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EAN : 9782352876304
440 pages
Archipoche (14/05/2014)
4.31/5   31 notes
Résumé :
Orpheline de mère, Jennifer a passé les trente-trois premières années de sa vie à s’occuper de son père. Quand celui-ci se remarie, elle vit ses premiers instants de liberté et de bonheur innocent.
Tandis qu’il part en lune de miel, elle loue un petit cottage pittoresque dans la campagne et se prépare à vivre de l’héritage modeste laissé par sa mère, cultivant son jardin.
Cependant, toutes sortes de complications se font jour, à commencer par la person... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une promesse faite à sa mère mourante, ça doit se respecter non ? Mais jusqu'à quand, toute sa vie ? Jennifer a déjà trente-trois ans et depuis douze ans elle prend soin de son père vu qu'elle a promis qu'elle ne l'abandonnerait jamais. Seulement, subitement, sans prévenir personne, voilà que Père s'est remarié et qu'il ramène sa nouvelle femme Netta (soit dit en passant bien plus jeune que sa fille) pour prendre le thé avant de vite partir en lune de miel.
Jennifer y voit enfin le bout de son engagement, et ce avec un indicible plaisir. Netta va miraculeusement pouvoir prendre le relais sans que Jen ait l'impression de faillir à sa promesse.
Mais alors que Père pense qu'il doit rassurer sa fille qu'elle peut rester vivre avec eux, il est abasourdi de l'entendre dire qu'elle désire partir, en fait qu'elle brûle d'envie d'être libre, trop heureuse de se débarrasser de sa tâche et de fuir ce salon sinistre où elle travaille à taper les manuscrits de son père écrivain. de raisonnable, sans aucun désir, toujours calme et d'humeur égale, elle se métamorphose dès que Père quitte la maison. Finie cette vie ouatée, assourdie et austère, dans ce quartier de Londres qu'elle abhorre. Son visage lourd et sans expression s'illumine désormais, creusant des fossettes qui l'embellissent. Ses désirs jaillissent, elle veut vivre à la campagne, jardiner dans un cadre bucolique et goûter pleinement la liberté inespérée qui s'offre à elle. Toutefois, on ne brise pas si facilement les conventions de l'époque et, pour une femme non mariée, il est impensable de vivre seule, qui plus est avec un revenu de misère s'élevant à cent livres par an héritées de sa mère.

Pleine d'ironie et d'humour, la plume d'Elizabeth von Arnim arrive à gommer les lenteurs que j'ai ressenties en tout début de lecture car il faut bien préciser que le rythme est bien loin d'être trépidant. Ici, on s'attache plutôt à l'intensité des réflexions des uns et des autres qu'à une quelconque intrigue pleine de rebondissements. Mais alors, avec un humour vraiment irrésistible, quel plaisir de partager ces visions tout à fait désuètes de la place de la femme célibataire dans cette société anglaise. Il est inconcevable qu'une quelconque liberté puisse lui être octroyée, bien souvent par manque de revenu mais aussi parce que l'homme a besoin de l'asservir pour son bien-être domestique.
En se heurtant à nombre de méprises, la décision d'émancipation de Jennifer va chambouler sur son passage quelques vies et pas uniquement celle de son père. Elle se rend rapidement dans le Sussex où elle compte bien s'installer dans l'un des deux petits cottages loués par des ecclésiastiques. Essuyant un premier refus avec un pasteur, elle ne baisse pas les bras et, les pieds meurtris par les milles qu'elle n'a pas l'habitude de parcourir, elle se traîne vers le cottage aux Roses. Là, elle ne devra l'acceptation de lui louer cette petite bicoque pleine de charme, qu'à une soeur furieuse contre l'attitude de son frère pasteur. Dans ce nouveau cadre, une autre tyrannie nous sera servie par cette fratrie qui fera quelques étincelles.
Le désir de tranquillité, de solitude, de s'éreinter au jardinage et de contempler la quiétude campagnarde au clair de lune n'est pas si simple à satisfaire.
Et l'on se doute bien que Père, égoïste invétéré, ne laissera pas sa fille si facilement…

Finalement, cette chronique d'un besoin de liberté au féminin est tout à fait addictive. Je me suis sentie tellement bien dans cette écriture ample, truffée de pointes terriblement drôles, naviguant dans toutes ces pensées si scrupuleusement décortiquées et qui collent parfaitement à celles que tout cerveau génère, que j'ai terminé ce roman sur une note très positive.
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À cause d'une promesse faite à sa mère, Jennifer se retrouve encore à trente-trois ans chez son père, lui servant de secrétaire, de gouvernante, bref, de femme à tout faire. Mais enfin la délivrance arrive: son père se remarie en secret avec une charmante jeune fille de dix-huit ans impressionnée par le statut d'écrivain renommé du vieil homme. Alors, Jennifer en profite pour s'en aller, enfin! Vieille fille oui, mais libre.

Malheureusement, la liberté n'est pas si facile que ça. Ses nouveaux voisins, un pasteur et sa soeur, vont venir perturber la vie tranquille qu'elle espérait.. et peut-être pas seulement eux, à vrai dire.

Elizabeth von Arnim fait encore partie de ces grands écrivains anglais méconnus chez nous, petits francophones. Elizabeth a eu une vie incroyable - notamment une liaison tumultueuse avec H.G. Wells - et tous ses sentiments et son vécu se ressentent dans ses écrits, ici également, dans Père. (Et pas incroyablement joyeuse, sa vie.)

Ce n'est pas un roman personnel ou intime, me semble-t-il. Ce roman m'a fait penser à une critique quelque peu cynique sur la société de l'époque, une société où il ne fait pas bon vivre quand on est une femme, seule qui plus est. Jennifer est constamment dérangée dans ses débuts à la campagne, que ce soit par ses voisins que par un autre pasteur qui la déteste ou encore par sa belle-mère effrayée par sa nouvelle vie de femme mariée. Au final, il faut avouer qu'il se passe peu de chose. Très peu d'action, beaucoup de points de vue différents et donc une histoire calme qui n'avance que petit à petit, et encore.

Il ne faut pas le prendre comme un roman passionnel, c'est un roman descriptif où on apprend à connaître chacun à tour de rôle. Pour être honnête, la plupart sont détestables, seuls Jennifer et son pasteur s'en sortent de manière à ce qu'on finisse le roman un minimum attaché à eux. le plus drôle est sans doute qu'eux aussi sont des personnages véritablement imparfaits. Jennifer est une vieille fille ronde, pas très jolie, pas très intéressante, pas très cultivée tandis que son nouveau voisin est un jeune homme soumis et faible, plutôt laid (Il est décrit comme à moitié chauve et possédant des énormes lunettes à écailles qui lui donnent l'air d'une libellule) et surtout sans aucune force de caractère! Il hésite devant chaque petite action à faire, ce qui peut être plutôt énervant à force.

Malgré ça, j'avoue qu'à la fin, quand les choses bougent enfin un tout petit peu, j'ai juste.. Beaucoup ri, en fait. Et j'ai trouvé ça follement divertissant! Ce n'est absolument pas le genre où tout le monde finit merveilleusement heureux mais ça se termine.. comme il le fallait. C'était une excellente conclusion, pour tous les personnages.

L'écriture d'Elizabeth von Arnim ressemble beaucoup à celles des auteurs classiques: beaucoup de descriptions, des phrases à rallonge, des chapitres plutôt longs.. Pour peu qu'on aime un minimum les classiques du genre, on ne peut qu'apprécier cette écriture riche et étoffée.

Et voilà, j'ai été plus que ravie de découvrir ce roman. Je n'ai pas eu de coup de coeur pour Père à cause d'un cruel manque de sentiments profonds mais j'ai juste adoré découvrir ce microcosme et sa galerie des personnages parfois.. ahurissants.
Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
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J'ai pris beaucoup de plaisir a lire ce livre. J'avais bien aime déjà la bienfaitrice écrite par cet auteur qui nous plonge directement dans la vie et les mentalités de l'époque. Dans les années trente a Londres, on découvre Jennifer, vieille fille de trente ans qui a passé sa jeunesse a s'occuper de son père et de ses écrits depuis que sa mère est morte. Quand son père décide de se remarier avec une jeunette, elle en profite pour prendre son indépendance et part s'installer a la campagne. Cet apprentissage de la liberté lui permettra aussi de découvrir l'amour. L'auteur nous permet grâce a ces descriptions précises, parfois trop précises, de plonger dans le quotidien de la jeune femme et de vivre avec elle cette grande aventure pour elle. Jennifer reste une fille de son époque avec ses revirements, sa culpabilité, les préjugés de la societe ... un livre passionnant que j'ai dévoré en deux jours!
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Lorsque la jeune, mais plus si jeune (33 ans), Jennifer découvre un matin dans son salon la jeune, vraiment jeune (20 ans) nouvelle épouse de son père, les perspectives de son quotidien s'en trouvent complètement chamboulées. Depuis dix ans, depuis la mort de sa mère, elle a promis de s'occuper de son père et lui a consacré son temps chaque jour, jusqu'à accepter de renoncer à avoir sa propre vie. Car Père, cet écrivain si célèbre – mais malheureusement si peu lu – a fait de sa fille unique son secrétaire et le soutien nécessaire de ses vieux jours. Jusqu'à ce que…

Jusqu'à ce qu'une belle-mère apparaisse à Jennifer comme tombée du ciel pour s'occuper à son tour de Père. N'est-il pas nécessaire pour elle de laisser seuls les époux ? N'est-il pas temps enfin de vivre sa propre vie ? Ni une, ni deux, Jennifer s'éclipse de la maison familiale et part dans le Sussex à la recherche du bonheur. Elle qui n'a jamais quitté Londres ne rêve que d'un petit cottage à la campagne où elle pourra s'adonner au jardinage. Elle y fait la connaissance d'un jeune clergyman et de sa soeur, deux personnages hauts en couleurs qui vont venir bousculer son rêve bucolique.

De quiproquos en rebondissements, ce roman est une comédie réjouissante et délicieuse. On y rit franchement, de la naïveté de Jennifer, de la mauvaise foi de sa voisine, des désirs de « jeunesse » de Père. Elizabeth von Arnim fait preuve dans ce roman d'une réelle acuité pour aborder le thème de l'indépendance de la femme sous une forme presque picaresque. Jennifer, innocente et inconsciente de la vie malgré son âge, va faire en trois semaines un apprentissage accéléré des affaires du coeur et du balancement de celui-ci avec la raison.

Une bien jolie surprise aux couleurs acidulées, qui confirme à mes yeux tout le talent de cette auteur trop méconnue.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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Pourquoi cette lecture? Parce que l'auteur!

A la mort de sa mère, vraisemblablement épouse dévouée et pas heureuse, Jennifer a promis de s'occuper de son père, genre tyran égocentrique, écrivain en perte de vitesse. Elle occupe le rôle de fille dévouée, gouvernante, secrétaire. A 33 ans, cela fait de longues années qu'elle s'étiole dans cette vie et ce décor tristes et étouffants.

Jusqu'au jour où son père se remarie sans crier gare avec une jeunette, plus jeune que Jennifer! Elle ne fait ni une ni deux, leur souhaite bon voyage de noces, et part louer un cottage dans le Sussex, ce qu'elle peut se permettre grâce à un petit héritage de sa mère.

Là elle fera connaissance de deux ecclésiastiques bien différents, dont l'un sous la coupe de sa soeur plus âgée, et découvrira que son coeur peut battre...

Le lecteur ayant toujours un petit temps d'avance sur les personnages, on se doute bien comment le mariage de Père évoluera, comment certaines personnes sont faites l'une pour l'autre, mais il y aura quelques surprises. le rythme peut paraître lent, surtout car les pensées des personnages sont détaillées, et les fausses idées des uns sur les autres sont souvent bien amusantes. Une ironie pas méchante court au travers des pages.

Bien sûr Jennifer est féministe sans trop le savoir et on ne peut que souhaiter plein succès à ses tentatives de libération!

"Elle bêchait.'Quand une femme, décida-t-elle sévèrement, commence à éprouver des sentiments qui ne peuvent, si on ne les réprime pas, que la conduire à l'esclavage, le mieux qu'elle puisse faire est de s'imposer un exercice dur et prolongé.' Aussi bêchait-elle, et elle découvrit qu'il y a bien de la vertu dans une bêche."

Au final, une lecture bourrée de charme, que je recommande vivement!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle bêchait. "Quand une femme, décida-t-elle sévèrement, commence à éprouver des sentiments qui ne peuvent, si on ne les réprime pas, que la conduire à l'esclavage, le mieux qu'on puisse faire est de s'imposer un exercice dur et prolongé." Aussi bêchait-elle , et découvrit qu'il y a bien de la vertu dans une bêche.

Quand on en use avec persévérance, une bêche fait, Jen s'en aperçut, des miracles au bénéfice de l'esprit; et lorsqu'elle déposa la sienne le dimanche soir ... , lorsqu'elle la déposa, elle était d'avis qu'il ne devrait pas y avoir de femmes sans bêche. Elles ne seraient pas si sottes car elles s'aviseraient peut-être qu'il y a autre chose dans la vie qu'un certain homme. Elles s'aviseraient , par exemple, du goût étonnamment délicieux qu'ont le pain et le beurre quand on meurt de faim et, quand on a peiné dehors toute la journée, de la satisfaction profonde et exquise que donne un sommeil sans rêve.
Vraiment l'efficacité simple des bêches pour vous ramener à la raison étonna Jennifer. Surtout quand il faisait chaud, que la terre était brûlée de soleil, il n'y avait évidemment rien de tel. La transpiration ruisselait, et elle entraînait ces sentiments un peu fous pour James .Jen comprenait bien qu'on ne peut à la fois transpirer et soupirer.
... Aussi, elle bêchait et bêchait.
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Si d'autres pensaient, si d'autres voyaient comme lui, ils ne le témoignaient jamais ; et quand les choses qui vous touchent semblent inaperçues des autres, on se sent à la fin, il l'avait remarqué depuis longtemps, très seul. Ces nuits d'août par exemple, si exceptionnellement belles, chaudes et veloutées comme il ne les avait jamais vues, et que précédaient chaque soir les couchers de soleil les plus variés, les plus étonnants, les plus splendides, personne ne les avait même mentionnés. Pour l'attention qu'on leur prêtait, ç'aurait pu être des nuits de février. Parfois il grimpait vers le soir jusqu'au sommet de la dune Burdon, et contemplait en extase ce qui semblait le ciel entier flamboyant sur l'Angleterre. Mais il y était toujours seul, jamais personne que lui ne montait là-haut ; et quand ensuite il redescendait de ses hauteurs personne ne semblait avoir remarqué que s'était déroulé un spectacle exceptionnel.
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Au début elle eut quelque scrupule à le faire, mais bientôt en prit l'habitude ; il fallait bien mettre ces escargots quelque part, et elle ne leur voyait pas d'autre place, le côté du mur du cimetière opposé au jardin était l'endroit qui convenait le mieux. Personne ne les voyait. Ils étaient commodément cachés par de hautes herbes derrière une tombe ; et alors que les escargots, elle l'avait lu, étaient la mort d'un jardin, ils ne pouvaient faire aucun mal à un lieu déjà aussi mort qu'un cimetière.
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Et parfois il avait songé que si seulement il rencontrait quelqu'un qui parlerait de ce qui le touchait ainsi, qui en parlerait avec ferveur, il ne se sentirait plus seul au monde. C'était extraordinaire à quel point on pouvait se sentir, au fond du coeur, solitaire, simplement faute d'un compagnon d'enthousiasme.
Il ne suffisait pas d'un interlocuteur; ce dont on avait besoin, c'est de quelqu'un qui partageât votre ardeur. Un compagnon d'enthousiasme, James en était ardemment convaincu devait ajouter infiniment aux joies de la contemplation. Et voilà qu'il semblait soudain qu'il en entrât un dans sa vie, venu on ne savait d'où.
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Première fois qu'Elizabeth m'ennuie. On se doute très vite de ce qui va arriver. Très long par moment.
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