AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

François Dupuigrenet Desroussilles (Traducteur)
EAN : 9782264023308
126 pages
10-18 (12/09/1999)
3.93/5   45 notes
Résumé :
Après le succès d'Elizabeth et son jardin allemand, L'Eté solitaire, paru en 1899, est la poursuite du journal d'Elizabeth et la chronique d'un été à la campagne.
Trois ans après son installation à Nassenheide, la jeune comtesse a été rejointe par son mari, "l'Homme de colère", qui s'est pris de passion pour l'agriculture. "La séduction de ce livre tient sans doute d'abord au fait que ce roman si anglais dans le ton nous entraîne dans un univers qui ne l'est ... >Voir plus
Que lire après L'été solitaireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 45 notes
5
8 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis
C'est un petit moment suspendu que ce roman, d'une auteure anglaise devenue comtesse prussienne une fois mariée. En cet été de fin de 19ème siècle, pour une fois, elle aimerait être seule - c'est à dire avec son mari, ses enfants, ses domestiques et jardiniers, mais sans visites ni réceptions mondaines : juste elle et son jardin, son magnifique éden, havre de paix où elle s'adonne à la contemplation et à la lecture et donc, est heureuse. Consciente qu'elle passe alors pour une originale, c'est en lisant Thoreau qu'elle nous explique cette lubie. Elle le lit naturellement près de l'étang, là où le seigle chatouille le ciel et où les azalées éclaboussent le paysage de leurs jolies couleurs, « tandis que d'innombrables grenouilles lancent tout autour leurs croassements d'amour ». Joli clin d'oeil à ce passage de Walden que j'aime tant !


Elle lève ensuite le voile sur ses autres auteurs préférés : Elle a pour chacun d'eux une heure de lecture de prédilection ainsi qu'un coin du jardin attribué. On y croise Goethe, bien sûr, ou encore Jane Austen, avec qui l'auteure a en commun le recul un peu ironique avec lequel elle regarde la société et les moeurs de son temps. Comtesse, elle ne peut malgré tout s'affranchir éternellement de certaines obligations telles qu'accueillir un régiment, ou veiller sur les « petites gens » du village. Ces occupations donnent lieu à des réflexions intéressantes (datées pour certaines, édifiantes parfois, extrêmement modernes pour d'autres), nous familiarisant avec le contexte. L'auteure est avant-gardiste pour l'époque, elle qui voudrait pouvoir exercer un métier : celui de jardinier pour savoir faire fructifier tout ce que la nature a de merveilleux à nous offrir ; ou encore gardienne d'oies, pour la contempler à loisir.


Faisant fi, jusqu'aux limites de sa bonne conscience et de ses devoirs, des conventions sociales qui lui assignent un rôle trop étriqué pour elle, la comtesse nous initie à la contemplation comme inspiration à l'émerveillement face aux beautés et aux joies simples de Dame Nature, à la sagesse d'une vie plus épurée à l'extérieur mais plus riche à l'intérieur pour retrouver du sens, à une forme de méditation aussi, de retour vers soi loin du paraître mondain, pour se retrouver sans fard face à soi-même, juste pieds nus dans la rosée (sacrilège, si les gens la voyaient il la feraient interner à coup sûr), en savourant les apprentissages de ses livres préférés. Heureusement, ses « bébés d'avril », de mai et de juin sont de délicieuses poupées pleines de vie, et celui qu'elle nomme l'Homme de colère montre une bienveillance amusée à l'égard de ses « caprices » féminins.


Peut-être porte-t-il mieux son nom dans les autres opus que je n'ai pas encore lus : L'auteur, Mary Beauchamp, a en effet écrit d'autres faux journaux intimes comme celui-ci, toujours signés par son double fictionnel, Elizabeth von Arnim. Elle offre ici le décalage charmant de son regard anglais sur sa société d'adoption allemande : 160 pages comme une bouffée d'air frais et humide de printemps, porté par une plume d'époque soignée et bien tournée. Une pause rafraîchissante !
Commenter  J’apprécie          6017
Délicieusement désuet, ce petit roman nous emmène dans le quotidien d'une anglaise mariée à un aristocrate allemand au tout début du 20ème siècle. Cet été solitaire, pour elle, ce n'est pas se retrouver réellement seule à la campagne, c'est arrêter la vie mondaine et profiter de ses livres et de son jardin. Mode de vie d'une autre époque et d'un milieu qui n'existe plus guère, ce livre est une merveille de délicatesse, décrivant avec une grande justesse le temps qui s'écoule, les plaisirs de la lecture mêlés à ceux du jardin que l'on essaie de (faire) mettre en forme, qui change selon la lumière, le temps qu'il fait, tout comme l'humeur d'Elizabeth.
Une écriture simple, qui coule, et nous tient de la première à la dernière page. Si le milieu dans lequel évolue l'auteur n'existe plus beaucoup, son écriture n'a pas pris une ride et ce qu'elle essaie de nous faire ressentir est intemporel. Un très beau livre à déguster au jardin sur une chaise longue.

Lien : http://allectures.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          500
Elizabeth von Arnim que je découvre grâce au challenge Solidaire de Babelio, nous fait partager sa passion pour son jardin, lieu privilégié pour la lecture. La romancière anglaise nous emmène en Allemagne sans doute parce qu'elle y a vécu. "L'été solitaire" est son journal qui commence très bien avec la volonté exprimée d'une femme indépendante, de rester l'été dans sa demeure bourgeoise pour s'occuper de son jardin qu'elle décrit avec amour.

Je me suis rendue compte qu'il s'agissait de la suite d'"Elizabeth et son jardin allemand" que je n'ai pas lu. Cela ne m'a pas gênée en dehors du fait que son mari est appelé l'homme de colère et que cela est sans doute expliqué dans le livre précédent.
Peu importe, on comprend assez vite que le couple s'est installé à la campagne avec leurs trois petites filles appelées bébé d'avril, bébé de mai, bébé de juin. La situation qui était provisoire se prolonge dans le bonheur et la nature.

J'ai un peu surestimé son intention que j'ai confondue dans un premier temps avec une revendication comme dans "Un lieu à soi" de Virginia Woolf. Pour Elizabeth, passer l'été dans la solitude équivaut plutôt à rester loin des mondanités de son milieu mais pas de sa famille ni de ses domestiques et encore moins de ses livres.
D'ailleurs, en septembre, quand les grandes manoeuvres sont organisées dans la région, l'obligation d'héberger de viriles militaires allemands ne la fait pas dévier de son amour pour son jardin. On n'avait pas besoin de cet évènement pour être convaincu. Il faut dire que ce jardin semble très beau dans son désordre volontaire, contrairement aux jardins anglais au cordeau.

J'ai apprécié les discussions qu'elle a avec son mari a qui elle montre que les stéréotypes sur les femmes sont faux, par exemple l'idée qu'elles sont rarement honnêtes (on est à la fin du XIXème siècle). Elle réussit toujours à le convaincre avec douceur y compris quand elle lui affirme qu'elle ne s'ennuie pas dans la nature et qu'elle a passé l'été le plus heureux de sa vie dans ces conditions.


Challenge Plumes féminines 2022
Challenge Solidaire 2022
Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
Commenter  J’apprécie          250
Une lecture suspendue hors du temps comme cet été solitaire c'est à dire en fait à la campagne et sans mondanités. La vision des loisirs et du travail de la narratrice m'a paru très proche de celle de Montaigne, et en fait de l'Antiquité : le travail (negotium) est pour elle ce qui empêche l'oisiveté (otium) conçue comme pensée, réflexion, lecture, … elle plaint les gens obligés de travailler… Elle lit et aime Thoreau, refuse les contraintes que ne justifient que le désir de paraître, elle est très ancrée dans la vie de l'instant présent. Un mélange d'éléments de modernité de pensée et de mode de vie aristocratique, un univers hors du temps, avec quelques incursions dans une pensée encore plus ancienne ! J'ai beaucoup aimé sa vision du jardinage, sa description des jardins anglais correspond à ce que l'on appelle maintenant jardin à la française,et sa vision du jardin idéal correspond en tous points à ce que l'on appelle maintenant jardin à l'anglaise. L'écriture est simple, elle coule, ce que l'auteur essaie de nous faire ressentir est intemporel, ce qui explique que le texte se lise encore facilement de nos jours. Une découverte pour moi, qui me donne envie de lire d'autres livres d'Elizabeth von Arnim.
Commenter  J’apprécie          220
Une ambiance surannée dans ce roman très stylé paru pour la première fois en 1899.

Un été bucolique à la campagne, dans un jardin en Poméranie, en d'autres temps.

« A l'exception des esprits farfelus, nul ne songe à remettre en cause la primauté de la rose ».
Il se dégage de ce roman des effluves de roses en effet, d'une délicate féminité.

Le journal d'une châtelaine anglaise mariée à un aristocrate allemand, une échappée littéraire délicieuse au charme contemplatif pour nous faire apprécier les beautés de la nature, jardins sauvages, collines et forêts.
Une évasion introspective.

«Il m'est arrivée de passer un après-midi délicieux dans un petit paradis anglais (…) mais je suis revenue avec bonheur à mon cher jardin échevelé (…) ce jardin qui doit tant à la nature et si peu à l'art du jardinier. (…)
Que voulez-vous ? La nature est ennemie de l'ordre, et c'est elle qui doit avoir le dernier mot ».

Elisabeth a de l'esprit et du style. Tranquillité, optimisme, littérature et poésie se baladent au fil des pages.
« Quelle bénédiction d'aimer les livres ! Tout le monde doit aimer quelque chose, et je ne connais aucun objet digne d'être autant aimé qu'un livre et un jardin ».

Une jeune femme érudite au caractère émancipé, spirituelle et drôle, décidée à profiter de l'été sereinement, sans les obligations imposées par la vie en société.
Elle n'omet pas néanmoins de veiller en temps utiles sur ses domestiques, usant de bonté et de charité ; et fidèle à ses devoirs, les instants solitaires cessent un temps.
« Comme la plupart des gens, même s'ils ne l'avouent pas, j'ai la philanthropie intermittente ».
Elisabeth a « la bosse de la bienveillance » et sa conscience qui la laisse au repos par beau temps, l'invite lors « d'un ciel gris et d'un vent froid » à se rendre auprès des villageois.

Solitude et mystère émanent de ces prairies, bois de sapins, champs de coquelicots, jardins de fleurs, multitude de pousses vertes, grises, couvertes de rosée qui brillent et flamboient au soleil.

*
Je me suis laissée emporter dans ses bruyères et champs de fleurs sous le soleil d'août, quelques instants tranquilles de rêves éveillés, de douces émotions.
*
« La verve d'une Jane Austen ».
*
Une découverte grâce à la critique d'Onee-Chan « LabiblidOnee » merci !
Commenter  J’apprécie          154

Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
- Hier soir, après dîner, nous étions au jardin lorsque j'ai déclaré à brûle-pourpoint que j'entendais rester seule durant tout l'été afin de boire la vie jusqu'à la lie : «Je veux rester aussi oisive que possible, pour laisser mon âme se développer tout à loisir. Personne ne sera invité à me tenir compagnie, et si d'aventure un visiteur se présente, on lui répondra que je suis sortie, en voyage, ou bien souffrante. Je serai au jardin, dans la plaine, au cœur des forêts. J'observerai tout ce qui se passe dans mon jardin, et chercherai à comprendre mes erreurs. Les jours de pluie, je m'enfoncerai au plus profond des bois, là où les aiguilles de pin sont toujours sèches; quand le soleil brillera, je m'allongerai dans la bruyère et observerai le flamboiement des genêts contre les nuages. Mon bonheur sera constant puisque personne ne sera là pour le troubler. Dans la plaine, le silence règne sans partage, et les lieux de silence, je l'ai découvert, sont aussi des lieux de paix.
Commenter  J’apprécie          32
Ne serait-ce pas délicieux, ne serait-ce pas merveilleux, un été de solitude ? Pendant des semaines, quel bonheur de se réveiller en sachant qu'on est à soi, rien qu'à soi et à personne d'autre?
Commenter  J’apprécie          180
Bien sûr, certains titres ( livres) ne méritent pas mieux que les bibliothèques du salon, mais d'autres traversent avec moi l'hiver comme l'été et perdent bientôt leurs brillants habits pour prendre l'allure de vieux amis en vêtements de tous les jours.
Commenter  J’apprécie          110
Imaginez un jardin parfait, un jardin du pays des jardins, l'Angleterre. [...] Les plates bandes sont tirées au cordeau, et le gazon si luisant qu'on a peur d'y poser le bout du pied. Eh bien, mes frères en solitude et moi ne pourrions jamais nous y sentir à l'aise car nous nous sentirions sans cesse épiés. Dans la jungle de mon jardin allemand, plein de sentiers et de taillis, je suis sûre que nul ne peut me voir.
Commenter  J’apprécie          40
Pas un mot déplacé, pas une manifestation d'égoïsme, rien qui ne ternisse la pureté miraculeuse de l'univers que dieu nous a donné.
Si l'on croyait aux anges, il faudrait aussi croire qu'ils nous aiment surtout quand nous sommes endormis et ne pouvons nous faire du mal. Quel soulagement de penser que toutes les vingt-quatre heures nous sommes trop las pour nous montrer désagréables !
Derrière les portes closes les lumières sont éteintes, les mauvaises langues au repos. Persécutés, persécuteurs, heureux ou malheureux, maitres, esclaves, accusés ou juges, nous redevenons tous des enfants sans défense, recrus de fatigue et silencieux.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Elizabeth von Arnim (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elizabeth von Arnim
La chronique de Gérard Collard - Elizabeth et son jardin allemand
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11105 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..