L'histoire des Bourguignons, de Philippe le Hardi à Philippe le Beau, dans une somme fort bien documentée. Cela se lit comme un passionnant roman d'aventures, mais pour ne pas se perdre dans la masse d'informations que contiennent ces 600 pages de lecture, il vaut mieux prendre quelques notes…
Bart van Loo est un écrivain et conférencier belge. Né en Flandre, sa langue maternelle est le néerlandais mais il a étudié la philologie romane à l'université d'Anvers pour ensuite enseigner le français comme langue étrangère. C'est un francophile, marié à une Bourguignonne.
L'auteur n'est donc pas un historien professionnel, mais la très abondante bibliographie qu'il inclut à la fin de son ouvrage pourrait le laisser croire ! Ma culture en matière d'histoire est lamentablement insignifiante, je ne me risquerai pas à porter le moindre jugement sur la qualité historique du travail de Bart van Loo. Je me contenterai de rapporter le succès énorme que ce livre à connu dès sa sortie. Sa traduction française a été épuisée quelques semaines après sa parution, menant rapidement à une réimpression. Il faut dire que le charisme de l'auteur a titillé la curiosité de beaucoup de lecteurs, moi y compris, les poussant irrésistiblement à entamer la lecture de ce gros livre.
Le premier chapitre est assez court; il plante le décor en couvrant la période allant de 406 à 1369. le coeur du sujet commence au chapitre 2 avec le mariage de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avec Marguerite de Mâle, fille du comte de Flandre, le 19 juin 1369, à Gand. Il se termine au chapitre 5 avec le mariage d'un autre Philippe, Philippe le Beau, avec Jeanne la Folle, reine de Castille et d'
Aragon. Entre ces deux alliances, on voit les duchés et comtés rivaliser ou s'associer pour dessiner petit-à-petit les frontières d'une grande partie de l'Europe.
Bart van Loo rapporte ces jeux politiques comme un thriller passionnant, mais les aspects culturels et artistiques ne sont pas absents; une vingtaine de pages de reproductions d'oeuvres d'art de l'époque sont d'ailleurs encartées dans le volume.
L'épilogue d'une trentaine de pages est consacré à Charles Quint, « le dernier Bourguignon ». Il est suivi de volumineuses annexes reprenant des notes, une chronologies, des arbres généalogiques et des cartes, une bibliographie et un index.
Je vois que certains lecteurs se sont plaints de la qualité de la traduction (deux traducteurs se sont réparti les parties de chapitres), mais personnellement, je n'ai pas perçu ce désagrément de lecture. le style dynamique m'a porté sans me lasser jusqu'à la fin de l'ouvrage. Néanmoins, j'avoue que j'ai dû souvent me rapporter aux arbres généalogiques pour ne pas me perdre dans ma lecture (mais pourquoi y'a-t-il si peu de prénoms différents pour tous ces monarques !). de ce point de vue, j'aurais également apprécié davantage de cartes montrant clairement les évolutions des alliances. Je dirais qu'il s'agit d'un livre que j'ai pris plaisir à lire mais que je n'aurais pas aimé avoir comme support d'un cours que j'aurais dû étudier (au contraire du remarquable «
Istanbul » de
Bettany Hughes que j'avais commenté ici en décembre 2019). Pour qu'il m'en reste davantage, il aurait fallu que je prenne quelques notes de synthèse, ce que je n'ai pas fait, mais que je ferais à coup sûr lors d'une prochaine relecture.
Malgré ce bémol, je vous recommande la lecture de ce bel ouvrage consacré à cette passionnante période de l'histoire de nos régions. Je mentionnerai aussi
Bart van Loo a rédigé quelques suppléments « touristiques » pour le journal «
Le Soir », où il invite les lecteurs à découvrir des traces des Bourguignons dans quelques villes et villages de Belgique; trois séries sont parues en décembre 2020, trois autres sont en cours de parution pour l'instant.