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Critique de Ys


Des jardins, on loue surtout les anglais, ibénis par la grâce des dieux de la pluie. Pourtant, c'est en Allemagne que cette Anglaise a trouvé le sien, un peu par hasard. Cinq années de mariage, cinq années de ville, étouffantes, comme gâchées, et au détour d'une visite, la découverte de cette vieille demeure de campagne où personne ne songeait plus à aller. Elizabeth adopte les lieux aussitôt, elle va en faire son nid, son refuge, sa passion, bien loin des contraintes assommantes de la vie sociale et des mondanités. A son jardin, elle se consacre toute entière, avec un enthousiasme jamais entamé malgré les revers de fortune : les rosiers qui dépérissent, les semis qui ne prennent pas, les sécheresses prolongées, le gel mordant de l'hiver, les jardiniers incompétents... sans compter les visiteurs importuns et l'incompréhension de son époux, un comte allemand aussi rigide qu'hermétique aux excentricités de Madame.
Car, bien entendu, une femme qui préfère ses plantations aux potins des salons ne peut être qu'une grande excentrique !

Conté au fil des mois à la manière d'un journal, c'est un petit texte délicieux que ce Jardin allemand. Une ode aux plaisirs simples de la solitude, aux beautés de la nature, mais aussi une chronique pleine d'esprit, qui égratigne sans pitié les maris imbus de leur sagesse, les mondains assommants, les amis envahissants... et, ma foi, la quasi totalité de l'humaine engeance. Elle n'épargne à peu près personne, Elizabeth - pas même elle-même, au fond, sous ses airs de supériorité désinvolte -, et si ses goûts la tournent vers d'autres plaisirs, plus simples, son ton n'est pas sans me rappeler parfois celui De Wilde. Elle en a l'égocentrisme assumé, le mordant raffiné, le badinage faussement frivole, le goût des aphorismes bien tournés, le sens aigu de la beauté, aussi.
Une petite bulle de pur bonheur à savourer au jardin... avant de filer à la jardinerie la plus proche pour rafraîchir de toute urgence vos pots ou plates-bandes. (Je mets au défi l'amateur de jardinage d'y résister !)

Appréciable bonus dans l'édition 10/18 : un intéressant petit texte introductif de Forster, qui en 1905 passa quelques mois chez la comtesse Von Arnim comme répétiteur d'anglais, et quelques photos pour achever de planter le décor.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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