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EAN : 9782355845611
336 pages
Sonatine (16/02/2017)
3.41/5   23 notes
Résumé :
" Ma mère était une femme qui cherchait des solutions. Le suicide était une solution. "
Londres, 1965. Hannah Gavron semble avoir tout pour elle. Une vie libre, deux enfants, des amis proches, des parents aimants, une carrière universitaire prometteuse et un livre sur le point d'être publié, L'Épouse captive, incursion féministe dans le monde des femmes au foyer. Quelques jours avant Noël, elle dépose son plus jeune fils, Jeremy, âgé de quatre ans, à l'école,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre "--quête" ou plutôt un ouvrage" Enquête ".
Nous sommes à Londres en 1965.
Hannah, la Mére de l'auteur, mariée et mère de famille très jeune, dépose son fils de quatre ans Jérémy, (l'auteur ), à la crèche, quelques jours avant Noël .Elle rejoint l'appartement d'une amie, dans le nord de Londres, ouvre le gaz après avoir calfeutré portes et fenêtres.........
Elle avait vingt - Neuf ans .
Quarante ans après, l'auteur découvre par hasard, la dernière note de sa mère :"Dites aux garçons que je les aimais terriblement "......
Qui donc était cette femme ?
Pourquoi avoir commis cet acte incompréhensible ?
Durant son enfance et son adolescence Jeremy ignore la fin tragique de sa mére, c'est la mort de son frére et la découverte du mot qui le décide à affronter ce passé traumatique .
Tel un archéologue qui reproduit un pot à partir de quelques éclats, il va se transporter à l'époque où il était un petit garçon, imaginant sa mère à partir du peu qu'il avait le droit de savoir.
IL feuillette des revues, des journaux, collectionne les photos de sa mère, d'anciennes revues de son école, quelques articles rédigés par elle, des témoignages de gens âgés qui l'ont bien connue, il tente de recomposer un monde enfoui tel un puzzle intelligent , complexe, habité par la grâce et la passion de savoir.
Femme libre, à la carrière universitaire prometteuse, et un livre sur le point d'être publié "L'épouse captive ", incursion féministe dans le monde des femmes au foyer, empêtrée dans les carcans de son époque , Hannah, à la force vitale incroyable, brillante, passionnée, au caractère pétulant , celle qui voulait "tout" de la vie et celle qui ne voulait" rien "à la fois vivait une situation invivable qui la scindait en deux ...mariée et mère de famille trop jeune ...bien sûr , je ne révéle pas tout......


L'auteur joue la carte de la sincérité et de l'honnêteté, c'est comme "Un Cri d'Amour ", une reconstitution minutieuse et une quête longue, laborieuse et patiente, sans rien négliger, une quête de vérité sans jamais chercher à encenser sa mère.
Un très beau texte écrit avec délicatesse , qu'on découvre avec émotion et intérêt , pudique et humble, passionnant .
Une charge intelligente et fine, fouillée contre les limites , les tabous , les contraintes et les carcans imposés aux femmes de cette époque que l'on peut lire comme un travail d'histoire sociale et sociologique ou une enquête policière,(je pencherai pour la 1ère solution) , l'enquête d'un fils voulant comprendre la vie et la mort et les mémoires extraordinaires que Jérémy a écrits sur sa mère !
Touchant, tragique sensible, difficile à critiquer , car Hannah était une personne talentueuse , à la personnalité fort complexe et libre , qui cherchait des solutions : le suicide était une solution ......("choquant" : il faut lire l'enquête ).
Un livre instructif , captivant qui prend au coeur et fait revivre une époque , à sa manière, ,seule restriction, peut- être des redites et des lenteurs , consécutives à l'enquête, 40 ans après !
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Merci tout d'abord à Annette de m'avoir incitée, par son beau ressenti, à lire cet ouvrage. Les éditions " Sonatine" présentent plutôt des thrillers , ce livre est très différent.

Certes, on peut le voir comme une enquête, ce qu'il est bien sûr, par certains côtés. Jeremy Gavron fait un travail journalistique précis ( il a été journaliste avant d'être écrivain), réunissant photos, lettres retrouvées, témoignages en tous genres, se démenant pour retrouver des amis, des connaissances du passé.

Mais ce livre autobiographique poignant et fort est avant tout une quête maternelle, une quête effrénée et obsessionnelle pour comprendre ce qui a conduit sa mère à se suicider, à vingt-neuf ans. Et l'on saisit très bien son désir fou d'élucidation, quand on a soi-même vécu le suicide d'un proche.

C'est à la suite de la mort brutale de son frère que Jeremy se lance dans cette recherche de sa mère. Jusque là, les non-dits familiaux, le silence pesant avaient empêché toute investigation. Et ce qui est difficile pour lui, c'est d'imaginer que sa mère Hannah l'avait déposé à une fête de Noël, il avait alors quatre ans, avant de se rendre dans l'appartement d'une amie et d'ouvrir le gaz... Elle avait laissé un mot que reprend le titre, dont il n'a eu connaissance que bien plus tard.

Ce récit aurait pu être plombant, lugubre. Mais même si l'empathie qu'on éprouve pour le fils en manque de mère, d'images, de souvenirs de celle-ci s'accompagne de tristesse, elle laisse souvent le pas au portrait passionnant d'Hannah que dévoile son enquête. Une personne intelligente, complexe, intense dans tout ce qu'elle fait, mais qui, dans ces années 60, peine à trouver socialement sa place en tant que femme. Et qui refuse les compromis, les échecs.

A la fin, l'auteur reconnaît qu'il n'est pas vraiment arrivé à comprendre les raisons du drame. Mais je pense qu'il était vital pour lui d'entreprendre ce travail. Et comme il l'écrit " de pouvoir laisser partir sa mère"...

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L'auteur a quatre ans lorsque sa mère, âgée de 29 ans, se suicide, laissant comme seul mot « Dites aux enfants que je les aimais terriblement »
Jusqu'à l'âge de seize ans, il avait cru qu'elle était morte d'une crise cardiaque. Beaucoup de non-dits dans cette famille.
Ce n'est qu'à l'âge de quarante ans, alors que son frère vient de mourir qu'il se penche sur la vie de sa mère.
Commence alors une quête incessante de plus de dix ans. Il rencontre toutes les personnes qui ont pu la connaître, lis tous les journaux intimes et toutes les lettres qu'il peut trouver chez les uns ou les autres, essaye de questionner son père, peu bavard sur le sujet, regroupe toutes les photos.
Au fil de ses découvertes se dessine le portrait de celle dont il ne se souvient plus.
Une femme belle, résolument moderne dans les années soixante, brillante, exaltée, rayonnante, indépendante.
Préoccupée de la place des femmes dans la société, elle a écrit un livre, « La femme captive ».

C'est écrit comme une enquête, et c'est une véritable enquête qu'il a menée avec obstination durant toutes ces années, cherchant sa place dans ce drame inexpliqué.
Malgré le côté méthodique et parfois répétitif, beaucoup d'émotion se dégage de cet écrit.
Ce n'était pas évident de présenter cela sous cet aspect presque froid, mais le pari est réussi.
Jeremy Gavron a su transmettre le drame que constitue le suicide d'un parent, les questionnements que cela pose tout au long d'une vie amputée.
De plus, il rend un magnifique hommage à cette mère trop tôt disparue.
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La maman de l'auteur s'est suicidée à l'âge de 29 ans, ne laissant derrière elle qu'une note brève qui se concluait par "Dites aux garçons que je les aimais terriblement, je vous en prie!". Jerémy Gavron avait quatre ans à ce moment-là. Que comprend-on de la mort à cet âge? Quand on lit cet ouvrage, on comprend qu'enfant, adolescent, jeune adulte, la mort de sa mère le questionne mais cela ne l'empêche pas de mener sa vie. C'est après la mort de son frère aîné que le mystère du suicide de sa mère resurgit et devient une quête obsessionnelle. Ce n'est pas facile de comprendre l'acte de sa mère quand ceux qui l'on vécu sont morts (son grand-père) ou se taisent (son père). Mais il s'acharne, cherchant dans des lettres, des journaux, des photos, des informations qui pourraient lui parler de sa mère, révéler ce qu'elle était, ce qui l'a conduit à son suicide. Il interroge ceux qui l'ont connu -sa famille, des ami(e)s, son amant même!. de tous ces souvenirs forcément subjectifs, déformés sans doute par le poids des sentiments qu'on lui portait, c'est le portrait d'une femme dynamique, gaie, lumineuse qui apparaît. Elle était fascinante, intelligente, attirait les regards mais visiblement c'était quelqu'un d'excessif qui ne vivait pas les choses à moitié. Dans ces conditions, comment accepter les conventions sociales, le regard qu'on pouvait porter sur ces femmes des années 50 qui osaient faire des études? Certes, on encourageait les jeunes femmes à étudier mais une fois mariées, souvent on estimait qu'elles avaient autre chose à faire que de travailler. Un mari et des enfants, c'était là leur destin. Hannah a suivi des études de sociologie, peu de temps avant sa mort, elle avait rédigé un ouvrage intitulé "L'épouse captive", un essai sur des jeunes mariées étouffées par le carcan de la société, par leurs propres conditions de vie. Doit-on se demander si l'épouse captive n'était pas Hannah elle-même, mariée à 19 ans? Est-ce une des raisons qui l'a poussée à se suicider? A cette question, Jérémy Gavron ne peut pas donner de réponse précise. Son livre lui aura permis toutefois de se rapprocher d'une mère si tôt disparue.
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" Je vous aime terriblement peut se lire à la fois comme une enquête policière, [...] et comme un travail d'histoire sociale, une charge pleine d'intelligence contre les limites qui étaient alors imposées aux femmes. " The Observer

Je pense que cela résume bien mon ressenti face à ce livre. L'enquête sur la mort de Hannah Gavron est bien menée, mais je pense que ce qui était le plus intéressant était de voir comment l'auteur décrypte la place de la femme dans les années 1960/1970, comment certaines essayaient de s'émanciper tandis que d'autres ne voulaient surtout pas sortir du cadre. Il montre la difficulté de vouloir évoluer et gagner en indépendance tout en gardant une place dans la société. Une lecture très intéressante, mais aussi très touchante sur la relation d'un fils n'ayant jamais pu connaitre sa mère.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le suicide ne fait pas que terminer une vie, il change la façon dont on se la remémore. Les moments de bonheur, d'espoir, sont distordus par le prisme de la fin, invalidés par l'acte mortel.
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Tous les suicides laissent place à un certain degré de perplexité. Il s'agit de l'acte humain le plus difficile à comprendre car il va à l'encontre de l'hypothèse fondamentale qui sous-tend notre existence- que la vie a un sens, une valeur-, mais aussi parce qu'il ne laisse personne pour l'expliquer.
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" Celui qui se suicide ne s'en va pas tout seul, il emporte tout le monde avec lui ."
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Je me suis lancé dans ses recherches en fils qui cherche sa mère - mais la Hannah que j'ai trouvée n'est pas cette femme maternelle, d'une quarantaine d'années, ni la femme de plus de soixante-dix ans qu'elle serait aujourd'hui. Elle est la Hannah de son enfance, de son adolescence , de sa jeunesse. La Hannah qui ne dépassera jamais l'âge de vingt-neuf ans. J'en ai cinquante-deux au moment où j'écris la version finale de ces derniers mots ; en l'année, l'écart entre nous est presque identique à ce qu'il était quand je suis né, mais je suis maintenant le plus âgé, assez âgé pour être son père.
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Je suis assez âgé pour être le père de ma mère, mais je suis son fils, et si les enfants ne cessent jamais de vouloir être aimés par leurs parents, ils ne perdent jamais leur capacité à être blessés par eux.
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