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EAN : 9782749133652
368 pages
Le Cherche midi (20/08/2015)
3.2/5   76 notes
Résumé :
Un soir, la police sonne à la porte de Peter Els, compositeur solitaire à la vie bien rangée. La Sécurité nationale veut l'entendre à propos d'une infection bactériologique dans un hôpital voisin. Bien qu'il n'ait rien à voir avec cette affaire, Peter, affolé, prend la fuite. La rumeur commence à enfler, relayée par les médias : on le soupçonne d'être un terroriste. Sa vie bascule. Durant son long voyage à travers le pays, Peter va mettre à profit cette mésaventure ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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À treize ans, Peter Els n'a plus d'oreille que pour Mozart alors que son frère Paul et ses copains veulent l'obliger à aimer les musiques à la mode. Son père lui a déniché une clarinette dans un vide-grenier dès lors, sa clarinette devient l'unique objet qu'il emporterait sur la Lune, sur une île déserte ou en prison. Très vite, il compose sa musique, il possède l'oreille absolue, tous les sons se transforment en notes. Un jour, sa fille lui offre une Golden retriever qu'il nomme Fidelio. À la retraite, il aménage un petit laboratoire, sa chambre des nuages, dans lequel il effectue des recherches sur l'ADN et les bactéries. Son rêve avant de mourir : s'affranchir du temps et entendre la musique du futur. Fidelio a quatorze ans, elle meurt d'une hémorragie, affolé Peter compose le 911. Deux agents accourent et comprenant qu'ils ont été appelés pour un chien mort conseillent à Peter d'appeler les services vétérinaires, il est interdit, pour raison sanitaire, d'enterrer un chien dans le jardin. Lors de leur visite, ils aperçoivent le laboratoire et là c'est la machine antiterroriste qui va se mettre en branle. C'est le début du livre ensuite Richard Powers raconte diverses périodes de la vie de Peters Els où bien sûr la musique est toujours le point d'orgue.
Après le temps où nous chantions Richard Powers m'a, à nouveau, séduite avec ce magnifique roman sur la musique.

Challenge Atout prix 2017 - Prix Maurice-Edgar Coindreau 2016
pour la traduction.
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Quand le bon vieux professeur Els compose le 911 parce que sa chienne vient de mourir, il ne se doute pas qu'il vient de déclencher une machine infernale qui va le pousser à fuir, car soupçonné de Bioterrorisme.
Le sujet est attrayant ?
Mais le vrai sujet du livre n'est pas là. L'héroïne du livre, en effet est : la Musique avec un grand M.
Sous toutes ses formes.
Powers raconte ce road movie dans une narration pour le moins complexe où alterne le présent du fuyard et son passé de musicologue.
Je pourrai dire que tout est musique dans ce livre. Les voix des différents protagonistes, les sons et bruits du quotidien et les chants d'oiseaux sont systématiquement comparés, par Powers, à des instruments, des airs d'opéra, ou des morceaux de musique.
Par la voix de son professeur, l'auteur raconte également quelques histoires de la Musique et de musiciens célèbres.

Quant à la trame autour d'un éventuel acte terroriste, et la traque organisée pour retrouver son auteur, tout ça est très vite relégué au second, voir troisième, plan, à mon grand désarroi.

J'avoue que ce fut une lecture difficile. La complexité des termes employés, parfois trop « techniques» m'a gêné. J'ai également été dérouté par le style, la chronologie et l'histoire elle-même, déstructurés.
Peut-être ce roman chantera-t-il aux oreilles des spécialistes de l'art musical, mais moi, je n'y ai pas été sensible et j'ose dire que parfois… je n'ai pas tout compris.

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Pour Peter Els, tout bruit est un son, c'est ce que l'on appelle l'oreille absolue, ce pourrait être une bénédiction. Pour le vieux monsieur qu'il est maintenant cela ressemble plus à une malédiction. Une vie de création et une impossibilité à se livrer à un public qu'il a toujours imaginé hostile, et pourtant Peter est un génie de la musique.Il peut être aussi un bon ami, un bon amant, un bon mari et un bon père mais jamais en même temps et jamais longtemps.

Alors, à soixante-dix ans passés, lorsqu'il est pris pour un terroriste, à la suite d'un malentendu, par Dupond et Dupont de la CIA, il devient l'ennemi public numéro un d'une Amérique offerte à la paranoïa télévisuelle. Peter va faire ce qu'il a toujours fait dans la vie : « un zig quand le public attend un zag ». Peter fuit sans but et là c'est son passé qui lui fait un zag alors qu'il attend un zig.

Ouf ! Depuis son beau roman « le temps où nous chantions » on sait que Richard Powers connait la musique, qu'il l'aime et la partage. Dans « Orfeo » nous ne sommes pas dans la chanson mais dans le monde de la recherche musicale pure : Chostakovitch, Bartók, Stravinsky avec un détour par John Cage, Pierre Boulez, le tout saupoudré d'un petit peu de Beatles.

Powers est généreux, dans sa trame romantique à la « Jules et Jim et l'Opéra Dodécaphonique » il inclut une histoire de la musique contemporaine et des micro-biographies de Mahler, Messiaen ou Harry Partch. le romancier nous bouleverse, nous émeut et nous instruit, le lecteur ravi n'en demande pas plus.

Et pour le Tintinophile que je suis, citer Dupond et Dupont dans un roman rend son auteur attachant, forcément attachant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Première incursion dans l'univers littéraire de Richard Power - que je ne connaissais même pas de nom il y a moins d'une semaine - avec Orfeo.

Voici un roman pour le moins singulier. Tant dans sa construction que dans son sujet. Voire ses sujets. Peter Els, soixante-dix ans, retraité, appelle le 911 pour sa chienne Fidelio agonisante. Point de départ de l'intrusion dans sa vie des autorités qui le soupçonne de bioterrorisme pour cause de marotte génético-chimique dans un laboratoire "do it yourself". Présenté ainsi, ça a tout d'une farce. Sauf qu'on est aux États-Unis post-11 septembre.

Comme un balancier, le roman oscille entre passé et présent. On découvre en Els, en plus d'un adepte de la génétique maison, un être qui a voué sa vie à la recherche musicale, voulant la pousser à son absolu. La personnalité de Els est de prime abord difficile à cerner tant les allers-retours chronologiques sont rapides. L'auteur complique encore la donne avec un champ lexical musicographique dense et pointu. La néophyte que je suis en la matière est passée largement à côté de plein de notions. Mais on finit par y retrouver son petit Peter et à se prendre d'amitié pour lui et sa quête quasi mystique du mystère de l'émotion musicale.

Orfeo n'est pas un simple roman ni un roman simple. Il tient en grande partie de l'essai musicologique et des arcanes de la composition d'oeuvres. Je reste complètement effarée de la capacité des compositeurs de "penser" en solfège et de retranscrire sur portée la musique qui se déroule dans leur tête. Els, d'ailleurs, vit en musique car tout dans sa vie relève du rythme et des accords. Impressionnant tour de force de Richard Power de donner vie à ces visions sonores.

Le livre traite aussi des secrets de la vie via la génétique. Et, dans la foulée, des angoisses et paranoïas virales que l'idée de manipulation de bactéries ou autres micro-organismes peut répandre au sein d'une population. Je me suis rappelée, en lisant, les terreurs provoquées par des envois postaux contenant ce qu'on pensait être des souches d'anthrax il y a quelques années.

Ce livre m'a ébranlée par son fond et sa forme en me renvoyant à mon manque de connaissances musicales - un sentiment déjà ressenti avec le superbe Corps et âmes de Franck Conroy, quoique avec moins d'acuité. Mais il est toujours intéressant d'aller au-delà de sa zone de confort. Une chose est certaine, j'ai grande envie de découvrir d'autres titres du sieur Power.
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Il y a toujours quelque chose à apprendre dans les romans de Richard Powers, ce grand curieux de tout pour qui la science est poésie. Non seulement à apprendre, mais à voir et appréhender autrement.

Ici, c'est du puissant pouvoir révolutionnaire de la musique qu'il est question, de sa capacité à engendrer de la vie, de la recomposer et la multiplier de manière inédite. de la puissance intrinsèque de la note à celle de la cellule, il n'y a qu'un pas que Powers franchit avec ce culot jubilatoire d'écrivain qui se permet tout, quitte à perdre en route quelques lecteurs perdus dans les méandres technico-métaphysiques de sa pensée.

L'intrigue, ponctuée d'aphorismes, de multiples retours en arrière sur la vie du musicien Peter Els et entrecoupée de longues analyses de morceaux de musique étranges et fascinants que l'on ne peut s'empêcher d'écouter en lisant, l'intrigue donc est limpide au final, même si le pitch est fou : Peter Els est poursuivi par la sécurité intérieure pour terrorisme pour avoir cherché à encoder sa musique dans une séquence d'ADN. Ouh la!

Dans le sens linéaire de la narration, le roman demande un réel effort par moment car le propos sur la musique, sur la biotechnologie, sur la sociologie est à la limite de l'ésotérique; mais en parallèle, sur l'autre échelle de temps du roman qui remonte le parcours de vie de ce musicien trop intransigeant pour le succès et qui voit la musique en couleur, c'est une véritable symphonie de voir l'histoire de l'Amérique depuis les années soixante se dessiner à travers la focale de la musique expérimentale, de ruptures en explosions fractales.

Un roman étrange, irritant, génial, abscons, pénétrant, qui m'aura au final subjuguée et au passage fait découvrir quelques pièces de musique envoutantes, comme:

Kindertotenlieder de Mahler https://www.youtube.com/watch?v=9edKNmyiLBc&t=1270s

Proverb de Steve Riech
https://www.youtube.com/watch?v=I5lgAUHVFC4


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critiques presse (1)
Telerama
28 octobre 2015
Avec Richard Powers, les mots respirent comme des sons, les phrases sont rythmées telles des symphonies.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
Les bactéries décrétaient les guerres, stimulaient les essors et tuaient les empires. Elles décidaient qui mangeait et qui mourait de faim, qui s'enrichissait et qui, terrassé par la maladie, sombrait dans la misère. La bouche d'un enfant de dix ans abritait deux fois plus de microbes que ne vivaient de gens sur la planète. Le corps de chaque individu dépendait de cellules humaines et de cent fois plus de gènes bactériens que de gènes humains. Les microbes orchestraient l'expression de notre ADN et régulaient notre métabolisme. Ils formaient l'écosystème dans lequel nous ne faisions que vivre. Nous pouvions danser, mais eux conduisaient le bal.
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D'abord, rien qu'un filament de givre qui s'étire sur une vitre. Le hautbois et le cor tracent leurs solitudes parallèles. Les fins linéaments vagabondent, duo crispé construit sur de simples quartes et quintes.
...
Les lignes enlacées du hautbois et du cor reviennent, mais colorées à présent par de petites variations éparses. La voix reprend, affirmant que la mort n'est rien de plus qu'une ombre dans un jour partout radieux et grandissant. Mais elle proteste trop fort : à la reprise des échos hachés du duo d'ouverture, talonné désormais par l'impitoyable glockenspiel, les notes commencent à s'égarer. Les lignes se hantent l'une l'autre en un mouvement parallèle, persévérantes, comme une ombre esseulée qui se balance dans un coin en étouffant ses pleurs.
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Une ouverture, donc :
Des lumières flambent aux fenêtres d’une maison de style Craftsman dans un quartier sage, tard un soir de printemps, en l’an dix du monde altéré. Des ombres dansent sur les rideaux : devant des étagères chargées de verrerie, un homme travaille tard, comme tous les soirs de cet hiver. En tenue civile, équipé de lunettes de protection et de gants d’examen en latex, il voûte son corps, comme un Giacometti en prière. Une longue frange de cheveux gris encore drus lui tombe sur les yeux.
Il étudie un livre posé sur la paillasse encombrée d’instruments. Dans une main : une pipette à simple canal, effilée comme une dague. D’une minuscule fiole réfrigérée, il tire un liquide incolore, pas plus qu’un syrphe n’en extrait d’une pousse de monarde. La perle glisse dans un tube aussi menu que le museau d’une souris, dose si infime qu’il ne peut être certain de sa présence. Ses mains gantées tremblent quand il expédie à la poubelle l’embout usagé de la pipette.
D’autres liquides se déversent des béchers dans le mini cocktail : amorces d’oligonucléides destinées à déclencher la magie ; polymérase thermorésistante servant de catalyseur ; nucléotides qui forment les rangs comme des conscrits au clairon de cinq heures, à raison de mille liaisons par minute. À la manière d’un cuisinier amateur, l’homme suit la recette imprimée.
La solution passe dans le thermocycleur pour vingt-cinq cycles de fluctuations en dents de scie, du frémissant au tiède. Deux heures durant, l’ADN fond et recuit, s’empare des nucléotides en suspension et se dédouble à chaque boucle. De quelques centaines de brins, vingt-cinq dédoublements tirent plus de copies qu’il n’y a de gens sur terre.
Dehors, les arbres en bourgeons se plient aux caprices d’une brise légère. Une vague d’engoulevents récalcitrants écume l’air à la recherche d’insectes. Le bricoleur en génie génétique tire de son incubateur une colonie de bactéries et la dépose sous la hotte à flux laminaire. Il agite le flacon de culture et distribue les cellules libérées sur une plaque microtitre à vingt-quatre puits. Celle-ci est placée sous un microscope, facteur 400. L’homme applique son œil à l’oculaire et voit le monde réel.
À côté, quatre membres d’une même famille regardent le dénouement de Danse avec les stars. À une maison de là, plus au sud, la secrétaire de direction d’une société immobilière semi-criminelle organise la croisière marocaine de l’automne prochain. Par-delà le duo des jardins, au lit avec leurs tablettes luminescentes, un analyste de marché et sa femme enceinte, une juriste, font des parties de hold’em sur des sites étrangers et libellent les photos d’un cyber mariage. La maison d’en face est plongée dans le noir, en l’absence de ses propriétaires partis toute la nuit pour une veillée de guérison par la foi en Virginie-Occidentale.
Nul ne se méfie du vieil homme tranquille et bohème dans sa Craftsman, au 806 South Linden. C’est un retraité, et à la retraite on se livre à toutes sortes de passe-temps. On visite le berceau des généraux de la guerre de Sécession. On s’exerce à l’euphonium. On s’initie au tai-chi, on collectionne les pierres de Petoskey sur les photographies de formations rocheuses à visage humain.
Mais Peter Els ne veut qu’une seule chose avant de mourir : s’affranchir du temps et entendre la musique du futur. Il n’a jamais rien voulu d’autre. Et vouloir cela, en cette soirée tardive, par ce printemps d’une douceur perverse, semble au moins aussi raisonnable que vouloir quoi que ce soit.
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... le choc d'un baryton déchire la trame sonore :

Le feu, l'air, la pluie, le soleil : le Seigneur a tout mis en partage pour notre joie commune.

Le prédicant Rothman, homme trapu dans son habit sombre, grimpe sur le parapet de pierre qui borde la fontaine de la place.

Celui qui dit : « Ceci est à moi, cela est à toi », celui-là vous vole !

...

Être en paix ? Produire ? Le Prince archevêque veut que vous soyez productifs ! Que vous produisiez pour le suzerain. Idiots que vous êtes ! En échange de la paix, vous avez vendu votre âme.

...

Dieu a mis la joie dans votre corps – la vraie joie ! Vivez dans la lumière. Vivez dans la pleine beauté. Vivez dans l'air partagé.

...

Les ténèbres s'en vont,
La nuit est finie,
Une aube nouvelle approche.
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Au fil des décennies, il avait lu de nombreuses théories qui expliquaient pourquoi une musique triste galvanise l'auditeur. La théorie des anticorps. La théorie du sanctuaire. La boxe dans le vide. La maîtrise par habituation. Mahler lui-même avait exprimé de la pitié à l'égard d'un monde qui devrait un jour écouter ses chants.
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Quand vous regardez les arbres autour de vous, que voyez-vous ? Je veux dire : que voyez-vous vraiment ? Si vous savez rêver, c'est l'avenir de l'humanité que vous contemplez en regardant les arbres.
L'arbre-monde de Richard Powers, c'est un grand roman à découvrir en poche chez 10/18.
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