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EAN : 9782221196113
216 pages
Robert Laffont (18/08/2016)
3.82/5   77 notes
Résumé :
Tout commence lorsque Suzanne, qui anime des ateliers d'écriture, demande à chacun de ses élèves d'apporter un objet de famille susceptible d'illustrer sa vie personnelle. L'un d'entre eux, Arsène, un orphelin rwandais réfugié en France après avoir réussi à échapper aux massacres qui ont ensanglanté son pays, doit avouer qu'il ne possède rien d'autre qu'une valise qui lui a servi d'abri durant sa fuite. C'est à partir de cet objet singulier que Suzanne va le convain... >Voir plus
Que lire après J'ai longtemps eu peur de la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Suzanne, professeur de français, demande à ses élèves de choisir un objet fétiche, ancien, un objet qui aurait quelque chose à raconter, une histoire, un lien, un vécu. Pour Arsène, l'objet choisi sera une valise, celle qui lui sauvera sa vie lors de son périple pour fuir le génocide rwandais.

On suit dans ce roman le passé de cet adolescent en proie à la peur, caché en foetus dans sa valise et en parallèle le deuil de Suzanne pour son père décédé lorsqu'elle était petite. On peut reconnaître un parallélisme entre les deux personnages dans leur deuil respectif, l'un pour son pays natal, l'autre pour son père. Avec son lot de souffrances à traîner pour l'un et l'autre.

Je n'ai pas été embarquée davantage par ces deux histoires dont le procédé narratif ne m'a pas entièrement convaincue. J'ai perçu comme un kaléidoscope reflétant une suite d'images sans fin, sans réel cadre spatio-temporel ni cette émotion qui m'aurait permis de faire un arrêt sur l'image. Narration à la deuxième personne de l'indicatif, en italique, entrecoupée sur un présent à l'école sans lien évident ni émotion palpable. Cela reste néanmoins un roman agréable et certainement davantage pour peu qu'on s'immerge dans cette histoire plutôt que de se sentir spectateur étranger comme je l'ai ressenti de mon côté.
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J'ai lu ce livre en une soirée. Je n'ai pas pu le lâcher. le récit commence sur la préparation d'un atelier d'écriture au sein d'une classe de lycéens. La consigne est simple : chacun des ados participants devra amener pour la prochaine séance, un objet ancien, ancré dans l'histoire familiale et auquel il est attaché…

Une demande simple et pleine de promesse d'écriture, qui va se révéler difficile pour Arsène, jeune orphelin rwandais qui a échappé aux massacres. Il aurait pu laisser tomber la consigne et broder une histoire avec n'importe quel objet sorti d'un placard. Mais non. Arsène apporte au lycée la seule chose matérielle qui le rattache à son pays d'origine, son histoire : une vieille valise en cuir.

« J'ai choisi cette valise car c'est la seule chose qui me reste de ma famille biologique et de mon pays natal, le Rwanda. Elle m'a sauvée la vie. »

Yasmine Ghata nous livre là une histoire poignante, sans user de procédés éculés pour amener l'émotion à tout prix. le récit navigue entre deux histoires parallèles de perte et de souffrance, incomparables : celle de Suzanne, animatrice de l'atelier, qui se remémore sa vie après la disparition de son père…

« Suzanne devint muette ce jour-là, la colère et la frustration étaient trop fortes. Aucun son ne pouvait plus sortir de sa bouche. Les mots étaient une forme de légèreté qu'elle semblait avoir perdue à jamais. »

… et celle d'Arsène dans sa fuite en avant, son errance sans but, gamin affamé et terrorisé devant les cadavres et les massacres, avec en tête une seule obsession, celle de respecter la volonté de sa grand-mère : fuir pour rester en vie !

"Plus rien ne peut te faire peur, toi qui as erré si petit dans ce paysage hostile. Si, une chose te fait peur, te terrorise même, c'est de raconter. Ces événements enfouis dans ta mémoire pourraient ne jamais avoir existé, tu te dis parfois que c'est une légende qui court sur ton enfance."

Ce qui les relie : les mots. Cette fantastique possibilité de se reconstruire par l'écriture...

« Les paroles pour l'un, l'écriture pour l'autre les conduisent à la recherche de soi. »

Doucement, tout doucement. L'un raconte et l'autre prend la plume, suspendue à son histoire maintenue si longtemps enfouie, pour ne pas avoir mal. Pour pouvoir continuer, avancer. Petit à petit, le récit prend forme et la douleur qui n'avait jamais été exprimée, se dissipe peu à peu pour laisser place à une formidable envie de vivre !
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Dans la valise d'Arséne, il y a toute la tragique histoire de son enfance arrachée au Rwanda, tous les visages de sa famille décimée par la haine et les massacres entre ethnies, mais aussi tout l'amour qui l'a porté jusqu'ici. Grâce à Suzanne, une femme qui elle aussi a besoin de cicatriser un départ trop rapide, Arsène va mettre des mots sur sa fuite, sur ses peurs et sur les protections accordées...
Un très joli roman, fort, attachant et émouvant sur l'exil, sur la perte de repères et la force qu'ont certains êtres face à la barbarie. A des degrés bien différents, les deux personnages de ce roman nous poussent à croire qu'on peut guérir et surmonter la souffrance de la perte... Et que même si les plaies ne se referment pas tout à fait, avancer ne veut pas dire oublier...
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Suzanne anime un atelier d'écriture dans une classe de 3e. Son objectif est de faire découvrir la langue française en parlant d'objet ancien possédé par chacun d'entre nous. Elle propose donc à chacun de ses élèves de revenir la semaine suivante avec un objet ayant une histoire familiale pour eux. Seulement, dans cette classe, Arsène lui n'a pas de bel objet ancien à montrer, il n'a même plus de famille biologique puisque la sienne a été décimée pendant les génocides rwandais. La seule chose qui lui reste de cette époque est une simple valise tout abîmée qui l'a suivi dans sa fuite de son village jusqu'à son arrivée dans sa famille d'adoption française. Aidé de Suzanne, Arsène qui n'avait jamais parlé de tout cela décide de se remémorer ce périple qui est également le moyen pour lui de faire le deuil, de cicatriser les plaies restées vives si longtemps. Étrangement, cet échange avec Arsène est aussi pour Suzanne le moyen de faire enfin le deuil de son père disparu alors qu'elle n'était qu'une enfant.


Un roman court et d'une sensibilité merveilleuse ou s'entrecroise deux histoires, deux êtres blessés à un degré différent par un moment tragique de leur enfance. L'histoire d'Arsène est racontée non pas sur le ton du tragique mais comme une sorte d'histoire où la volonté de vivre de cet enfant de 8 ans est plus forte que toutes les atrocités commises. le lecteur suit l'épopée de cet enfant qui n'a pour seule amie que cette valise lui servant à la fois de refuge, de parent, de compagnon de voyage. Aucune haine n'apparaît dans le récit de cet enfant face aux exactions ; au contraire, il ne comprend pas cette horreur notamment lorsqu'il rencontre Assia, une petite Hutu qui le cache et le nourrit quelques jours. Ce récit d'Arsène permet également à Suzanne de faire un retour dans ses souvenirs avec la perte de son père, une perte rendue encore plus tragique par l'attitude des adultes à ne pas clairement dire les choses.


Un roman touchant et humaniste permettant de revenir sur l'un des plus grands génocides perpétré à la fin du XXe siècle sans haine, sans rancoeur.
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Première lecture de Yasmine Ghata et belle impression pour ce roman de la rentrée 2016 paru chez Robert Lafont.
Arsène est un petit garçon d'origine rwandaise qui a vu et vécu ce qu'aucun humain ne devrait voir. Sauvé par une OMG, Arsène est recueillit par un couple à Paris. Face au traumatisme, Arsène raconte son histoire à Suzanne animatrice d'un atelier d'écriture. Les mots et le temps peuvent' ils cicatriser les plaies, atténuer le vide affectif ?
D'une écriture sensible, Yasmine Ghata revient sur l'une des horreurs du vingtième siècle, le génocide rwandais. A travers ce petit garçon et d'une valise, seul objet emporté dans sa fuite, l'auteur décrit l'horreur sous la bienveillance ou le silence occidental. Ce petit bonhomme, on a envie de le prendre dans nos bras pour le protéger de la folie des hommes. le roman ne sombre jamais dans la sensiblerie mais décrit avec justesse l'envie de vivre d'Arsène, au nom des siens disparus. Un seul bémol, l'histoire de Suzanne paraît bien fade par rapport au drame d'Arsène.
Moi qui vient Nathacha Appanah, je trouve une similitude dans l'écriture.
Un livre sur l'exil, le deuil, la reconstruction (est-elle vraiment possible?), un texte sensible et une jolie plume.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
C'est la onzième nuit que tu passes seul sans tes parents, et cette nuit-là, plus qu'une autre, tu as vraiment compris qu'ils n'étaient plus de ce monde. Ce soir-là, tu as vu la réalité telle qu'elle est, sans te faire d'illusion. Tu n'es plus désormais qu'un orphelin qui vagabonde sans savoir où aller avec pour seul compagnon une valise vide qui t'escorte comme un fidèle parent.
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Des fumées dérivées par les vents contraires jaillissaient des habitations, tu as vu des corps joncher le sol, tombés, foudroyés. Ta maison en pisé semblait muette, couvrant les corps des biens comme un linceul.
Tu aurais voulu crier le prénom de ton père, de ta mère et de ta grand-mère, tu n'eus pas ce courage. Ta tête ne dépassa pas les feuilles hautes. Tu n'y es pas allé, ton pied n'a jamais franchi la bordure de pierre du promontoire bâti par tes pères.
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C’était la saison sèche, le lacis tortueux et caillouteux semblait sans fin. Tu suçais des cailloux, histoire d’avoir quelque chose en bouche. Chaque matin, un même miracle se produisait, des gouttes d’eau recouvraient le couvercle de ta valise, tu te faufilais habilement à l’extérieur en l’ouvrant doucement et léchais en large et en travers le couvercle. Tu passais d’un angle à l’autre, avide, insatiable, veillant à plaquer ta chemise contre ton estomac pour ne pas en perdre une goutte. Recueillir l’eau sur son couvercle te l’a rendue encore plus maternelle : elle te donnait à boire chaque jour à heure fixe comme si c’était son devoir de le faire, un minimum vital pour ne pas te perdre, toi qui n’avançais plus qu’en titubant, écrasé par la fatigue et le désespoir. Vous étiez deux sur ce chemin. Seul, tu n’aurais pas survécu.
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Une maison vidée de ses occupants est un livre sans écriture, une histoire sans narrateur.
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Cet objet souvent oublié, rarement beau, est gardé par devoir, par respect pour les ancêtres. Il n'est en réalité qu'objet de deuil. Les élèves ne peuvent s' empêcher de le toucher, de le scruter dans ses moindres plis comme s'il allait exaucer un voeu, produire un miracle. (p.31)
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Videos de Yasmine Ghata (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yasmine Ghata
Interview de l'écrivain Yasmine Ghata pour son roman "Le Târ de mon père" paru aux Editions Fayard
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