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EAN : 9782714473523
210 pages
Belfond (04/05/2016)
3.42/5   97 notes
Résumé :
Le retour de Colum McCann avec un exercice dans lequel il excelle : la forme courte. Toute la beauté, la poésie, le lyrisme de l'écriture de Colum McCann pour un mini-roman et quatre histoires belles et douloureuses sur la violence quotidienne, gratuite, mais aussi sur les moments de grâce qui font qu'au bout du compte, l'espoir reste.
Un vieil homme perd la vie, agressé dans une rue de Manhattan ; un jeune garçon disparaît lors d'une baignade en mer d'Irland... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Treize façons de voir... pourquoi treize ? parce que ce nombre peut faire - à cause du symbole qu'il porte, de sa dualité - pencher le point de vue d'un côté ou de l'autre, c'est à dire du côté de la vie ou du côté de la mort, du côté du bien ou du côté du mal, du côté de la vengeance ou de celui du pardon, du côté de la compassion ou de celui de l'adversité ? C'est ce que j'ai cru dans un premier temps...
Non, en fait, ce titre est tiré d'un poème de Wallace Stevens : "Treize façons de regarder un merle" duquel Colum Mccann cite un passage qui sous tend le recueil :

(…)
Je ne sais que préférer,
La beauté des inflexions
Ou la beauté des insinuations (...)


Une novella et quatre autres nouvelles plus courtes dont le sujet - fil qui les relie est la violence. La violence subie, admise ou enfouie dans la mémoire, la violence des émotions, aussi, qui brûle le coeur et fait suffoquer.

Cinq récits très différents, mais qui happent littéralement le lecteur : curieusement, celui-ci garde l'illusion que ses propres pensées, ses propres espoirs pour les personnages pourraient influencer le cours de l'histoire. Il n'en est rien, bien sûr, mais Colum McCann sait tellement distiller l'attente, tellement avancer les détails "pion par pion" comme sur l'échiquier pour créer une ambiance, une atmosphère, raconter un caractère que la lecture s'apparente réellement à un cheminement de découverte pour lequel toutes les possibilités sont offertes. Aucune des nouvelles n'a de fin tranchée, chacun se racontera la suite selon son propre tempérament.

Il est donc question de violence, que les personnages ont ou vont croiser, dont ils ne se remettent pas ou qu'ils vont devoir affronter. Une violence physique, ou alors plus sourde, celle de l'angoisse.
Il est aussi question de mémoire, des souvenirs de ce qu'ils contiennent de sentiments avec lesquels il faut apprendre à se démener, de regrets ou de remords.
A un moment, les personnages de ces différentes nouvelles vont tous faire une sorte de bilan même sans en être conscients, un bilan de ce qu'ils ont vécu et choisi et qui les a amenés au moment où commence le récit. Une certaine forme de nostalgie les enveloppe sans qu'on puisse dire avec conviction s'ils regrettent le passé ou non.

Les détails qu'on observe sont un élément important de ces récits, que ce soit au moyen de caméras qui finalement "parlent" à la place du personnage principal de la novella, le racontant sans qu'il se confie lui-même, le regard de l'observatrice de la dernière nouvelle qui est celui du lecteur pour assister à une vengeance d'un malheureux envers un homme aussi miséreux que lui, l'importance des lueurs électriques ou de la clarté de la lune sur un théâtre d'opérations et aussi les yeux qui fouillent les paysages à la recherche d'un indice donnant un espoir dans un autre des récits, sans oublier le regard qui fouille le visage apparu sur le poste de télévision essayant de le mettre en miroir avec un homme croisé plusieurs décennies plus tôt : ce regard fait-il défaut, est-il fiable ?


Chez Colum McCann, l'écriture est ciselée, elle se fait aussi poétique , toujours en lien avec la littérature sous forme de citations ou de clins d'oeil, elle ressemble à un scalpel qui tranche dans le vif des vies, dans la douleur des instants…


Et puis, pour terminer, ma nouvelle préférée a été "Sh'khol", pour avoir permis la rencontre avec cette mère, avec son enfant adopté, handicapé, et avoir éprouvé cette terrible peur qui va l'étreindre tout au long des phrases, en portant un regard désespéré sur ces merveilleux paysages et en ressentant le souffle du vent, surgi des mots, qui nous caresse presque le visage apportant avec lui les embruns du large des côtes irlandaises.
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Treize façons de voir, de Colum McCann, est une novella qui ouvre le recueil éponyme. S'y ajoutent quatre nouvelles qui sont loin d'avoir la même puissance narrative. Colum McCann explique que le lien entre ces oeuvres est la violence, je n'ai pas pourtant été convaincue de la nécessité de ce regroupement. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé la novella, Treize façons de voir.

Le roman commence par la description objective d'une chambre où le juge Mendelssohn se réveille et s'agace de son corps qui le trahit. le lecteur suit ses pensées, les retours sur sa vie, sa dernière journée ; il a prévu d'aller déjeuner au restaurant avec son fils. Les pensées, tout ce qu'il y a de plus subjectif.

Pas facile, facile. D'autant que d'autres personnages entrent dans l'histoire. Au fil des pages, ils prennent de la consistance, deviennent réels au point qu'on pourrait les croiser. Et les caméras, que les policiers scrutent, image par image, pour comprendre ce qui s'est passé, ajoutent plus au mystère qu'elles l'éclaircissent. Les enquêteurs trouveront, mais c'est le vieil homme qui nous fera vivre ses derniers instants.

Il s'agit donc de l'ultime journée du vieillard et elle vous réserve quelques surprises. L'intrigue n'est pas le point fort du roman, c'est la façon de la raconter qui m'a touchée : les pensées du juge mêlées aux évènements de la journée. J'ai particulièrement aimé la scène — navrante — du déjeuner du vieil homme avec son fils. Je ne vais pas oublier le juge Mendelssohn tout de suite.

Les autres nouvelles m'ont moins émue, à l'exception du texte le traité qui évoque la difficulté du pardon, même pour une religieuse.

Lien : https://dequoilire.com/treiz..
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Colum McCann l'auteur irlandais qui a fait quelque chefs d'oeuvre Et que le vaste monde poursuive sa course folle s'essaie à la nouvelle, avec un recueil écrit dans des circonstances particulièrement comme il nous l'explique dans le 4eme de couverture puisqu'il a été victime à New Haven, d'une violente attaque physique qui l'a laissé démuni physiquement et psychologiquement.

Sa réaction a donc été d'élaborer un recueil de nouvelles autour de la violence sous toutes ses formes. . La première- qui est carrément un court roman de + de 150 pages raconte d'ailleurs une histoire proche de celle qu'il a vécu, sans le dénouement tragique il s'agit d'un procureur qui se voit violemment agressé avant de trouver la mort. On suit la dernière journée avant son agression à la sortie du restaurant, et la construction, habile, et cette sorte de course contre le temps en fait l'histoire la plus interessante du lot

Psychologique, politique, verbale, sociale ou physique, la violence sous toutes ses formes et tout ce qui en résulte sont au coeur des cinq histoires de Treize façons de voir

Là encore l'ensemble est assez inégal, mais le coté profondément autobiographique de l'oeuvre émouvant et viscéral ne peut laisser indifférent…une oeuvre captivante et intime qui résonne en nous longtemps après l'avoir lu.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'avoue une petite déception en refermant ce recueil dont j'attendais peut-être trop. Oh, ma lecture n'a pas été désagréable, loin de là, mais j'ai l'impression qu'il n'en restera pas grand-chose. D'habitude, dans un recueil de nouvelles, il y a au moins un texte qui m'interpelle ou m'émeut particulièrement et je me dis que, pour celui-là au minimum, ça valait le coup. Ici, je garde l'impression d'un boulot bien fait mais assez froid. J'ai souvenir d'écrits de l'auteur bien plus vibrants...

D'abord il y a un déséquilibre bizarre entre ce qui apparaît comme un court roman ou une novella - le texte qui donne son titre au recueil - et les quatre autres. J'ai peiné à y trouver une unité même si le thème des bouleversements du temps qui passe peut éventuellement tenir lieu de fil rouge et si l'Irlande est toujours évoquée même quand elle ne constitue pas le décor à proprement parler. On dirait presque que le premier texte (environ 150 pages) a été jugé trop court pour une publication et que le volume a été complété par les autres nouvelles afin de lui donner une allure plus imposante.

Cette première nouvelle, Treize façons de voir est d'ailleurs la plus intéressante (tant mieux, c'est la plus longue), notamment dans sa construction. On suit la dernière journée (mais ça, lui ne le sait pas) du vieux juge Mendelssohn désormais à la retraite et dont la mémoire n'est plus tout à fait aussi alerte que dans ses plus jeunes années. Si l'on sait très vite que le vieil homme va mourir c'est tout simplement parce que l'auteur bâtit son récit via les images restituées par les caméras qui ont été les témoins de ses dernières heures, chez lui, dans la rue, dans le restaurant où il déjeune. Cela donne des angles de vue divers et interpellant qui font le sel de cette histoire tragique. de quoi s'interroger sur ce qu'il reste d'une vie une fois qu'elle est passée, sur le destin, sur tous ces instants dont on n'a pas profité en ignorant qu'ils étaient les derniers... Intéressant donc, techniquement parlant. Mais pas bouleversant, comme si l'auteur avait tenu à maintenir le lecteur dans son rôle de voyeur devant ces images volées.

Des quatre autres textes, je n'en retiendrai qu'un intitulé Sh'kohl, mot hébreu qui désigne les parents en deuil d'un enfant. Un mot que j'avais déjà rencontré dans le très beau récit d'Angélique Villeneuve, Nuit de septembre, où l'auteur explique que l'hébreu est une des rares langues à proposer un mot pour désigner cet état particulier. Ici, Colum McCann livre peut-être sa nouvelle la plus poignante, mettant en scène une mère adoptive divorcée dont la relation exclusive avec l'enfant presque adolescent et souffrant de déséquilibres psychologiques est source de terribles appréhensions. La tension qui parcourt les pages est palpable, dans une ambiance qui rappelle Laura Kasischke.

Aucun regret de ma part sur ce livre notamment pour les deux textes dont j'ai parlé. Un livre qu'on ne peut s'empêcher de rapprocher du contexte qui a entouré sa publication (l'agression de l'auteur dans la rue) comme s'il avait été rattrapé par la fiction, même si heureusement pour lui il n'a pas connu la fin dramatique de son héros. Vous avez dit hasard ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Traduit par Jean-Luc Piningre

Quand j'ai commencé à m'intéresser à la littérature irlandaise, Colum McCann est l'un des premiers écrivains que j'ai lus. A l'époque je ne savais pas qu'il vivait aux Etats-Unis. J'ai dû me faire à un genre peu populaire en France et pourtant si connu en Irlande et aux USA, la nouvelle : La rivière de l'exil (lu en V.O. - Fishing the Sloe-Black River, 1994) et Ailleurs en ce pays - Everything in this country must, 2000), m'avaient fait trouver McCann sacrément talentueux mais aussi un peu ardu (et glauque). Il faut dire qu'il y a énormément d'intertextualité chez cet auteur, un vrai "joycien" qui joue avec les mots, reprend ce qui existe pour mieux le retourner. Alors, en V.O., ça donne un peu du fil à retordre.
Colum McCann a depuis publié des romans, que je n'ai pas tous lus, j'avoue, et c'est le roman justement, qui l'a révélé au grand public en France.
Pourtant, avec Treize façons de voir, il revient à ses premières amours.

Le recueil, que l'auteur dédie, entre autres, à la mémoire de son père, est composé originellement de 4 nouvelles :
"Treize façons de voir", une novella
"Quelle heure est-il maintenant là où vous êtes ?"
"Sh'khol"
"Traité"
et l'éditeur français lui en a fait ajouter une cinquième : "Comme s'il y avait des arbres".
Les textes ont en commun la violence, sous plusieurs formes, mais aussi la solitude.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : j'ai eu un immense coup de coeur pour ce recueil ! Pour moi, pas grand chose à voir avec ce qu'il écrivait à ses débuts, j'ai trouvé que le style avait changé, c'est peut-être plus limpide, plus achevé, il y a davantage d'humour, le lecteur est tenu en haleine, et il y a énormément d'émotion, McCann sait vraiment jouer avec ça ! (C'est aussi peut-être ma mémoire qui me fait défaut par rapport à ce que j'ai lu de lui avant).

"Treize façons de voir" est mon texte préféré. (Je suis partie à New York - même si en vrai j'étais au fin fond de la campagne irlandaise : un double voyage, donc !)
Il raconte le dernier jour d'un vieux juge qui vit à New York, veuf, vivant seul avec l'infirmière qui s'occupe de lui. Il a un fils qui est apparemment un crétin fini, bien trop occupé par sa carrière. Un homme seul donc, lituanien de confession juive, marié à une Irlandaise catholique. le lecteur apprend qu'il va être assassiné par les analepses du texte, révélant une enquête de police. de plus, ce pauvre homme porte le patronyme de Mendhelsson. le titre est tiré d'un poème très connu du monde anglophone qui fait référence au chant du merle. McCann nous rend dingue d'angoisse pour ce vieux monsieur à la démarche plus qu'instable et hésitante. Il nous fait aussi beaucoup rire par les réflexions du bonhomme qui s'en prend jusqu'au glouglou dans les tuyaux du chauffage domestique à 5 heures du matin (avant, on se les gèle !). Notre coeur se serre quand il évoque sa femme et on fulmine contre son fils. Et puis la mort arrive en direct, comme si nous étions à la place du vieux monsieur. La raison : à vous de vous faire une idée d'après tout ce qu'il nous a dit avant.

Extraits :
"Sally James a englouti un oiseau, un de ceux qui se lèvent tôt. La voici donc, de bonne humeur, fraîche comme une cime, solide comme un chêne, grande comme un séquoïa."

"Ils ont un tel sens de la langue, ces Anglais. Normal, puisqu'ils ont eu des Irlandais comme professeurs, disait toujours Eileen."

"Passons la page, tournons l'éponge."

"Tout comme le poème fait du lecteur un complice, les inspecteurs deviennent complices du meurtre."

"Quelle ville ! New York ne cesse de m'épater. Une Rhodésienne blonde servant un juif lituanien, né en Pologne, dans un restaurant italien qui emploie - voyons - deux commis mexicains(...)".

"Notre père qui êtes au bordel des cieux"
"Pourquoi un bordel de merde ? se demandait Eileen.
Pourquoi pas un bordel de beauté ?" :)

"Quelle heure est-il là où vous êtes" : un homme doit écrire une nouvelle pour le nouvel an. Au début, l'angoisse d'un homme devant sa page blanche, l'art de repousser à plus tard ce qui devrait être écrit maintenant, la deadline. Mais l'imagination qui s'enflamme. le lecteur assiste à la création d'un univers de fiction : les décors, les personnages, qui prennent de l'épaisseur sous nos yeux, au fil des lignes, mais ce monde reste inachevé : des questions restent en suspens sur les personnages, sur ce qui pourrait (ou pas) arriver, le champ des possibles est celui du lecteur et de son imagination. Bien joué !

"Sh'khol" : une femme traductrice et divorcée vit dans la baie de Galway, seule avec son fils adoptif handicapé à qui elle a eu la mauvaise idée d'offrir une combinaison de plongée à Noël. Une allusion aux selkies du folklore irlandais, "créatures cousines des sirènes, qui se déguisent en phoques et danses nues sur la grève au clair de lune". La solitude d'une mère, donc, dont l'imagination s'enflamme, seule face à son angoisse. le titre de la nouvelle est le mot qui désignent les parents d'enfant mort en hébreux, d'après ce que dit McCann (je ne sais pas si c'est exact). J'ai beaucoup aimé !

"Traité" : le secret d'une nonne (un viol) qui, des années après reconnaît son agresseur à la télévision. Violent, c'est le moins qu'on puisse dire.

"Comme s'il y avait des arbres" : sur le racisme, la violence envers les Roumains dans une citée du nord de Dublin.
"Les étrangers, on le sert pas, ou alors on les fait attendre, parce qu'il y a toujours des ennuis avec eux."
La fameuse 5e nouvelle ajoutée à l'édition française du recueil : je n'ai pas trop accroché à celle-ci.
Mais pour tous les autres textes, le recueil mérite largement la lecture, pour tout l'humanisme qu'il contient, l'émotion et les clins d'oeil à l'Irlande (et à Joyce !). Même si Colum McCann vit depuis plus de vingt ans à New York, il reste profondément irlandais, notamment par son sens de l'humour ! L'Irlande reste toujours dans un coin de son coeur, comme ces nouvelles le prouvent ! En tout cas pour moi, il n'est pas américain ! :)

Je suis heureuse de ne pas avoir encore lu toute son oeuvre, en particulier ses romans : il me reste donc du "grain" à moudre !
En tout cas, un recueil sublimement écrit !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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critiques presse (5)
LaPresse
01 août 2016
Cet ouvrage rempli d'humanité et de sensibilité peut être savouré en plein été, porté par le chatoiement et la musique fabuleuse d'une écriture qu'on retrouve heureusement dans la traduction française.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
23 mai 2016
Colum McCann touche au plus près l'âme humaine. Entre ombre et lumière.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
20 mai 2016
La façon de voir de Colum McCann ? C'est scruter l'intérieur des êtres, tout près de leur coeur qui bat de plus en plus vite alors que la Terre s'embrase en mille feux de détresse.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
19 mai 2016
Un court roman et quatre nouvelles composent ce recueil, le plus sombre jamais écrit par l'auteur irlandais Colum McCann.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
18 mai 2016
Cinq nouvelles poignantes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Et pourquoi les personnages foisonnent-ils dans le passé lointain, alors que le présent est si plat, si soumis ? Faulkner ne disait-il pas que le passé ne meurt jamais, qu'il n'est même jamais passé ? Drôle de chose que le passé de l'indicatif. N'existe pas à proprement parler. A peine en sommes-nous conscients qu'il s'absente, disparaît. Alors nous résidons continuellement dans le passé, quand bien même nous rêvons l'avenir.Ça devait être le thème d'un sonnet de Shakespeare - je les ai presque tous oubliés -, les vagues se jettent sur les galets de la plage, nos minutes se précipitent vers leur fin, notre labeur secret.

Nouvelle Treize façons de voir
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« Ce qu’il sait, en revanche, c’est que le froid et l’isolement seront importants : parce que ce récit traite de la Saint-Sylvestre, parce que Sandi sera prisonnière dans son cube de solitude humaine, comme la plupart d’entre nous à l’aube d’une nouvelle année, quand nous regardons à la fois derrière et devant nous. »
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Elle avait aussitôt commencé à le traduire : l'histoire d'un couple d'une cinquantaine d'années qui avait perdu ses deux enfants. Y figurait le mot sh'khol. Rebecca avait cherché une traduction, mais il n'y en avait pas d'exacte. On avait bien sûr veuf, veuve et orphelin, mais pas de nom, pas d'adjectif pour des parents aux enfants morts. Pas davantage en irlandais. Rien non plus en russe, en français, en allemand, ni en plusieurs autres langues. Des synonymes n'existaient qu'en sanskrit, vilomah, en arabe, thakla pour la mère, mathkool pour le père. Mais toujours pas en anglais.
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Il le range (BlackBerry) depuis peu dans la poche de son pyjama, où il reste désormais la nuit, le petit clignotant allumé. Prodigieux appareil qui emmagasine sans cesse les dernières terreurs, les dernières victoires, pendant que lui somnole ou ronfle. Guerres, coups d'État, rébellions, révolutions, un éventail de misères prêtes à surgir du confort de son lit.
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Cette vieille pie bavarde de la mémoire. Rien n'est jamais fini, alors ? Le passé revient, ressurgit. Bâtit son nid aux endroits les plus inattendus.
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Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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