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(01/01/1900)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Un demi-siècle après une indépendance ratée, trois jeunes Algériens discutent sans tabou. Ahwawi, étoile montante de la chanson kabyle, et son complice Zar, étudiant en sciences, ont la tête pleine de projets. C’est compter sans un pays, le leur, qui décourage leurs fantasmes et leur brise les ailes. Quant à Zof, le berger, voilà bien longtemps qu’il a cessé de rêver.
Après avoir lutté en vain contre l’hydre à deux têtes – les militaires et les barbus –, Ahwa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Allah au pays des enfants perdus - Karim Akouche - Édition Écriture -Épreuves non corrigées - Lu en juillet 2019.

Mes remerciements chaleureux à Babelio masse critique du 19 juin et aux éditions Écriture sans lesquelles je n'aurais sans doute pas lu ce livre, ce qui aurait été bien dommage.
Le livre se divise en 4 parties.
La première situe les lieux et les personnages, la période, 2010.
Ath Wadhou, village pauvre, perdu aux confins du Djurdjura, massif montagneux du nord de l' Algérie, la plus longue chaîne montagneuse de la Kabylie. Village purement fictif.
Dans ce village, parmi d'autres villageois, vivent trois hommes :
Zof le berger de 30 ans, soutien de famille, n'ayant pas fait d'études, attaché à ses racines, ses moutons, sa terre.
Zar, percussionniste à ses heures, jeune étudiant doué et plein d'ambition.
Ahwawi, , musicien, chanteur, il joue de la mandole, écrit des poèmes qu'il met en musique. Il est ivre de liberté.
Ils sont amis, et discutent de la vie, du passé, du présent, de l'Algérie, du régime de Boumédienne sous lequel le père d'Ahwawi a perdu la vie.
Zar et Ahwawi discutent sur la possibilité d'ouvrir une maison des jeunes et de leur donner des cours d'alphabétisation, de musique...
page 36 : il faut qu'on sauve nos enfants de la délinquance.. L'avenir de nos enfants me fait craindre le pire"
La seconde partie nous parle de la mise en place de cette maison des jeunes, les embûches rencontrées, les refus des autorités.
Puis vient le jour de l'inauguration avec le sage du village qui préside la cérémonie. Page 45 : "il critique (le sage) les autorités officielles qui avaient refusé aux villageois l'agrément ..." Il félicite tous ceux qui de près ou de loin ont participé au projet.
Mais la liesse sera de courte durée, Daesh ayant entendu parler de cette maison vient un jour y mettre le feu et terroriser les jeunes présents ce jour-là. C'est la déconfiture, la tristesse, la rage.
La troisième partie voit Zar et Ahwawi qui n'en peuvent plus du manque de perspectives d'un avenir meilleur. Ils s'informent et décident de fuir leur pays pour l'Europe, ce qui met en colère Zof le berger si fier de sa terre.
Il ne partira pas.
La quatrième partie, c'est leur rencontre avec l'horrible passeur, le Caporal,
un homme sans scrupule, qui ne voit que le profit, il a aussi un autre métier, juge.
Et voilà nos deux amis et d'autres fuyards qui s'embarquent sur un petit Zodiac, direction la Sardaigne, l'Europe où ils pensent réaliser leurs rêves d'une vie à la hauteur de leurs attentes.
Arriveront-ils indemnes ?
Dans ce livre, Karim Akouche nous parle d'une jeunesse qu'on assassine, qu'on étouffe, coincée par un régime où la corruption est loi, où l'obscurantisme est présent, où l'espoir n'est qu'un mot qui ne veut plus rien dire et qui jette des hommes, des femmes et des enfants dans les mains de passeurs qui les envoient si pas vers la mort, vers une vie qui ne sera pas celle dont ils ont rêvé.
Karim Akouche est dramaturge, poète et romancier. Il est né en Kabylie en 1978 et vit au Québec depuis 2008. Les éditions Écriture ont publié "La Religion de ma mère" et un recueil de chroniques "Lettres à un soldat d'Allah"
Quatre étoiles pour ce roman, il remue, il interpelle, il est percutant.
J'ai beaucoup aimé aussi le style de l'auteur à la fois cru et poétique.
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Dans ce très bon livre, Karim Akouche nous propose un visage de l'Algérie cinquante ans après l'indépendance, un visage grêlé de souffrances, de misère et d'espoirs déchus.
Trois jeunes garçons se retrouvent pour partager leur amitié, leurs aspirations, leurs envies.

Pour eux, depuis la victoire pour l'Indépendance obtenue après huit ans d'une guerre meurtrière contre la France, le peuple d'Algérie n'a jamais vraiment eu son mot à dire. C'est d'abord le système du parti unique faux semblant de démocratie, avec au pouvoir le controversé Ahmed Ben Bella, puis Houari Boumédiène "le Staline arabe" suivi de Chadli Bendjedid. Cette période où la corruption gangrène le pays est suivie de la décennie noire durant laquelle les "fous d'Allah" sèment guerre civile et désespoir.

Zof, Zar et Ahwawi sont à l'image de leur pays. Entre révolte et résignation, ce sont des enfants perdus. Pourtant, le souffle de vie et d'espoir qui anime leur coeur est grand. Ils sont plein d'énergie, plein de bonne volonté, même si Zof le berger a renoncé, Zar le brillant étudiant et Ahwawi l'artiste continuent à y croire, ils veulent agir pour leur pays, ils veulent voir les enfants sortir de la misère et de la rue pour envahir les écoles et apprendre.

Les années passent et quand un à un leurs projets tombent à l'eau, ils perdent confiance en leur pays.
Acculés contre un mur d'incompréhension, c'est le désespoir qui l'emporte. Ils ne savent plus comment sortir de leur condition. Que leur reste-t-il comme horizon, celui de la mer scintillante sur laquelle souffle encore le vent de l'espoir ?
Alors, comme on jette toutes ses forces dans les derniers mètres qui nous séparent de la ligne d'arrivée, Zar et Ahwawi abattent leur dernier atout. Ils se prennent à rêver de l'ultime traversée, celle qui pourra les sauver ils en sont convaincus, mais les passeurs ne sont pas des philanthropes et la Méditerranée, dont les vagues appellent à une vie meilleure, ne garantit pas la destination.

L'auteur ose dire les choses, dénonce le désastre. Les mots de Karim Akouche font mal mais c'est un mal nécessaire. Ce visage de l'Algérie, celui du désespoir de ses enfants, doit être montré pour ne pas être ignoré, pour qu'enfin chacun comprenne le désespoir qui mène à l'émigration.
Cinquante ans après l'Indépendance, le vide laissé par la France a fait place au néant orchestré par le pouvoir. Vendeurs d'espoir, exploiteurs de la misère, profiteurs de la richesse, "fous d'Allah" asservissant le coeur des plus faibles, tous ces acteurs de la vie de l'Algérie ne font plus qu'un sous la plume acérée mais jamais amère de Karim Akouche. C'est l'ennemi du pays, celui qui souffle la flamme de l'espoir, celui qui brise les rêves, celui qui refuse la lumière, celui qui laisse ses enfants se perdre à jamais.

Merci M. Akouche pour ce roman vivant et imagé, triste aussi, qui donne envie d'en savoir plus sur ce pays magnifique mais malmené.
Merci également aux Éditions Écriture et à Masse Critique Babelio de m'avoir fait découvrir cet auteur qui a su m'interpeller et me toucher.
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Au début, on découvre Ath Wadhou un petit village algérien d'un millier d'habitants qui se situe en Djurdjura. Les jeunes jouent au football, vont se baigner et fouillent dans la décharge en plus de pêcher et de chasser pour vendre à la sauvette, comme sur le bord des routes, à cause du chômage et de la pauvreté. Alors que ceux qui travaillent sont maçons, bûcherons, agriculteurs, bergers ou chevriers. Les femmes vont chercher de l'eau elles-mêmes en remplissant des jerrycans qu'elles doivent transporter sur leurs têtes quand elles n'ont pas d'âne pour le faire.



Trois amis parlent sans concession de leur pays en fumant du haschisch et en buvant du café. Ils aiment leur pays mais en sont très déçus, ils ne sont pas écoutés et ont soif de liberté. Zof est berger. Ahwawi joue de la mandole, il est connu régionalement et il écrit et interprète ses chansons, son inspiration il la puisse des ichewwiqen et des poèmes ancestraux. C'est plutôt un rêveur et un philosophe. Zar est titulaire du baccalauréat et est étudiant et chercheur à la faculté en sciences exactes, il est devenu athée contrairement à ses compagnons.



Mais Ahwawi et Zar ne se font plus d'illusions pour la jeunesse dans leur pays qui sape tout espoir d'avancées culturelles. Pour ces deux amis, c'est en Europe qu'ils pourront avoir un avenir et réaliser leurs rêves. Alors que Zof, attaché à sa patrie, est trop fier pour vouloir quitter son pays. C'est ainsi que les événements les poussent à choisir l'exil et à faire appel au Caporal, le magicien de l'émigration.



D'autre part, j'ai aimé la poésie dans le récit et découvrir des expressions kabyles comme celle-ci : Comme dirait le chacal dans un célèbre adage kabyle, si l'automne pouvait durer deux saisons, le printemps deux ans, l'hiver et l'été deux jours seulement ! et j'ai énormément apprécié l'humour noir en particulier dans les dialogues entre les postulants au départ et le Caporal.



La plume de l'auteur, Karim Akouche, est engagée, mêlée de poésie. Ce roman d'actualités, écrit aussi avec vigueur, révèle la réalité d'une jeunesse suffocante poussée à l'exil. Cette citation, présente dans le livre, de Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962 vous parlera peut-être : Pauvres montagnards, pauvres étudiants, pauvres gens, vos ennemis de demain seront pires que ceux d'hier.
Lien : http://larubriquedolivia.ove..
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Merci à Babelio, Masse Critique et aux Editions Ecriture pour l'envoi de ce roman

Algérie, au début des années 2010. Dans le petit village perdu d'Ath Wadhou en Kabylie, les jeunes n'ont pas grand espoir d'avenir. Nombreux sont les chômeurs et tous ont le sentiment d'être délaissés, abandonnés par les autorités.

Pourtant certains gardent encore l'espoir d'un avenir meilleur. C'est le cas d'Ahwawi qui espère faire une carrière de chanteur et de son ami Zar, étudiant en sciences.

Ils ont des projets pour eux-mêmes ainsi que pour les autres jeunes du village. Ils en discutent souvent avec leur ami Zof, berger, qui lui a perdu toutes ses illusions quant au fonctionnement de leur pays.

Ce qu'Ahwawi et Zar apprendront vite à leur dépens : « En effet, notre peuple est écrasé par une hydre à deux têtes, l'une coiffée d'une chéchia et l'autre d'un képi. Nous sommes pris en tenaille entre les galonnés et les barbus. Nous devons résister aussi bien à la brutalité des uns qu'à la folie meurtrière des autres … »

Afin de ne pas renoncer complètement à leurs rêves, les deux jeunes hommes vont tenter l'immigration légale qui n'aboutit pas en raison du refus de visa par la France, puis l'immigration clandestine par l'intermédiaire d'un passeur : » Avec nous vous sillonnerez la Méditerranée en croisière..Les amateurs de sensations fortes seront bien servis. Les romantiques verront le plus beau soleil du monde danser sur l'eau de la Méditerrannée. Oh ! le lever de soleil, c'est féérique ! Les rires de l'aube, c'est hypnotique ! Vous verrez les crépuscules pleurer…Mais faites vite, les places sont limitées. »

Ce roman est bouleversant par la peinture sincère et sans concession qu'il brosse d'un pays où « décapiter quelqu'un ne choque presque personne, alors que tenir la main d'une jeune fille fait scandale ».

J'ai apprécié la puissance de l'écriture de cet auteur que je ne connaissais pas encore :

» Cest ça l'Algérie…C'est ça, l'Absurdistan. (…) Dans ce pays, c'est avec le rire, seulement avec le rire, qu'on assaisonne ses malheurs. »

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Tout le monde analyse ce qui se passe en Algérie, des journalistes, des observateurs, des politiciens… C'est difficile de s'y retrouver tellement les commentaires sont empreints d'émotions et de clichés quand ils ne sont pas approximatifs ou carrément faux. Cela est dû à la maladie de notre époque, l'urgence, car le temps médiatique et le temps historique ne sont pas liés.
Pour savoir ce qui cloche dans ce pays et pour bien en analyser la situation politique, il faut se plonger dans les oeuvres des écrivains dont la plume a fréquenté le peuple et sa mémoire. Parce que, eux, ils arrivent à tenir la distance nécessaire et le ton juste pour aborder des sujets complexes. Karim Akouche en est un exemple : ses romans La religion de ma mère et Allah au pays des enfants perdus, que j'ai lus avec grand plaisir, ont su montrer les failles de l'Algérie et la cruelle dépossession de son peuple. En effet, les Algériens sont dépossédés de tout, de leur histoire, mémoire, loisir, amour, rêve…
En me lançant dans la lecture des oeuvres de Karim Akouche, j'ai pris goût à l'aventure des héros. Je me suis accroché vite au récit, et dès que j'en finissais un chapitre j'avais qu'une envie c'est de lire le suivant pour connaitre la suite de « l'aventure », je dis bien aventure car ce n'est pas seulement un livre sur un pays, son peuple et ses modes, c'est un délice à lire et à relire.
Karim Akouche, avec sa plume de poète révolté, donne une vision claire et sans concession de son pays natal et défonce les barricades et les tabous (sexualité, frustration, intégriste…) Boualem Sansal a raison de dire de Karim Akouche qu'il a « du courage, mais aussi du talent ».
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Soufflez, vents, soufflez
Et faites vibrer mon cœur
Ronflez, flots, ronflez
Et aidez-moi à surmonter mes peurs
Perdu dans la mer
Comme un déchet flottant
Les vagues sont austères
Elles submergent mon chant
Je suis un clandestin
Je n'ai pas de carte
Mon pays a fait de moi un chien
Je ne respecterai aucune charte
Je suis un orphelin
À la recherche de repères
J'irai gagner mon pain
Au-delà de toutes les mers...
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Page 51
Deux mois ont suffi aux jeunes pour métamorphoser Ath Wadhou. Ils ne se sont pas contentés de dispenser des cours d'alphabétisation, de couture, de musique et d'arts plastiques, leurs actions ont dépassé les objectifs fixés initialement. Sous la houlette du chanteur et de l'étudiant, des campagnes de sensibilisation pour la protection de l'environnement et du patrimoine ancestral ont été menées au village et dans toute la région.
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Si seulement j'étais un oiseau
Je déploierais à l'infini mes ailes
Je cesserais de ressasser mes maux
Et je chanterais des ritournelles
Je volerais par monts et vaux
Je foncerais comme un rebelle
Je quitterais ce monde faux
En quête de vie éternelle...
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Ils préfèrent la religion et le sport... Oui, mes frères, la religion et le sport... parce que ce sont les meilleurs somnifères pour endormir le peuple. L'islam et le football sont de redoutables morphines dont usent nos dirigeants pour prolonger notre léthargie.
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— Fuir est une nécessité, mon ami. Nous n’avons les pieds que pour errer et les mains que pour porter nos valises. Nous ne sommes ni lâches ni braves... Ce pays est grand par son histoire, mais tristement petit par sa mémoire. Il cherche sa voie et risque de mettre des siècles à la trouver... Il n’a pas besoin de nous pour se construire... Ce pays nous a reniés. Qu’on l’oublie!
— La faute n’incombe pas à ce pauvre pays, mais à ses dirigeants. Baignant dans le pétrole, ils s’amusent à pisser sur le peuple.
Ahwawi pose sa main sur l’épaule de Zar et lui dit, des trémolos dans la voix:
— Ils nous ont empêchés de rêver...
Zar serre avec a ection le bras de son ami et lui répond, le torse bombé:
— Nous, nous les empêcherons de dormir.
— Avec quoi?
— La plus belle des revanches, c’est la réus-
site...
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Videos de Karim Akouche (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Karim Akouche
« En France comme partout ailleurs, l'air est devenu irrespirable. Le débat d'idées est confus, il a besoin d’une remise en ordre et d’une cure de vérité. La dictature de l'émotion, de la vitesse et de la simplification doit céder sa place à la clarté, à la raison, à l'apaisement. » Partant de ce constat, le romancier et essayiste algérien Karim Akouche pousse un cri d'alarme. Un appel, qui brasse des thèmes tels l'islamisme et ses avatars ; la laïcité et ses ennemis ; les démons de la France et de l'Algérie ; l'ultra-consumérisme ; le règne du spectacle... En point d'orgue de cette anthologie, une lettre lue par des millions de personnes dans le monde : Lettre à un soldat d'Allah, adressée à un jeune homme conquis par l'idéologie djihadiste, que l'auteur questionne d'un « Tu » assassin. Les titres des autres chroniques annoncent la couleur : « Déchire ton niqab », « Les idiots utiles de l'islamisme », « Prêcheurs de haine, je vous emmerde », « L'Algérie arabe est une imposture », « Confidences à Camus », « Soutien à Kamel Daoud »...
Ce recueil sera adapté au Festival d’Avignon en juillet 2018.
Autre titre paru chez ECRITURE : "La Religion de ma mère" (ECRITURE, 2017)
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