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EAN : 9782264033604
176 pages
10-18 (10/05/2001)
4.1/5   1698 notes
Résumé :
Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économiques des hommes et, nécessairement, réduites au silence.
il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
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Critiques, Analyses et Avis (199) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 1698 notes
Virginia Woolf analyse avec ironie les causes du silence littéraire des femmes pendant de nombreuses décennies. Pour elle si les hommes jugent les femmes inférieures et les cantonnent dans des tâches subalternes c'est pour éviter de mettre en danger leur confiance en eux. Et comme les femmes qui n'ont pas accès aux études et ne sont pas autorisées à travailler sont dépendantes financièrement et intellectuellement, elles sont dans l'impossibilité de penser aux choses en elles-mêmes, donc d'écrire.

Heureusement au XIXe siècle des femmes ont bravé les interdits. Emily et Charlotte Brontë, George Eliot et surtout Jane Austen ont écrit, même si elles l'ont fait en cachette, sans chambre à elles pour s'isoler. Elles sont celles qui ont permis aux femmes d'accéder à la création littéraire. Des femmes qui par la suite ont acquis pour la plupart une indépendance financière grâce à leurs écrits.

Avec ce discours féministe Virginia Woolf montre les contraintes au développement de la littérature féminine dans une société patriarcale, mais aussi que " la littérature élisabéthaine aurait été très différente de ce qu'elle est si le féminisme avait pris naissance au XVIe siècle et non au XIXe."
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Un lieu à soi est la nouvelle traduction d'Une Chambre à soi par Marie Darrieussecq, qui a aussi rédigé une nouvelle préface. La notice et les notes sont de Christine Reynier, qui selon l'éditeur est : « l'une des meilleures spécialistes françaises de Woolf. » Son annotation permet d'élucider les nombreuses références de Woolf et retrace bien les différentes interprétations dont ce texte (fondé sur un ensemble de conférences sur les femmes et la littérature) a fait l'objet. 

Dans cette remarquable analyse féministe Virginia Woolf établit avec ironie les causes du silence littéraire des femmes pendant de nombreuses décennies. Pour elle si les hommes sous-estiment et cantonnent les femmes dans des tâches subalternes c'est pour éviter de remettre en cause leur confiance en eux. Et comme les femmes qui n'ont pas accès aux études et ne sont pas autorisées à travailler sont dépendantes financièrement et intellectuellement, elles sont dans l'impossibilité de penser aux choses en elles-mêmes, donc d'écrire.

Heureusement au XIXe siècle des femmes ont bravé les interdits. Emily et Charlotte Brontë, George Eliot et surtout Jane Austen ont écrit, même si elles l'ont fait en cachette, sans chambre à elles pour s'isoler. Elles sont celles qui ont permis aux femmes d'accéder à la création littéraire. Des femmes qui par la suite ont acquis pour la plupart une indépendance financière grâce à leurs écrits. Et si Virginia Woolf montre parfaitement les contraintes au développement de l'oeuvre de ces auteurs dans une société patriarcale, elle précise aussi que " la littérature élisabéthaine aurait été très différente de ce qu'elle est si le féminisme avait pris naissance au XVIe siècle et non au XIXe."
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Quelle bonne surprise que cet essai! Pour tout dire, je l'ai choisi pour l'auteur et le titre, après un bref coup d'oeil à la quatrième de couverture pour en garder le plaisir de découverte, et j'ai goûté chaque page qui se tournait avec délice.
On y suit la narratrice - Virginia Woolf? Mary Beton, Seton? - qu'importe dit-elle, une femme anglaise qui écrit dans les années 30, s'interroger sur ce qui peut unir la littérature et les femmes. Quand je dis "on y suit", je parle bien sûr littéralement: dans le parc de l'université, avant qu'elle ne soit refoulée à l'entrée de la bibliothèque universitaire en tant que femme non accompagnée, puis au dîner - car "on ne peut ni bien penser, ni bien aimer, ni bien dormir, si on n'a pas bien dîné" - et avec elle on observe ces passants par la fenêtre, prend un livre écrit par une femme sur les étagères, puis un autre, chaque nouvelle observation dirigeant le fil de la réflexion.. C'est ainsi que se déroule le récit, puisque la narratrice tient à nous expliquer le cheminement de sa pensée jusqu'à cette "chambre à soi".
Pourquoi y a-t 'il eu si peu, voire pas du tout, de femmes écrivains jusqu'au 18ème siècle? Virginia Woolf nomme bien sûr le peu de liberté accordée aux femmes jusqu'à il y a peu, leur dépendance financière, leur manque d'instruction, la nécessité de garder leur vertu, leur réclusion dans la maison, et les considérations masculines - disons plutôt leur manque de considération pour celles qui tentent d'être autre chose que des mères - tous ces aspects en défaveur des femmes créatrices, des femmes intellectuelles.
En vraie anglaise, Virginia Woolf aborde toutes ces discriminations qui ont enfermé ou rejeté les femmes avec humour et ironie, et la lecture de cet essai est un délice tout comme une source de réflexion sur la femme mais aussi la littérature de manière plus générale. On y découvre son admiration pour la liberté que s'autorisaient Shakespeare et Jane Austen, chassant négligemment contraintes et critiques pour écrire des oeuvres géniales. Et puis, en filigrane, se révèle ce qui incita V. Woolf à écrire Mrs Dalloway tel qu'elle l'a fait, ou à choisir un Orlando homme et femme.
Alors finalement, pourquoi ce titre, "une Chambre à soi"? Je vous laisse le plaisir de le découvrir!
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Marie Darieussecq vient de proposer une nouvelle traduction de l'essai centenaire de Virginia Woolf. Pierre angulaire du féminisme, cet ouvrage doit-il être lu comme on visite les châteaux de la Loire, avec admiration mais en songeant qu'on n'y habiterait pour rien au monde, ou comme un vade-mecum à garder par-devers soi pour s'y référer encore et toujours?
La thèse est connue: on ne peut penser, ce qui s'appelle penser, et créer, sans être financièrement indépendant et suffisamment dégagé de l'emprise du monde. Or, quand Virginia Woolf écrit son texte, seul un homme peut espérer atteindre cet idéal. Flânant à « Oxbridge », elle se fait régulièrement rappeler à l'ordre: elle n'a même pas le droit d'entrer dans une bibliothèque sans un référent mâle -cela va de soi- pour l'y introduire. La première vertu de l'ouvrage est donc de nous rappeler d'où l'on vient et d'admirer le chemin parcouru en un siècle. Mais le plus surprenant est justement la capacité de la romancière à enjamber les années et à anticiper tranquillement les débats actuels. Et la voilà qui disserte avec brio sur le « male gaze », et qui étudie les ouvrages de son temps avec des critères qui annoncent furieusement le test de Bechdel, et qui analyse le concept de la charge mentale… N'en jetez plus! Elle semble avoir tout inventé des concepts féministes actuels.
Je suis plus circonspecte, en revanche, concernant ses analyses littéraires. Elle anticipe la révolution artistique qui découlera des oeuvres féminines montrant une façon de voir le monde encore jamais abordée. Euh.. oui, bon, peut-être. Les valeurs féminines, les valeurs masculines, la haute valeur de la création androgyne… Ça me gave. Je veux bien croire que c'est un peu plus compliqué que je ne l'affirme, mais j'ai la même incompréhension en entendant que les femmes et les hommes auraient des styles définis que si l'on m'affirmait possible de déduire la couleur des cheveux d'un écrivain à la lecture de ses textes, et pourquoi pas son pied d'appel pour le Fosbury pendant qu'on y est.
Mais même quand Virginia Woolf partait dans une analyse propre à me faire fuir, j'ai quand même souvent écarquillé d'aise mes orteils car la dame a un humour dévastateur, délicieusement frondeur. La voilà qui nous interpelle sur sa difficulté à lire un grand auteur parce que semble-t-il l'ombre d'un gigantesque J pour JE et MOI d'abord brouille l'arrière-plan de toutes ses oeuvres. Woolf s'amuse et nous amuse, avance à sauts et à gambades, telle une Montaigne anglo-saxonne.
Bref, j'ai admiré l'auteur mais je ne garderai pas l'ouvrage en poche, même s'il a les dimensions idéales pour ce faire. Je regrette que Darieussecq qui s'est beaucoup interrogée sur le choix du titre n'ait pas traduit le mot « room » par « bureau » parce que les femmes ont souvent eu un « lieu » à elles, la cuisine, qu'elles ont transformée en pièce qui leur était dévolue et que certaines ont même annexé toute la maison. La pièce à soi dont parle Virginia Woolf, c'est une pièce où penser sans être dérangé et longtemps ce fut le bureau, apanage masculin, la pièce où la femme de ménage était frappée d'ostracisme et dont les enfants devaient s'éloigner pour ne pas déranger par leurs cris. le bureau qui échappe à la vie domestique. Ou, encore mieux : la bibliothèque. La pièce, pas le meuble. Dont on ferme la porte avant de lire, rêver, écrire, et boire du thé.
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La déflagration du Mouvement MeToo depuis quelques années aurait drôlement plu à Virginia Woolf. Quoiqu'elle aurait certainement rajouté qu'elles auront mis du temps les femmes à avoir « Une chambre à soi ».

Dans cet essai, en principe destiné à analyser la place des femmes dans les romans dans les années 1920, les idées de Virginia Woolf jouent à saute-mouton, se chevauchant et se dispersant au gré de ses observations, tendanciellement sujettes à la dispersion mais toujours très affutées.

Parmi les multiples digressions et divagations, l'auteure nous offre le sel de sa pensée lorsqu'elle soulève que force est de constater que les femmes sont considérées intellectuellement et moralement inférieures aux hommes dans tous les domaines.

En exploratrice acharnée des bas-fonds des âmes et une sorte de pionnière du mouvement féministe, l'auteure anglaise insiste sur la place que les femmes doivent prendre dans la société, en commençant par être indépendantes financièrement et en libérant leurs esprits du joug masculin.

Au final, cet écrit ressemble plus à un manifeste de mouvement féministe qu'à un essai littéraire, et il est encore cité aujourd'hui lorsqu'on aborde la question de l'importance de l'éducation des filles dans certaines sociétés encore très patriarcales.

Cet essai visionnaire, écrit en 1929, mais toujours d'une troublante justesse, nous pousse à considérer le chemin parcouru ces dernières décennies en faveur de l'égalité hommes-femmes.
Et au passage, il mesure celui qu'il reste encore à parcourir.


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Citations et extraits (370) Voir plus Ajouter une citation
Personne ne pourrait dire les choses plus clairement. « Le poète pauvre, aujourd’hui comme il y a deux siècles, finira comme un chien… un enfant pauvre en Angleterre n’a guère plus de chances que le fils d’un esclave athénien de s’émanciper vers cette liberté intellectuelle d’où naissent les grandes œuvres. » C’est ça. La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, pas seulement depuis deux cents ans, mais depuis le début du temps. Les femmes ont moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes, donc, ont plus de chances de finir comme des chiens que d’écrire de la poésie.
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Aurait-elle survécu, tout ce qu'elle aurait écrit aurait été tordu et déformé, le fruit d'une imagination tendue et morbide. Et sans aucun doute, me dis-je en regardant le rayonnage où il n'y a pas de théâtre de femmes, son travail aurait été non signé. Ce refuge-là, elle l'aurait certainement cherché. C'était une relique du sens de la chasteté, qui dictait l'anonymat aux femmes jusqu'aussi tard que le XIXe siècle. Currer Bell, George Eliot, George Sand, toutes victimes d'une lutte intérieure prouvée par leurs écrits, cherchaient vainement à se voiler elles-mêmes en utilisant un nom d'homme. Elles rendaient ainsi hommage à une convention que l'autre sexe, s'il ne l'a pas implantée, encourage abondamment (la plus grande gloire d'une femme est de ne pas faire parler d'elle, disait Périclès, qui lui-même faisait beaucoup parler de lui), à savoir que la publicité, pour les femmes, est détestable. L'anonymat court dans leurs veines.
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Je voulais voir comment Mary Carmichael allait s'y prendre pour capturer ces gestes jamais transcrits, ces mots non dits ou à demi dits, qui se forment, à peine plus palpables que les ombres de papillons de nuit au plafond, quand les femmes sont seules, loin des lumières colorées et capricieuses de l'autre sexe. Il faudra qu'elle retienne sa respiration, me dis-je en continuant à lire, si elle veut vraiment le faire ; car les femmes se méfient quand on s'intéresse à elles sans motif clair, étant si terriblement habituées à la dissimulation et au refoulement qu'à peine un œil se tourne pour observer dans leur direction, elles disparaissent.
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Tant que vous écrivez ce que vous avez envie d'écrire, c'est tout ce qui compte ; et que cela compte pour des siècles ou seulement pour des heures, nul ne peut le dire. Mais sacrifier un cheveu de votre vision, une nuance de sa couleur, en déférence à quelque maître avec un pot en argent dans les mains ou à quelque professeur avec une règle dans la manche, voilà la tricherie la plus abjecte ; en comparaison, le sacrifice de la richesse et de la chasteté, qu'on disait être le plus grand des désastres humains, n'est qu'une piqûre de puce.
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De telles difficultés matérielles étaient redoutables ; mais bien pires étaient les immatérielles. L'indifférence du monde que Keats et Flaubert et d'autres hommes de génie ont trouvée si dure à supporter n'était pas, dans le cas d'une femme, de l'indifférence, mais de l'hostilité. Le monde ne lui disait pas, comme il leur disait à eux : « Écrivez si ça vous chante ; ça ne fait aucune différence pour moi. » Le monde disait avec un gros rire : « Écrire ? Soufflez plutôt dans un violon ! »
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Videos de Virginia Woolf (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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