AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707197856
224 pages
La Découverte (14/09/2017)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Les produits de charcuterie les plus courants sont allègrement modifiés pour remplir certains critères d'apparence. Ainsi le jambon, que l'on croit rose en raison des dérivés nitrés hautement cancérigènes dont il est truffé pour le rendre appétissant. Cochonneries retrace l'histoire secrète de cette filière agroalimentaire, dénaturée par les appétits abjects de quelques géants industriels qui, aujourd'hui encore, font obstacle à toute tentative de proposer une charc... >Voir plus
Que lire après CochonneriesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La population française est fortement alléchée par les produits tels que jambons et saucissons ... il n'est qu'à regarder la place qu'occupe le jambon en tranche dans les linéaires des grandes surfaces . Or bien peu de consommateurs lisent la composition de ces appétissantes salaisons industrielles au dos des emballages et même si , combien comprennent quoi que ce soit à la chimie présente dans ces produits . De plus , ni les pouvoirs publics , ni l'Europe ne parlent de la toxicité des produits chimiques insérés aux salaisons , alors qu'on les sait dangereux et responsables des cancers de l'intestin .
C'est tout cela que nous dit ce livre paru dés le 14 septembre de cette année et dont la revue " Marianne " a parlé dans son numéro 1068 du même 14 septembre .
Si il se dit que dans le cochon tout est bon , soyons certains que ce que les industriels du secteurs y injectent depuis fort longtemps ( nitrate de potassium ou de soude , borate divers , etc ... ) est loin de l'être autant .
Quelques rares salaisons artisanales sont exemptes de ses produits toxiques et c'est cela qu'il faut encourager à moins de se penser immunisé contre le cancer . BON APPÉTIT !
Commenter  J’apprécie          235
Je m'attendais à lire un pamphlet contre les saucisses et le jambon de fabrication industrielle, j'ai découvert une incroyable épopée historique dans l'univers secret de l'alimentation moderne. L'auteur avait mené l'enquête pour le Cash Investigation qui avait révélé ce scandale, mais ici il va beaucoup plus loin: il sort toutes ses cartes, il déballe toutes ses preuves, il démonte tout le système de mensonge et de triche qui permet à deux additifs (nitrate et nitrite) de se maintenir dans nos jambons, saucisses, saucissons, lardons, salamis, pizzas, etc. C'est un véritable scandale sanitaire, d'une dimension à couper le souffle.

Le livre commence par expliquer comment les charcuteries européennes étaient traditionnellement fabriquées. Puis (chapitre très dense, très documenté) on retrace pas à pas la généralisation des additifs nitrés (nitrate et nitrite): comment ils apparaissent d'abord dans des recettes anglaises, d'abord à titre anecdotique, puis comment ils envahissent de plus en plus de fabrications. On plonge alors dans l'aventure américaine, avec l'impressionnante description du "rêve américain": une charcuterie hors sol, exécutée à toute vitesse, dans d'immenses usines insalubres.

C'est le début de la tragédie: ces charcuteries sont "si belles et si bon-marché" qu'elles se répandent sur toute la planète, bouleversant les filières locales qui toutes, les unes après les autres, se mettent "au diapason de Chicago".

En parallèle, on découvre comment les autorités sanitaires françaises essayent d'abord de résister au nitrite. Pendant 30 ans, le ministère de la santé refuse de l'autoriser. Et finalement, à cause de la concurrence, finit par l'autoriser, "à reculons". le livre cite des documents accablants, trouvés dans les archives des ministères et de l'Académie de médecine: on comprend que les justifications présentées aujourd'hui par les industriels de la charcuterie sont fallacieuses: JAMAIS le nitrite et le nitrate n'ont été utilisés "pour éviter le botulisme". Ils ont toujours été utilisés comme colorant, et pour accélérer la fabrication des charcuteries, pour en simplifier la production, pour en fluidifier la commercialisation. La fameuse justification "botulisme" est apparue tout d'un coup ("comme un lapin sorti d'un chapeau"), au début des années 1970, lorsque les industriels des viandes nitrées ont mené une véritable guerre médiatique pour protéger leurs profits et qu'ils ont dû se creuser la tête pour trouver un prétexte qui leur permettrait d'éviter l'interdiction du nitritage, malgré son effet cancérigène avéré.

C'est un livre accablant. Il révèle un véritable scandale, une tricherie généralisée qui se paye chaque année par des milliers de cancers. C'est une histoire terrible, à laquelle on aurait beaucoup de mal à croire si ce livre ne s'appuyait pas, presque à chaque ligne, sur des preuves écrites formelles, issues des archives officielles françaises et américaines. Des centaines de documents qui permettent de comprendre à quel point nous nous sommes fait avoir par quelques faussaires de la science qui ont trouvé une idée géniale pour protéger leurs usines: ils ont véritablement réécrit l'histoire des saucisses, à la façon des historiens révisionnistes ou négationnistes. Je retiens, en particulier, l'étonnant chapitre "Des saumons au nitrite?" qui raconte comment les mêmes industriels malhonnêtes ont réussi a faire légaliser le nitritage du poisson fumé! Toute la description portant sur les olives, sur l'histoire du botulisme en Allemagne (et en France pendant l'occupation) est lumineuse, et franchement choquante.

Tantôt thriller, tantôt livre d'histoire, ce livre se lit comme un roman. On en sort secouée et révoltée: plus jamais on ne pourra aller au rayon charcuterie sans être sur ses gardes, en étant conscient de visiter le rayon le plus dangereux des supermarchés. Car dans ce constat implacable, l'auteur présente aussi les solutions concrètes pour sortir de la crise: soutenir les charcutiers français (et les éleveurs transformateurs) qui font le pari d'une charcuterie saine: ils choisissent de se former pour fabriquer de vrais jambons, de vrais saucissons, de vrais saucisses, sans additif cancérogène, sans couleur bidon, sans tricherie... et sans cancer.

Lien : https://www.bastamag.net/Pou..
Commenter  J’apprécie          80
Une analyse très précise de la façon dont un secteur industriel est capable de peser sur les décisions politiques, administratives et réglementaires afin d'éviter que les consommateurs comprennent les risques auxquels ils sont soumis. Appuyé par une impressionante documentation, l'ouvrage se lit pourtant comme un livre d'enquête, agréable et bien écrit. Ce n'est pas courant sur des sujets qui relévent des scandales sanitaires.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Car finalement, qui décide ? Est-ce que le consommateur achètera longtemps ces charcuteries teintées et accélérées ? Proposons un cas d’école pour étudiants en marketing : « Combien de temps une activité commerciale peut-elle survivre en plaçant le mensonge au cœur de la relation-clients ? » Car à l’âge d’Internet et des réseaux sociaux, il va être de plus en plus compliqué de cacher que les traitements nitrés rendent la charcuterie inutilement cancérogène ; il va être de plus en plus coûteux de faire croire au « botulisme inévitable » ; il va être de plus en plus audacieux de vouloir faire accepter aux clients l’idée que pour manger des protéines roses, cela vaut la peine de risquer le cancer. Dans tous les supermarchés, les consommateurs peuvent déjà vérifier que le retour au vrai sans nitrate/sans nitrite est possible, même à échelle industrielle : si les salaisonniers de Parme l’ont fait il y a vingt ans, pourquoi pas les autres ? Qui achètera encore longtemps le jambon nitré alors que certains fabricants proposent aussi du jambon, le cancer en moins ? Quel parent donnera encore régulièrement des knacks dangereuses à ses enfants après avoir pris conscience qu’il peut acheter des saucisses non traitées chez les charcutiers qui travaillent sans cosmétique ?

Les charcutiers industriels français ne voient-ils pas ce qu’ils risquent à rester alignés sur le lobby américain ? Comment ne pas saisir qu’aujourd’hui cette fuite en avant n’est plus digne ? Que la triche n’est plus viable ? Qu’il faut renoncer à la folle stratégie du « circulez, il n’y a rien à voir » ? Comment tolérer que les charcutiers industriels français n’aient pas depuis longtemps dénoncé la « méthode américaine » en éliminant ces colorants-conservateurs d’un autre temps ? Aucune américanophobie
dans cet indispensable divorce. Ce n’est pas faire insulte à cette grande démocratie que de rappeler que si l’Amérique se distingue dans le monde, ce n’est pas pour son sens de l’équilibre alimentaire, pour la qualité de ses plats ou pour sa tradition gastronomique. L’Unesco a inscrit le repas gastronomique des Français au patrimoine immatériel de l’humanité ; à Chicago et dans le Wisconsin, les usines de knacks nitrées et de
jambon nitré n’ont pas encore eu cet honneur. Pourrait-on imaginer qu’une entreprise française s’aligne sur le lobby américain tout en étant sincèrement « engagée dans le combat Aider les hommes à manger mieux chaque jour » ? Car comme le notait récemment le directeur général du leader français Fleury-Michon – « il est temps de ré-affirmer le lien très fort existant entre l’alimentation et la santé »...
Commenter  J’apprécie          30
En 1476 , un règlement précise que les charcutiers parisiens ne doivent fabriquer leurs saucisses que " de chair de porc hachée bien menu , bien salé de menu sel " et ( sans rien d'autre que ) " du fenouil bon , net et bien élu ou autres bonnes épices "
Pas de nitrates non plus dans la recette du célèbre " saucisson provençal " conservée à la mairie d'Arles : sel , poivre , girofle , muscade , gingembre , " vin blanc qui soit bon " .... La recette détaille précisément une quinzaine d'ingrédients , mais , pendant des siècles , nulle trace de salpêtre . A la fin du XIX e siècle , l'industrialisation transforme les techniques : au lieu d'être fabriqué à partir de viandes choisies , séchées et maturées lentement , le nouveau " saucisson d'Arles " commence à être produit avec des viandes de qualité inférieure , des morceaux tout-venant " bruts de désossage " ; Grâce au salpêtre ce saucisson modernisé , ( version simili du produit authentique , peut alors être fabriqué en une fraction du temps , à une fraction du coût .
Commenter  J’apprécie          90
Que pouvait faire le lobby en 2007 après que le WCRF a recommandé d’éviter tout à fait la consommation des charcuteries ? Que faire, maintenant que l’OMS a confirmé trente ans de résultats épidémiologiques en classant les charcuteries en « catégorie 1 » ? Une fois lancé, il est difficile de descendre du train du mensonge. Dans cette fuite en avant, la surenchère est inévitable : plus la science progresse, plus la tromperie doit se raffiner, inventer de nouveaux leurres, trouver de nouvelles raisons pour pouvoir continuer à dire qu’« il n’y a pas assez d’information pour pouvoir émettre des recommandations nutritionnelles qui feraient nettement baisser le nombre de cancer » (1981), que les études qui accusent
les charcuteries de provoquer le cancer « ne suivent pratiquement aucun raisonnement scientifique » (1998), que les résultats de l'OMS (2015) « défient le bon sens » ou qu’ils « ne peuvent pas être appliqués parce qu’ils ne prennent en considération qu’un seul morceau du puzzle qu’est la santé ».
Pour les faussaires, c’est un chemin risqué, tant la triche, en se perpétuant, s’avance dangereusement vers ce qu’un jour, peut-être, il faudra commencer à appeler « crime ». Aujourd’hui, les manœuvres sont centrées sur l’Europe, car c’est là que les épidémiologistes et les cancérologues s’entêtent. À Paris, à Lyon, à Lille, à Bruxelles, à Maastricht, à Oslo, à Valence, les tacticiens du nitritage s’activent. Fausses conférences scientifiques, fausses données et opérations de communication pour semer le doute, pour embrouiller le public, pour gagner du temps, pour tromper les agences sanitaires : derrière la façade des jambons roses et des jolies knacks, l’arrière-boutique des charcuteries au nitrite est un théâtre d’ombres, plein de jongleurs de chiffres et de « médecins nutritionnistes » pour plateaux de télévision, de chercheurs sans foi ni loi, de science truquée, de fraudes et d’arbitrages impensables entre la santé et le profit.
Commenter  J’apprécie          30

Presque partout , les techniques traditionnelles de fabrication ont été remplacées par une méthode accélérée . En France , l'exemple le plus parlant concerne le célèbre jambon de Bayonne . Aujourd'hui , presque tous les jambons sont traités au nitrate de potassium ( Salpêtre ) . Mais , traditionnellement , ils n'étaient fabriqués qu'avec du sel , sans nitrate ni nitrite . Jusqu'à la fin des années 60 , les services de la répression des fraudes interdisaient même l'emploi de l'expression " véritable jambon de Bayonne " lorsque les fabricants recouraient à des additifs nitrés .
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Guillaume Coudray (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Coudray
Guillaume Coudray - Nitrites dans la charcuterie : le scandale sur C8
autres livres classés : natureVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Guillaume Coudray (1) Voir plus

Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Du bois dans les titres

Quelle nouvelle destinée à la jeunesse Jean Giono a-t-il écrite ?

L'arbre qui chante
Voyage au pays des arbres
L'homme qui plantait des arbres
Mon bel oranger

10 questions
71 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , boisCréer un quiz sur ce livre

{* *}