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Roberto Fernández Retamar (Préfacier, etc.)Fanchita Gonzalez-Batlle (Traducteur)
EAN : 9782707144171
154 pages
La Découverte (01/05/2004)
4.13/5   43 notes
Résumé :
Soixante ans après le premier voyage de Christophe Colomb, Bartolomé de las Casas, religieux dominicain, rédige à l'usage du souverain espagnol un réquisitoire contre la colonisation dans les premiers territoires conquis d'Amérique : Cuba, Hispaniola (Saint-Domingue), les Antilles, le Mexique, la Nouvelle Grenade... Il dénonce les atrocités, la cupidité et le cynisme des conquérants, la nocivité du système d'exploitation, du partage des terres et des hommes en encom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Soixante ans après le premier voyage de Christophe Colomb, l'évêque Bartolomé de Las Casas publie à Séville un violent réquisitoire contre les crimes de la colonisation des territoires d'Amérique, destiné au futur souverain d'Espagne, Philippe II.
Il dénonce avec virulence la cupidité, la fourberie, la barbarie et le cynisme des Espagnols responsables de la mort de plus de douze millions de personnes en quarante ans.
(...)
Ce témoignage de première main est un document historique exceptionnel. L'introduction de Roberto Fernandez Ratmar explique comment il a ensuite été utilisé pour répandre la « Légende Noire » anti-espagnol, arme idéologique destinée à masquer que la colonisation de l'Amérique permit l'accumulation primitive du capital et la naissance du capitalisme. Las Casas demeure au contraire l'une des rares voies anti-colonialistes du XVIè siècle.

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Ce livre est une longue litanie de massacres et de supplices commis par les conquistadores au fur et à mesure de leurs conquêtes. Las Casas a été le premier à dénoncer ces horreurs, ce qui donne tout l'intérêt de ce recit.
Pourtant, outre cette dénonciation, son autre intérêt est, à mon avis, de donner à réfléchir sur l'humain. En effet, après cette lecture, on peut se demander, une fois de plus, pourquoi, l'homme est capable d'une telle barbarie. L'appât du gain et le pouvoir n'expliquent pas tout. Il y aura au fil de l'histoire d'autres genocides et d'autres massacres et la liste ne sera jamais close. C'est peut-être faire preuve de naïveté que de se poser cette question du pourquoi, mais ça me semble être l'utilité première de ce livre (hormis l'utilité historique).
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Bartolomé de Las Casas est un personnage fascinant, car son rôle a été extraordinairement audacieux dans son siècle, le XVIème. Arrivé dans le Nouveau Monde aux débuts de l'implantation espagnole, il en est un témoin direct. Il observe tous les méfaits de la soldatesque, des aventuriers, des colons, des chercheurs d'or et de la majorité des ecclésiastiques (lui-même est ordonné prêtre). Tout prétexte est bon pour tuer, torturer, violer, piller, spolier, réduire en esclavage les Indiens. En fait, il n'y a même pas besoin de prétextes. Ces crimes sont motivés notamment par la cupidité, la volonté d'évangéliser de force, mais aussi le libre cours laissé au sadisme des envahisseurs. Las Casas en est scandalisé et il tente, sur place et en Espagne, de s'opposer aux violences; mais son action, très isolée, n'est pas couronnée de succès. La "Très brève relation de la destruction des Indes", rédigée assez tard (en 1542), est un pamphlet virulent contre la colonisation entreprise par les Espagnols. Las Casas dénonce les exactions inouïes subies par les Indiens, dans les Caraïbes, mais aussi en Amérique Centrale et du Sud. (Quoique les époques soient très différentes, on peut penser au comportement des SS allemands en URSS ou des soldats japonais en Chine, pendant la seconde guerre mondiale). C'est une hallucinante litanie d'atrocités que l'auteur nous oblige à lire. Mais il insiste surtout sur le fait que les populations indigènes étaient d'un naturel extraordinairement pacifique, ne cherchant jamais à provoquer l'envahisseur. En ce qui concerne l'effondrement démographique des tribus indiennes, Las Casas cite des chiffres effroyables et, par exemple, évalue à quatre millions le nombre d'indigènes exterminés au Mexique par les conquistadors. Le fait que, dans son ensemble, les ecclésiastiques espagnols aient fermé les yeux sur les massacres (ou les aient même approuvés) est évidemment une circonstance aggravante. A ce sujet, une anecdote est rapportée: avant d'être brûlé vif, un chef indien, pressé de se convertir sur-le-champ, déclare qu'il préfère aller en enfer plutôt qu'au paradis où il risquerait de retrouver ses persécuteurs !

Quel est mon avis, en refermant cet ouvrage ? D'abord, quoique bref, le livre est pénible à lire, en raison de son sujet qui est terrible. Mais je m'interroge aussi sur l'exactitude du rapport de l'auteur. Comme je ne suis pas historien, j'ai essayé de me documenter un peu pour y voir plus clair. Il semble que personne n'a le droit de mettre en doute le comportement criminel des conquérants. Cependant, on peut penser que l'auteur exagère le nombre des personnes massacrées par les armes. En fait, la désertification rapide des territoires conquis peut s'expliquer également par la mortalité effroyable des indigènes, soit qu'ils aient été contaminés par les microbes importés par les Européens, soit qu'ils aient été extirpés hors de leur milieu naturel (beaucoup ont été obligés de travailler dans des mines).
Une autre question: tous les Indiens étaient-ils vraiment des « agneaux », comme l'écrit l'auteur ? j'en doute. Par exemple, la civilisation aztèque pratiquait systématiquement les sacrifices humains, mais Las Casas n'en fait pas mention ! Par contre, on peut supposer que la plupart des Indiens étaient très naïfs, incapables d'imaginer la fourberie et la méchanceté des Espagnols. Quoi qu'il en soit, ce livre rappelle qu'un génocide n'existe pour nous que s'il n'a pas été volontairement "oublié" par l'Histoire.
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Parce que c'est un réquisitoire, Bartolomé de Las Casas, théologien reconnu et proche de Charles Quint, n'a pas le choix quand il alerte sur le génocide amérindien : il faut émouvoir, ouvrir les yeux, pousser au repentir des chrétiens espagnols semant l'enfer sur des populations indiennes idéalisées, presque adamiques. De Las Casas est emphatique, volontairement répétitif, sa puissante et émouvante rhétorique insiste : il est urgent de convaincre car les chrétiens d'Amérique perdent leur âme en commettant l'inacceptable. Manichéenne, la plaidoirie de de Las Casas oppose un éden indien de vertu à des Espagnols cupides et destructeurs du paradis. Mais de Las Casas est un homme d'église : c'est de futurs chrétiens à convertir qu'il s'agit, il n'est pas question de respecter leur identité première : l'indien est l'Homme d'avant la faute, le conquistador est l'Homme d'après.
Il n'empêche, De Las Casas écrit un minutieux et terrible témoignage des massacres des natives, et cette reconnaissance d'un génocide qui reste le plus important jamais perpétré participera largement à la reconstruction d'une identité culturelle indigène.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Livre mordant pour la défense des Indiens et contre l'esclavage.... Un retournement, celui d'un "maître" devenu le porte-parole des opprimés.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Si les chrétiens ont tué et détruit tant et tant d'âmes et de telle qualité, c'est seulement dans le but d'avoir de l'or, de se gonfler de richesses en très peu de temps et de s'élever à de hautes positions disproportionnées à leur personne. A cause de leur cupidité et de leur ambition insatiables, telles qu'il ne pouvait y en avoir de pire au monde, et parce que ces terres étaient heureuses et riches, et ces gens si humbles, si patients et si facilement soumis, ils n'ont eu pour eux ni respect, ni considération, ni estime. (Je dis la vérité sur ce que je sais et ce que j'ai vu pendant tout ce temps.) Ils les ont traités je ne dis pas comme des bêtes (plût à Dieu qu'ils les eussent traités et considérés comme des bêtes), mais pire que des bêtes et moins que du fumier.
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incipit :
Toutes les choses qui sont survenues aux Indes depuis leur merveilleuse découverte, dès le commencement, quand des Espagnols s'y établirent pour un certain temps, puis celles qui ont suivi jusqu'à nos jours, ont été si admirables et si incroyables en toute manière pour qui ne les a pas vues qu'elles semblent avoir obscurci et réduit au silence, voire plongé dans l'oubli, toutes celles, pour glorieuses qu'elles fussent, que l'on a vues et entendues au monde dans les siècles passés. Parmi elles, il y a les tueries et les destructions d'êtres innocents et le dépeuplement des villages, de provinces et de royaumes où se sont perprétrés ces actes et bien d'autres non moins épouvantables.
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1503. Hispanolia (nom donné alors à l'ile ou sont situés Haïti et la République Dominicaine)
Ils entraient dans les villages et ne laissaient ni enfants, ni vieillards, ni femmes enceintes ou accouchées qu'ils n'aient éventrés et mis en pièces... Ils faisaient des paris à qui ouvrirait un homme d'un coup de couteau, ou lui couperait la tête d'un coup de pique ou mettrait ses entrailles à nu. Ils arrachaient les bébés qui tétaient leurs mères, les prenaient par les pieds et leur cognaient la tête contre les rochers.
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Dans toute la province du Nicaragua, il doit y avoir aujourd'hui quatre ou cinq mille personnes. Les Espagnols en tuent chaque jour par les services qu'ils exigent et l'oppression quotidienne et personnelle qu'ils exercent, alors que, comme il a été dit, c'était une des provinces les plus peuplées du monde.
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La cause pour laquelle les chrétiens ont détruit une telle quantité d'âmes a été seulement qu'ils ont tenu pour leur dernière fin et but l'or (...) La cause de tout cela a été l'avarice et l'ambition qui les a saisis, les pires qu'on puisse imaginer, face à ces terres si heureuses et si riches, à ces gens si humbles, si patients et faciles à subjuguer. Lesquels ils n'ont jamais respectés et pris en compte je ne dis point plus que des bêtes (car plût à Dieu qu'ils les eussent traités comme des bêtes), mais moins que de la fiente des rues.
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