes, il y a eu des exceptions : des missionnaires honnêtes, des voyageurs passionnés, des chercheurs, mais en général le ton, la norme, le climat ont pendant des siècles été dictés par des canailles, des brigands internationaux peu soucieux de découvrit d'autres cultures, de communiquer avec elles, de les respecter. C'étaient pour la plupart des mercenaires obscurs, butés, rustres, insensibles, analphabètes. La seule chose qui les intéressait, c'était conquérir, piller et massacrer."

Suite à la décolonisation, les africains ont du subir, des dictatures, génocides, coups d'état, la terreur, la faim, le manque d'eau, les maladies, toujours pour les mêmes, l'aide alimentaire ne leur parvenait pas, des chefs de guerre se servaient avant. Une honte.
"Ils attaquent et pillent les femmes et les enfants parce que ceux-ci sont les destinataires de l'aide humanitaire, des sacs de farine et de riz, des paquets de biscuits et des boîtes de lait en poudre en provenance du monde entier."

Il ne faut pas oublier que tout ce peuple couche à même le sol, ils sont aussi piqué par un grand nombre de bestioles, notre reporter en a fait les frais.
"Les murs, le lit, la petite table et le plancher sont noirs. Noirs de cafard. J'ai déjà eu l'occasion de vivre avec toute sorte de vermine, parmi des millions de mouches, de cousins, de blattes et de punaises, au coeur d'innombrables nuées, d'essaims de guêpes, d'araignées, de carabes, de scarabées, de taons, de moustiques et de sauterelles voraces. Mais cette fois-ci, je suis frappé par la dimension des cafards, la taille de chaque insecte séparément. Ces ont des bestioles énormes, larges comme des tortues, sombres, luisantes, velues et moustachues. Leur taille monstrueuse me tétanise."

Je peux vous dire que j'ai été horrifiée, je connais les cafards, mais là ce sont des phénomènes...
Ce livre m'a beaucoup touchée, de voir ces milliers de personnes, dans le dénuement le plus complet, affamées, malades, toujours à la recherche d'ombre, d'eau, de nourriture. La cause de tous ces maux, le pouvoir qui en veut toujours plus au détriment de leurs congénères.
Très triste.
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Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
Ils commencent par se construire un toit, un petit coin, une place à eux. Comme ces migrants n'ont pas d'argent, puisqu'ils sont justement partis en ville pour en gagner - le village traditionnel africain ignore la notion de l'argent -, ils ne peuvent se réfugier que dans les bidonvilles. L'architecture de ces quartiers est invraisemblable. Le plus souvent , les autorités de la ville affectent aux pauvres les terrains les plus mauvais : des marécages, ou bien des terres nues et sablonneuses. C'est là qu'on installe la première cabane. A côté d'elle vient s'installer une deuxième. Puis une troisième. Spontanément surgit une rue. Quand cette rue en rencontre une autre, cela forme un croisement. Puis ces rues commencent à se séparer, tourner, se ramifier. C'est ainsi que naît un quartier. Mais comment se procurent-ils les matériaux ? C'est la grand mystère. En creusant le sol ? En décrochant les nuages ? En tout cas il est sûr et certain que cette foule de miséreux n'achète rien. Sur la tête, sur les épaules, sous le bras, ils transportent des morceaux de tôle, de planches, de contreplaqué, de plastique, de carton, de carrosserie, de cageot, puis ils assemblent, montent, clouent, collent ces pièces en un ensemble qui tient de la cabane ou de la hutte et forme un collage multicolore improvisé. En guise de couche, ils tapissent la terre d'herbe à éléphant, de feuilles de bananiers, de rafia ou de paille de riz, car souvent le sol est boueux ou pierreux. Faites de bric et de broc, ces architectures monstrueuses en papier mâché sont infiniment plus créatives, imaginatives, inventives et fantaisistes que les quartiers de Manhattan ou de La Défense à Paris. La ville entière tient sans une brique, sans une poutre métallique, sans un mètre carré de verre !
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Sur la passerelle de l'avion nous sommes accueillis par un parfum nouveau : celui des tropiques. Nouveau ? Cette odeur embaumait la boutique de monsieur Kanzman, "Articles coloniaux et autres", rue Perec à Pinsk : amandes, clous de girofle, dattes, cacao, vanille, feuilles de laurier, oranges, bananes à l'unité, cardamone, safran au poids. Et Drohobycz ? Et les boutiques de cannelle de Schulz ? "Faiblement éclairées, sombres et solennelles, elles étaient imprégnées de l'odeur lourde des teintures, de la laque, de l'encens, de l'arôme des pays lointains et des étoffes rares ! "Le parfum des tropiques est pourtant différent. Nous ressentons d'emblée son poids, sa viscosité. Il nous signale immédiatement que nous nous trouvons dans un endroit du globe où la vie biologique, luxuriante et inlassable, travaille sans relâche, engendre, croît et fleurit tout en se désagrégeant, en se vermoulant, en pourrissant et en dégénérant.
C'est l'odeur d'un corps chauffé, du poisson qui sèche, de la viande qui se décompose et du manioc frit, des fleurs fraîches et des algues fermentées, bref de tout ce qui plaît et irrite en même temps, attire et repousse, allèche et dégoûte. Cette odeur nous poursuit, s'exhalant des palmeraies environnantes, de la terre brûlante, s'élevant au-dessus des caniveaux putrides de la ville. Elle ne nous lâche plus, elle colle aux tropiques.
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A quoi ressemble la gare routière d'Accra ? A un grand cirque faisant une brève halte. Festival de couleurs et de musique. Les autocars font davantage penser à des roulottes de forains qu'aux luxueux pullmans glissant sur les autoroutes d'Europe et d'Amérique.
Ce sont des espèces de camions avec des ridelles en bois surmontées d'un toit reposant sur des piliers, de sorte qu'une brise agréable nous rafraîchit pendant le trajet. Ici, le courant d'air est une valeur prisée. Si on veut louer un appartement, la première question que l'on pose au propriétaire est : "Y a-t-il des courants d'airs ?" Il ouvre alors en grand les fenêtres et on est aussitôt caressé par un agréable souffle d'air frais : on respire profondément, on est soulagé, on revit.
Au Sahara, les palais des seigneurs sont étudiés avec ingéniosité : quantité d'ouvertures, de fentes, de coudes et de couloirs sont conçus, disposés et structurés de façon à provoquer une circulation d'air optimale. Dans la chaleur de midi, le maître est couché sur une natte à l'endroit où débouche le courant d'air et respire avec délectation ce vent un peu plus frais. Le courant d'air est une chose mesurable financièrement : les maisons les plus chères sont construites là où se trouvent les meilleurs courants d'air. Immobile, l'air ne vaut rien, mais il lui suffit de bouger pour prendre de la valeur.
Les autocars sont bariolés de dessins aux couleurs vives. La cabine du chauffeur et les ridelles sont peinturlurées de crocodiles découvrant des dents acérées, de serpents dressés prêts à l'attaque, de volées de paons caracolant dans les arbres, d'antilopes poursuivies dans la savane par des lions féroces. Partout des oiseaux à profusion, des guirlandes, des bouquets de fleurs. Le kitsch à l'état pur, mais un kitsch débordant d'imagination et de vie.
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Mais comment les navires qui voguent sur les lacs au coeur du continent africain sont-ils arrivés là ? Ils ont été démontés dans les ports de l'océan, les pièces chargées, transportées sur les têtes puis rassemblées sur les rives des lacs. C'est en pièces détachées que des villes entières, des usines, des équipements de mines, de centrales électriques, d'hôpitaux sont parvenus au fin fond de l'Afrique. Toute la civilisation technique du XIXè siècle a été transportée à l'intérieur de l'Afrique sur la tête de ses habitants.
Les habitants d'Afrique du Nord ou même du Sahara ont été plus chanceux : ils ont pu utiliser les bêtes de somme, les chameaux. Dans l'Afrique subsaharienne, le chameau ou le cheval n'ont jamais pu s'adapter, car ils étaient décimés par les mouches tsé-tsé ou par d'autres maladie s des humides tropiques.
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Les routes en Ethiopie sont pénibles et souvent dangereuses. Pendant la saison sèche, le camion dérape sur le gravier de l'étroit ruban creusé dans la paroi montagneuse et abrupte, bordant un précipice de quelques centaines de mètres de profondeur. Pendant la saison des pluies, les routes de montagne sont impraticables. Traversant des plaines, elles se transforment en marécages fangeux dans lesquels on peut s'enliser pour quelques jours.
En été, après quelques heures de route sur le haut plateau, l'homme est noir de poussière. Au bout d'une journée de voyage, la chaleur et la sueur aidant, on est couvert d'une épaisse carapace de crasse. C'est une poussière composée de particules microscopiques, une espèce de crachin dense et chaud qui s'infiltre dans les vêtements et s'introduit dans toutes les cellules du corps. Il est difficile de s'en débarrasser. La vue en souffre beaucoup. Les chauffeurs de ces camions ont constamment les yeux gonflés et rouges, ils sont constamment sujets à des maux de tête et deviennent aveugles très tôt.
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Videos de Ryszard Kapuscinski (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryszard Kapuscinski
25 octobre 2013
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais. Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées. Observateur exceptionnel, il croise des potentats comme Nkrumah, Kenyatta ou Idi Amin, témoigne de coups d'Etat et de guerres civiles ; il essuie des fusillades, affronte des tempêtes de sable et supporte l'indescriptible chaleur africaine. Mais Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens et sait gagner leur confiance. le tumulte de la vie quotidienne africaine le passionne davantage que les corruptions, les épidémies et les guerres meurtrières. Ce livre majeur, attendu depuis longtemps, a reçu en 2000 le prestigieux prix littéraire italien Viareggio. "(...) un chef-d'oeuvre hybride et bouleversant ; peu de livres ont fait sentir l'Afrique d'aussi près." Jacques Meunier - "Le Monde"
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