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Critique de Jean-Daniel


Prix Nobel de littérature en 2010, Mario Vargas Llosa est le seul écrivain non francophone à avoir été publié de son vivant dans la Pléiade ; seuls seize écrivains francophones avaient connu cette « consécration » avant lui. Vargas Llosa s'était présenté à la présidence de la république en 1990 mais avait été battu par Alberto Fujimori, triste personnage condamné depuis pour crimes et corruption.

Le titre du roman renvoie à un des quartiers les plus animés de la capitale du Pérou, Lima. C'est dans ce quartier que Vargas Llosa a décidé de concentrer les moments clés de son roman. Qu'un prix Nobel de littérature écrive un roman policier peut étonner, il y a toutefois une dimension politique dans ce roman où apparaît Fujiromi, son vainqueur pour la présidence du Pérou.

Un énorme scandale ouvre le récit. Presse à scandale, collusion mafieuse, chantage, secrets d'alcôve sur fond de dictature, assassinats politiques, prévarications en tous genres, le roman se présente comme une comédie avec de multiples rebondissements, et où les évènements s'enchainent. Le Pérou des années 1990 était traumatisé par le terrorisme et la guerre civile, le chaos politique et social, la paranoïa que provoquait le couvre-feu et l'incertitude sur l'avenir. La dictature utilisait le journalisme de caniveau comme une forme de répression. Les gens étaient paralysés par la peur d'être traînés dans la boue par une presse à scandale qui était financée par l'Etat.

Le fond du roman est politique et cette manipulation des médias est un des piliers de l'intrigue imaginée par Vargas Llosa qui excelle à décortiquer les rouages de ce journalisme de caniveau et à faire le portrait de ses rédacteurs. L'auteur pose un regard sans complaisance sur son pays.

Au fil de ses ouvrages, Vargas Llosa a peaufiné une technique de « narrations télescopiques » et de « vases communicants », selon ses propres termes, qu'il tire de Faulkner. Ce procédé consiste à entrecroiser simultanément plusieurs conteurs et plusieurs histoires qui se déroulent en des lieux et époques différentes. Les derniers chapitres présentent cette alternance propre à Vargas Llosa, celle-ci peut dérouter les lecteurs non habités à son style d'écriture. Un très bon roman où à travers de multiples rebondissements des protagonistes de fiction croisent des personnages réels.
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