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Citations sur Lettres à son frère Théo (227)

17 septembre 1888
Si on étudie l'art japonais, alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent, qui passe son temps à quoi ? à étudier la distance de la terre à la lune ? non, à étudier la politique de Bismarck ? non, il étudie un seul brin d'herbe.
Mais ce brin d'herbe lui porte à dessiner toutes les plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages, enfin les animaux, puis la figure humaine. Il passe ainsi sa vie et la vie est trop courte à faire le tout.
(...) J'envie aux japonais l'extrême netteté qu'ont toutes choses chez eux. Jamais cela n'est ennuyeux et jamais cela paraît fait trop à la hâte. Leur travail est aussi simple que de respirer et ils font une figure en quelques traits sûrs avec la même aisance comme si c'était aussi simple que de boutonner son gilet.
(p 226 édition Grasset 1972)
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J'éprouve une passion irrésistible pour les livres
et un besoin constant de cultiver mon esprit, d'étudier,
qui m'est aussi vital que le pain.

Cette voie, il faut que je continue à la suivre.
Si je m'arrêtais d'agir, d'étudier, de chercher, alors,
malheur à moi, je serais perdu.
C'est ainsi que je vois les choses, avancer, avancer toujours,
quoi qu'il advienne.
Je serais très heureux si tu ne me voyais point tout simplement
comme une sorte de fainéant.
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Un oiseau en cage au printemps sait fortement bien qu'il y a quelque chose à quoi il serait bon, il sent fortement bien qu'il y a quelque chose à faire, mais il ne peut le faire, qu'est-ce que c'est ? Il ne se le rappelle pas bien, puis il a des idées vagues, et se dit "les autres font leurs nids et font leurs petits et élèvent la couvée", puis il se cogne le crâne contre les barreaux de la cage. Et puis la cage reste là et l'oiseau est fou de douleur.
"Voilà un fainéant", dit un autre oiseau qui passe, celui-là c'est une espèce de rentier. Pourtant le prisonnier vit et ne meurt pas, rien ne transparaît en dehors de ce qui se passe en dedans, il se porte bien, il est plus ou moins gai au rayon de soleil. Mais vient la saison des migrations. Accès de mélancolie, -mais disent les enfants qui le soignent dans sa cage, il a pourtant tout ce qu'il lui faut - mais lui de regarder au-dehors le ciel gonflé, chargé d'orage, et de sentir la révolte contre la fatalité en dedans de soi. "Je suis en cage, je suis en cage, et il ne me manque rien, imbéciles ! J'ai tout ce qu'il me faut, moi ! Ah, de grâce, la liberté, être un oiseau comme les autres oiseaux !"
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Au lieu donc de me laisser aller au désespoir, j'ai pris le parti de mélancolie active pour autant que j'avais la puissance d'activité, ou en d'autres termes j'ai préféré la mélancolie qui espère et qui aspire et qui cherche à celle qui, morne et stagnante, désespère.
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J'ai pris vraiment goût à la vie, et je suis très heureux d'aimer. Ma vie et mon amour ne font qu'un. "Mais, m'objecteras-tu, tu te trouves devant un ''jamais, non, jamais'' [de la cousine K.]. A quoi je réponds : old boy, provisoirement, je considère ce "jamais, non, jamais" comme un glaçon que je serre sur mon cœur pour le faire dégeler.
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Des gens comme moi ne devraient pas être malades.
Il faut comprendre comment je considère l'art. Pour arriver à la vérité, il faut travailler longtemps et beaucoup.
Ce que je veux et ce à quoi je vise est bigrement difficile, et pourtant je ne crois pas viser trop haut.
Je veux faire des dessins qui frappent certaines gens.
Sorrow est un petit début, il est possible qu'un petit paysage comme la Laan van Merdervoort, les prairies de Rijswijk, le séchoir de limandes, sont aussi un petit début.
Au moins contiennent-ils directement quelque chose de mon propre cœur.
Soit dans la figure, soit dans le paysage, je voudrais exprimer non pas quelque chose de sentimentalement mélancolique, mais une profonde douleur.
Somme toute, je veux arriver au point qu'on dise de mon œuvre : cet homme sent profondément et cet homme sent délicatement. Malgré ma soi-disant grossièreté, comprends-tu, ou précisément à cause d'elle.
Que suis-je aux yeux de la plupart - une nullité ou un homme excentrique ou désagréable - quelqu'un qui n'a pas de situation dans la société ou qui n'en aura pas, enfin un peu moins que rien.
Bon, suppose qu'il en soit exactement ainsi, alors je voudrais montrer par mon œuvre ce qu'il y a dans le cœur d'un tel excentrique, d'une telle nullité.
C'est mon ambition qui est moins fondée sur la rancœur que sur l'amour « malgré tout », plus fondé sur un sentiment de sérénité que sur la passion. Encore que je sois souvent dans la misère, il y a pourtant en moi une harmonie et une musique calme et pure. Dans la plus pauvre maisonnette, dans le plus sordide petit coin, je vois des tableaux ou des dessins. Et mon esprit va dans cette direction par une poussée irrésistible.
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30 octobre 1877

[...] En vérité, la vie est une lutte, il faut se défendre et combattre et, d'un esprit enjoué et allègre, forger des projets et faire des calculs pour aller en avant.
Au fur et à mesure qu'on avance dans la vie, on se rend compte que la lutte ne devient pas plus facile mais que, malgré les difficultés auxquelles on se heurte ou à cause d'elles une force intrinsèque se développe dans notre cœur, qui se purifie dans la lutte pour la vie. On grandit dans la tempête.
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19 décembre 1885

Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales, si majestueuse et si imposantes soient-elles - l'âme d'un être humain - même les yeux d'un pitoyable gueux ou d'une fille du trottoir sont plus intéressants selon moi.
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plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens
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Continue tes promenades et nourris en toi l'amour de la nature, c'est la meilleure manière d'apprendre tout ce qu'il faut savoir de l'essence de l'art.
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