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André Velter (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070365715
448 pages
Gallimard (12/03/2009)
4.47/5   62 notes
Résumé :
Paul Éluard aimait lire les poètes. Il affirmait que la plus belle anthologie est celle que l'on compose pour soi, et il a réalisé en ce domaine l'une des plus toniques et surprenantes explorations de la poésie française à travers les siècles. En ce qui concerne son oeuvre personnelle, il a également, à pusieurs reprises, proposé des choix par lesquels il entendait suggérer un parcours allant de recueil en recueil et qui révélait à l'évidence l'unité foncière de sa ... >Voir plus
Que lire après J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1914-1951Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

" J'ai eu longtemps un visage inutile,
Mais maintenant
J'ai un visage pour être aimé
J'ai un visage pour être heureux"

Ecrit en juillet 1918, dans " Poèmes pour la paix", le texte inspire le titre de cette anthologie, constituée par Paul Eluard lui-même, le sous-titre le montrant bien:" Choix de poèmes 1914-1951". Une vue fort large donc de son oeuvre poétique .

On y lit des textes très variés mais je dirais que trois thèmes majeurs s'en dégagent : l'amour évidemment , au coeur de sa vie et de son inspiration, l'engagement politique et social, et, surtout dans la première partie de son parcours poétique, la mise en oeuvre dans ses poèmes du surréalisme, même s'il s'en éloignera ensuite.

Je n'ai pas tout aimé dans cette anthologie fournie ( 420 pages!) , certains poèmes sont trop hermétiques ou n'ont rien suscité en moi, mais comme il est intéressant d' observer l'évolution poétique de l'auteur! Et de constater que c'est la femme, Gala, Nush, Dominique et d'autres, qui relance toujours son élan de vie, son désir d'écrire...

Ce n'est qu'un conseil subjectif, mais je pense que pour découvrir Paul Eluard, c'est " Capitale de la douleur, suivi de L'amour la poésie "qu'il faut lire. Son oeuvre la plus intense, la plus aboutie, selon moi...

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Une anthologie d'Eluard par Eluard...et préfacée par André Velter!

Depuis "Je fis un feu" - un des premiers poèmes, sombre et désespéré, écrit juste après la dévastation de 14-18 - jusqu'aux strophes lumineuses de" La mort l'amour la vie", on parcourt librement les espaces légers et toujours ouverts de la poésie d'Eluard.

Une poésie jamais facile et toujours accueillante, innovante sans volontarisme, éternelle sans traditionalisme, si violemment humaine et si aérienne pourtant qu'elle s'envole, dans un grand froissement d'images inattendues..

On aime Aragon parce qu'on le comprend, qu'on le chante et qu'il s'imprime dans nos mémoires, mais on aime Eluard par ce qu'il nous surprend, chante en nous un air impossible à apprendre et ouvre à nos coeurs un espace sans mémoire, intensément vivant.

"J'ai eu longtemps un visage inutile,
Mais maintenant
J'ai un visage pour être aimé
Un visage pour être heureux"

C'est fort comme un talisman, non?

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Composer une anthologie poétique est toujours un peu à double tranchant : celui qui la compose est amené à faire des choix, et choisir c'est éliminer. Et donc prendre le risque que le lecteur, justement, attende le poème qu'on a écarté. La solution, c'est que celui qui compose l'anthologie soit le même que celui qui en est l'objet : c'est tout bonus, vous comprenez, si le lecteur ne trouve pas son poème favori, il ne peut pas s'en prendre à l'auteur ni au compositeur de l'anthologie puisque c'est le même, et de plus, si c'est un inconditionnel du poète anthologié (stop néologisme !), il acceptera les yeux fermés les choix de son idole.
Quand l'anthologiste et le poète sont la même personne, c'est donc beaucoup mieux, et quand, de surcroît, cette personne s'appelle Paul Eluard, le risque de déception disparaît tout à fait.
L'anthologie ici présentée réunit, choisis par le poète lui-même, les plus beaux poèmes de toute une vie. Autant dire que c'est ce qui se fait de mieux sur le marché. On y trouve les poèmes de jeunesse, ceux de la guerre de 14 (avec les exceptionnels "Poèmes pour la Paix"), les poèmes de l'entre-deux-guerres, de l'époque surréaliste (dont "L'Amoureuse"), ceux de la Seconde guerre mondiale (dont "liberté") et enfin ceux des dernières années. Autant de petits bijoux ciselés avec amour, sincérité, et un sens poétique inégalé : Eluard c'est une fluidité, une transparence, une fraîcheur, Eluard, c'est l'eau d'une source que l'on prend dans sa main, et qui nous abreuve de plénitude et de bonheur. Oui, même quand le poème est triste, ou révolté, il y a derrière les mots d'Eluard une plénitude, une bienveillance, une empathie, qui fait qu'on est d'accord avec lui, et d'accord avec nous-mêmes. Et pour chanter l'amour sous toutes ses formes, ce sont des mots de tous les jours qui deviennent des mots de toujours :
LESQUELS ?

Pendant qu'il est facile
Et pendant qu'elle est gaie
Allons nous habiller et nous déshabiller

Peut-on mieux décrire en si peu de mots, et avec autant de clarté, la fugitivité du temps qui passe et la nécessité de profiter à fond du temps présent ?

Autre inspiration : la guerre, l'Occupation, les années noires :

COUVRE-FEU

Que voulez-vous la porte était gardée
Que voulez-vous nous étions enfermés
Que voulez-vous la rue était barrée
Que voulez-vous la ville était matée
Que voulez-vous elle était affamée
Que voulez-vous nous étions désarmés
Que voulez-vous la nuit était tombée
Que voulez-vous nous nous sommes aimés

Deux courts poèmes sur les 280 présents dans l'anthologie. Tous plus beaux les uns que les autres...

Si vous n'avez pas les moyens de vous payer les Oeuvres complètes d'Eluard (Bibliothèque de la Pléiade, 2 volumes), cette anthologie, disponible chez tous les bons libraires, vous tend les bras.
Et moi je vous souhaite bien du plaisir.
Je n'ai même pas à vous le souhaiter, le plaisir viendra de lui même, dès les premiers mots du premier vers du premier poème...
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Indiscutablement Paul Eluard fait partie de mes poètes préférés. Le présent recueil est une grande anthologie de sa production entre 1914 et 1951, une période qui couvre presque toute sa vie. Communiste, il a écrit des textes, influencés par son orientation politique, que je trouve bien tournés. Mais ce sont surtout ses autres poésies, inspirées notamment par l'amour, qui me ravissent. Ecrites simplement dans une langue limpide, elles me semblent éloignées des outrances du surréalisme pur et dur. Elles sont imprégnées de sentiments universels et ont l'apparence d'une grande sincérité.
Comme je ne sais pas bien formuler mes impressions, je vais m'en rapporter aux phrases si justes du préfacier de ce livre: « Avec Eluard, le va-et-vient de l'instinct et de l'intelligence, du pulsionnel et du raisonné, a quelque chose d'électrique, de soudain, de très naturel également. Il possède ce don de devin, dans lequel Rimbaud voyait toute la singularité du poète mais, de ce don, il n'entend pas en faire un privilège, c'est pourquoi il n'use que de la langue commune, la langue de tous. Ce qui ne l'empêche nullement de dévoiler comme personne la magie simple des mots par ailleurs sans prestige ».
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Une anthologie de poèmes choisis par l'auteur lui-même. Forts et sincères, ses textes sont bouleversants d'émotions. Paul Eluard se met à nu sous notre regard bienveillant et compréhensif. Je vous invite sincèrement à découvrir le mouvement de ses phrases, ses inflexions et ses harmonies, qui expriment toutes la liberté et l'amour.
Un livre que je garde toujours sur ma table de chevet, un véritable manuel pour la vie.
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Larmes des yeux, les malheurs des malheureux,
Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs.
Il ne demande rien, il n’est pas insensible,
Il est triste en prison et triste s’il est libre.

Il fait un triste temps, il fait une nuit noire
À ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts
Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir
Et le roi est debout près de la reine assise.

Sourires et soupirs, des injures pourrissent
Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches

Ne prenez rien : ceci brûle, cela flambe !
Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts.

* * *

Une ombre...
Toute l'infortune du monde
Et mon amour dessus
Comme une bête nue.



Paul Eluard, (Mourir de ne pas Mourir. 1924) - p71
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J'avoue je viens de loin et j'en reste éprouvé
Il y a des moments où je renonce à tout
Sans raisons simplement parce que la fatigue
M'entraîne jusqu'au fond des brumes du passé
Et mon soleil se cache et mon ombre s'étend

Vois-tu je ne suis pas tout à fait innocent
Et malgré moi malgré colères et refus
Je représente un monde accablant corrompu
L'eau de mes jours n'a pas toujours été changée
Je n'ai pas toujours pu me soustraire à la vase

LE CHÂTEAU DES PAUVRES.
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UNE POUR TOUTES

Une ou plusieurs
L'azur couché sur l'orage
La neige sur les oiseaux
Les bruits de la peur dans les bois revêches

Une ou plusieurs
Dans les coques de glaise on a semé des corbeaux
Aux ailes fanées au bec de tremblement de terre
Ils ont cueilli les fantastiques roses rousses de l'orage

Une ou plusieurs
La collerette du soleil
L'immense fraise du soleil
Sur le goulot d'une clairière

Une ou plusieurs
Plus sensibles à leur enfance
Qu'à la pluie et au beau temps
Plus douces à connaître
Que le sommeil en pente douce
Loin de l'ennui

Une ou plusieurs
Dans des miroirs câlins
Où leur voix le matin se déchire comme un linge

Une ou plusieurs
Faites de pierre qui s'effrite
Et de plume qui s'éparpille
Faites de ronces faites de lin d'alcool d'écume
De rires de sanglots de négligences de tourments ridicules
Faites de chair et d'yeux véritables sans doute

Une ou plusieurs
Avec tous leurs défauts tous leurs mérites
Des femmes

Une ou plusieurs
Le visage ganté de lierre
Tentantes comme du pain frais
Toutes les femmes qui m'émeuvent
Parées de ce que j'ai souhaité
Parées de calme et de fraîcheur
Parées de sel d'eau de soleil
De tendresse d'audace et de mille caprices
De mille chaînes

Une ou plusieurs
Dans tous mes rêves
Une nouvelle fleur des bois
Fleur barbare aux pistils en fagot
Qui s'ouvre dans le cercle ardent de ses délires
Dans la nuit meurtrie

Une ou plusieurs

Une jeunesse à en mourir
Une jeunesse violente inquiète et saturée d'ennui
Qu'elle a partagé avec moi
Sans se soucier des autres.

p.137-138-139
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Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde,
Dans le vide des vitres lourdes de silence
Et d'ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets,
La forme de ton cœur est chimérique
Et ton amour ressemble à mon désir perdu.
O soupirs d'ambre, rêves, regards.

Mais tu n'as pas toujours été avec moi. Ma mémoire
Est encore obscurcie de t'avoir vue venir.
Et partir. Le temps se sert de mots comme l'amour.
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L'EGALITE DES SEXES

Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire
Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard
Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,
Celle des gouttes d'eau, des perles en placards,

Des pierres nues et sans squelette, ö ma statue,
Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir
Et s'il semble obéir aux puissances du soir
C'est que ta tête est close, ö statue abattue

Par mon amour et par mes ruses de sauvage,
Mon désir immobile est ton dernier soutien
Et je t'emporte sans bataille, ö mon image,
Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.
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Savez-vous quel recueil de poèmes aurait pu s'intituler « L'art d'être amoureux » ? Par l'un des plus grands poètes français…
« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
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