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Critique de lafilledepassage


Ce roman était tout récemment mis en évidence dans la bibliothèque de ma commune, à l'occasion d'un spectacle de lectures érotiques. Et je dois bien avouer que je ne comprends pas pourquoi. Je n'y ai personnellement rien trouvé d'érotique. Mais non, mais non, je ne suis pas déçue …

Non, point d'érotisme dans cette Vénus à la fourrure. Et ce malgré, je le reconnais, un titre très prometteur. D'ailleurs il n'y a aucune scène de sexe. Et au bout de compte, je ne sais même pas si les deux amants auront ou non consommé, s'ils auront goûté au fruit défendu. Au lieu d'érotisme, j'y verrai une once de romantisme, une belle histoire d'amour … Mais qu'est-ce qu'une belle histoire d'amour ? Vaste sujet.

En tout cas, je pense qu'il s'agit bien d'amour, car Wanda, cette chère Wanda, est prête à tout pour satisfaire les caprices masochistes de son amant, même si elle en éprouve d'abord un dégoût. Et si elle le fait, c'est uniquement pour le libérer de ce « travers », pour lui apprendre à rester « libre » et lui-même dans ses relations amoureuses, et à ne pas devenir l'esclave de l'autre. Cet amour d'ailleurs se transformera en haine quand elle se rendra compte qu'il est prêt à tout pour elle. Amour et haine, deux sentiments si proches…

L'amour, ce sentiment ambigu et déséquilibré, car l'un aime toujours plus que l'autre. L'un est toujours plus dépendant que l'autre. L'on ne peut véritablement aimer que ce qui nous est supérieur. Et donc, même s'il est flatté de l'intérêt que l'autre lui porte, il se sent plus petit, plus minable, pas à la hauteur. Dans ce roman, c'est la femme qui est en position de force, ce qui est assez révolutionnaire. Et tellement éloigné des sociétés patriarcales et paternalistes de 1870, où la femme est soumise à l'homme, inférieure à lui sociologiquement, économiquement et même politiquement. Alors forcément, voir un homme soumis à une femme, ça a dû faire jaser, heurter les bonnes moeurs à l'époque.

Le roman de Leopold von Sacher-Masoch est aussi résolument moderne. Pour preuve, l'auteur appelle à l'amour libre, opposé au mariage chrétien. Il convie les femmes, ces trésors que les hommes veulent voir enterrés, au bonheur, loin du respect hypocrite, du mensonge et du conformisme social. Il les encourage à écouter leurs pulsions, leurs désirs et à rechercher la jouissance là où il n'y a bien souvent, pour elles, que devoirs et don de soi sans plaisir. Et surtout il considère que « la femme ne pourra être la compagne de l'homme que lorsqu'elle sera son égale en droit, lorsqu'elle sera son égale par l'éducation et le travail ». Vibrant appel à l'égalité homme-femme.

Evidemment, c'est ma lecture, mon interprétation. Celle d'une femme du XXIème siècle, qui veut voir ici l'un des premiers romans féministes écrit par un homme …
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