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Anne Rabinovitch (Traducteur)
EAN : 9782266132237
846 pages
Pocket (07/10/2004)
3.35/5   674 notes
Résumé :
Au sud des États-Unis, la pire des enfances attendait Harriet Cleve, dans l'ombre d'un frère assassiné, d'un meurtre jamais élucidé. Une famille détruite, un père enfui, une mère et une sœur anéanties. Lors de l'été de ses douze ans, la jeune fille se révolte. Elle veut savoir, et se venger. Elle sait que pour y parvenir, elle doit renoncer à sa propre adolescence et à ses rêves, affronter et défier le monde inconnu et menaçant des adultes. Et pour commencer, trouve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (72) Voir plus Ajouter une critique
3,35

sur 674 notes
The Little Friend
Traduction : Anne Rabinovitch.

Voilà un livre que j'ai longtemps hésité à commencer car, autour de moi, ce n'était que critiques et déception. Mais « le Maître des Illusions », premier roman de Donna Tartt, m'avait fait penser à ce qu'une Ruth Rendell tire elle-même d'une intrigue au départ policière. Aussi finis-je par penser que, si ça se trouvait, « le Petit Copain », s'il pouvait se révéler décevant pour les amateurs de polars classiques, était susceptible de plaire à ceux qui, au-delà l'intrigue policière, attendent autre chose d'un roman construit autour d'un crime. (Cette considération me fait donc le classer ici et non dans la catégorie réservée aux policiers ...)

L'action du « Petit Copain » se situe dans l'une de ces petites villes du Sud des Etats-Unis où la Guerre de Sécession n'a pas en fait changé grand chose aux mentalités. D'un côté, les riches qui vont se baigner au Country Club et ne connaissent pas de problèmes financiers. C'est à ce milieu qu'appartient notre jeune héroïne, Harriet Cleve Dufresne, 12 ans pour l'Etat-Civil mais au moins 18 par la puissance de raisonnement et la fermeté du caractère.
Harriet vit dans une grande maison avec sa mère, Charlotte, que l'assassinat non résolu de son fils, douze ans plus tôt, a fait sombrer dans une dépression profonde, sa soeur, Allison, adolescente rêveuse qui s'offre quelques petites escapades en voiture avec un garçon dont elle est amoureuse, et Ida Rhew, la domestique noire qui s'occupe de la maison depuis … ma foi, depuis des lustres.
Autour de cette cellule primitive qui n'a jamais oublié le cadavre du petit Robin, retrouvé pendu à un arbre, dans le jardin, alors que la fête pour son anniversaire battait son plein, croisent la mère de Charlotte, Edith, dite « Edie », et ses soeurs : Libby, Adelaïde et Tatycorum et, de temps à autre, le père de Harriet, Allison et Robin : Dixon Dufresne qui s'est séparé de sa femme à la mort de leur fils et vit à Nashville.
A l'extérieur, la société provinciale sudiste maintient ses deux grands clivages entre les Noirs qui ne sont plus esclaves mais travaillent toujours pour les blancs aisée et les « pauvres blancs » ou « redneks » qui, déjà avant la Guerre Civile, trimaient tout seuls sur le lamentable carré de coton qui leur appartenait.
C'est dans la haine et le mépris que se portent ces deux dernières catégories sociales que « le Petit Copain » trouvent sa première clef : Ida Rhew affirme un jour à Harriet que la seule personne qui ait pu assassiner son frère n'est autre que Danny Ratcliff, l'un des rejetons d'une famille de « redneks » qui avait l'habitude de passer devant la maison des Dufresne pour inciter Robin à jouer avec lui.
Ida paraît si sûre de ce qu'elle avance que, peu à peu, l'idée vient à Harriet de liquider à son tour celui qui a tué son frère aîné et ruiné la santé de sa mère.
Mais ce n'est là qu'un argument qui permet à Donna Tartt de nous dresser le portrait d'une région qu'elle connaît manifestement fort bien et de ses moeurs. Certaines pages, comme celles qui sont liées à Eugène Ratcliff et au prêcheur qui se sert des serpents pour vendre la parole de Dieu, sont saisissantes tant elles révèlent le mic-mac religieux qui sévit aux Etats-Unis.
Si Tartt est loin d'égaler le style unique d'un Faulkner, sa vision du Sud profond rejoint bien celle qu'en avait l'auteur de «Sanctuaire. » le personnage de la grand-mère des Ratcliff, l'affreuse Gum, est bel et bien un personnage faulknerien. Et le désespoir presque viscéral qui anime Danny Ratcliff donne à celui-ci une étrange humanité qui ne peut qu'émouvoir le lecteur.
Si vous ne cherchez qu'un roman policier de plus, passez votre chemin. Sinon, lisez "Le Petit Copain." ;o)
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Ceci n'est pas un polar.
J'en veux pour preuve que certaines questions soulevées au début ne connaîtront pas de réponse à la fin, et j'ai cru comprendre que ça n'était pas le plus important. N'empêche, autant être prévenu, parce que s'envoyer les 850 pages du Petit copain pour parvenir à ce léger point de frustration… c'est quand même énervant (enfin moi ça m'a un peu énervée) je tenais à le souligner.

Au-delà de ces considérations mesquines, reconnaissons à Miss Tartt un inestimable talent pour installer ses ambiances, ici la torpeur d'une petite ville du Mississipi, moite, hypnotique et oppressante, où se débat une môme obstinée en quête de vérité, voire de représailles si affinités.

L'importance de l'intrigue se trouvant donc supplantée par la narration proprement dite, atmosphère et personnages remarquablement évoqués prennent vie sous nos yeux ébahis à mesure que montent en puissance les mésaventures de la jeune Harriet.

Ce deuxième roman de Donna Tartt, publié en 2002, est chronologiquement pour moi le dernier, après le maître des illusions (1992) qui m'avait un peu déçue, et le Chardonneret (2013) dont je garde un souvenir ébloui. Vérification faite, et comme je l'envisageais dans ma critique du Maître des illusions, le petit copain fait finalement « le lien chez moi entre enthousiasme et légère déception ».

Oui, j'ai tout lu Donna dans le désordre, néanmoins je peux en déduire que la prochaine oeuvre tarttéienne – d'ici deux ou trois ans si l'on se fie à la cadence coutumière de l'auteure – devrait en toute logique friser les six étoiles babéliennes.

Hâte !


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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J'ai dévoré ce gros roman comme une grosse tranche de gâteau.
J'ai adoré l'histoire de cette gamine qui, du haut de ses 12 ans et dans l'ennui et la chaleur d'un été, se met en tête de trouver le meurtrier de son grand frère. J'ai adoré cette Harriet intelligente et effrontée, mélange de Zazie et de Frankie Addams, qui va vieillir malgré elle en se confrontant au monde des adultes. J'ai adoré sa solitude et son désarroi, entre une mère et une soeur éthérées, un père absent, et 4 tantes fantasques rêvant encore du temps où leur famille était riche et respectée dans ce coin propret du Mississippi. J'ai adoré sa colère et sa révolte face à la ségrégation raciale et sociale qui n'en finit pas de sévir. J'ai adoré son entêtement, sa hargne, son imagination délirante, et sa dureté envers elle-même et les autres.
Et j'ai adoré l'ambiance imprégnée de langueur et de mystère, la régularité des détails sensoriels, l'impossibilité de dater précisément l'époque de cette histoire. Ce roman est comme un rêve flou. Il a reçu un moins bon accueil que les 2 autres, mais c'est désormais mon préféré de Donna Tartt. Elle a su y enfouir tous les trésors et les secrets de l'enfance, d'une façon qui relève du chef d'oeuvre. Je trouve dommage qu'il soit si peu coté, car il est le plus abouti à mon sens ; alors, laissez-lui une chance de vous envoûter à votre tour !
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Dans la famille Cleave, la mort de Robin est entourée de mystère et de silence. Comment a-t-il pu se retrouver ainsi pendu dans le jardin, à neuf ans, un soir de fête des Mères ? Une dizaine d'années plus tard, Dix, le père, est parti vivre dans une autre ville. Charlotte, la mère, vit dans un brouillard constant. Allison, la cadette, est une lycéenne aimable et douce, terrorisée par ses cauchemars. Harriet, la benjamine, est au contraire volontaire et brusque, déterminée à comprendre ce qui s'est passé. « C'était la plus grande obsession d'Harriet, et celle qui engendrait toutes les autres. Car ce qu'elle voulait […], c'était ramener son frère auprès d'elle. Et ensuite découvrir qui l'avait tué. » (p. 55) Mais Harriet n'a que douze ans. Au cours d'un été qui semble interminable, marqué par la mort d'un chat adoré et d'une vieille tante et par le départ d'une domestique, la gamine se lance dans une mission implacable avec son ami Hely : elle va venger son frère en tuant son meurtrier. « Pourquoi est-ce que je laisserais d'autres gens le punir ? » (p. 162) Hélas, Harriet s'en prend à la pire famille d'Alexandria : tous les fils Ratliff sont d'anciens taulards, de grands violents souvent drogués et paranoïaques. « Daniel Ratliff était coupable, elle en était sûre, c'était un fait indiscutable. La seule explication qui eût un sens. Elle était sûre qu'il avait commis ce crime, même si personne ne le savait. » (p. 586)

Conseil d'une lectrice paumée : toujours lire les titres originaux, quand on peut les comprendre. Ici, la traduction française respecte parfaitement le titre du livre, mais il faut se méfier des faux amis. Ainsi, le titre du roman est The Little Friend et pas The Boyfriend. Je dis ça comme ça… parce que pendant les 200 premières pages du livre (un tiers, donc…), j'ai vainement cherché la trace d'un amoureux avant de me reporter à la page de garde et au titre original. Quand on est bête…

Mais ce n'est pas le plus important puisque j'ai énormément apprécié ce roman, bien plus que le chardonneret de la même auteure. Ici, la narration, même si elle est riche, complexe et traversée de nombreux personnages et de nombreuses péripéties, n'est pas alambiquée ni ennuyeuse à pleurer. Et surtout, le personnage principal n'est pas insupportable : la jeune Harriet est certes une gamine pas commode, pas tendre et pas facile à comprendre, mais elle s'est attiré ma sympathie dès le début, obstinée qu'elle est à vouloir faire la lumière sur la mort de son grand frère. « À l'école, il y avait beaucoup de filles plus jolies que Harriet, et plus gentilles. Mais aucune n'était aussi intelligente ni aussi courageuse. » (p. 125)

Si la vengeance est un sujet important du roman, je retiens surtout celui de la mort et combien il est difficile de l'accepter, de l'intégrer dans le quotidien et dans l'histoire d'une famille. « La mort – disaient-ils tous – était un rivage heureux. Sur les vieilles photographies de bord de mer, ses parents étaient de nouveaux jeunes, et Robin se trouvait avec eux. […] C'était un rêve où tout le monde était sauvé. Mais c'était un rêve de la vie passée, et non d'une vie à venir. » (p. 442) Allison et Harriet étaient trop jeunes pour comprendre la mort de leur frère aîné, mais l'absence de ce dernier pèse sur leurs jeunes existences. Et leur manque s'exprime bruyamment lors de la mort du chat de la maison, ancien compagnon de Robin. (Attention, épisode hautement lacrymal pour tous les amis des bêtes…) Pour Harriet, ce triste été est la fin de l'enfance et la mort de l'innocence.

L'intrigue se déroule dans les années 1970, au Mississippi, dans un décor qui est vraiment ce que le sud des États-Unis a fait de plus pauvre et de plus crasseux, avec un racisme latent qui imprègne le quotidien. Il y a plusieurs épisodes avec des serpents qui m'ont frémir d'horreur. Et la confrontation finale entre Harriet et celui qu'elle soupçonne d'avoir tué son frère intervient au terme d'une effroyable explosion de haine, de violence et de délire. Ça demande un peu de tripes pour supporter ça sans broncher. Si vous aimez les romans qui prennent leur temps, mais qui ne confondent pas voyage et destination, vous apprécierez le petit copain de Donna Tartt.
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Le récit d'un été étrange et dangereux, dans le Mississipi, l'été des 12 ans d'Harriet. Quand elle était encore toute petite, son frère a été assassiné et l'assassin n'a jamais été retrouvé. Sa mère et sa soeur sont dépressives, et le père est parti. Harriet, livrée à elle-même depuis trop longtemps, pense avoir découvert qui a tué son frère. Et elle veut faire justice...
C'est une histoire dense, intense, comme sait les concocter Donna Tartt, (qui ne met pas moins de 10 ans pour écrire un roman) où l'on suit Harriet lors de cet été moite et glauque, cette enfant qui devient adulte face à la souffrance et au sentiment d'injustice insupportable qu'elle doit porter... Harriet va se mettre en grand danger, pour venger son frère, mais aussi pour réveiller cette famille morte avec lui.
Un livre puissant, envoutant, émouvant, fort.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Hely scruta la route, les yeux plissés. Un véhicule scintillait au loin, dans un nuage de poussière et de vapeurs d'essence. Il roulait si lentement qu'il ne pouvait s'agir de la Trans Am, mais à l'instant où Hely s'apprêtait à en faire la remarque, un rayon de soleil effleura le capot, qui renvoya un reflet métallique, couleur de bronze. Dans le mirage de chaleur apparut la calandre grimaçante à face de requin, reconnaissable entre toutes.
Il se cacha derrière le mur (les Ratliff étaient armés ; il venait juste de s'en souvenir) et s'approcha en rampant pour aider Harriet. Ensemble, ils penchèrent la caisse sur le côté, la grille face à la route. Lors de la première fausse alerte, ils étaient restés pétrifiés au moment de tendre la main à tâtons pour tirer le verrou, puis s'étaient précipités avec des gestes incohérents pendant que la voiture filait sous la passerelle ; à présent, la clenche était soulevé, ils avaient un bâtonnet d'esquimau tout prêt de façon à pousser le verrou sans le toucher.
Hely jeta un regard derrière lui. La Trans Am roulait dans leur direction - à une lenteur troublante. - Il nous a vu ; c'est sûr. - Mais le véhicule ne s'arrêta pas. Nerveusement, Hely fixa la caisse, qu'ils maintenaient en équilibre au-dessus de leurs têtes.
Harriet, respirant comme si elle avait une crise d'asthme, lança un coup d'oeil derrière son épaule. "Ok, dit-elle, on y va, une, deux..."
La voiture disparut sous le pont ; elle tira la clenche d'un coup sec ; comme un film au ralenti, ils inclinèrent la caisse, unissant leur effort. Tandis que le cobra glissait et remuait, agitant sa queue pour tenter de se redresser, plusieurs pensées traversèrent l'esprit de Hely : avant tout, comment allaient-il s'enfuir. Pourraient-ils le semer ? Il allait certainement s'arrêter - n'importe quel imbécile, surpris par un cobra tombant du ciel dans sa voiture, ne manquerait pas de le faire - et s'élancerait à leur poursuite...
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Les photographies que Harriet préférait étaient celles où se trouvait son frère. Edie en avait pris la plus grande partie ; parce qu'il était si douloureux de les regarder, on les avait enlevées de l'album et gardées à part, sur une étagère du placard d'Edie, à l'intérieur d'une boîte de chocolat en forme de coeur. Quand Harriet était tombée dessus, vers l'âge de huit ans, ce trésor lui était apparu comme une trouvaille archéologique équivalente à la découverte du tombeau de Toutankhamon.
Edie ignorait totalement que sa petite fille avait déniché les photos, et que c'était l'une des principales raison pour lesquelles elle passait tant de temps chez elle. Harriet, équipée d'une torche, les examinait, assise au fond de la penderie d'Edie, dans l'odeur de renfermé, derrière les froufrous des robes du dimanche de sa grand-mère ; parfois, elle glissait la boîte à l'intérieur de la valise où elle rangeait sa Barbie, et l'emportait dans la remise à outils, où Edie lui permettait de jouer sans la déranger - heureuse de ne plus l'avoir dans les jambes. Plusieurs fois elle avait ramener le paquet chez elle. Un soir, alors que leur mère était partie se coucher , elle avait montré les photographies à Allison. "Regarde, avait-elle dit,. C'est notre frère."
La jeune fille, une expression proche de la peur s'imprimant sur ses traits, fixa la boîte ouverte que Harriet avait posée sur ses genoux.
"Allez. Jette un coup d'oeil. Tu es sur plusieurs d'entre elles.
- Je ne veux pas", s'écria sa soeur, refermant violemment le couvercle avant de pousser le coffret vers Harriet.
Les instantanés étaient en couleurs : des polaroïds passés aux coins rosis, collants et déchirés à l'endroit où on les avait arrachés de l'album. Ils portaient des traces de doigts, comme si quelqu'un les avait souvent manipulés. Des numéros noirs de catalogue étaient parfois apposés au dos, parce que les clichés avaient servi à l'enquête de police, et ces photographies-là étaient recouvertes d'empreintes.
Harriet ne se lassait jamais de les contempler. Les lavis étaient trop bleus, surnaturels ; et les couleurs étaient devenues encore plus étranges et plus instables avec le temps. Le monde onirique qu'elle lui laissaient entrevoir était magique, souverain, inatteignable. Il y avait Robin en train de faire la sieste avec Weenie, son chat roux tigré ; il se promenait bruyamment sur le majestueux proche à colonnes de Tribulation, égrenant son rire cristallin, criant en direction de l'objectif ; il soufflait des bulles avec une soucoupe de savon et une bobine. Là, en uniforme de Louveteau -....
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Hely - comme Pemberton avant lui - se vantait d'être si pénible que leur mère ne pouvait garder une bonne plus d'une année ou deux ; Pem et lui en avaient connu près d'une douzaine. Pour Hely, que ce fut Roberta, Ramona, Shirley, Ruby ou Essie Lee qui regardait la télévision quand il rentrait de l'école, ça revenait au même. Mais Ida était le pilier de l'univers d'Harriet : ronchon, bien-aimée, irremplaçable, avec ses mains larges, généreuses, ses grands yeux humides, globuleux, son sourire, le premier qui eût illuminé son existence. Harriet se tourmentait de voir avec quelle légèreté sa mère traitait parfois Ida, comme si elle ne faisait que traverser leurs vies, sans y être fondamentalement impliquée.
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Le temps était brisé. La façon dont Harriet avait l'habitude de le mesurer avait disparu. Avant, Ida avait été la planète dont l'orbite indiquait les heures, et sa trajectoire brillante, fiable (la lessive le lundi et le raccommodage le mardi, les sandwiches l'été et la soupe l'hiver) régissait tous les aspects de l'existence de Harriet. Les semaines tournaient autour d'elle en procession, chaque journée était une série d'horizons successifs. Le mardi matin, Ida installait la planche à repasser et repassait près de l'évier, la vapeur s'échappant du fer monolithique ; le jeudi après-midi, hiver comme été, elle secouait les tapis, les battait et les suspendait dehors, de telle sorte que le tapis rouge de Turquie accroché à la balustrade du porche était un drapeau qui annonçait toujours "nous sommes jeudi".
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incipit :
Charlotte Cleve se reprocherait la mort de son fils jusqu'à la fin de ses jours, car elle avait décidé de fixer le repas de la fête des Mères à six heures du soir et non à midi, après l'office, selon l'habitude de la famille. Les aînés des Cleve avaient exprimé leur mécontentement devant ce changement de programme ; même si cela s'expliquait surtout par une méfiance de principe à l'égard de toute innovation, Charlotte sentait qu'elle aurait dû se montrer plus attentive à ce vent de récrimination, signe annonciateur du drame à venir ; un signe ténu, quoique chargé de menace, qui demeurait obscur, même après coup, mais était sans doute aussi explicite que peuvent l'être les signes que nous espérons de la vie.
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Le chardonneret. Bande d'annonce officielle.
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