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Dominique Le Brun (Préfacier, etc.)
EAN : 9782258144217
900 pages
Omnibus (20/04/2017)
3.62/5   4 notes
Résumé :
- Les Merry Men 1881
- Le secret de l'épave
- Le Reflux 1894
- L'Ile au trésor 1883
- Dans les mers du Sud 1891

Si Robert Louis Stevenson se lance à l'assaut du Pacifique, en cette année 1888, c'est surtout dans l'espoir de guérir son emphysème sous le soleil des tropiques. Mais son amour de la mer et de l'aventure ne date pas de cette traversée : il l'a reçu en héritage de ses ancêtres bâtisseurs de phares sur les côtes d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio pour son opération Masse Critique ainsi que les éditions Omnibus pour l'envoi de ce livre.

Si Stevenson est surtout connu pour le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde et, bien sûr, L'île au trésor, ce dernier est loin d'être son seul récit maritime. Ce recueil regroupe donc le chef d'oeuvre précité et d'autres textes moins connus... mais dont la qualité et l'intérêt varient hélas.

L'exemple le plus flagrant en est Les Merry Men, la nouvelle qui ouvre l'ouvrage, huis-clos sur un bout de rocher écossais dont l'ambiance n'est pas sans rappeler celle des "Ils étaient dix" d'Agatha Christie. Sauf qu'ici, point de meurtres en série, l'intrigue est plutôt construite autour d'un secret, de la psychologie des personnages... mais surtout d'un décor, cette fameuse île entourée de récifs, à l'atmosphère pesante. L'idée était prometteuse sur le papier, mais le résultat est loin d'être à la hauteur. le récit est beaucoup trop long à se mettre en place, Stevenson nous décrivant l'île dans le moindre détail, pour mieux se perdre ensuite dans les délires mystiques d'un des personnages. le peu "d'aventure" qu'il peut y avoir ne sert que de faire-valoir à un thriller psychologique à la conclusion abrupte. Bref, malgré de bonnes idées, de la part de cet auteur, Les Merry Men possède un goût amer de brouillon inachevé.
Heureusement, la suite relève le niveau.

Le secret de l'épave est tout aussi long à démarrer, mais, cette fois, aucun sentiment d'ennui ne pointe à l'horizon. La jeunesse du héros dans les milieux de la finance puis de l'art sont narrées plaisamment, le texte possède un petit côté page-turner faisant que l'on a toujours envie de connaître la suite, et avant même que l'on s'en soit rendu compte, on se retrouve en mer, pour une chasse au trésor comme Stevenson sait si bien les orchestrer. Pour qui connaît L'île au trésor, le ton du récit est heureusement radicalement différent; le héros, plus agé, le contexte, plus sérieux, plus réaliste. le tout est construit comme une enquête, et l'on se retrouve avec un véritable polar sur mer! Que s'est-il vraiment passé à bord du Flying Scud? Si, là encore, on reprochera à l'auteur une conclusion rapide, cette histoire se veut, et de très loin, la seule du recueil à pouvoir talonner L'île au trésor sur le plan de la qualité, et constitue LA grosse bonne surprise du livre!

Car si le Reflux n'est pas mauvais en soi, on y retrouve les mêmes défauts que dans Les Merry Men: un démarrage très lent et pas foncièrement intéressant, un côté huis-clos un peu longuet, quoique moins, les aléas de la navigation de chargeant de rendre tout ça un poil plus aéré, pour finir sur un côté exagérément tourné vers la morale et la bondieuserie, cette fois sans subtilité aucune. Bref, si la forme en fait un texte qui reste agréable à lire, le fond a de quoi rendre perplexe et la fin laisse un fort sentiment de "tout ça pour ça" assez décevant.

Ah, L'île au trésor, classique que l'on ne présente plus, chef d'oeuvre du récit d'Aventure avec un grand A. Que dire de plus? On y retrouve tous les thèmes chers à l'auteur et déjà vus dans ses textes ultérieurs: l'aventure bien évidemment, mais aussi la noirceur humaine et ses nuances. C'est toutefois dans ce texte-ci que le mélange se veut le plus équilibré, sans oublier un déroulement des évènements bien plus rythmé. Bref, L'île au trésor ne souffre d'aucun défaut, c'est le roman parfait par excellence, celui sur lequel il n'y a rien à dire. Si, "lisez-le".

C'est dans un tout autre registre que le dernier tiers de l'ouvrage s'oriente, avec des extraits des récits de voyage de Stevenson. Ici, il ne sera question que de paysagisme littéraire et d'esquisses d'études ethnologiques. Fort heureusement pour le lecteur, Stevenson est infiniment plus doué que Washington Irving pour rendre des descriptions de paysages intéressantes! Bref, même s'il faut prendre les informations avec des pincettes et tout en gardant en mémoire les courants de pensée de l'époque, ces témoignages sont très souvent intéressants, et toujours dépaysants. le chapitre sur les superstitions aux Tuamotu (ici nommées de leur ancien nom Paumotu) est juste l'un des meilleurs du livre, pour qui s'intéresse un tant soit peu au sujet. Bref, si l'on s'éloigne du récit d'aventures, on ne s'ennuie pas pour autant et c'est sur une note positive que l'on referme finalement ce gros pavé de plus de 900 pages.
A noter la traduction (d'époque?) très étrange parfois, comme l'île d'Abemama (ou Apamama en anglais), ici nommée partout APemama. Un détail dont l'on ne se rend compte qu'en connaissant le sujet ou en tentant de se renseigner sur ce que sont devenus les lieux mentionnés à l'heure actuelle.

Cependant, on notera tout de même un bémol éditorial tendant vraiment à pourrir la lecture sur la fin: les coquilles. Alors certes, sur un ouvrage aussi gros, il était inévitable d'en avoir. Mais ici, on passe du "normal, acceptable et pardonnable" (une boulette ou deux disséminées ici ou là) en début d'ouvrage à pratiquement une erreur par page sur le dernier quart, et encore, quand ce n'est pas plus! Virgules apparaissant n'importe où, erreurs de caractères dans les noms, étrange duo de n+i à la place d'un m, majuscules en milieu de phrases entre autres exemples, c'est un vrai festival et on sent que le correcteur n'était clairement plus très frais; peut-être en fin de journée ou éreinté après plus de 700 pages. Alors certes, on est loin des erreurs de conjugaison intolérables qui piquent les yeux dans un Hugo Romance, mais plus on progresse dans le livre, moins c'est discret, et plus on soupire. Les textes de Stevenson méritaient un peu plus de soin.

Que penser de ce recueil au final? Chez un même auteur, on le sait, il y a des hauts et des bas, ce que cette compilation prouve parfaitement. Si L'île au trésor vaut évidemment le coup, ainsi que le Secret de l'épave, Les Merry Men et le Reflux sont au mieux anecdotiques et dispensables, au pire ennuyeux. Seuls les extraits de "Dans les mers du sud" rendent donc l'ensemble en tant que tel intéressant, ainsi que le côté "compilation de textes méconnus". A vous de voir si vous recherchez l'exhaustivité, dans le cas contraire, mieux vaut vous procurer le ou les récits qui vous intéressent séparément.
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Chaque auteur a un sujet de prédilection dans lequel il excelle. Pour Stevenson, ce sujet est la mer qu'il n'aura de cesse de traiter tout au long de sa carrière. "Les aventures dans les îles" est un recueil composé de plusieurs romans et du récit de voyage de l'auteur dans le Pacifique (1888-1894) qui traduisent cette passion pour la mer mais aussi pour le roman d'aventures.

"L'Île au trésor" est devenu un classique que l'on ne présente plus mais que je prends toujours plaisir à relire. Les îles du Pacifique, sous la plume de l'auteur, sont loin d'être des lieux paradisiaques comme Gauguin les a immortalisées. Confrontés à une nature hostile et à des conditions climatiques difficiles, les hommes courts après une fortune facile en convoyant des cargaisons de denrées plus ou moins légales. Leurs passions se trouvent exacerbées par la dureté de la vie sous les tropiques. le passage à la violence et au crime est quotidien. Dans "Le reflux", trois ex-marins réduits à la mendicité acceptent de convoyer un navire dont une partie de l'équipage est mort de la petite vérole. A bord, ils changent de cap et décident vendre leur cargaison de champagne en Amérique à moins qu'ils ne la boivent avant leur arrivée. Sur son chemin, le navire croise la route d'une île où les habitants ont collecté un trésor de perles, la tentation de s'en emparer sera-t-elle la plus forte? de la déchéance de l'homme à sa rédemption, ce récit témoigne de la lutte intérieure que chaque individu mène afin de s'en sortir.

"Le secret de l'épave" est une course contre la montre pour Loudon Dodd qui vient de se rendre acquéreur avec son associé d'un navire ayant échoué sur une île perdue du Pacifique. La vente aux enchères ne s'est pas faite sans difficultés. En effet, un mystérieux acheteur souhaite également obtenir la mystérieuse cargaison. Cette mission, simple d'apparence, pour Loudon Dood se révèle rapidement être une véritable enquête policière. le navire ne contient aucune cargaison de valeur et très peu d'opium. Or, ce dernier aurait pu être renfloué alors pourquoi a-t-il été abandonné? Quelle est la raison de la présence d'une baleinière sur l'île? Pourquoi l'équipage disparaît mystérieusement dès son arrivée à San Francisco? Que s'est-il réellement passé sur cette île perdue au milieu du Pacifique?

Si les romans de Stevenson se passent essentiellement dans les îles Pacifique, "Les Merry Men" font exception. de retour chez son oncle sur la côte nord-ouest de l'Ecosse, le narrateur pense pouvoir profiter de son congé pour localiser l'épave de l'Espiritu Santo grâce aux recherches qu'il a menées en archives. Cependant, à son arrivée, il découvre un climat étrange et tendu. Son oncle et son serviteur sont sur le qui-vive, les traits fatigués et vieillis. Il découvre aussi que la maison est désormais meublée des restes de l'épave d'un bateau. le soir même, son oncle se délecte en suivant le long et terrible naufrage d'un navire sur les Merry Men. Ces actes passés l'ont rendu fou mais pour quelles raisons?

L'écriture de Stevenson m'a transporté tout au long des récits que j'ai beaucoup aimé notamment "Les Merry Men" par son côté noir, la description de la tempête et de ce combat vain entre le navire et les Merry Men. J'ai eu cependant un peu plus de mal avec le récit de voyage de l'auteur, qui malgré les informations ethnographiques sur les sociétés du Pacifique et les méfaits du colonialisme, manque du dynamisme que l'on trouve dans ses romans.

Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Omnibus pour ce moment agréable de lecture, idéal en ce début d'été.
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Ce livre, cette somme, est le croisement entre un éditeur et un homme exceptionnel.

L'éditeur, c'est Omnibus, qui a su s'affranchir des Presses de la cité il y a trente ans pour devenir une des grandes références de l'édition de recueils et d'intégrales.

Avec cette capacité de sortir des compilations classiques pour tenter des transversales sur des thématiques originales. C'est ainsi que je conserve dans ma bibliothèque des recueils sur des thèmes aussi originaux que Les savants fous ou Les mondes perdus.

Omnibus aimes les aventures et les voyageurs (précipitez-vous par exemple sur les différents volumes de l'oeuvre de Wilbur Smith !). Il est donc normal que l'éditeur se soit intéressé à Robert Louis Stevenson, un homme et un auteur effectivement exceptionnel.

Stevenson, pour le béotien, c'est avant tout L'île au trésor, l'étalon-or absolu du roman d'aventure. Mais l'idée de regrouper tous les romans et récits de l'auteur tournant autour de ses expériences dans les îles est excellente, car elle permet d'aller bien au delà de ce cliché, comme disent les anglo-saxons.

L'épais recueil est constitué de quatre romans, ainsi que des mémoires de l'auteur détaillant ses voyages dans le Pacifique au cours des deux dernières années de sa vie.

Des trois premiers romans (Les merry men est d'ailleurs plutôt une longue nouvelle), aucune n'arrive à l'épaule de L'île au trésor, même si l'on retrouve deux des éléments fondamentaux du talent de Stevenson, deux éléments liés, d'ailleurs : la capacité à donner du rythme à ses histoires (ce sens du story telling) et sa faculté à dérouler des dialogues constitués d'échanges vifs, aux phrases brèves ponctuées de ponctuation (que de points d'exclamation !!!).

Après avoir relu pour la ixième fois L'île au trésor (toujours le même plaisir !), vous pourrez plonger dans les 300 pages de Dans les mers du sud, récit passionnant de l'errance de Stevenson dans le Pacifique, de l'Australie à la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, les Îles samoa, les Îles Gilbert, Hawaï, les Marquises, Tahiti... (il y a une carte à la fin du volume qui permet de bien visulaiser ses trajets).

Avec un style très posé, un peu distancié, élégant et volontairement très écrit (so british !), l'auteur qui sent la fin de sa vie arriver raconte. C'est étonnant, instructif, souvent démoralisant (on sent le travail de l'impact de la civilisation sur les populations, en cette fin de XIX° siècle).

C'est surtout, vraiment, l'occasion de redécouvrir ou retrouver le Robert Louis Stevenson voyageur, qui toute sa vie, malgré sa santé défaillante, à sillonné le globe, accumulant lors de ses voyages la matière pour nourrir son imagination fertile.

Pour tous les amateurs de voyage par l'écrit.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- C'est désolant, n'est-ce pas? Mais je ne remonterai pas avant d'avoir mis la main sur les pavillons de code. Que diriez-vous de mettre un signal "Sommes abandonnés" ou quelque chose dans ce genre pour annoncer notre présence? Le capitaine Trent n'est pas encore en vue, mais il ne tardera pas à arriver. Il faut qu'il voie toute de suite qu'il a été devancé.
- Ne pourrions-nous pas trouver quelque chose de plus officiel? lui répondis-je, me prenant au jeu. Pourquoi pas: "Vendu au bénéfice des souscripteurs. S'adresser à J.Pinkerton, Montana Block, San Francisco."
- Mmh... il existe peut-être quelque part un quartier-maître capable de vous ficeler ça en code maritime, mais ce n'est pas dans mes compétences. Il vaut mieux rester court et classe. Je peux vous proposer JG: "Je suis échoué" ; ou RS: "Il est interdit de monter à bord." Et pourquoi pas PQH: "Dites à mes armateurs que le navire se comporte parfaitement"?
- Un peu prématuré, mais, pour Trent, ce sera parfait! Allons pour PQH.
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Par une nuit comme celle-là, bien entendu, le regard plonge en un monde de ténèbres où les eaux tourbillonnent en écumant, où les vagues s'entrechoquent avec le fracas d'une explosion et l'écume jaillit et se disperse en un clin d'oeil. Jamais auparavant je n'avais vu les Merry Men aussi furieux. La rage, la hauteur et la fugacité de leurs projections formaient un spectacle impossible à décrire. p.48
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