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EAN : 9782940422401
Faim de siècle (01/01/2015)
3.86/5   114 notes
Résumé :
La couleur orange est aveuglante. Personne ne distingue l’homme dans sa tenue de travail, dont l’éclat fait aussitôt barrière : circulez, rien à voir, juste un balayeur. Celui-ci fait exception, la rose fraîche attachée à son chariot d’ordures le rend visible et le fait remarquer. Le truc est bien connu, les chefs d’Etat aussi ont un fanion à leur voiture, il demeure efficace. On cherche à voir qui se cache derrière les vitres teintées ou sous la tenue orange. Avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Imaginez que votre emploi au sein d'un bureau et d'une équipe vous pèse. Imaginez que vous décidiez de tout quitter. Oui, mais pour quoi faire ?

Et bien c'est ce qu'a fait Michel SIMONET. Il a tout quitté pour devenir…. Balayeur de rue ou comme il dit « cantonnier, opérateur écologique, homme de ménage en plein air, concierge de quartier, hygiéniste du trottoir, péripatéticien du char, pommeau d'un boulot de prolo, nettoyeur à l'aise-Blaise du balai balèze, propreur, déchétarien, ordurier, mégoïste philantrope, et, pour finir, le valorisant « technicien de surface »… ».

Ne croyez pas qu'il ait perdu la tête. Non, c'est un choix fait en toute lucidité. Il décrypte son métier, ses avantages et ses défauts, les odeurs, et le reste, mais également le plaisir de rencontrer des gens.

Levé à 4 h du matin environ, il part, par tous les temps, cherchez son « char » qu'il décore d'une rose et parcours les rues de sa ville pour la rendre propre. Un travail dur, fatigant, d'autant plus, que le temps n'est pas très souvent au beau fixe. le pire c'est le froid.

Un beau témoignage d'un homme qui, malgré son bagage, (il a fait ses humanités) a tout largué pour être « libre » et ne plus dépendre d'une vie de bureau. On peut le déplorer ou, au contraire, saluer son courage. En tout cas, Michel SIMONET est en accord complet avec lui-même. N'est-ce pas le plus important ?

Je remercie Jérôme Garcin, qui a recommandé ce livre lors d'une de ses émissions du « Masque et la plume » sur France Inter. Il m'a permis de passer un très beau moment de lecture.

J'ai celui des éditons de la revue Conférence de 2017. Très jolie couverture et pages fines, avec de grandes marges.

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Cuiseaux- pays bressan- 16 septembre 2023

Petite merveille hors classification !.Je remercie infiniment l'amie Isabelle chez qui je suis, pour une brève échappée, qui m'a fait découvrir ce trésor singulier.

Notre auteur, " balayeur " de son état, en Suisse, à Fribourg, nous raconte son quotidien, les raisons de ce choix ( qui peut nous paraître, dans un premier temps, " dévalorisant", et comme un gâchis), sa philosophie, sa vision aussi désopilante, ironique, sérieuse, et poétique de son territoire.
J'illustre mes qualificatifs avec l'extrait suivant :

"Itinéraire

Heureux qui, balayeur, fait d'utiles voyages
De trottoir en trottoir et rose pour Toison,
Et qui a peu besoin de monter en avion
Pour saisir au global le monde et son usage.

Plutôt l'observation que le kilométrage,
Plutôt s'imprégner de routinières visions
Et transformer ma rue en lointain horizon
Tenant pour familiers toute race et tout âge.

Plus me plaît de servir comme ont fait mes aieux,
Par temps clair, par temps gris, torride ou rigoureux,
La terre de Fribourg, germanique- latine.

Plus que longues soirées vivre au petit matin,
Plus que l'ordinateur la vue d'êtres humains
Et plus mon char poussif que moderne machine.

Joachim du Balai "

Une jubilation que cette découverte...même si je dois reconnaître qu'en ces débuts, j'étais grandement agacée par le fait que l'auteur- narrateur n'éprouvait aucune envie de bouger, de " faire autre chose" de plus gratifiant...et puis j'ai laissé sa " philosophie de vie" arriver jusqu'à moi. Très croyant, il s'est mis à envisager ce travail des plus modestes comme sa " manière de servir" selon l'esprit, par exemple, des moines.

D'ailleurs, à plusieurs reprises, sa manière de mettre en pratique ses règles de vie m'a fait songer à la vie monacale...les levers très matinaux, les travaux humbles...la modestie en tout !

Lui- même, plus loin dans son récit, fait cette même comparaison!

Récit avec un florilège de registres : entre la prose, les anecdotes truculentes, des poésies romantiques ou malicieuses, facéties enntous genres , sans oublier la compagnie aussi discrète que ravissante, de charmants dessins représentant simultanément des oiseaux, roses, fleurs, et objets utilitaires de son quotidien de " balayeur" !
Une malice et un "inventaire" à la Prévert !!...

J'achève ce billet par un extrait plus long...afin de montrer que la philosophie, l'amour de la littérature et du Beau....ne sont jamais loin....dans les propos de notre "balayeur-philosophe" !!

"Le Cantique des cantiques, Guillaume de Loris, Jean de Meung, Pierre de Ronsard, Gilbert Bécaud et tant d'autres l'ont célébrée d'importance, Jacques Brel l'a chantée en déclinaison latine, je me mets donc à leur suite en poussant mon char fleuri.

Ma rose. Fragile, sensible au froid et au chaud, quel pouvoir elle possède pourtant ! À la fois éphémère et signe d'éternité, elle est un symbole universel qui parle à tous, une anti- Tour de Babel, aconfessionnelle et apolitique
Moi- même d'ailleurs je vote comme je balaie: un coup à gauche, un coup à droite. Sans gestes extrêmes. Au centre- ville.
De cette universalité, mon char est témoin : jeunes ou vieux, hommes ou femmes de toutes races, cultures et partis politiques, croyants de toutes religions ou athées, skinheads ou alternatifs, clochard ou costard, personne n' y est indifférent .Ils sont en plus interpellés parce qu'ils voient de la beauté là où ils ne s'y attendent pas, qui orne gracieusement de l'utilitaire, haute en couleurs sur basse besogne"

Grand Bravo et Merci à notre poète- philosophe- cantonnier pour cette sacrée " leçon de vie et d'humanité riante"...


@Soazic BOUCARD @
.







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🎼Si l'on ne jetait plus nos papiers dans les rues
Le petit balayeur ne travaillerait plus🎼
Les Têtes Raides

Un petit récit à contre-courant bien agréable. Michel Simonet balaie les rues d'une commune suisse avec une rose posée sur sa carriole. Et ce depuis des décennies. Un regard sur ses contemporains et ses ordures de façon poétique et avec jeux de mots, incluant ses collègues, les commerçants, les gens de la rue. Je cite : Balayeur et fier de lettres.
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Quand on est cantonnier, on se cantonne à ramasser, et ce cantonnement se transforme en liberté. le balayeur à la rose raconte, dans le désordre, le petchi et le foutoir mais sans le moindre déchet, sa vie d'escargot à char-coquille parfumé de rose et de puanteur. Il s'invente des collègues poètes (Joachim du Balay et François Gravillon), fait renaître de son balai magique des lieux mythiques comme le Triangle des Bermudes, réfléchit à sa condition de travailleur de l'ombre en orange aveuglant, dresse l'inventaire à la Prévert de ses trouvailles, dont il parsème ce livre léger, sérieux et rigolo. Eloge du travail bien fait, avec la lenteur qui lui est nécessaire, et toujours à recommencer, ce petit livre lumineux ne passe pas inaperçu, un peu comme la rose mystérieuse que le passant fribourgeois regarde avec joie quand il la croise, trop pressé (comme une orange) pour s'arrêter.
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Comment le nommer ? Balayeur, technicien de surface, cantonnier ?
Dans les rues de Fribourg, en Suisse, Michel Simonet nettoie. Oh, il ne fait pas que ça, non ! Il trie, photographie les touristes, aide à porter les bagages, indique les directions, témoigne, éduque, discute, regarde le ciel quand il a le temps.
Contrairement à beaucoup, il a choisi son métier par vocation : avant d'être cantonnier, il travaillait dans des bureaux mais vivre enfermé, non, ce n'était pas pour lui : « j'occupais en tout premier lieu un poste bureaucratique climatisé-aseptisé que j'ai volontairement quitté pour oeuvrer manuellement sous un ciel variable. »
Alors, il a suivi une logique « d'ambitieux à l'envers » et il a pris un « descenseur » direction la rue, l'extérieur, l'air libre... (J'allais écrire la liberté mais à mon avis, je n'avais pas tout à fait tort!) Queneau ne rêvait-il pas, lui aussi, d'être balayeur de rue ?
Le balayeur, écrit-il « ne fait pas partie des puissants, des influents, des décideurs. Avec lui, pas de danger d'ambitions concurrentes, et les Comment ça va , grand chef ? qui lui sont adressés ne font que confirmer qu'il n'en est pas un. L'innocuité se lit sur son apparence sans apparat. Il ne cadre pas avec la vision classique de la réussite où le statut social est tellement nécessaire à l'équilibre existentiel. A proprement parler, il n'emmerde personne. Au contraire, il la ramasse. »
Et pourtant, il faut en convenir, pas facile de se faire admettre dans un monde qui n'est pas le sien. Trop qualifié pour faire ce boulot ! Dépressif ? Même pas ! Idéaliste ? Un peu, comme tout le monde ! Alors quoi, de toute façon, il ne tiendra pas le coup. L'hiver, c'est dur.
Depuis 29 ans, Michel Simonet nettoie, frotte, racle, ramasse, trie, bien heureux de cette évidence : « On ne naît heureusement pas tous avec les mêmes envies. »
Dans son métier, pas trop de concurrence, c'est l'avantage !
Maintenant, il connaît tout du trottoir (il en arpente 15 kilomètres par jour) : il repère très facilement les braillards et les débraillés de la première heure, le verre cassé et le vomi, les sacs-poubelles, les papiers, les cageots, les canettes, les tags et les graffiti (deux exemples, pour le plaisir : L'argent ne fait pas le bonheur… des pauvres ; Jésus a dit : Péchez, sinon je suis mort pour rien.) Il croise aussi les gens, ceux qui rient ou qui pleurent, ceux qui ont besoin de parler, de se confier… Il y a les livreurs et les clochards, les prostituées et les vendeuses. Il écoute, observe, est attentif au monde, aux autres… L'école de la rue… « apprenti sans certificat et aux vastes matières, éternel étudiant sans pupitre et sans toit mais à tête reposée, disciple aux nombreux maîtres passants, tels sont les titres au cursus incertain mais formateur que le trottoir confère. »
Il faut dire qu'il est aussi poète… Un inventaire à la Prévert ? Pas besoin de chercher bien loin, vous n'imaginez même pas tout ce que l'on peut trouver dans une poubelle : chat, rat, corbeau, pigeon, coq morts, fruits (donc guêpes vivantes l'été), canettes à gogo, parapluies, vêtements et même, belle mise en abyme, une poubelle… et dans la rue : chaussettes, porte-monnaie, cuillers, slips, lunettes, gants, sacs, cigarettes... mais à la différence de certains chiffonniers de Paris dont nous parle Antoine Compagnon dans son dernier livre, le trésor qu'il recherche, ce n'est pas le bijou en or ou le couvert en argent qui lui permettrait de faire fortune, ce sont :
« de fortes amitiés,
le cadeau de la simplicité, la paix du coeur,
la vie au jour le jour,
la grâce de l'instant présent. »
Il finirait par nous faire rêver, cet homme qui aime la poésie de la rue, écoute les paroles qui volent en l'air, rapporte les consignes de bouteilles pour s'acheter un Pléiade par mois (oui, oui, les livres!) Il est « balayeur et fier de lettres » et pose une rose chaque jour au coin de son chariot parce que c'est beau, lui dont le maître-mot est le travail bien fait : « Ce que tu fais, fais-le suprêmement » écrit Pessoa qu'il aime citer. Même en vacances, il ne peut s'empêcher de ramasser ce qui traîne. C'est comme ça, on ne le refera pas…
Magnifique petit bijou-livre d'un poète-cantonnier-chansonnier ou d'un philosophe-cantonnier-sociologue, véritable jongleur de mots, amoureux des vers, homme simple, paisible et de bon sens, qui nous dit dans une langue pétillante et si belle tout le bonheur de son quotidien.
Ce n'est pas qu'on l'envie, non, mais…quand on y réfléchit bien, on se demande qui a raison...
Allez, je ne peux m'empêcher de vous livrer cette petite réécriture de son cru, vous m'en direz des nouvelles…

Itinéraire

Heureux qui, balayeur, fait d'utiles voyages
De trottoir en trottoir et rose pour Toison,
Et qui a peu besoin de monter en avion
Pour saisir au global le monde et son usage.

Plutôt l'observation que le kilométrage,
Plutôt s'imprégner de routinières visions
Et transformer ma rue en lointain horizon
Tenant pour familiers toute race et tout âge.

Plus me plaît de servir comme ont fait mes aïeux,
Par temps clair, par temps gris, torride ou rigoureux,
La Terre de Fribourg, germanique-latine.

Plus que longues soirées vivre au petit matin,
Plus que l'ordinateur la vue d'êtres humains
Et plus mon char poussif que moderne machine.

Joachim du Balai

Je vous salue bien bas, monsieur le Cantonnier...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Quant aux clochards - la cloche, en argot parisien, signifie le ciel, et, par association, ceux qui ont le ciel pour toit - en général pacifiques ou endormis, barbus pour les plus anciens et amateurs de litrons de rouge ou autres breuvages - (...) ils étaient toujours de bonne compagnie, d’un humour libéré, et très respectueux de mon travail. Il y avait bien quelques bouteilles cassées en fin d’après-midi - maladresse éthylique oblige - mais ils s’excusaient dans la sobriété relative des lendemains matins. Loulou, Flambard, Taureau, Johnny du Séchoir, P’tit René, Max, vous n’êtes plus de ce monde, mais je voulais vous ressusciter sur cette page où manquent votre bon humour et une tache de vin rouge.
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Le Cantique des cantiques, Guillaume de Loris, Jean de Meung, Pierre de Ronsard, Gilbert Bécaud et tant d'autres l'ont célébrée d'importance, Jacques Brel l'a chantée en déclinaison latine, je me mets donc à leur suite en poussant mon char fleuri.

Ma rose.Fragile, sensible au froid et au chaud, quel pouvoir elle possède pourtant ! À la fois éphémère et signe d'éternité, elle est un symbole universel qui parle à tous, une anti- Tour de Babel, aconfessionnelle et apolitique
Moi- même d'ailleurs je vote comme je balaie: un coup à gauche, un coup à droite. Sans gestes extrêmes. Au centre- ville.
De cette universalité, mon char est témoin : jeunes ou vieux, hommes ou femmes de toutes races, cultures et partis politiques, croyants de toutes religions ou athées, skinheads ou alternatifs, clochard ou costard, personne n' y est indifférent .Ils sont en plus interpellés parce qu'ils voient de la beauté là où ils ne s'y attendent pas, qui orne gracieusement de l'utilitaire, haute en couleurs sur basse besogne.

( p.108)
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Balayeur de rue

Ou cantonnier, opérateur écologique, homme de ménage en plein air, concierge de quartier, hygiéniste du trottoir, péripatéticien du char, pommeau d’un boulot de prolo, nettoyeur à l’aise-Blaise du balai balèze, propreur, déchétarien ordurier, mégoïste philanthrope, et, pour finir, le valorisant « technicien de surface » - telle est la liste non exhaustive des termes centraux ou excentriques utilisés pour qualifier ce métier souvent admiré, peu convoité, qui n’attire pas mais qui retient (j’en suis une preuve), parfois dénigré, mais reconnu par tous d’utilité publique.
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Le corps est le médicament de l’âme et vice et versa. Il a un grand pouvoir de régulateur et assimilateur. Il attire les pensées à sa suite, les imprime, les incarne et les coordonne. Les deux réunis sont une ressource, un cadeau qu’il faut savoir solliciter. Je pense aux rares matins où je suis parti travailler la tête soucieuse, voulant être ailleurs, le moral gris comme descendant à la mine, patraque : mais je sentais s’installer doucement les gestes répétés et les pas habituels dans les rues aux bonjours quotidiens. Le charbon devenait diamant et le corps en mouvement prenait le dessus ; il allait en euphorie vers une journée solaire.
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(...) ce travail est un vrai conte de fées, je vous jure ; pour les saisonniers que nous sommes, il oscille entre Blanche-Neige et Cendrillon, sans compter le Petit Chaperon Orange qui cueille en bouquet les mégots semés par des Petits Poucets citadins ne retrouvant pas le chemin du cendrier. Il me va comme un gant et me botte, ce travail, sept lieues durant ! Surtout en ces mois où le ciel nous tombe dessus. « Vous n’êtes pas en sucre ! » disait un vieux chef. Et vu que je suis marié à Dame Nature une moitié de la journée, et l’autre moitié avec ma moitié, j’apprends de deux forts caractères.
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