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EAN : 9782265115606
552 pages
Fleuve Editions (14/04/2016)
3.84/5   262 notes
Résumé :
Été 1980. Le lac de Basse-Misère, dans le sud du Massif central. Un groupe d’adolescents de bonne famille est massacré sur l’îlot où il était parti camper, en marge de la fête du club nautique local. Dans toute la région, l’onde est sismique. Comme un point de bascule irréversible, qui signe la fin d’une époque d’insouciance, et le début du déclin de la vallée.
À Valdérieu, principale agglomération du pays, quelque chose s’est brisé pour toujours.
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Critiques, Analyses et Avis (110) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 262 notes
Oh le beau roman que voilà ! Assez inclassable, mais sans aucun doute réussi.

Un souffle, une ombre, de Christian Carayon retrace l'enquête au long cours de Marc-Edouard Peiresoles, prof d'histoire émérite de l'Université de Toulouse en manque de motivation professionnelle, qui va se lancer sur les traces d'une affaire sanglante ayant endeuillé et marqué à jamais le village de son enfance il y a plus de 20 ans. Une affaire trop vite résolue - et finalement irrésolue - qui aura traumatisé de nombreuses familles, voire une région toute entière. Pour l'intrigue, ce sera tout. Aller plus loin serait spolier. Et spolier c'est voler… du plaisir de lecture.


Côté intrigue, Carayon fait fort. Son roman se déroule comme une enquête journalistique qui pourrait être basée sur un fait divers réel, ce dont il se dédouane en postface : le « factuel » y est privilégié, méthodique, détaillé, précis. Ce qui est cohérent : son héros n'est il pas historien après tout ? Peu de coup de théâtre chez Carayon, d'artifices de fin de chapitres qui tombent à plat façon page-turner. La durée, le parcours, le cheminement du lecteur aux côtés de Peiresoles ont la part belle et l'empêchent d'avancer plus vite que de raison.

Et ce d'autant plus qu'Un souffle, une ombre est un vrai roman d'atmosphère, un genre qui n'existe pas et qui ne veut rien dire mais que les lecteurs comprendront. L'attention portée par l'auteur à la description des lieux, des paysages, des hommes compte autant dans l'attachement qui naît peu à peu autour de l'intrigue que l'intrigue elle-même. Carayon est historien et géographe, et cela se sent. Mais il est surtout passionné – amoureux ? – de ces territoire, de ce pays des Monts d'Autan, ce no-man's land perdu entre Toulouse et Montpellier, que nul qui n'y soit allé ne peut situer, que tous ceux qui y sont passé ne peuvent oublier.

Et c'est là que la magie opère : le rythme de l'enquête de Peiresoles est inégal, plutôt lent au début, au risque de procurer quelques angoisses au lecteur constatant après 100 pages qu'il lui en reste encore 435 à lire. Mais rapidement, cette ambiance, cette atmosphère si spéciale voulue par l'auteur s'impose au lecteur, qui s'y trouve pris au piège malgré lui. Et la lecture devient délice… Tout entre alors en cohérence : l'enquête, l'histoire personnelle de Peiresoles évoquée à travers de nombreux flash-backs, ses peurs et angoisses personnelles ou professionnelles, ses amours, vains autant qu'enflammés, ses regrets…

Un beau roman, assez inclassable donc. Mais qui gagne à être découvert et dégusté.

Un grand merci donc à Babelio et à Fleuve Noir pour cette découverte.


PS : un petit – mais gentil - coup de griffe quand même : le titre comme la couverture sont malheureusement sous-vendeur pour un livre de cette qualité.
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J'ai fini ce livre avec lequel j'ai un peu peiné car il s'agit d'une enquête sur un crime commis 34 ans plus tôt de 3 adolescent(e)s mais je n'ai eu aucune empathie pour la personne menant l'enquête ou les protagonistes de celle-ci.

Le rythme de ce livre et plutôt lent, c'est clairement un livre d'atmosphère sur la région etc. Je préfère les thriller au style plus court et dont le rythme est beaucoup plus rapide qui sont des pages turner.

J'ai vu dans une des critiques que le rythme s'accélère dans les 100 dernières pages et bien même la je n'ai pas senti d'accélération du récit. J'ai même trouvé le dénouement plutôt simple.

La plume de l'auteur est très belle mais je suis passée à côté de ce bouquin
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Nous sommes ce que nous sommes grâce ou à cause de notre passé, quelques fois un événement marquant nous hante, nous empêche d'avancer. La peur et l'incertitude dirige notre vie et nous empêche de nous épanouir. Faut-il retourner à la source et régler le problème, tout dépend du problème me direz vous.

Christian Carayon nous embarque dans un souvenir noir, un événement qui a marqué tout un village et qui a déclenché une telle dose de souffrance et de tristesse, que le temps s'est arrêté.

Il nous amène à la rencontre de ses personnages et nous donne cette impression de les connaître, de les aimer et d'avoir partagé un moment de notre enfance avec eux...
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La fête nautique de ce 24 Aout 1980 à la base nautique d'un village du Tarn se termine en un drame qui va marquer à vie le jeune Marc-Edouard .
La belle Justine, une adolescente , avait réussi à convaincre ses parents et ceux de trois autres jeunes d'aller camper sur l'île toute proche . le lendemain matin , le massacre est découvert.
Après une enquête qui avait soupçonné quelques hommes du village , un tueur en série est finalement arrêté .
Il est toujours en prison lorsque Marc-Edouard décide de revenir sur les lieux du drame et sur les conseils de son psychiatre de mener sa propre enquête pour exorciser les peurs et les attaques de panique qui lui gâchent sérieusement sa vie .
Il renoue avec tous ceux qui ont assisté de près ou de loin à cet événement qui est resté foncièrement un traumatisme pour eux .

L'histoire fait des allers-retours entre le passé et le présent. C'est assez lent un peu comme le mécanisme qui va permettre à Marc-Edouard de faire le chemin vers la compréhension de ce qui s'est réellement déroulé et de dépasser ses peurs .

L'auteur arrive ainsi à créer une atmosphère spéciale qui rend cette lenteur un peu fascinante car elle remonte les arcanes enfouies dans la mémoire.
Rien n'est évident et la résolution intervient sans que le lecteur ne s'y attende ;
Un moment de lecture facile et qui ne restera pas longtemps en mémoire ...
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« le vent souffle dans a direction que lui imposent sa naissance et son environnement. Il n'est pas libre. Seule sa force varie. »
Sentiment doux amer à la lecture de Un souffle, une ombre. L'écriture fluide de l'auteur nous conduit dans les méandres de l'adolescence et nous fait éprouver cette inquiétude latente qui la caractérise. Peur d'être rejeté par ceux dont on veut être les amis, insatisfaction face à ceux qui veulent à tout prix être nos amis, crainte du jugement des adultes, désillusion permanente.
Comme dans le diable sur les épaules, la trame de l'histoire repose sur la relation ambigüe, adultes/ adolescents. Les premiers veulent modeler les jeunes à leur image, les voir reproduire leur comportement guidé par une appartenance de classe. Les seconds attendent plus des adultes. Plus de générosité, plus de courage, plus de panache.
Le 24 aout 1980 sur l'îlot des Bois-Obscurs alors que la fête du club nautique des Crozes à Valdérieu, bat son plein, Justine, Guillaume, Emmanuel et Florie sont massacrés dans des conditions horribles. Ils ont chacun à leur manière dépassé les limites que leur impose leur origine sociale et se sont aventurés en zone dangereuse. Justine la belle adolescente objet de toutes les convoitises entend être une femme libre et veut faire du théâtre contre l'avis de ses parents. Emmanuel souffre de l'indécision de ses parents qui veulent à tout prix accéder au Gotha de la petite ville de Valdérieu. Guillaume se plie à la volonté de ses parents qui l'inscrivent aux Scouts car ils le trouvent un peu mou. Florie adopte une posture dédaigneuse pour masquer le désarroi que lui cause le divorce de ses parents
Le jeu des relations entre adultes au club nautique des Crozes, tourne autour des conditions d'adhésion, il faut pouvoir payer une cotisation onéreuse mais aussi être coopté. L'argent n'a pas tous les pouvoirs prétendent ceux qui en sont blindés…Et puis le coopté est l'obligé de celui qui l'a coopté et peut le lui faire sentir.
La description des invitations pré-cooptation où les adhérents se « payent » les candidats et la veulerie des candidats prêts à tout pour être coopté est d'une lucidité et d'une cruauté assumées.
Au lycée Saint-Jacques, les enfants singent leurs parents. Emmanuel est le souffre-douleur, ses bourreaux sont des enfants de refusés au club nautique, et ses parents sont dans une valse-hésitation, sommes-nous dignes d'adhérer au club nautique ?
La communauté « cimentée » est une illusion que le drame déchire. Chacun part à la recherche de coupables plausibles, les cherchant chez ceux qui ne partagent pas leurs valeurs. Homosexuels, coureurs de jupon, lesbiennes supposées, sont accusés sans ménagement et leur vie privée étalée au grand jour par une justice aux abois poussée par des médias en recherche de sensationnel.
Marc Edouard Peiresoles, le narrateur, avait le même âge que les victimes et les connaissaient sans qu'ils soient des amis. Lui-même était le fils du marchand de matériaux de Valdérieu. Depuis le 24 août 1980, la peur ne l'a jamais quitté. Il va d'échec en échec dans sa vie sentimentale et sombre peu à peu, malgré sa position enviée d'universitaire ayant soutenu une thèse remarquée « L'impact de la Première Guerre mondiale sur les petites patries : l'exemple des Monts d'Autan. » qui lui a permis de publier son premier ouvrage « La Génération sacrifiée. » Il est devenu maître de conférences à l'université de Toulouse le Mirail.
Face à son désarroi permanent, il se résout à consulter un psy qui lui fait décrire sa peur et comme thérapie, lui propose de l'affronter.
C'est ce que va faire Marc-Edouard en tentant de revivre le drame du 24 août 1980 et ses conséquences sur les personnes et l'équilibre économique de la région.
L'enquête de Marc Edouard tient le lecteur en haleine et va le mener jusqu'à la découverte de la vérité. Epoustouflant. Christian Carayon renouvelle le genre du polar en explorant la psychologie de personnages ordinaires qui dérivent dans une région frappée par la crise et la désertification.


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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Le jour où mes parents m'ont offert ma chienne, j'étais à la fois heureux et terrifié qu'on ajoute ainsi un être mortel à ma liste déjà trop longue. Je me suis effondré en larmes. Mes parents ont cru que l'émotion m'avait submergé et, bien des années après, racontaient encore l'anecdote avec un mélange d'amusement et de tendresse. Je n'avais pas pleuré de joie ce jour-là.je portais déjà le deuil de ce petit animal que j'ai aimé au premier regard.
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Ma vie ressemble à quelque chose d'immobile. Je n'avance que lorsque je n'ai pas le choix. Le reste du temps, je freine autant que possible ou, à défaut je louvoie. J'entrevois tellement d'écueils sur mon chemin, tellement de pièges et de dangers... Se sentir vulnérable en permanence est éreintant. Le poids de la lâcheté est bien lourd à porter. Je ne passe pourtant pas pour craintif, ce serait même plutôt l'inverse. Je n'ai pas peur dans la vie, j'ai peur de la vie, c'est différent.
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Je suis parti sur cette piste en sachant qu'il me manquait l'instant qui avait tout fait déraper. Comment on passe de deux adolescents en train de faire zizi-pan-pan à trois cadavres...
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Les éminents historiens de l'"Ancienne école" affirmaeint que l'Histoire est une science qui ne pouvait laisser nulle place à l'imagination. Je ne suis pas d'accord. Je crois que, sans imagination, il n'y a pas d'Histoire. Le passé existe uniquement parce que chacun d'entre nous est capable de plonger dedans tel qu'il le voit, tel qu'il le sent, tel qu'il l' recréé. La connaissance scientifique en coule sans aucun doute les fondations. Puis nous devenons ensuite l'architecte du reste.
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Mon corps de chiffon s’alourdit soudainement. Un poids est en train de m’attirer vers le fond. L’eau dépasse mon menton, ma bouche, mon nez. Avant qu’elle ne recouvre mes yeux, je vois une dernière fois le bateau, les silhouettes à son bord et le ciel.

Je coule. Mes bras s’étirent désormais au-dessus de ma tête. Il fait sombre, de plus en plus sombre. Les ténèbres sont tout autour et je m’y enfonce. Je me retiens de respirer. Je repousse autant que possible le moment où il me faudra laisser l’eau noire pénétrer dans ma gorge, dans mes poumons et dans mon ventre. Je sais que la douleur sera terrible. C’est maintenant que la peur me rejoint. Elle nage jusqu’à moi. Je suis inapte à la chasser. La peur est une vieille compagne. Il est normal qu’après avoir piloté ma vie, elle veille sur ma mort. Qu’elle me montre son dernier visage, le plus terrible, le plus abominable. Je me rends compte, alors, que je ne l’ai jamais vraiment connue, que je ne l’ai côtoyée que de loin.
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Qui a survécu au drame du 24 août 1980 ?

Guillaume
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