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EAN : 9782851972675
148 pages
L'Herne (11/11/2015)
3.62/5   21 notes
Résumé :
Matins d'hiver, lampe rouge dans la nuit, air immobile et âpre d'avant le lever du jour,jardin deviné dans laube obscure, rapetissé, étouffé de neige, sapins accablés qui laissiez, d'heure en heure, glisser en avalanches le fardeau de vos bras noirs, -coups d'éventails des passereaux effarés, et leurs jeux inquiets dans une poudre de cristal plus ténue, plus pailletée que la brume irisée d'un jet d'eau… Ô tous les hivers de mon enfance, une journée d'hiver vient de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai toujours vu ma maman lire et apprécier Colette pour sa belle écriture et ses récits qui la touchaient, et mon père la décrier, totalement insensible à son oeuvre. Jeune, ses titres de nature et de chat ne me tentaient guère. Mais en grandissant, l'idée de passer à côté d'une jolie plume me titillait de plus en plus, sans oser franchir le pas jusqu'à ce que j'aperçoive, dans ma librairie, ce titre sur Noël : découvrir l'auteure sur un sujet que j'aime particulièrement m'a convaincue d'essayer, avec l'espoir d'y trouver de splendides descriptions de l'ambiance des Noëls d'antan.
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C'est un patchwork, un recueil de textes disparates publiés dans la presse durant presque 40 ans, de 1909 à 1948, abordant ses souvenirs ou réflexions sur Noël et le jour de l'an. Si j'ai bien compris, elle en reprendra certains dans ses oeuvres : Simples esquisses de moments chaleureux, de Noëls épurés, réflexions sur le sens donné à ces célébrations, sur leur tournant religieux ou bien consumériste contre lequel elle s'érige déjà, description des Noëls de guerre qu'elle a vécu et qui expliquent certainement en partie son point de vue, Noëls de rien mais colorés de souvenirs, de chaleur, d'amour ou de neige glacée. Par petites touches légères mais contagieuses, des ambiances se dessinent.
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Et j'avoue, la dame a une belle plume. J'y ai noté de jolies fulgurances. Peut-être ces textes courts ne lui laissent-ils pas, cependant, la possibilité de se dérouler, se développer, prendre ses aises autant que nécessaire pour nous montrer toute l'ampleur de son talent et de son potentiel, comme si le texte était trop court pour que la phrase ou l'idée ait le temps de prendre son envol, en étirant l'intégralité de ses jolies plumes. Ce potentiel se sent néanmoins dans chaque texte, au détour d'une phrase qui s'étire comme une liane se déroulerait, lentement mais inexorablement, vers la lumière, élégante, évidente, pimpante, pleine de vie autant que de poésie, de maturité et de recul autant que d'espièglerie.
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Point de sapins lumineux dans ces pages, cette tradition commençait tout juste à apparaître. Point d'avalanches de cadeaux non-plus tant Colette dénonçait déjà au contraire, visionnaire, cette tendance au consumérisme de masse. C'est d'ailleurs le sens du récit au titre éponyme et trompeur, qui m'a beaucoup plu. Pourtant l'ambiance est là, fondue sous chaque branche de sapin que son regard caresse, rehaussée par le piquant du houx ornant une table, figée par le froid engourdissant des flocons alanguis sur ses cils, ses joues, sa bouche en une étreinte humide et désespérée la ramenant à ses premiers Noël d'enfant, où l'élégance éphémère de l'hellébore suffisait à fleurir son coeur entier.
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Car n'est-ce pas là tout ce que nous cherchons tous, en espérant garder ou retrouver l'esprit de Noël : l'enfance ? Notre enfance. Pas parce qu'elle était forcément meilleure ou plus heureuse, mais parce que l'innocence et la magie de l'enfant qui sommeille en nous est une part de nous sans laquelle nous ne pouvons pas exister aussi bien. Et de fait, je l'ai retrouvé en me glissant dans les mots doux et percutant de Colette, qui savent faire ressortir l'étincelle d'un moment, d'une vision, d'une sensation. J'y ai trouvé quelques jolies phrases comme des bijoux étincelant, bien qu'un peu à l'étroit dans le format de ces courts écrins. Simple, élégant, percutant, son style, que ses lecteurs devaient avoir plaisir à retrouver le temps d'un article de presse en fin d'année, aurait gagné, me semble-t-il, à se développer plus longuement autour d'un thème, d'une histoire précise.
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C'est pourquoi loin de m'avoir rassasiée, ce recueil m'a donné envie de découvrir désormais un roman d'elle, pour voir si le potentiel que j'ai vu là s'y exprimera enfin. J'espère ne pas être déçue. Est-ce que vous connaissez l'auteure ? Avez-vous des textes à me recommander en particulier ?
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Ce recueil d'articles est un produit de Noël, conçu pour être vendu en même temps que le Christmas pudding, les éditions limitées à couvertures chatoyantes, les faux jouets anciens et le dernier objet connecté à la mode. Comme le projet éditorial, son titre est non seulement opportuniste, mais aussi contradictoire avec son contenu. Rêveries de Noël eût mieux convenu. Car les Noëls d'enfance de Colette n'ont jamais existé. A leur place, c'est la figure de Sido qui remplit les souvenirs de "Gabri", ou" Minet-chéri", comme l'appelait sa mère. Colette décrit le village poyaudin (de Puisaye, pour ceux qui ne connaissent pas la Bourgogne) où elle grandit, comme libre penseur, ou mal -pensant comme on disait à l'époque. On comprend en lisant cette histoire que c'est plutôt sa mère la "mal pensante, elle qui, par son athéisme, déplaça les célébrations de Noël à la toute fin de l'année. Loin de 'en faire un jour de ripailles mécréantes elle crée un jour de partage très symbolique: cuire tout le jour du pain pour le distribuer aux plus misérables accompagné d'une dîme en argent sonnant, voilà qui n'est pas banal non plus.
Que reste-t-il alors , du parfum des Noëls d'antan, à l'écrivain, d'âge mûr puis plus tard encore, au soir de sa vie? Tant de souvenirs , en fait : l'attente que fleurisse l'ellébore, dite rose de Noël, parfois sous la neige,comme un autre autre cadeau étincelant et qui bleuit à l'aube; surprendre , dans son demi sommeil, les hésitations de Sido, venant déposer, une nuit de Noël, deux petits paquets fleuris de ladite rose, dans les sabots de sa fille, puis les reprenant après un bref moment de réflexion, pour les donner comme à l'habitude à sa fille pour ses étrennes. Scène muette où l'enfant blottie sous l'édredon sait lire tout l'amour maternel. Car Colette s'abreuvait aussi aux mythologies de l'enfance et aurait voulu croire à quelques fééries, moitié sulpiciennes moitié superstitieuses, de ses compagnes paysannes qui voyaient des miracles au-dessus de l'étable la nuit de Noël, et Sido pensa un moment abonder en ce sens en dévoyant du même coup le sens donné à leurs propres rites familiaux. Comment mieux illustrer la formule de Lacan: "Aimer, c'est donner ce qu'on n'a pas?" Autrement dit, l'amour ne saurait se distribuer comme un bien matériel, et n'est pas du même ordre que la possession ni la jouissance des biens. Ce joli "Conte de Noël" vient rejoindre dans mon paysage mental d'autres écrits célèbres du" Temps Retrouvé", comme l'appelle génialement Proust, retrouvailles/création de tant d'auteurs littéraires.
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Je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais reçu ce livre à Noël...franchement je crois que ça n'aurait pas été un cadeau...Heureusement que ce livre réédité est aussi pauvre en pages car la seule chose qu'on peut retenir de Colette c'est qu'elle n'a pas beaucoup de souvenirs des moments de Noël, cela dit Noël reste une tradition païenne et cette dame ne baignait pas beaucoup dans la religion malgré l'époque à laquelle elle vivait...ce recueil de textes qu'elle avait publié dans les journaux comme Marie Claire ou encore La revue de Paris ou Vogue reste très banal, à mon propre avis, un peu comme les propos de Colette quand elle parle de l'époque de Noël et du jour de l'An.

Merci encore à Babelio de m'avoir permis de recevoir ce livre grâce à masse critique.
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Ce petit livre regroupe des textes écrits par Colette sur Noël et le Nouvel an tout au long de sa vie. Elle y évoque divers Noëls, surtout ceux de son village natal dans un cadre domestique modeste mais harmonieux où cohabitent des gens qui s'aiment et des animaux. Les souvenirs de cette "enfance pauvre et païenne" évoquent la douceur et la simplicité. L'on découvre les Noëls anciens : pas de sapin mais du houx et de la fleur d'ellébore, des repas composés de marrons, de pudding, de fruits confits et de thé, suivis d'une calme veillée.
Pas de discours moralisateur dans ces souvenirs d'autrefois ; ceux-ci ont plutôt le goût de la madeleine de Proust. Et, si elle déplore la surabondance de jouets à Noël (dès le début du 20ème siècle !), Colette ne manque pas d'analyser les changements de tradition de manière nuancée.
Elle fait preuve d'une compréhension bienveillante et incroyablement moderne vis-à-vis des enfants, "porteurs d'un fardeau de souvenirs et de perplexité". Ce respect des enfants est sans doute lié à des souvenirs très vivaces de sa propre enfance et de ses perceptions enfantines.
Colette parle aussi des Noëls en temps de guerre, qu'il s'agisse d'un Noël au milieu des ruines d'un village bombardé ou d'un discours profondément émouvant dédié aux femmes dont les maris sont à la guerre. Son évocation des voeux en temps de guerre, du décalage entre l'optimisme et la légèreté du Nouvel an précédent et la modestie de cette nouvelle année, peut faire écho, dans une certaine mesure, à ce que nous vivons actuellement.
Ce sont de très beaux textes plein de sensibilité, teintés d'une "religion domestique", dont l'odeur du feu de cheminée, des oranges et d'un foyer harmonieux berce la lectrice/le lecteur.
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La marqueterie est un art (« assemblage décoratif de pièces de bois précieux (…) appliquées par incrustation ou par placage sur un fond de menuiserie »). Cependant, dans ce bel objet-livre sous-titré « Écrits », le fond est absent. On s'approche davantage, il me semble, d'une autre définition de la marqueterie, « ensemble formé de parties disparates ». le titre, lui – Cadeaux de Noël – relève du trompe-l'oeil : Colette ne cesse de nous dire qu'elle n'a pas de souvenirs de Noël, qu'elle était issue d'une contrée et d'une mère « mal pensantes », où l'on ne pratiquait ni le rite du sapin, ni celui des présents dans les souliers, ni celui de la messe de minuit ; où les manifestations festives domestiques, au demeurant très limitées, étaient concentrées sur l'avènement de la nouvelle année et non sur celui du Divin enfant.

Les fragments ont été recherchés, rapprochés… nombre d'entre eux, figurant dans des articles ou des chroniques, servent ici pour la énième fois (« texte publié dans… et repris dans… » ), privés de leur environnement d'origine ou d'un authentique fil conducteur.

Reste la plume inimitable de Colette, sa sensualité (« La coulée de mercure, froide et vivante au creux de la main comme un petit serpent, c'était pour le toucher – pour la vue quand je l'écrasais du bout du doigt en mille étincelles grises … »), son sens de l'image (« Il y a, par terre, un, deux, trois chiens couchés, qu'on écrase un peu, comme des tapis. Il y a, partout, le chaud désordre d'une maison heureuse, livrée aux enfants et aux bêtes tendres… »), son humour (« Sa susceptibilité est grande, et elle fume à tout vent. Son tuyau extérieur bée au ciel comme un crapaud qui happe la pluie. À l'intérieur, elle me souffle tantôt le chaud, tantôt le froid… Mais c'est tout de même une cheminée ».)

Restent les photos, « Gabri » à trois ans, le fac-similé d'une lettre de 1914, le papier à dentelle d'une autre, pour nous réjouir l'oeil et le coeur.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bonne année... L’an dernier, et les autres années, c’est un mot qu’on se jetait à pleine voix, de trottoir à trottoir, de fenêtre à fenêtre, d’arcade à arcade dans notre quadrilatère du Palais-Royal, de boutiquier à passant... Nous menons bien petit bruit aujourd’hui. Provisoirement nous avons oublié beaucoup de choses qui ressortissent à un ordre familier, auquel nous étions fidèles. Le 31 décembre, minuit sonnant, qui donc avons-nous embrassé, quels verres ont choqué le nôtre ? Plus ou moins nous avons égaré nos bonheurs modestes. Une main gigantesque a bouleversé l’eau plate qui berçait les images anniversaires. Attendons. Il faut que la mêlée des vagues furieuses redevienne un miroir. Souhaitons d'avancer dans le temps, connaître ce qui couve, laisser dormir ce qui fut, ensevelir douze mois... Aujourd’hui, premier janvier, nous avons déjà gagné, sur les jours les plus noirs et les plus courts, cinq ou six minutes : bienvenue à toute la lumière croissante, bonne année à tout ce qui nous rapproche de l’astre !
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Matins d'hiver, lampe rouge dans la nuit, air immobile et âpre d'avant le lever du jour, jardin deviné dans l'aube obscure, rapetissé, étouffé de neige, sapins accablés qui laissiez, d'heure en heure, glisser en avalanches le fardeau de vos bras noirs, coups d'éventails des passereaux effarés, et leurs jeux inquiets dans une poudre de cristal plus ténue, plus pailletée que la brume irisée d'un jet d'eau... Ô tous les hivers de mon enfance, une journée d'hiver vient de vous rendre à moi ! C'est mon visage d'autrefois que je cherche, dans ce miroir ovale saisi d'une main distraite, et non mon visage de femme, de femme que la jeunesse va bientôt quitter...
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La forme des années a changé pour moi - durant que moi je changeais. L'année n'est plus ce ruban ondulé qui, depuis janvier, montait vers le printemps, montait montait vers l'été pour s'y épanouir en calme plaine, en pré brûlant coupé d'ombres bleues, tachés de géraniums éblouissants, puis descendait vers un automne odorant, brumeux, fleurant le marécage, le fruit mûr et le gibier, puis s'enfonçait vers un hiver sec, sonore, miroitant d'étangs gelés, de neige rose sous le soleil... Puis le ruban ondulé dévalait, vertigineux jusqu'à se rompre net devant une date merveilleuse, isolée, suspendue entre les deux années comme une fleur de givre : le jour de l'an.
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Il vous paraîtra étrange que mes Noëls d'enfant -là bas on dit "nouel"-aient été privés du sapin fais coupé, de ses fruits de sucre, de ses petites flammes.Mais ne m'en plaignez pas trop, notre nuit du vingt quatre était quand même une nuit de célébration à notre silencieuse manière. Il était bien rare que Sido n'eut pas trouvé dans le jardin, vivaces, épanouies sous la neige, les fleurs de l'ellébore que nous appelions rose de Noël. [...] Puis, comme il nous était loisible de veiller,la fête se prolongeait en veillée calme, au chuchotement des journaux froissés, des pages tournées,du feu sur lequel nous jetions quelque élagage vert qui crépitait sur la braise comme une poignée de gros sel...
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... voilà ce que je revois, en me penchant ce soir sur mon passé... Une enfant superstitieusement attachée aux fêtes des saisons, aux dates marquées par un cadeau, une fleur, un traditionnel gâteau... Une enfant qui d’instinct ennoblissait de paganisme les fêtes chrétiennes...
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