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EAN : 9782259227889
264 pages
Plon (04/06/2015)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Pourquoi, à 70 ans passés, Claire Stottmeyer, met-elle fin à ses jours ? Son fils Patrick remonte le fil de l'histoire pour comprendre ce qui a pu pousser sa mère à commettre cet acte. Rapidement, Patrick comprend que le passé de Roland, le mari de Claire, décédé récemment, a un lien avec le suicide de sa mère. Membre d'une amicale franco-allemande fondée après guerre, Roland est un Malgré-nous : un Strasbourgeois qui a été, pendant la Seconde guerre mondiale, contr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'histoire débute avec le décès de Claire Stottmeyer et l'incompréhension de son fils, Patrick Dubosq, reporter pour Paris Match. Pourquoi sa mère a-t-elle pris sa voiture, en pleine nuit, vêtue de sa seule chemise de nuit, pour finir dans un canal à des kilomètres de chez elle ? Patrick réalise peu à peu qu'il est probablement passé à côté de sa détresse et de l'immensité de sa solitude. Lorsqu'il retourne dans la maison De Claire, il tombe avec effarement sur un chaos de carnets et feuillets éparpillés sur la table de la cuisine, accompagnés d'une lettre inachevée qui lui est adressée. A partir de cet instant, l'histoire rembobine jusque dans les années 30 où nous faisons la connaissance des familles Stottmeyer et Dubosq.
Nous rencontrons donc Roland Stottmeyer et Claire Dubosq, de leur enfance jusqu'à l'irruption de la guerre. Nous suivons leurs chagrins, leurs joies, leurs premières amours respectives, leur rage et leurs combats. Je m'arrête ici pour ne rien révéler de l'histoire mais c'est tellement puissant, tellement touchant et parfois tellement écoeurant qu'on tourne les pages avec frénésie sans voir les heures s'écouler.
Je n'avais encore jamais lu de roman ou de témoignage sur les "Malgré-Nous", ces hommes Alsaciens et Mosellans forcés à s'engager dans la Wehrmacht, parfois même jusque dans la terrible Waffen-SS – et j'ignorais tout de ce dernier fait. Apprendre que de nombreux soldats faisant partie de cette section d'élite, à l'origine des crimes les plus monstrueux, étaient des Malgré-Nous, c'est révoltant et bouleversant. J'ai ainsi appris que plus de 130 000 hommes, Alsaciens ou Mosellans, avaient été forcés à porter l'uniforme vert-de-gris et à se battre pour le Reich. Ça fait froid dans le dos.
L'écriture de Pierre Delerive est incroyable : sans trop savoir pourquoi, j'avais imaginé un texte complexe, pesant, tandis que les phrases glissent d'elles-mêmes, fluides et évidentes, avec une légèreté éblouissante. C'est un régal à lire.
Et puis l'auteur n'a pas choisi le manichéisme irritant : bien sûr le soldat allemand est profondément haï par Roland lorsque celui-ci débarque dans ce flot d'uniformes répugnants. Mais il y a Manfred, cet Autrichien qui aura un rôle vital à un moment de sa vie et surtout il y a cette rencontre très belle, totalement inattendue, avec le Feldwebel Hans Metzer qui aura envers lui les gestes du respect. L'amitié mettra du temps à grandir mais elle sera forte et profonde. J'ai infiniment aimé cette part de l'histoire qui nous rappelle que tous les allemands n'étaient pas nazis, fait que nous avons souvent tendance à rayer de nos esprits.
Ayant ainsi traversé cette guerre atroce auprès de Roland et Claire, nous comprenons peu à peu les blessures respectives qui les peuplent et les abîment. Car ils finissent par se rencontrer – nous apprenons dès le début qu'ils étaient mari et femme – mais ce n'est qu'à la toute fin du livre que les différents éclats se réagencent, se réharmonisent et que le tableau s'éclaire. Nous comprenons que cet amour, pourtant si fort et si sincère, était voué à l'échec, enterré dès le départ sous une épaisse et poisseuse étoffe de deuil.
Ce final est stupéfiant et vous terrasse le coeur à plusieurs reprises. Les révélations s'enchaînent, ébouriffantes. Des actes sont commis que personne, hormis les acteurs en question, ne pourra comprendre dans sa chair ni juger. Cette fin est fracassante, inattendue, extrêmement bien ficelée.
J'ai été d'autant plus sensible au dernier tiers du livre que le massacre d'Oradour-sur-Glane par la célèbre division SS Das Reich est évoqué, village martyr proche de chez moi dans lequel je me suis rendue de nombreuses fois. On ne ressort pas indemne d'un tel "pèlerinage".
Où est vraiment le bourreau et où est la victime ? Où va le coeur lorsqu'on vous force à enfiler un uniforme de SS ? Lorsque la guerre vous ampute d'un ami, d'un frère ou d'un amant ? Où est le sens ? Où est la bonne raison, même infime, même absurde, qui vous fait continuer ?
Ces questions terribles et presque philosophiques sont l'essence même du roman de Pierre Delerive qui les aborde avec recul, délicatesse et une profonde humanité. Je ne peux que vous recommander cette histoire aux accents de thriller qui vous laissera tremblant, secoué et horrifié, retournant fébrilement aux toutes premières pages pour les relire avec un regard tout différent.
Avec ce titre à double sens que j'entends à la fois comme "Le passé Malgré-nous" et "Le passé contre nous", c'est évidemment un roman sur le secret – sur LES secrets, les plus graves et les sincères. C'est le roman de l'amitié fidèle, de l'horreur quotidienne, de la culpabilité infernale, de la guerre qui ne finit jamais totalement puisqu'elle continue à hanter ses proies, qu'elles aient été désignées noires ou blanches. C'est le roman de l'impossible pardon et de l'impossible oubli.
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Le titre m'a tout de suite attiré. Il faut dire que mon grand-père paternel ayant été un Malgré Nous le sujet m'intéresse beaucoup. J'ai lu la quatrième de couverture et je suis repartie avec le livre ;-)

Quel belle découverte que ce roman ! A la lecture de certains chapitres, je me suis beaucoup interrogée sur ce qu'avait pu ressentir mon grand-père. Comme Roland, a-t-il eu du mal à porter l'uniforme allemand ? S'est-il fait des amis allemands ?

J'ai été extrêmement touchée par l'histoire car j'avais vraiment l'impression d'y retrouver mon grand-père qui comme Roland a gardé très longtemps un terrible secret au fond de lui. Il s'est aussi retrouvé en France face à des Français en 1944. Mon grand-père a fait le choix d'essayer d'aider ces Français à s'enfuir, mais il a été mis aux arrêts et aurait très certainement été fusillé si les troupes alliées n'avaient pas croisées la route de sa division.

Pierre Delerive a parfaitement décrit le drame des Malgré-Nous et des Alsaciens, annexés à l'Allemagne mais français dans leurs coeurs.

Outre Roland, les autres personnages sont également très attachants : Hans, Manfred et Claire en tête, qui chacun à leur manière vivent, ou survivent comme ils peuvent à cette terrible guerre. Là encore, j'ai trouvé que l'auteur dépeignait parfaitement les personnages et leurs histoires : l'Allemand SS qui a cru en un idéal que le national socialisme aurait pu lui offrir, l'autrichien annexé également, mais d'une autre manière...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le groupe de prisonniers se tenait immobile sous la garde du peloton que Hans et ses hommes venaient relever. Deux autres soldats, emmitouflés dans leur capote, étaient assis derrière une mitrailleuse montée sur trépied. […] Alors que Hans allait inspecter la berge du cours d’eau, Roland saisit Manfred par la manche et murmura :
― S’il te plaît, dis-moi que ce n’est pas ce que je pense.
Manfred secoua tristement la tête :
― Je ne sais pas qui ils sont, ni ce qu’ils ont fait, mais ils sont là pour mourir.
Roland sentit tout son être se révolter. D’une voix qui tremblait, il balbutia :
― Et nous, on va devoir… ?
Manfred lui fit face et l’agrippa par les revers de sa vareuse. Un tic lui crispait un côté du visage :
― C’est pire que tout. On ne peut pas tomber plus bas et je suis plus certain que jamais que Dieu n’existe pas, mais que veux-tu que je te dise ? Même si nous voulions jouer les héros, ça ne sauverait pas ces pauvres bougres. D’autres prendraient notre place dans l’heure qui vient. Et nous on se retrouverait devant un peloton d’exécution pour refus d’obéir. Alors à quoi bon ?
― Quand même !
― Non, Roland, ton sacrifice ne les sauverait même pas.
― Il me sauverait au moins l’âme.
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― Mais comment Roland Stottmeyer peut-il être ami avec un SS ?
― D’abord parce qu’il en a été un lui-même. Contre son gré, malgré lui, bien sûr. Tu ne savais pas, hein ? C’est Metzer qui me l’a dit. Et surtout, surtout, parce qu’ils ont traversé l’enfer ensemble, qu’ils ont partagé l’horreur de la guerre, qu’ils ont côtoyé la mort et se sont mutuellement sauvé la vie. Je ne suis pas passé par là, Dieu merci, mais je peux imaginer les liens que créent ces situations. Plus que de l’amitié, un lien de sang qui peut transcender tout le reste. On peut essayer de comprendre, mais ce n’est pas vraiment possible.
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La première fois que Roland aperçut son image dans un miroir, il s’immobilisa comme si son sang se figeait. Bien sûr, il venait de recevoir cet uniforme vert-de-gris, ce calot, ce ceinturon, ce casque, et n’avait aucune raison d’être surpris, mais la réalité le stoppa comme une gifle. C’était bien lui, sa silhouette, son visage, et il voyait un soldat allemand. […] Ce fut trop, il ne put supporter cette vision. Lui tournant le dos, il s’éloigna à grands pas, conscient qu’il s’enfuyait. Plus loin, il aperçut l’un de ses camarades courbé au-dessus d’une poubelle et il l’envia. Vomir l’eût peut-être en quelque façon purifié.
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Jurer devant Dieu obéissance inconditionnelle à Adolf Hitler, guide du Reich et du peuple allemand, comment pourrait-il jamais ? A ce moment qui se grava en lui, à cet instant précis, il réalisa pleinement ce qui lui arrivait. Il était un soldat allemand. Il portait l’uniforme nazi. La France appartenait à un passé qu’il ne reverrait probablement jamais. […] Il allait mourir quelque part en Russie sous un drapeau haï, aux mains d’un ennemi qui n’était même pas le sien. Il était seul.
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Vidéo de Pierre Delerive
Pierre Delerive at New York National Arts Club 2013 jan 30.
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