Sortir de la la Grande Nuit ou Essai sur l'Afrique décolonisée (2010)
Cinquante ans après les Indépendances. J'étais curieuse de lire cet essai pour remettre les pendules à l'heure de la théorie post-coloniale et de la globalisation.
Le livre commence par un chapitre autobiographique "Trajectoires d'une vie", ancrant l'auteur dans l'histoire du Cameroun, son pays d'origine, dans les luttes de décolonisation, et les non-dits des combattants éliminés "terroristes". Éloignement de l'intellectuel vers Paris, comme il se doit pour un francophone, puis New York et Johannesburg.
Le 2ème chapitre "Déclosion du monde et montée en humanité" est tout à fait différent : texte philosophique s'appuyant sur le concept fanonienne de déclosion du monde. Si le concept lui-même me paraît un peu fumeux (je ne suis pas philosophe, encore moins spécialiste de l'Afrique), Fanon m'a éveillée autrefois aux luttes anti-coloniales.
p. 69 : "Dans la pensée de la décolonisation l'humanité n'existe pas a priori. Elle est à faire surgir à travers le processus par lequel le colonisé s'éveille à la conscience de lui-même, s'approprie subjectivement son moi, démonte les enclos, s'autorise à parler à la première personne".
Il cite ensuite
Senghor (p70): "chez qui la décolonisation implique l'existence d'un sujet qui cultive le souci de ce qui lui appartient en propre..."
puis Glissant pour qui" la déclosion consiste à aller à la rencontre du monde"
Ces prédécesseurs étant analysés il étend l'analyse à
Husserl, Valery et à la théorie du loup.
Je décroche un peu, trop philosophe pour moi! les développements trop savants sont fumeux. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"
Lorsque Mbembe aborde la globalisation et la théorie post-coloniale il s'éloigne de la philosophie pour une analyse politique assez confuse.
La troisième partie "Société Française : proximité sans réciprocité" sort du champ philosophique et entre dans celui du ressentiment. Certes, la France a perdu de sa puissance et de son aura en perdant son empire colonial. Certes, l'Europe n'est plus le centre du monde. Certes, les Etats Unis exercent une attraction certaine sur les africains francophones. Tout cela est connu, évident, et la dissertation pompeuse m'a lassée. Les spécialistes apprécieront. Je retourne à la fiction, à la littérature, vaincue, n'ayant lu qu'en diagonale "Le long hiver impérial français!" et abandonné la fin.
Lien :
http://miriampanigel.blog.le..