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Critique de mercutio


Malins ces stoïciens, avec leur dichotomie "ce qui dépend de nous (notre volonté) et ce qui n'en dépend pas".
Appliquer sa raison à ce qui dépend de nous parce que c'est là que se trouvent le bien et le mal (pour soi) afin d'agir, selon certains critères, dans le sens de notre liberté et notre bonheur, ça reste une bonne règle de vie. En revanche, être indifférent à tout le reste, ça ressemble fort à une fausse bonne idée: d'abord ce n'est ni naturel ni facile pour l'être humain car émotions et sentiments s'y opposent farouchement- il faut donc que l'effort en vaille la peine; ensuite c'est dommage parce que ces émotions et sentiments, c'est aussi le sel de la vie et accessoirement, ça peut être utile.
Ce qui me fait douter que ça en vaille vraiment la peine, c'est que les fondements de cette morale, notamment la cosmogonie "Conduis-moi, Zeus, et toi, Destinée, au lieu où j'ai été placé par vous" et les prénotions du genre "Qui d'entre nous n'admet que le bien est chose utile, souhaitable à rechercher et à poursuivre en toute circonstance? Qui n'admet que la justice est chose belle et convenable?" m'apparaissent quelque peu branlants. A minima, ils mériteraient d'être actualisés et mieux définis.
En l'état, pour rester dans la dichotomie et sans éviter une certaine trivialité, je trouve qu'il y a, dans cette morale stoïcienne, à boire (sans alcool) et à manger (sans sel) mais je conviens que tout cela présente une certaine cohérence et mériterait, de ma part, plus de réflexion et des connaissances plus étendues de ces sujets.

Ceci étant dit, la lecture des "Entretiens" d'Epictète, recueil des enseignements du maître stoïcien, rédigés par son disciple Arrien au 1er siècle ap JC (seuls 4 livres sur 8 nous sont parvenus) est plutôt stimulante et agréable.
On suit aisément l'enseignant philosophe dans ses pérégrinations (essentiellement consacrée à la morale) car il privilégie l'aspect pratique à la théorie à travers des exemples et situations extraits de la vie courante, de la mythologie ou de l'histoire, n'hésitant pas, en bon pédagogue, à revenir sur un même thème qui lui paraît important. Je dois dire que sa logique m'a quelquefois laissé perplexe mais je n'exclus pas absolument que mes neurones soient en cause.
L'interactivité avec des disciples anonymes est de pure forme. Il s'agit pour l'artiste de rompre ce que pourrait avoir de rébarbatif un exposé ininterrompu et surtout d'illustrer l'immense écart de sagesse entre le discipline benêt (ou uniquement intéressé à briller dans les salons, ce qui revient au même) et le philosophe maîtrisant son art. Cette mise en scène sert avec une certaine efficacité les diatribes inspirées de l'orateur dans lesquelles ironie et provocation ne sont pas absentes.

Merci l'artiste! j'ai bien aimé cette conversation en tête à tête bien qu'étant un peu chagrin que seul le rôle du benêt soit resté disponible. Je reconnais néanmoins sans effort qu'il n'y a pas que vingt siècles ni ta démarche claudicante qui nous séparent.
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