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EAN : 9782264074973
528 pages
10-18 (07/03/2019)
3.57/5   29 notes
Résumé :
L’action se déroule dans le Golfe du Mexique, non loin de la frontière avec les États-Unis, à La Eternidad : une ville qui porte mal son nom car ses habitants ne semblent pas voués à y faire des vieux os. Une jeune fille de dix-sept ans vient d’y être enlevée. C’est un événement parfaitement banal dans la région. Mais les parents de Cristina sont riches et puissants et, avec l’aide du consul américain Don Williams, ils ont décidé de retrouver leur fille coûte que co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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"Un beau jour, au vu et au-dessus de tout le monde, la loi cesse de faire la loi : ce sont eux, les criminels, qui décident de qui vit et qui meurt. Nom de Dieu ...dans quoi je suis allé me fourrer ?"

Un ex policier, un vent venu du Nord, une demeure d'inspiration coloniale, la disparition d'une jeune fille, discrétion et courage, le labyrinthe de la loi, de terribles événements, le seul témoin dans le coma, un clan criminel sanguinaire, une vague immense, des yeux couleur de miel, des histoires de corruption, une green card, un rapport de police, quelque chose qui ne tourne pas rond, un dessin agressif, un ruban de sécurité, le monde qui change, être faits comme des rats, un internat en Suisse, un avertissement, donner sa parole, une ferme avec des clôtures, scruter l'horizon, un mauvais génie, des extincteurs, entraver l' enquête, des flots de sang, les mystères de la Eternidad...

De la densité et de la noirceur pour ce roman policier dans l'action se passe dans le golfe du Mexique.


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"(...) Je me demande bien pourquoi je souris... Tu m'excuseras, mais on n'a pas encore inventé d'expression du visage pour l'horreur qu'on est en train de vivre. Les séquestrations, les exécutions, les décapitations, les fusillades, les enlèvements minute... Tout ça, c'est nouveau pour nous, pour tous ceux qui aimeraient bien partir ailleurs mais qui peuvent pas, ceux qui ont vu la mort de près, ceux qui s'obstinent à rester, ceux qui travaillent ici, ceux qui vivent ici."

N'envoyez pas de fleurs est un roman noir en deux actes. Deux parties : les mystères de la Eternidad qui relate en détails l'enquête de Carlos Treviño concernant l'enlèvement de Cristina, fille d'un richissime entrepreneur local et "Le commissaire Margarito et la conversation dans l'ombre", récit détaillé quasi heure par heure de la chute du controversé commissaire Margarito.
Depuis une quinzaine d'années, le Mexique se retrouve en tête de tous les palmarès consacrés aux actes de violence : enlèvement, séquestration, disparition, meurtre, torture, sont autant de disciplines qu'exercent sans vergogne les cartels du nord du pays. Aussi Martin Solares entend-il nous détailler la mise en pratique de cette violence au travers du quotidien des habitants de la Eternidad. Se cacher, ne pas parler, fuir : réflexes quotidiens d'une ville en état de siège tant la guerre qui agite Les Nouveaux et le cartel des Anciens du Port ainsi que du gang La Cuarenta fraîchement revenu des Etats-unis, menace toute la ville.
L'enquête est passionnante, Treviño est un ancien flic, persona non grata à La Eternidad, il va naviguer à vue et découvrir la vérité sur l'enlèvement de la jeune fille. On se rend compte de l'imbrication des évênements où chacun rend des comptes à quelqu'un : le militaire au mafieux, le mafieux au commissaire, l'entrepreneur à la petite frappe, l'Américain au Mexicain... Beaucoup d'humour et d'action, les 200 pages sont rythmées et défilent avec plaisir, l'impression de se retrouver au coeur du film Traffic de Sorderbergh.
Au moment où tout bascule, Martin Solares en fait de même et retourne son roman : voyons comment se passe la vie du côté des méchants, du côté du commissaire Margarito. Une bascule nécessaire pour que le lecteur comprenne l'enfer qui se déchaîne et que Satan ne fait aucune distinction : tout le monde trinque à sa table.
Si l'originalité du roman tient dans cette bascule, celle-ci n'est pourtant pas aussi réussie que la première partie pourtant très classique. On s'ennuie un peu à suivre Margarito, à l'accompagner dans son lent effort de vie. Ce qui faisait le sel -plutôt grand public - des "mystères de la Eternidad" devient alors une succession de noms et de situations desquelles on se demande encore comment le commissaire arrive à se tirer. Pour ne pas révéler le sel de l'intrigue il est difficile de disserter plus avant sur les circonstances de la chute de Margarito mais celles-ci sont improbables et tour de magie d'écrivain.
N'envoyez pas de fleurs est un roman qui souffle le chaud et le froid, parfois drôle, parfois cynique, Martin Solares a selon moi manqué d'audaces : une troisième partie pour équilibrer son action ? On croise d'ailleurs deux fois le "docteur Solares" dans ce roman. Il semble tout connaître des mystères de la ville et de ses habitants, dommage que sa science n'ait pas plus profité au roman et à son intrigue. "Le chauffeur de la Golf, un certain docteur Solares, s'exclama en les voyant : c'est étrange, deux vieux qui font la course : ils veulent sûrement échapper à la mort. Son fils écouta la remarque et l'enregistra dans un coin de sa tête"...
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N’envoyez pas de fleurs - Martin Solares
Christian Bourgois Éditeur

Comment te dire… Au début, je savais pas si je venais de finir un roman ou un reportage. On va dire que c’est un reportage romancé. C’est du noir, et le contexte s’y prête. Martin Solares, il écrit pas souvent, mais quand il écrit, il a des choses à dire. Des vraies choses.
Ça change…
Dans ce roman, il nous explique le Mexique. Il nous explique son Mexique à lui.
Pas celui que t’imagines avec les plages, les sombreros, et le soleil qui brille sur un fond de ciel bleu. Le vrai Mexique. Celui où les gangs font la loi, celui où la corruption est un dogme que personne n’ose remettre en question.
Eh ben franchement ça décoiffe.
Dedans, tu vas trouver un ancien policier honnête (il n’y en a qu’un, dans tout le Mexique, et forcément, il s’est fait virer). Il s’appelle Treviño. On lui demande de bosser sur la disparition de la fille d’un mec super riche. Il a pas trop envie, mais ceux qui lui demandent de le faire ont des arguments. Il enquête, mais c’est pas facile, forcément, sinon c’était pas la peine d’écrire un bouquin…
Ça se passe à La Eternidad. Cherche pas sur Wikipédia, ça existe pas pour de vrai.
Treviño, il a arrêté un tueur en série il y a des années. Ça a pas plu à tout le monde, alors il s’est fait virer, et il vit au bord de la mer. Comme moi. Il est sans doute un peu à l’image de ces illusions auxquelles certains continuent à croire dans ce pays rongé par le Mal…
« -J’aimerais bien savoir à qui il est en train de parler… marmonna Treviño.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda le consul.
— Je veux dire qu’au point où on en est, il est peut-être en train d’appeler un gang du port.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Un policier gagne cent dollars par mois. Il faut en déduire la somme qu’il verse à son chef pour avoir le droit d’être policier, plus celle dont il doit s’acquitter pour conduire sa voiture de patrouille. Il doit aussi payer un tas de frais : son uniforme, son essence, l’entretien de son véhicule. Le calibre.38 qu’il porte à la ceinture doit valoir entre cinq cents et mille dollars, et je peux vous assurer que c’est pas le gouvernement fédéral qui lui en a fait cadeau. »
Tu vois le style ?
Et puis il y a Margarito. C’est le commissaire de la ville. Il doit partir à la retraite. Pas le choix. Il attend son successeur. Il est corrompu, bien sûr, tu croyais quoi ? Qu’ils étaient deux dans tout le Mexique à être honnêtes ? Non. Je t’ai dit. Un seul mec…
C’est grâce à lui que Martin Solares nous explique comment ça marche là-bas. Et comme il explique drôlement bien, tu vas comprendre. Et tu vas comprendre aussi que là-bas, ils ont pas le choix. Si t’acceptes pas cette corruption, tu finis suicidé avec trois balles dans la tête.
T’as vu, ça a l’air tranquille, dit comme ça, parce que c’est la force de l’écriture de Martin Solares, mais c’est noir. Grave noir. Jamais au-delà de la réalité que tu peux suivre si tu t’intéresses un minimum à ce qui se passe en Amérique du Sud, et c’est sans doute ce qui lui donne toute sa force.
C’est passionnant. Vraiment passionnant.
Note bien que les deux mecs sont aussi durs à cuire l’un que l’autre. Genre tu prends des coups, mais comme disait le père de Batman, ils t’apprennent à te relever, même si parfois, tu chancelles un peu. Comme un des commissaires précédents Margarito, qui a le record de longévité en tant que commissaire. Une heure et quart avant de se faire descendre. C’est une toute petite carrière, c’est sûr.
Difficile d’imaginer la tristesse de ce romancier quand il regarde son pays malade, mais facile d’imaginer les larmes qui doivent couler parfois sur le visage de ceux qui tentent encore d’y croire, à cette rédemption de la société mexicaine. Difficile d’imaginer comment l’enfer, le chaos, peuvent devenir la norme que personne n’ose remettre en question.
Encore une chose. Ça va vite. Très vite.
Et comme dans certains romans dont je t’ai parlé déjà, tu vas parfois te rendre compte que tu retiens ta respiration, pour pas renifler les remugles des cadavres que les gangs sèment un peu partout sans même prendre la peine de les enterrer. Et personne bouge, parce que tout le monde a la trouille de finir en morceaux au milieu du port, pour l’exemple.
Toi aussi, t’aurais la trouille, crois-moi.
Un truc que j’ai pas aimé ?
Attends, je cherche.
Quelques longueurs, parfois, mais si je dis ça, je vais me mettre tous les aficionados du ouaibe sur le sommet du crâne. En même temps, tu me connais. Je suis pas là pour me faire des copains, et Solares, il s’en tape de mon opinion. J’ai trouvé la seconde partie sans grand intérêt. Le retour du fils prodigue assez ridicule même, pour tout te dire… Inégal à la première partie, qui somme toute est assez grand public. Alors ouais, des longueurs, un style parfois trop journalistique, mais rien de grave. Je l’ai lu jusqu’au bout, même si je me suis plongé dans deux autres bouquins au milieu. C’est mon truc à moi. Si je commence à m’ennuyer et que je sens que c’est pas normal, c’est que ça vient de moi, de ma disposition d’esprit du moment. En même temps, je sortais de « Sukkwan Island »…
Succession difficile.
Lien : http://leslivresdelie.org/ca..
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Martín Solares est un auteur rare – son précédent roman, Les minutes noires a paru en France en 2009 – mais il démontre s'il en était besoin avec N'envoyez pas de fleurs qu'il est aussi un auteur précieux.
On retrouve dans ce nouveau roman une situation par bien des aspects analogue à celle des Minutes noires : une ville au bord du Golfe du Mexique tenue par les gangs de narcotrafiquants et une police corrompue jusqu'à la moëlle, un policier honnête (et qui n'est donc plus en fonctions) s'engageant dans une enquête qui apparaît comme un piège ou une opération suicidaire et une frontière mouvante entre réalité et rêve, entre présent et passé.
Treviño est donc un ancien enquêteur de la police de la Eternidad. Son fait de gloire, mais aussi l'origine de sa chute, c'est la résolution quelques années auparavant d'une enquête sur un tueur de femmes. Tueur trop bien protégé par les puissants qui tiennent la ville et dont la culpabilité prouvée par Treviño a fait passer le coupable idéal trouvé par le commissaire Margarito pour ce qu'il était : un nouveau cas de corruption. Recherché depuis, Treviño a fui pour s'installer sur une plage isolée. C'est là que viennent le chercher les hommes de Rafael de León, riche entrepreneur dont la fille adolescente a été enlevée. Forcé d'accepter ce travail malgré son aversion pour le consul américain qui joue les entremetteurs avec de León et malgré les risques, peut-être aussi parce qu'il n'a jamais cessé de vouloir servir un idéal de justice dont il sait pertinemment qu'il a bien longtemps déserté la Eternidad, l'enquêteur fonce tête baissée dans la nasse que constitue cette affaire.
La première partie du roman, qui conte la quête de Treviño et les embûches qui se dressent sur son chemin est l'occasion pour Solares de faire un portrait cruel et sans fard de son pays et de la manière dont les gangs en sont devenus les nouveaux maîtres ainsi que le montre ce dialogue entre Treviño et le consul au moment où un policier qui les contrôle passe un coup de fil :
« -J'aimerais bien savoir à qui il est en train de parler… marmonna Treviño.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda le consul.
-Je veux dire qu'au point où on en est, il est peut-être en train d'appeler un gang du port.
-De quoi est-ce que tu parles ?
-Un policier gagne cent dollars par mois. Il faut en déduire la somme qu'il verse à son chef pour avoir le droit d'être policier, plus celle dont il doit s'acquitter pour conduire sa voiture de patrouille. Il doit aussi payer un tas de frais : son uniforme, son essence, l'entretien de son véhicule. La calibre.38 qu'il porte à la ceinture doit valoir entre cinq cents et mille dollars, et je peux vous assurer que c'est pas le gouvernement fédéral qui lui en a fait cadeau. »
Treviño apparait ainsi comme l'allégorie d'une face de la société mexicaine ; celle qui ne se fait plus d'illusions mais se refuse malgré tout à renoncer à ses valeurs, au risque de tout perdre. Et la manière dont il semble traverser les différents cercles de l'enfer jusqu'à s'immiscer en son centre dans des scènes qui relève autant de l'enquête documentaire que de l'hallucination vient encore renforcer cet aspect dramatique.
L'autre face, c'est celle de Margarito, au centre de la seconde partie du roman. Margarito, c'est celui qui a su saisir la chance quand elle passait pour s'extraire de sa condition et qui a accepté pour cela toutes les compromissions, peut-être même d'une certaine manière jusqu'au sacrifice de son propre fils. C'est à travers lui que Solares raconte la manière dont le ver s'est lentement fait sa place dans le fruit jusqu'à achever de le pourrir.
Tout cela Solares le dit avec une noirceur incomparable qui n'exclut pas un certain humour tout aussi noir et, surtout, il le fait sans manichéisme, expliquant sans excuser, démontant les rouages sans pour autant sacrifier la littérature à l'essai désincarné ou au contraire au sensationnalisme. C'est ce qui fait de N'envoyez pas de fleurs un roman d'une grande force, aussi violent que passionnant, riche autant de ce qu'il dit que de la manière dont il le dit.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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La Eternidad, région du Golfe du Mexique.
Cristina, fille d'un riche homme d'affaires a été enlevée lors d'une soirée en discothèque, son petit ami a été passé à tabac.
Désemparé, la famille de Cristina ne sait pas à qui s'adresser, la police étant corrompue jusqu'à la moelle.
Don Williams, consul américain, lui conseille de faire appel à Carlos Trevino, le seul clic intègre dans cette partie du Mexique, ou plutôt ex-flic, il a eu quelques démêlés avec ses collègues et notamment le commissaire Margarito ...

Le Mexique comme vous ne l'avez jamais lu !
Bien loin des plages de sable fin, des sites archéologiques mayas et des cocktails à n'en plus finir !!
Là, il s'agit du Mexique violent, corrompu, le Mexique de la drogue, du trafic d'armes, quand il ne s'agit de celui de femmes.
Un Mexique qui fait froid dans le dos et qui ne donne pas envie d'y aller ...
Martín Solares n'y va pas par quatre chemins, au contraire, il fonce tête baissée et on en prend pour notre grade, un roman très noir, impitoyable qui ne laisse pas de marbre.
Un récit en deux parties, la première consacrée à Trevino et son implication dans la recherche de Cristina.
La partie que j'ai préféré, j'ai beaucoup aimé ce personnage.
La seconde partie s'intéresse plus à Margarito, sa vie, son ascension, sa chute ... J'avoue avoir été moins conquise.
Un roman très noir qui peut ne pas plaire à beaucoup, perso, j'ai adhéré, surtout grâce à cette première partie.
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critiques presse (1)
LeMonde
16 juin 2017
Plongée saisissante dans un pays gangrené par les narcos, N’envoyez pas de fleurs, roman noir très documenté, décrit sur un rythme haletant l’irrésistible montée de la violence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
- Qu'est-ce qui est arrivé à ta jambe ?
L'homme fit une grimace qui dévoila ses canines supérieures. L'enquêteur pensa à un chien qui se sent agressé. Sans chercher à dissimuler son amertume, il expliqua qu'il avait déjà réussi à contrer cinq attaques quand il lui avait fallu repousser un assaut des Anciens, le gang aux Trois Lettres. Avec moins de succès cette fois. Le pire, c'est qu'un unijambiste ne détonnait pas vraiment dans le coin. Ciuadad Miel était en train de devenir une ville d'éclopés. En voyant ses habits tout rapiécés, Trevino comprit que, depuis cet épisode, ses chefs l'avaient mis au placard. Ramiro suivit son regard et tenta de dissimuler une brûlure de cigarette sur le devant de sa veste.
- Avant de commencer, dis-moi, tu bosserais pas pour la police judiciaire ou les stups américains, par hasard ?
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— Pourquoi on perd du temps ? – L’épouse de M. De León était une grande blonde de quarante-cinq ans, pas commode, bien conservée, habituée à imposer sa volonté et qui n’y allait pas par quatre chemins. – Allez parler aux chefs des trois gangs, proposez-leur du fric et qu’on en finisse.

— Ça mettrait ta fille en très grand danger, la sermonna le consul. Ils ne sont peut-être pas au courant de sa disparition, alors autant en profiter. Il faut tenter le coup autrement.

— Eh bien moi, je vous trouve bien calmes et je préfère ne pas imaginer ce que Cristina est en train d’endurer : séquestrée et outragée par cette racaille.
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La porte donnant sur la terrasse s’ouvrit à nouveau et le gros à la petite moustache ridicule revint dans la pièce en prononçant le mot « Affirmatif », mettant fin à l’appel qu’il avait reçu sur son talkie-walkie. Il s’arrêta juste à côté de M. De León et ne prononça pas la moindre parole jusqu’à ce que le consul lui demande :

— Qu’est-ce qu’il se passe, là-bas dehors ?

— Ça grouille de voitures et de gens du côté de la Colonia Pescadores. Ce sont les gars de La Cuarenta : c’est le week-end, ils doivent être complètement bourrés. Et puis il paraît que le garçon s’est toujours pas réveillé, mais qu’on me tiendra au courant. – Il faisait référence au fiancé de la jeune femme enlevée, qui était toujours hospitalisé.

M. De León se mit en rage :

— J’ai déjà dit qu’on lui fiche la paix.

— L’idée est de moi, l’interrompit le consul. Je n’ai pas voulu prendre de risque, on le surveille par acquit de conscience.
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Le consul, voyant bien que l’homme d’affaires était une boule de nerfs, une boule de nerfs de quatre-vingt-dix kilos, ajouta en usant de toute la diplomatie dont il était capable :

— Je crains que tes gardes du corps ne puissent pas s’infiltrer sans se faire repérer, Rafael. Je pense notamment à ton personnel de confiance. Ceux qui se sont assez approchés pour enlever ta fille ont probablement passé du temps à étudier ton système de sécurité, ces derniers mois. Quant à la police et à l’armée de La Eternidad, je te déconseille de faire appel à eux : la police vendrait son âme au diable si le diable était le plus offrant ; quant à l’armée, elle dépend des hommes politiques en place, et tu sais pertinemment pour qui ils travaillent. Ce gars, en revanche, c’était le meilleur enquêteur du port jusqu’à il y a quelques années. C’est lui qui a arrêté le tueur à la tronçonneuse.
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Le consul se racla la gorge.

— Ça n’est pas non plus une blanche colombe, hein, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. J’imagine que, comme tous ses collègues du commissariat, il a dû accepter quelques dessous-de-table. Mais dans le cas du tueur à la tronçonneuse, je crois qu’il est le seul à avoir essayé d’arrêter le vrai coupable, même si ses ennemis prétendent que tout ce qui l’intéressait, c’était la récompense, tu sais comment ça se passe dans le coin. En tout cas, tant qu’il a été en poste, il a toujours collaboré avec moi et avec le consulat, dans la limite de ce qui est autorisé par la loi mexicaine, bien sûr, et il est toujours resté correct. C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’a pas tenu plus de quatre ans à son poste : Treviño est l’une des rares personnes honnêtes que j’aie connues dans tout le golfe du Mexique.
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Elmer Mendoza y Martín Solares .Librairie El Salón del libro 21 rue des Fossés Saint-Jacques Paris 5e www.salondellibro.fr
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