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EAN : 9782070300969
247 pages
Gallimard (21/04/1967)
4.15/5   99 notes
Résumé :
"La Vie immédiate", suivi de "La Rose publique", "Les Yeux fertiles" et précédé de "L'Evidence poétique".
Que lire après La Vie immédiate - L'Evidence poétique - La Rose publiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« La vie immédiate » (1932) fait partie de ces recueils mythiques (« Capitale de la douleur » - 1926, « L'Amour, la poésie » - 1929, « Les Yeux fertiles » - 1936, « Donner à voir » - 1939, pour n'en citer que quelques-uns) qui, entre les deux guerres, ont fait les grandes heures du surréalisme, et plus encore celles de Paul Eluard.
Ce recueil est suivi de « La Rose publique » (1935) et de « Les Yeux fertiles » (1936)
L'époque est surréaliste, certes. La poésie d'Eluard l'est aussi, bien évidemment. Mais elle n'est pas que cela. Eluard est un poète difficile à définir parce qu'il n'entre pas dans une case précise. Je ne vois pas d'autre qualificatif pour parler de lui que « poète ». Eluard c'est la poésie à l'état pur : il ne donne à aucun moment l'impression du « travail », de la « composition » (fût-elle du « cousu main »). Eluard est une source d'images. Son écriture est fluide, comme l'eau d'une rivière, parfois humble filet et parfois torrent, mais toujours fraîche et vivifiante.
Contrairement à d'autres, la poésie d'Eluard, bien qu'imagée et souvent mystérieuse, reste limpide, et jamais obscure :
FACILE

Tu te lèves l'eau se déplie
Tu te couches l'eau s'épanouit

Tu es l'eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s'établit

Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l'arc-en-ciel
Tu es partout tu abolis toutes les routes

Tu sacrifies le temps
A l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant

Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien

Tu es la ressemblance

Ce seul poème suffit à montrer la magie de la poésie de Paul Eluard : que des mots, mais quels mots ! de leur association naissent les images, les sensations, les émotions. Pas la peine de chercher une signification : le poème s'impose à nous il nous suffit de nous en imprégner, Et nous sommes conquis. Par la beauté de la forme, par l'appel direct à notre sensibilité (en dehors de toute contingence purement littéraire, poétique ou autre), et par le sentiment que c'est un dialogue entre êtres humains, sensibles et pleinement conscients de deux réalités : la leur propre, et celle virtuelle que fait naître cette magie qu'on appelle la poésie.

Avec Apollinaire, Aragon et quelques autres, Eluard fait partie du peloton de tête des grands poètes du XXème siècle. S'il n'est pas le plus grand (ce qui pourrait bien être), il est en tous cas le plus pur, le plus proche de l'idée même de la poésie : créer chez le lecteur (ou la lectrice) une émotion, par le biais d'images « parlantes », simples mais limpides, et l'amener ainsi à intégrer un autre univers, qui est à la fois celui de l'auteur, celui du poème, et aussi celui de celui ou celle qui lit, parce chez Eluard, il y a toujours cette étincelle d'humanité qui s'adresse à chacun de nous.
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Difficile de rendre compte d'un recueil d'Éluard. Les textes tournent ou tournoient au rythme mesuré voire démesuré d'une écriture automatique domptée au fil de la métaphore rare, de l'association qui fait mouche tant elle surprend : « la paille de l'eau » ; « un rire aveuglant » ; « oiseaux dressés comme des torrents » ; « nos yeux ferment les fenêtres ».
Éluard possède un monde verbal imaginé qui semble lui échapper et virevolte autour de lui, le vent, l'eau, les yeux des femmes, le corps des femmes, l'amour de Nusche, sons et visions ne font qu'un dans ce kaléidoscope où les femmes s'intègrent à la nature, la domine, la rend plus sublime car la femme comme l'eau ou le matin qui naît est toujours à réinventer. Les poèmes sont d'ailleurs comme les jours qui se suivent, incipits d'aurore où seule la fin est ponctuée. Poèmes courts d'une à trois lignes ou longs de quelques pages, Éluard concentre ou dilue sa vision et les mots semblent bouger avec elle. A la lecture, on se laisse plutôt imprégner bien qu'il y ait des instants que chaque lecteur retient pour lui dans ce qu'il est entrain de vivre car c'est « la vie immédiate » qui se déroule dans ce recueil justement intitulé.
Ne pouvant recopier la moitié du recueil, j'ai néanmoins retenu quelques vers :
Je t'appellerai Visuelle
Et multiplierai ton image.

ou :
Désarmée
Elle ne se connaît plus d'ennemis.

ou encore :
L'or têtu jette sa semence.

Françoise Sagan avait retenu l'un d'eux pour le titre de son premier roman : Bonjour tristesse.

Les poèmes sont autant de miniatures que le lecteur aperçoit en tableaux et ce n'est sûrement pas par hasard qu'Éluard consacre quelques hommages à ses amis peintres ou artistes « visuels » (Picasso, Dali, Man Ray…)
J'ai eu en effet, en lisant, la vision coulée que Dali peut avoir sur ses tableaux dans un monde à réinventer sans cesse.
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Je précise avant tout que ce qui suit n'est que mon humble avis et qu'il n'engage que moi, modeste amatrice de poésie (Hugo, Baudelaire, Rimbaud,...).
J' avoue que je n'ai que survolé cet ouvrage sans trouver de quoi accrocher mon regard. J' en déduis que le surréalisme, ce n'est pas pour moi. Je ne considère pas comme un poème, une association de mots ou de phrases sans lien logique.
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Recueil publié en 1932 . Il compte 45 poèmes répartis en trois parties suivant une architecture rigoureuse . La plupart de ces textes ont déjà été publiés et appartiennent à la période purement surréaliste . Suivi de la Rose Publique de 1934 et Les Yeux fertiles de 1936 .J'y retrouve avec enchantement la phrase limpide et chatoyante du poète qui éblouit par le jaillissement des images .
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Paul Éluard est de loin mon poète préféré et sa poèsie tout en musique et en nostalgie est un pur bonheur.
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
     
La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin
         ...
Au dessous des sommets
Nos yeux ferment les fenêtres
Nous ne craignons pas la paix de l’hiver
     
     
'À la fin de l’année, de jour en jour plus bas, il enfouit sa chaleur comme une graine', I & II, extraits – LES YEUX FERTILES, à Nusch, 1936.
(éd. 1973, p. 241)
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Le temps d'un éclair

Elle n'est pas là.

La femme au tablier guette la pluie aux vitres
En spectacle tous les nuages jouent au plus fin
Une fillette de peu de poids
Passée au bleu
Joue sur un canapé crevé
Le silence a des remords.

J'ai suivi les murs d'une rue très longue
Des pierres des pavés des verdures
De la terre de la neige du sable
Des ombres du soleil de l'eau
Vie apparente.

Sans oublier qu'elle était là
À promener un grand jardin
A becqueter un mûrier blanc
La neige de ses rires stérilisait la boue
Sa démarche était vierge.
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"[...]
La paupière du soleil s'abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin

Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes Tout au-delà ruiné
La jeunesse en amande se dénude et rêve
L'herbe se relève en sourdine
Sur d'innocentes nappes de petite terre

Premier dernière ardoise et craie
Fer et rouille seul à seule
Enlacés au rayon debout
Qui va comme un aveu
Écorce et source redressée
L'un à l'autre dans le présent
Toute brume chassée
Deux autour de leur ardeur
Joints par des lieues et des années

Notre ombre n'éteint pas le feu
Nous nous perpétuons."


(extrait de "À la fin de l'année, de jour en jour plus bas, il enfouit sa chaleur comme une graine" in "Les yeux fertiles", 1936) - p.241
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HOUX DOUZE ROSES

La hache la façon de tenir un verre brisé
La négation d'une fausse note les clous les fards
Le sens commun les algues les ravins l'éloge tout ou rien
La pourriture astrale et le reflet de son délire
La lune de rosée et beaucoup d'animaux gaillards
Dans cette ville disparue dans cette ville camarade
L'orage vagabond ses prunelles éclatées son feu virtuel
Le brassage des graines des germes et des cendres
Coin des Acacias masqué d'odeurs le sable fait la moue.

Lune la feuille fleur le sein et les paupière lourdes
Les longs baiser de la balafrée aux cheveu pâles
Qui m'accompagne toujours qui n'est jamais seule
Qui m'oppose le flot des non quand les oui ne pleuvent pas
Elle a pour elle sa faiblesse machinale
Les gémissements incessants de l'amour
L'introuvable gorgée d'eau vive
La décevante gorgée d'eau neuve
Elle a pour elle les premières et les dernières fumées

Légères les fourrures mortes de chaleur
Le sang des crimes qui défait les statues négatives
Elle est pâle et blessée et taciturne
Elle est d'une grande simplicité artificielle
Velours insondable vitrine éblouie
Poudre impalpable au seuil des brises du matin
Toutes les images obscures
Perdues dans l'étendue de sa chevelure diurne.
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Et dans l'unité d'un temps partagé, il eut soudain tel jour de telle année que je ne pus accepter.
Tous les autres jours, toutes les autres nuits, mais ce jour-là j'ai trop souffert.
La vie, l'amour avaient perdu leur point de fixation. Rassure-toi, ce n'est pas au profit de quoi que ce soit de durable que j'ai désespéré de notre entente. Je n'ai pas imaginé une autre vie, devant d'autres bras, dans d'autres bras.
Je n'ai pas pensé que je cesserais un jour de t'être fidèle, puisqu'à tout jamais j'avais compris ta pensée et la pensée que tu existes, que tu ne cesse d'exister qu'avec moi.
J'ai dit à des femmes que je n'aimais pas que leur existence dépendait de la tienne.
Et la vie, pourtant s'en prenait à notre amour. Et la vie sans cesse à la recherche d'un nouvel amour, pour effacer l'amour ancien, l'amour dangereux, la vie voulait changer d'amour.
Principes de la fidélité...Car les principes ne dépendent pas toujours de règles sèchement inscrites sur le bois blanc des ancêtres, mais de charmes bien vivants, de regards, d'attitudes, de paroles et des signes de la jeunesse, de la pureté, de la passion. Rien de tout cela ne s'efface.
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« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
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