Émond nous fait comprendre le sens du mot aliénation. Il nous faut revenir aux sources, dit-il, nous plonger dans ce «vieux fonds culturel canadien-français, catholique et paysan»
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Avec son nouveau recueil de chroniques et de conférences, le cinéaste humaniste Bernard Émond lance un appel à l'engagement. L'époque est sombre, mais la beauté demeure.
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On dit souvent sans trop y penser que lire, c'est se réfugier hors du monde. Je pense exactement le contraire. Lire, ce qui s'appelle vraiment lire, c'est sortir de soi pour aller à la découverte des autres et du monde. Souvent, je repense à ces professeurs qui m'ont poussé à lire... Ces professeures, ces lectures, ont fait sortir de lui-même un petit garçon aux horizons limités qui venait d'une famille où on ne lisait pas. Grâce à eux, le monde est devenu pour moi plus vaste. p. 86
Comme celle des vieux Inuits et des aînés de nos campagnes, la nostalgie que nous éprouvons d’un lieu et d’une époque mythiques est le signe d’un manque réel. La solidarité familiale et sociale nous manque; la dignité du travail nous manque; le lien avec la nature nous manque; le sentiment d’une histoire commune et de valeurs partagées nous manque. Nous aurions tort de rejeter ces sentiments comme passéistes : dans la conscience de ce manque et de ces pertes, il me semble y avoir la possibilité de regagner une partie de ce que nous avons perdu. Le retour en arrière n’est ni possible ni souhaitable. Mais s’il se trouvait, dans notre passé, des choses qui pourraient nous servir à sortir du présent clos qui nous enserre, nous aurions tort de ne pas y avoir recours.
Quand on marche, il se passe deux choses : d’abord, le monde se met à exister, et on voit ce qu’on ne voyait pas; ensuite on fait prendre l’air à notre cerveau, et il arrive qu’on se mette à penser à ce qu’on ne pensait pas avant.
Quand on marche, on crée, avec une grande liberté, des liens nouveaux entre les choses et les gens. On fait exister le monde.
Il y avait bien longtemps que je n'étais entré dans une église et je ne m'attendais pas au choc que j'ai ressenti je jour-là. J'ai eu l'impression de rentrer chez moi, tout non-croyant que j'étais. La basilique, dans sa grandeur comme dans son kitsch, me rappelait la foi de mon enfance et de mes ancêtres: voilà d'où je venais, voilà ce qui m'avait fait. ... Voilà les rituels de ma tribu. p. 71
... je suis un catholique culturel. Cela ne fait pas de moi un croyant, à tout le moins au sens strict, mais plutôt quelqu'un qui reconnaît une dette et qui chérit un héritage. p. 72
Entrevue avec Bernard Émond, réalisateur du long métrage « Tout ce que tu possèdes », mettant en vedette Patrick Drolet.