Marpa, maître de Milarepa : Sa vie, ses chants

Les dix signes apparurent. Jours et nuits s’écoulèrent dans la joie.
Un jour, Marpa se dit : « J’ai passé presque douze années au Népal et en Inde ; non seulement j’ai reçu bon nombre d’initiations et d’instructions orales, mais j’en ai aussi étudié le sens et les mots et les ai mises en pratique. Je n’ai donc rien à regretter et je ne ressens nul besoin de rivaliser avec autrui sur la vue et la méditation. Maintenant qu’il ne me reste que peu d’or, je vais rentrer provisoirement au Tibet pour essayer d’en acquérir le maximum. Puis, je reviendrai en Inde pour l’offrir à mes maîtres et les réjouir. Je reverrai alors avec eux tous les enseignements qu’ils m’ont donnés et recevrai ceux que je n’ai pas encore obtenus. Au Tibet, je dois absolument répandre les enseignements du Bouddha en général et, en particulier, ceux de la Lignée de la Pratique. » Il utilisa l’or qui lui restait pour réunir les provisions nécessaires et n’en garda que pour la route.

Après avoir reçu les célèbres instructions orales des quatre transmissions spéciales, les Six yogas de Naropa et le Grand Sceau qui montre que l’esprit est sagesse innée qui connaît la réalité telle qu’elle est, Marpa médita. De nombreuses réalisations et expériences spéciales relatives au mantra secret apparurent dans son esprit. Particulièrement, grâce à la pratique de l’embrasement du feu intérieur, il réalisa l’union de la félicité, de la clarté et de l’état sans pensées. Pendant sept jours, comme il ne pouvait utiliser ses trois portes, il acquit une confiance en cet état.

Après avoir invoqué, entre autres, le brahmane Sukhamati et la yogini Sukhadhari, Marpa célébra un festin d’offrandes pour remercier le grand pandit Naropa. « Mon voyage du Tibet en Inde n’a pas été vain, pensa-t-il ; j’ai rencontré maints maîtres érudits et réalisés, j’ai reçu et étudié de nombreux tantras ainsi que leurs commentaires, je suis devenu un traducteur émérite qui connaît bien la langue, des expériences et des réalisations irréversibles sont nées dans mon courant de conscience. Je suis maintenant libre de retourner au Tibet : il n’y a pas de plus beau jour que celui-ci !