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EAN : 9782262063955
240 pages
Perrin (02/02/2017)
3.68/5   19 notes
Résumé :
La légende fait de Diane de Poitiers (1500-1566) la maîtresse de deux rois de France, François Ier et son fils Henri II, et dresse un portrait d'elle fait de poncifs sur le pouvoir au féminin. Dotée d'un sens aigu de ses intérêts financiers, elle aurait exercé par la chaire une grande influence sur Henri II, qui l'aimait, dit-on, follement, pour son plus grand malheur, bien entendu.
Didier Le Fur, pour qui les constructions historiographiques n'ont plus de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quel était le caractère de la mystérieuse Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois ?
Diane de Poitiers ( 1500-1566 ), fut la maîtresse du roi Henri II ( 1519-1559 ).
Elle est issue d'une famille noble proche de Louis XII, les Saint-Vallier.
« Poitiers » vient de Peytieula, Saint-Vallier, dans le Valentinois, le Dauphiné.
Sa mère meurt alors qu'elle est en bas âge, et son père l'éduque comme un garçon : équitation et chasse. Puis il la place à cour d'Anne de Beaujeu, fille très cultivée de Louis XI. Elle y apprend les belles lettres. Puis elle est demoiselle d'honneur de la reine Claude, femme de François Premier. Anne de Beaujeu la marie au sénéchal Louis de Brézé, très en faveur à la Cour. Elle a deux filles. A la Cour d'Eléonor, puis de Catherine de Médicis, elle est préceptrice des enfants de François premier, dont le futur Henri II, puis elle s'occupe des enfants d'Henri II. Elle est là pour les accouchements des reines.
En 1531, elle est veuve, et c'est là que cela devient intéressant... Mais je vous laisse découvrir !
.
Le style de Didier le Fur est celui d'un historien pur et dur : il est très calé en généalogie et en apanages, ou terres acquises, en " faveurs"... Mais il raconte moins bien, à mon avis, le contexte des guerres et conquêtes que JC Petitfils.
Cependant, l'auteur rend bien l'ambiance de l'époque : on a, par exemple, l'obstination de François Premier à conquérir le Milanais ( trois fois, trois échecs ). Pourquoi ? On n'est pas bien chez soi ? Ces guerres contre Charles Quint impliquent viols, famines, impôts plus élevés et destructions !

L'intérêt du livre, comme celui de JC Petitfils pour Louis XIII, est de réhabiliter la mémoire de Diane, traitée par les ambassadeurs vénitiens et par des pamphlets anonymes, à l'époque du règne d'Henri II, de vieille lubrique, de cause de la mort du roi, de putain manipulée ou manipulatrice, c'est selon !
Ce traitement a duré plusieurs siècles.
Qu'un roi soit amoureux d'une femme de 20 ans plus âgée semble aux pamphlétaires et aux historiens anciens impossible ; ils disent donc que c'est de la magie : elle a ensorcelé Henri !
Enfin, au XXè siècle, des historiens posent l'hypothèse que la jeunesse de sa peau est due à son régime d'hydrothérapie.

Loin de se fier aux avis des ambassadeurs, Didier le Fur prend à témoin les rares "premières mains", car Diane est discrète : il y a peu de correspondance entre elle, le roi et Anne de Montmorency, le principal ministre, mais elle est affectueuse ; l'historien convoque aussi sa correspondance avec D Humières, qui est gouverneur des enfants royaux, conjointement à elle.
Et l'on s'aperçoit, dans les lettres, qu'elle est humaine, serviable, dévouée, et belle ( poèmes de Clément Marot et Du Bellay ).
Dans son testament, on s'aperçoit que son principal soucis est la gestion de ses biens pour les donner à ses deux filles qu'elle a mariées à des ducs.

Quand on voit la beauté d'Isabelle Adjani qui a joué ce rôle à 67 ans, on s'émerveille de la façon dont certaines personnes ne sont pas marquées par le temps !

Nota : Dans mon conte « Panurge », il y aura Diane de Poitiers ou bien Agnès Sorel :)
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Chacun sait aujourd'hui que le portrait de Richelieu brossé par Alexandre Dumas dans « Les Trois Mousquetaires » n'a rien à voir avec le personnage historique. Les méthodes de recherche s'appuient à présent sur des sources objectives – correspondances, archives, témoignages – et non des rumeurs, des approximations et des interprétations compilées et reproduites à travers les siècles. Cela tombe bien car Didier le Fur, spécialiste du XVIème siècle, s'attache depuis une quinzaine d'années à dynamiter les clichés et à déconstruire les mythes qui entourent la Renaissance française : après François Ier, Louis XII, Anne de Bretagne, Marignan, l'Inquisition et Henri II, il s'attache à dévoiler la vérité de Diane de Poitiers, favorite de ce roi pendant plus de vingt ans alors qu'elle était son aînée de vingt ans …
Les éléments factuels portant sur sa vie pourtant longue – elle est morte à 65 ans et l'on dit qu'elle fut belle jusqu'à la fin de sa vie – restent en effet relativement rares. Cette fille d'une famille de haute noblesse frayant dans le tout premier cercle de la Cour conserva en effet une grande discrétion dans sa vie privée, source de multiples interprétations, non seulement de la part de ses contemporains mais surtout dans les siècles suivants, où son image a été maintes fois instrumentalisée.
Cette biographie de Diane de Poitiers commence donc par un chapitre : « Il était une fois .. », qui occupe seulement 52 des 382 pages. Ensuite, l'auteur explique les différentes thèses des uns et des autres, servant à plusieurs objectifs qui, tous, visent à diaboliser l'influence de cette figure de l'histoire de France. La plus grande question qui taraude les chroniqueurs est la différence d'âge entre Henri et Diane. Elle est née en janvier 1500, lui en mars 1519. On les dit amants depuis 1538. On interprète cette inclination hors norme comme le résultat d'un ensorcellement, de magie… Pourtant Henri II restera fidèle à sa douce amie, jusqu'à sa mort accidentelle à 40 ans. Alors que de nos jours, nous connaissons tous le phénomène des cougars … et Diane de Poitiers pratiquait une hygiène de vie exceptionnelle pour une femme de son temps (équitation, utilisation de l'eau glacée, etc …)
Autre explication : la personne du roi étant sacrée, les mesures jugées funestes qu'il prend ne peuvent être que dictées par sa favorite. Très catholique, Diane de Poitiers est haïe des Protestants, et rendue responsable des persécutions qu'ils subissent. Elle est le mauvais génie d'Henri II et avec elle le parti catholique : Anne de Montmorency, les Guise … Si elle se préoccupe de consolider son héritage familial et l'avenir de ses deux filles, on la dit avide et suceuse du sang du peuple …
Cependant, l'image de Diane de Poitiers évolue à travers le temps, selon les modes et les préoccupations de l'heure. Sans se fonder sur une chronologie réelle, les auteurs des siècles suivants échafaudent des thèses sur sa vie, parfois totalement aberrantes. La seule réalité mise en lumière par Didier le Fur est le constat que les sources sont rares. Diane de Poitiers apparaît peu dans les relations de ses contemporains, sauf dans les archives judiciaires car elle argumentait beaucoup pour la sauvegarde de ses droits et de ceux de sa famille et, de façon le plus souvent très orientée, dans les relations qu'en font les ambassadeurs des états italiens au retour de leur mission en France.
Même son influence en tant que mécène – elle a employé Philibert Delorme, soutenu Joachim du Bellay, le Primatice et bien d'autres – est amplifiée dans certains écrits. Et son image, à l'exception de quelques dessins de l'atelier de François Clouet, reste à peu près floue.
Cet ouvrage extrêmement documenté constitue donc une biographie « en creux » où l'auteur livre une matière plus abondante sur les erreurs historiographiques de ses prédécesseurs que sur la légende dorée (ou noire) d'une femme de pouvoir et, très certainement d'esprit  - et en tous cas d'une très grande beauté - qui fascina son époque.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Didier le Fur nous présente au travers de cet ouvrage un angle de vue très intéressant sur le personnage de Diane de Poitiers.
Après un exposé des documents dont nous disposons réellement et pouvant nous permettre d'établir une biographie de Diane de Poitiers, documents dont on s'aperçoit qu'ils sont en quantité très peu abondante, Didier le Fur, nous raconte dans une deuxième partie, le personnage de Diane de Poitiers, tel qu'il est décrit au fil des époques dans la littérature mais également par les historiens. On constate très vite le fossé qui existe entre ce dont nous disposons et ce qui est raconté avec abondance de détails dans ces différents ouvrages. A partir de bien peu de matière, on en arrive à des histoires très précises, des théories sont échafaudées, on trouve différentes fins à ce personnage selon le regard que l'on porte sur elle.
Il est très intéressant de voir également la manière ce personnage historique a pu évoluer selon les époques, d'abord vue comme une vieille et laide catin, Diane devient finalement le symbole de la liberté, une femme belle et cultivée, maîtresse des arts et des lettres.
Mais force est de constater que finalement, on connaît bien peu de choses de cette femme qui fut peut-être la maîtresse d'Henri II ou peut-être celle de François 1er, a-t-elle eu une influence politique ou était-elle simplement une courtisane. Toujours est-il que cette femme a évolué dans le sillage des rois de France, après quant-à savoir son rôle exact et son influence, cela reste difficile à dire.
Cet ouvrage, fruit d'un travail très sérieux et documenté, nous invite à réfléchir sur la part de réel et la part de fiction dans les différentes biographies qui ont été écrites sur Diane de Poitiers et plus largement sur l'histoire en général.
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(...) le livre est composé de 3 parties: la 1e résume chronologiquement ce qui est généralement admis concernant l'histoire de Diane de Poitiers; la 2e est une biographie basée uniquement sur les documents d'époque fiables qui sont parvenus jusqu'à nous; la 3e décrit comment à partir de rumeurs, d'écrits diffamatoires et de déductions basées sur les préjugés de l'époque, les historiens ont créé un personnage presque de toutes pièces.

Le point négatif de cette façon de faire, c'est que c'est un peu répétitif. Les mêmes évènements et personnages sont repris et décortiqués plusieurs fois. Cependant, le procédé permet de comprendre comment une personne de chair devient une figure historique figée dans une image plus ou moins faussée.

J'ignore qui, de Didier le Fur ou de ceux qui l'ont précédé dans l'étude de Diane de Poitiers, est le plus proche de la vérité historique. Je connais un peu cette période, mais pas assez pour démêler le vrai du faux, le possible du fantasme d'historien. Toutefois la démarche est intéressante; on y entrevoit le travail de recherche et la difficulté à discerner parmi les documents conservés ce qui relève du témoignage ou de la diffamation pure et simple. le fait qu'à l'époque de Diane de Poitiers l'Histoire était écrite par des hommes et que les femmes étaient pour eux soit mères, soit putains n'a sûrement pas aidé à ce que l'image d'une favorite royale, de 20 ans plus âgée que son amant, soit abordée de façon positive jusqu'à une date relativement récente. Ici l'auteur tente de faire la part des choses entre la sorcière et l'héroïne. Ce n'est pas une tâche aisée…

Cette biographie permet au lecteur lambda de (re)découvrir une époque et des figures historiques que l'on connaît peu et surtout par le biais de romans (qui a dit La Reine Margot?), c'est-à-dire très mal en général. On en sait un peu plus sur l'avant (le règne de François 1er) et l'après (Catherine de Médicis et la Saint-Barthélémy), mais le règne d'Henri II est sans doute éclipsé par les périodes riches en évènements qui l'entourent. Ici l'occasion nous est donnée non seulement d'en apprendre plus sur une femme qui a marqué son époque, mais aussi sur l'époque en question.

Pour finir, un mot du style. Il n'est pas désagréable, mais le récit est parfois un peu fastidieux, du fait que l'auteur cite beaucoup de personnages et des sources variées. Il revient aussi régulièrement sur certains points, ce qui accentue encore l'impression de répétition. Et parfois, j'ai eu la sensation qu'on insistait sur des détails qui n'en valaient pas forcément la peine. le texte est dense et les chapitres plutôt longs pour la plupart, ce qui ralentit également la lecture.

A noter également que le texte est émaillé de notes qui renvoient à la fin du livre. La très grande majorité de ces notes concernent des références bibliographiques et n'éclairent pas le propos, ce qui aurait pourtant été parfois utile.

Dans l'ensemble, une lecture instructive, avec un sujet abordé sous un angle intéressant, mais parfois un peu fastidieuse. Un livre qui serait utile pour les étudiants, tant pour le sujet que pour la méthodologie adoptée par l'auteur. Un peu aride si on n'est pas au moins un amateur éclairé, par contre.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Si l'on se réfère aux documentaires historiques que diffusent nos chaînes de télévision c'était une femme de pouvoir qui avait conservé sa féminité et ses préoccupations maternelles, tout en s'affirmant dans un monde d'hommes : « La première cougar de l'histoire ».
Didier le Fur a divisé son livre en trois parties :
1- Il était une fois : une vieille femme s'était penchée sur son berceau prédisant qu'elle serait plus que reine. Enfant préférée de son père Jean de Poitiers, ce dernier s'occupa lui-même de son éducation et lui apprit à monter à cheval et à chasser. Quelques années plus tard, il la plaça auprès d'Anne de Beaujeu qui avait initié déjà d'autres femmes de pouvoir. D'une beauté et d'un esprit parfait, elle épouse Louis de Brézé. Charmé François Ier la protégea des perfidies de la cour. Quelques années plus tard, elle devint la maîtresse du Dauphin, le future Henri II. Ils ont 19 ans d'écart. Machiavel en jupon, elle oriente la politique d'Henri II qui ne peut pas lui résister….
2- Ce que l'on peut savoir : dans ce chapitre, l'auteur mentionne les documents de cette époque qui ont toujours été accessibles aux historiens. Dès les premières lignes, il nous avertit de la rareté des sources. Hiératiques, elles ne confirment en rien ce qu'on nous raconte habituellement. Nous n'avons aucun témoignage confirmant une éducation à la garçonne. de toute façon, « les activités physiques étaient malvenue pour les demoiselles… l'équitation était un sport masculin et les filles ne l'apprenaient pas. »
Il est impossible de savoir si à plus 50 ans, elle était toujours la maîtresse d'Henri II. « Cet âge était dans l'imaginaire du temps déjà canonique pour une femme, un âge qui pouvait supposer qu'elle était ménopausée. Or, selon la morale de l'époque, ce passage physiologique interdisait à la femme tout rapport sexuel ; n'étant plus destiné à la procréation, il devenait ignoble ».
3- La construction du roman : il va se développer au fil des siècles. Son écriture commence dès l'année 1576, quand les protestants qui ont obtenu l'édit de Beaulieu décident que le temps est à la réconciliation. En voulant innocenter Catherine de Médicis, ils s'attaquent à Diane de Poitiers.
Cette biographie est passionnante et facile d'accès même si on n'est pas un historien dans l'âme. Il est toujours fascinant de voir la construction et la déconstruction d'un mythe qui est souvent révélateur de la société qui l'utilise.
Ce mythe va certainement perdurer. En effet, les populations des pays occidentaux s'avèrent en partie vieillissantes et ce mythe de l'éternel beauté fait rêver.

Lien : https://chrisylitterature.jo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En 1523, Charles de Bourbon acceptait de participer au projet fomenté par Charles d'Autriche [ futur Charles Quint ] et Henry VIII d'Angleterre : la destruction du royaume de France. Si l'Autichien ne réclamait que la Bourgogne, il avait promis à Henry VIII les terres de Guyenne, de Bretagne, de Normandie, et l'Île de France. Quant à Bourbon, il lui avait fait miroiter la création d'un royaume sur la base de son ancien héritage auquel seraient greffées d'autres provinces, dont la Provence.
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[ Lettre du roi Henri II à Diane malade, en 1547 ] :


Je croys que pourés asés panser le peu de plésyr que j'aré à Fontenebleau sans vous voyr, car estant ellongné de sèle de quy dépant tout mon byen, il est bien malèsé que je puysse avoir joie.
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Videos de Didier Le Fur (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Le Fur
Avec Roberto BIOLZI, Didier LE FUR, Guy LE THIEC, Fabien LÉVY
Carte blanche au ministère des Armées et aux éditions Passés Composés
Au cours des XVe et XVIe siècles, la péninsule Italienne fut le théâtre de onze guerres, toutes parmi les plus violentes du temps. Souvent présenté comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, ce cycle de guerre a pourtant une réalité européenne. Toutes les grandes puissances du moment étant impliquées, qu'il s'agisse de l'Espagne et des Pays-Bas, du Saint Empire allemand, de la Suisse ou encore de l'Empire ottoman. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent des acteurs majeurs de ces conflits, Naples, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de survivre face aux léviathans des XVe et XVIe siècles. L'objet de cette table ronde est ainsi de comprendre ce que furent les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute l'originalité de ce qui fut bien l'un des tout premiers conflits européens. Ce faisant, les auteurs invitent à repenser bien des événements – la bataille de Marignan, le sac de Rome…- ou des parcours – Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II…
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