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EAN : 9782266272070
320 pages
Pocket (09/03/2017)
3.91/5   91 notes
Résumé :
Toulouse, quartiers nord, écrasés par la fournaise de l'été, les trafics, l'ennui, le désespoir. Sergine Hollard est de garde dans sa clinique vétérinaire quand la jeune Samia vient la chercher en pleine nuit. Il y a un chien dans une cave de la cité, il est malade, il va mourir. Sergine doit le sauver, Sergine ne doit rien dire. Et contre toutes les règles de prudence, parce que Samia la touche, la vétérinaire accepte. De soigner un chien rempli de drogue appartena... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Toulouse, la ville rose vire au noir !
Avec Trafics, Benoit Séverac explore l'actualité des quartiers autour des réseaux qui, aux marges de notre société, conduisent à la délinquance et à la radicalisation.
Le lieu de son roman est le quartier des Izards à Toulouse « un des quartiers de la ville où la criminalité est la plus élevée »
Les trajectoires de plusieurs personnages vont se croiser ; Nourredine Ben Arfa, un caïd qui fait dans le trafic de drogue ; sa petite soeur Samia, 14 ans promise à un mariage de raison ; Sergine, une vétérinaire du quartier ; L'Emir, qui « parle au nom d'Abou Bakr al-Baghdadi. » ; Hamid Oman le futur Kamikaze et son frère Bejid.
Et puis, il y a les flics. Les polices. le lieutenant Menou des stups. le capitaine Alliot des renseignements intérieurs. le brigadier-chef Nathalie Decrets du Commissariat Nord. Les premiers font dans le stratégique. Dans l'international. La seconde dans le quotidien et l'immédiateté.
Roman reportage, très bien écrit et très documenté, Trafics nous fait pénétrer avec réalisme, sans excès et esbroufe dans une réalité que les médias nous distillent au compte-goutte en utilisant toutes les ficelles du politiquement correct au sensationnel et au scoop.
Ici, rien de tel. le principe du roman est de montrer de façon simple et réaliste comment cohabitent et s'ignorent ces différents personnages, chacun axé sur ses objectifs propres, ses valeurs et ses convictions.
L'auteur surfe sur les crêtes des abimes séparant les personnages. Sergine, la véto est empêtrée dans ses problèmes sentimentaux. Les parents de Samia ne lui laissent guère le choix de gérer ses envies sentimentales. L'Emir professe « L'heure n'est plus aux grandes campagnes d'attentats. », et rajoute « — Il faut montrer aux Français que leur pays n'est pas ce qu'ils croient, uni et un, mais qu'il nourrit en son sein le germe de sa propre chute. ». Nourredine le Caïd est plus prosaïque dans ses ambitions, il veut le marché de la came aux Izards. Les flics eux, se livrent l'habituelle guerre des polices.
Hamide, le kamikaze, doute « Hamid a beau essayer, il ne parvient pas, à l'instar de son frère aîné, à mépriser et détester tous ceux qu'ils appellent des mécréants : les Arabes occidentalisés et les Français qu'il faut considérer comme responsables de la situation des Beurs, sans exception. Hamid en connaît qui sont bien »
Pendant que chacun vaque à ses paisibles occupations, la véto vête, ses clients borborygment sur les bobos de leurs animaux de compagnie. Ceux-là, ne veulent pas se mêler des affaires des autres, fussent-ils des délinquants : « Elle espère que ce qu'on dit à propos des voyous du quartier est vrai. Il paraît qu'une fois qu'ils ont obtenu ce qu'ils veulent, pourvu qu'on leur laisse mener leurs affaires comme ils l'entendent, ils retournent dans leurs coursives et leurs caves »
Les autres, eux, se préoccupent de choses essentielles à leurs yeux. Prendre le pouvoir sur le quartier des Izards. Afin d'écouler sa marchandise mortifère pour Nourredine. Dans le but d'assoir l'empire du califat pour l'Emir. Et, comme dit le proverbe, il n'y a pas de place pour deux crocodiles dans le même marigot…Les flics vont jouer de cette concurrence pas toujours à leur avantage.
La mécanique du roman fonctionne très bien. Comme au départ d'une course de 110 mètres haies, chaque coureur est dans son couloir. Passe les haies l'une après l'autre, jusqu'à ce que l'un deux dévie, trébuche et fasse vaciller la belle harmonie du départ. Il y aura bien un vainqueur mais que de dégâts. Tout va bien tant que les délinquants gèrent leur trafic tranquillement, sans faire de vagues. Que les Emirs prêchent sans agir. Que les flics contrôlent les débordements, manageant les indics avec cynisme, sortant les cartons jaunes ou rouge si besoin. Mais quand tout s'emballe, c'est une autre paire de manches. Les activités souterraines apparaissent au grand jour.
« Les stups laissent faire pour ne pas gêner le trafic qu'ils observent, ils jouent la carte du chaos pour préserver leur fonds de commerce... Au nom de la lutte contre les trafiquants de grande envergure, la hiérarchie laisse une poignée de petits dealers pourrir la vie de centaines de pauvres gens ; les médias ne s'intéressent qu'aux faits divers et les politiques s'en lavent les mains, parce que ces gens-là ne votent pas, ou mal. »
Sergine a décidé d'agir seule, sans se soucier des conséquences :
« — Je comprends parfaitement. Je m'adresse à vous, parce que je ne suis pas rassurée. Sans déroger à votre devoir de confidentialité, je vous demande simplement de vérifier auprès des enseignants de Samia si elle a été absente ces jours-ci. »
« Alors tout le monde s'en fout ! Ils dealent, ils tuent des chiens, ils m'agressent en pleine journée dans ma clinique devant mes clients, ils menacent de me tuer... en toute impunité ? Vous les laissez faire. »
« — Puisqu'on te dit qu'il n'y a rien que tu puisses faire pour elle !
— C'est ce que les lâches disaient sous l'Occupation. »
Sergine, elle n'a rien d'une lâche.
Trafics de Benoit Séverac, un roman qui gagne à être lu.
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Dans les critiques que j'ai lu de ce livre, il y avait le terme de 'polar social' que je trouve parfaitement juste. Pas seulement un polar, il relate des faits que nous avons tous entendus aux informations : djihad, quartiers sensibles, drogues, jeunesse désabusée et embrigadée. Un thème vraiment sensible et difficile à mettre en mots il me semble. L'auteur s'en empare avec justesse et les événements qu'il décrit font froid dans le dos.. Ils sont tellement proches de notre réalité..
Un bon polar pour qui aime les histoires plutôt réalistes.
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Un auteur que je ne connaissais pas.
Un polar qui se passe à Toulouse de nos jours, on pourrait croire qu'il s'agit de Marseille par moment.
Sergine Holland est vétérinaire. Un soir qu'elle est de garde, elle fait la connaissance d'une adolescente, Samia, venue lui apporter un chien mal en point. Ce chien est en fait utilisé par son dealer de frère pour cacher de la drogue et il risque de mourir d'une occlusion. A partir du moment où Sergine accepte d'aider Samia, elle sera malgré elle impliquée dans les trafics de la Cité voisine. La police enquête par ailleurs sur les dealers et les terroristes potentiels cachés dans les tours d'immeuble.
Un roman qui décrit tellement bien l'actualité que c'en est effrayant .
Un roman très efficace. J'ai aimé.
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Mon avis est vraiment très mitigé sur ce roman, l'écriture de Benoît Séverac que je découvre avec ce livre est vraiment très plaisante, mais c'est plutôt l'histoire par elle-même qui m'a un peu gênée, vraiment trop proche de la réalité, réalité qui me met hors de moi.
Nous suivons Sergine, vétérinaire, proche d'une cité à problèmes, reçoit l'appel d'une jeune fille qui la prévient qu'un chien est vraiment mal en point dans les caves de la cité et que si celle-ci n'intervient pas, le chien va mourir. Commence pour Sergine, un véritable cauchemar, puisqu'elle va se retrouver dans l'engrenage des cités, avec leurs dealers, leurs criminels, leurs terroristes... bref, un domaine dont elle avait entendu parler mais qu'elle ne côtoyer pas du tout.
L'histoire est intéressante, plein de faits divers régulièrement entendus à la télé ou à la radio sont traités dans ce livre, mais quand je lis un thriller, même si je sais que l'auteur s'inspire très souvent de faits réels, cette histoire m'a quand même dérangée. D'ailleurs quand j'ai parlé de ce livre à un de mes proches, celui-ci m'a demandé si je n'étais pas en train de lire le parisien.
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Il y a encore quelques semaines je ne connaissait pas l'auteur Benoît Séverac et encore moins son roman "Trafics" (paru dans un premier temps sous le nom de "le chien arabe".) La critique de Nadiouchka du 5 mai dernier m'ayant emballée j'ai eu envie de lire ce roman.

L'histoire a pour cadre le quartier des Izards situé dans le nord de Toulouse. Nous y rencontrons Sergine, une vétérinaire appelée pour soigner un chien par Sonia, soeur de Nourredine, dealer et caïd du quartier. Sergine se prend d'amitié pour la jeune adolescente et décide d'empêcher son départ pour l'Algérie où elle est promise en mariage à un homme beaucoup plus âgée qu'elle. Faisant fi des menaces des jeunes qui l'ont agressée, des ordres de la police notamment ceux de la brigadier-chef Degrest, des conseils de ses associés, elle prendra des risques pour réussir son projet. Sa dernière intervention sera très peu appréciée de la police locale, des stups et des renseignement intérieurs "vous débarquez avec vos gros sabots".

De son côté Noureddine se bat pour conserver son rôle de caïd. Sont opposés à son trafic Hamid et Nejib, deux frères radicalisés, tombés sous la coupe d'un imam qui prêche le djihad. L'affrontement entre les deux groupes est inévitable :

"s'ils s'en sont pris à moi, c'est parce que pour eux je ne suis pas un bon musulman, et que j'ai pas voulu payer un impôts révolutionnaire à Daech".

"Or, un jeune accro au shit ou à l'héro est un client perdu pour le djihad. Difficile de le convaincre de devenir autre chose qu'un candidat au paradis artificiel.

Le talent de l'auteur est, en nous racontant une histoire, de nous décrire le quotidien de ceux que la presse appelle pudiquement "quartier sensible" ou "zone de non droit".

Je suis sans doute naïve, mais au cours de ma lecture je me suis interrogée: que s'est-il passé ? ou qu'est qui a été raté ? pour que des jeunes de la deuxième ou troisième génération basculent dans un islam radical et, se référant à Daech, passent à l'acte en organisant des attentats massacrant des innocents.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les Izards, Toulouse nord, à trois stations des Minimes - ce quartier si cher à Nougaro - a depuis longtemps une réputation sulfureuse. "Ici, même les mémés [qui] aiment la castagne" ont été détrônées par plus violents qu'elles.
Un moment surnommé Le petit Mirail - du nom de l'immense zone urbaine à l'ouest de Toulouse - le quartier des Izards est progressivement devenu l'un des endroits les plus malfamés de la ville, plaque tournante du trafic de stupéfiants dans le Sud-Ouest.
Il a finalement gagné ses lettres de noblesse le jour où un de ses jeunes a décidé que le crime de petite envergure ne suffisait pas et qu'il était temps d'inventer l'islam radical, version scooter et caméra GoPro.
En découvrant que Mohamed Merah avait grandi aux Izards, Toulouse a été frappée de stupeur. Elle s'est tournée vers ce bout d'elle-même, rejeton aux confins de la ville, cette ancienne terre maraîchère encore associée à la paysannerie dans l'inconscient des autochtones, que l'administration fiscale a affublée du terme de 'Toulouse nord' - dans le Midi, tout ce qui est estampillé nord souffre d'un déficit d'image - à laquelle la régie municipale des transports a accordé d'être desservie par le métro, mais dont le nom même de la station - Trois-Cocus - prête à sourire... Toulouse donc s'est penchée sur cet appendice nécrosé, jusque-là oublié, et a commencé à trembler : le petit quartier à la marge était devenu fournisseur officiel de terroristes.
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Bernet a découvert et continue à découvrir avec des yeux de moins en moins ébahis la violence viciée, la lie d'une ville où sont venus s'échouer tous les inadaptés qu'il n'a jamais vus dans son Comminges natal, parce que, trop visibles, ils déguerpissent tôt des campagnes pour se fondre dans la faune de la ville : les prévenus retors, les délinquants d'à peine douze ans et déjà plus vicelards qu'un maquignon, les macs, les camés... Tous ces gens non recyclables. Bernet doute parfois, sent bien qu'il va y laisser des plumes et que, s'il doit un jour changer d'orientation, détourner la tête pour ne plus voir tout ça, il faut qu'il le fasse tout de suite, avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il ne soit lui-même devenu incapable de faire autre chose que ça, incapable d'avoir d'autres fréquentations que ces gens-là et des flics, fêlés comme il finira par l'être.
Le brigadier-chef Decrest ne relève pas quand il lui parle ainsi. Lorsqu'il lui pose une question, elle répond à côté. Que dire à un bon élément, sain et sympathique comme Bernet : 'Vous avez raison, foutez le camp avant qu'il ne soit trop tard, fuyez, retournez dans vos montagnes et faites facteur ou ouvrez un tabac-presse ?' Que deviendrait la Police nationale si tous ses éléments sensés en désertaient les rangs ? Que deviendrait-elle, elle, en tant que chef, si seuls les cow-boys restaient ?
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Il essaie de se rappeler ce qui les a amenés jusqu'ici [djihad], Nejib et lui : les années d'ennui dans la cité ; les frustrations, l'envie de tout ce qu'ils ne posséderaient jamais ; le collège où il n'y avait plus rien à casser et qui n'offrait aucune autre perspective que le lycée professionnel en face pour apprendre un métier du bâtiment où, en s'échinant, on ne pourrait espérer gagner mieux que le SMIC ; mais surtout, ce regard. Le regard des serveurs dans les cafés, des vendeurs dans les magasins, des vigiles à Auchan, des flics du centre-ville. Même à la piscine, un des rares endroits où Français et Arabes se croisent - au collège, ça fait longtemps que les Français ont mis leurs enfants à Toulouse-Lautrec où à Raymond-Naves -, lui et ses potes du quartier n'avaient jamais le bon maillot, la bonne serviette de bain. Alors ils faisaient du bruit et ils dérangeaient tout le monde pour qu'on les craigne, pour avoir gain de cause d'une manière ou d'une autre, quitte à ce qu'on les traite de demeurés
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- Un chien mule !
- Ah, tu connais ?
- C'est nouveau, mais on en a déjà vu aux Douanes, en effet. On suit cela de près. [...] Ce n'est pas par les aéroports qu'ils transitent, c'est par la route.
- Comment ça ?
- Les trafiquants dressent les chiens pour qu'ils répondent à des ultrasons, ils les bourrent [de capsules] d'héroïne et les lâchent avant les postes frontières. Les chiens traversent par les collines ou les prés avoisinants et, une fois que les trafiquants ont franchi la douane avec leur véhicule, ils les rappellent et leurs chiens rappliquent aussitôt. Ils les chargent et ils continuent leur route. Seule la volante peut leur tomber dessus, mais il y a tellement de voitures sur la route que c'est pur hasard si on stoppe la bonne.
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Tout le monde se moque de ces cités mais elle sait que, pour dix voyous, il y a quatre-vingt-dix innocents qui subissent leur loi. Ce sont souvent des étrangers, des retraités, des RMistes. Ils ne font pas de bruit, on ne les voit pas, mais ce sont eux qui supportent les nuisances sans pouvoir se faire entendre. Les stups laissent faire pour ne pas gêner le trafic qu'ils observent, ils jouent la carte du chaos pour préserver leur fonds de commerce... Au nom de la lutte contre les trafiquants de grande envergure, la hiérarchie laisse une poignée de petits dealers pourrir la vie de centaines de pauvres gens ; les medias ne s'intéressent qu'aux faits divers et les politiques s'en lavent les mains, parce que ces gens-là ne votent pas, ou mal.
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