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Citations sur Gentlemen (16)

Une pluie mélancolique, presque un peu tragique, tombait sur la ville. On aurait dit un tâtonnement prudent, distrait, comme si un pianiste aux mains géantes s'essayait sur le zinc des toits.
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Il tira sur sa cigarette et écouta plus fort. On aurait dit que le saxophoniste avait répété avec un coussin d'embouchure, il avait une pression particulièrement explosive qui s'enfonçait dans la moelle de l'auditeur et s'y accrochait en vibrant. La batterie s'empara du sax, la contrebasse suivit, pendant que la guitare se promenait à côté avec un clappement sec. La grande ville, hurlante et vrombissante, était là toute entière dans les coups que le batteur enfonçait dans son tom basse. La grande ville, ses immeubles en brique et son grabuge, ses candidats au suicide dans chaque embrasure de fenêtre ; les rues brûlantes, vibrantes, tremblantes, minées, leurs poubelles, leurs mégots, leurs enseignes lumineuses, leurs voitures, leurs visages reflétant le rouge des néons ; toute la plainte était là dans les riffs qui s'enchaînaient de plus en plus serré jusqu'à un tempo insoutenable, à la limite de l'endurance physique, où tout éclatait enfin dans la fraîcheur lyrique d'une grâce qui ne demandait pas la beauté, qui exigeait la beauté. Le public tremblait. La présence du divin était palpable en cet instant – bien réelle quoique fuyante, transitoire, fragile.
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Quand l'irréalité entre en scène, soit on devient paranoïaque, soit on mobilise toutes ses ressources mentales et physiques pour faire face, de son mieux.
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Birger avait, naturellement aussi, concocté un poème en hommage à cette illustre occasion, et dès qu'il se trouva assez gris il tapota son verre. Chacun entreprit de faire taire son voisin afin d'obtenir quelque chose qui devait figurer le silence et l'attention.
« Ché compoché ché quelques vers en l'honneur de l'oie et du cuichinier…
- Allons-y !
-Chilenche… Che lis librement – de mémoire.
Qu'importent les mots du poète/ quand l'oie chur la table s'apprête... »
La suite, je l'avoue, m'est sortie de la tête car nous n'étions plus très fiables à ce stade, ni les uns ni les autres. Le vin, la chaleur et la nourriture m'avaient engourdi et je n'arrivais plus trop à suivre. Birger s'excusa en tout cas – je crois pouvoir l'affirmer- de la misérable pauvreté des mots face à une table somptueuse dressée en l'honneur de la fête de l'oie, et quelqu'un fit remarquer que ses rimes étaient les mêmes d'année en année et que d'ailleurs il les avaient piquées au grand chanteur Povel Ramel.
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Nous arrivâmes enfin dans la bibliothèque, imprégnée d'une infâme odeur de transpiration, de café et de cigarette. Maud passa devant la table de travail ployant sous le fardeau de mon magnum opus et écarta les lourdes tentures de velours bordeaux qui puaient le tabac froid. La lumière transperça la pièce, rebondissant contre les milliers de volume précieux. Maud ouvrit une fenêtre pour aérer. Une légère brise estivale s'engouffra dans la bibliothèque et s'empara de mes six cents pages en les faisant vibrer.
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Les Danois et les Norvégiens avaient eu Hitler sur les bras, les Finlandais avaient les Russes dans le dos et les Suédois avaient l'air triste quelle que soit la situation. Quelqu'un a dû faire du mal à votre peuple autrefois, disait Mrs Dolan. C'est pour ça que vous avez tous l'air si mélancolique.
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L'année 1963 peut être décrite comme celle où la corporation des coiffeurs subit une crise mondiale dont elle ne s'est pas encore tout à fait relevée.
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Henri avait poussé des charrettes, combattu l'épée au poing et fréquenté des bars clandestins dans des films historiques. Il avait patienté dans des files de chômeurs, pris le bus et agité la main sur un quai de gare dans des films modernes.
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Les musées, c'est notre passé vidé de son sang, l'exposition de traces de vie, une sorte de conscience capturée dans des vitrines scellées reliées à des systèmes d'alarme.
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Les chambres de garçons tendent à devenir assez esquintées avec les années, comme les garçons eux-mêmes.
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