Emmanuelle, tome 1 : La Leçon d'homme

Emmanuelle a 19 ans, et part retrouver son mari Jean, diplomate à Bangkok, qu'elle a épousé quelques mois plus tôt. La société qui l'accueille est riche et désoeuvrée ; la fidélité y est vue comme une excentricité amusante, la chasteté comme une tare consternante. Et si Emmanuelle, avec d'ailleurs l'accord de son mari, n'est pas contre quelques aventures, la liberté de ces femmes l'intimide.

L'une d'elle prendra en pitié la jeune fille, se chargera de son éducation, puis la confiera aux mains de Mario. Celui-ci a des idées très précises sur ce que doit être et ne pas être l'érotisme : destiné à séparer encore un peu plus l'Homme de l'animal, il faut éviter tout ce qui relève de l'instinct biologique. À l'inverse, il convient de rechercher les plaisirs « non-naturels », l'insolite, avec un nombre de partenaires non-limité.

Emmanuelle est donc une philosophie de la sexualité plutôt qu'un simple roman érotique, à classer dans la même catégorie que Sade. Avant ce roman, le summum de l'érotisme consistait à se faire fouetter sur le cercueil de son père, avec Emmanuelle, place à une sexualité joyeuse et lumineuse. Qu'elle en soit vivement remerciée, quoi qu'on pense de ses principes !

C'est l'histoire d'une dame, elle a plein d'amis et alors elle joue au docteur et tout ça et puis à la fin elle se marie enfin je suis pas sûr pour la fin à cause que ma maman, elle m' a pris le livre mais j'avais pas terminé...

C'est une jeune Emmanuelle presque innocente qui rejoint son mari à Bangkok mais la Thaïlande se révélera pour elle un véritable parcours initiatique aux jeux et joies du corps et de l'amour...
Longtemps resté dans l'ombre cette histoire n'a pourtant rien d'inavouable. Ah si pardon, elle est vécue et racontée par une femme et ça c'est intolérable dans la société bien pensante de l'époque ! Une ode à l'amour et à la liberté qui n'a pas pris une ride, de l'érotisme raffiné, sans vulgarité inutile.

En se lançant en littérature, Emmanuelle Arsan n'imaginait pas les vagues qu'elle allait provoquer à travers le monde. Installée en France depuis sa jeunesse et mariée à un diplomate, cette jeune Thaïlandaise n'a jamais hésité à suivre son époux en mission dans les deux hémisphères. On raconte que, pour tuer son ennui, elle a pris la plume et s'est confiée à un cahier qui a grossi pour devenir un volumineux tome de presque mille pages. Assurément, Emmanuelle Arsan n'était pas emmanuelle et vice-versa ! Sa liberté de ton et son écriture sans tabous n'avaient nul autre objectif que celui d'offrir un ouvrage de plus à la littérature érotique déjà abondante et vendue sous le manteau. A la fin des années cinquante, on ne rigolait pas avec les moeurs et, régulièrement, des éditeurs étaient invités à se présenter devant les juges pour avoir franchi le pas de trop. Boris Vian, Henry Miller et André Bataille connaissaient des démêlés avec la censure et les censeurs. Les cinéastes en étaient aussi pour leurs frais et Roger Vadim a eu maille à partir avec « Et Dieu créa la femme » (1956), de même que Louis Malle avec « Les amants » (1958). Contrairement à ce qu'on pourrait croire aujourd'hui, on ne traquait pas que la nudité qui osait s'exposer sur la toile mais également une série de comportements jugés inadéquats (adultère, inceste, prostitution).

On suit ici les aventures d'emmanuelle, dix-neuf ans, à Bangkok. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne manque pas une occasion de s'offrir des moments de plaisir, seule ou avec un ou des partenaires ! le ton est donné ! Il n'est pas étonnant que ce livre ait fait scandale à sa sortie, l'auteur faisant également intervenir des personnages mineurs dans son oeuvre. A noter, entre les descriptions érotiques, une série de très longues tirades sur l'amour et l'érotisme, et leur rapport au monde (presque de la philosophie).