Amoureuse des vampires qu'lis sucent le sang, la force vitale où autre (non je ne ferais pas de blague lubrique sur ce sujet...) j'ai toujours été fascinée par ces créatures présente dans toutes nos légendes et fictions, et qui malgré la vague du navet Twilight qui les a enlaidis de paillette et mièvrerie, conservent toujours leurs facettes. Mais quel fut la première histoire du vampire moderne que nous connaissons ? Eh bien c'est
John Polidori un auteur anglais et ami proche du fantasque
Lord Byron qui l'a écrite dans sa nouvelle publié en 1819 au nom sommaire du Vampire. C'est dans ce récit que la figure du vampire, qui n'était pas de son invention car déjà présente dans d'autres oeuvres littéraires avant lui (La Fiancée de Corinthe de
Goethe où la nouvel
le Vampire de
John Stagg par exemple), devient populaire et s'inscrit définitivement dans notre mémoire, que suivra par la suite d'autres artistes et que
Bram Stoker immortalisera dans
Dracula. Allons du coup voir cette nouvelle fondatrice du mythe et si elle est... mordante.
Dans l'Angleterre s'ouvrant au XIXeme siècle, Aubrey un riche noble mais orphelin s'initie au monde aristocrate londonien. Au cours d'une soirée, il rencontre un étranger qui fait tourner toutes les têtes, Lord Ruthven. Sympathisant avec lui, il voyage avec lui à travers l'Europe mais s'en sépare suite à des incidents. Au cours d'un séjour en Grèce, il apprend les légendes locales parlant d'une créature hideuse,
le vampire. Revenant à Londres, il découvre que sa soeur est fiancée à Lord Ruthven et il commence alors à douter : et si cet homme était un vampire ?
Autant prévenir toute de suite, le récit nous parait aujourd'hui assez prévisible et quelque peu classique. On se doute vite de la véritable nature de ce Lord ténébreux qui se manifeste clairement mais il ne faut pas oublier que toutes les caractéristiques qu'il arbore (sa peau froide, sa vie nocturne, son gout du sang...) étaient inédites et originales en son temps. En revanche et c'est là le plus exquis de sa personne, est sa ressemblance frappante avec Byron.
Polidori avait fini par haïr complétement et ouvertement son ami qu'il trouvait démoniaque et immoral tant il était égoïste et cruel envers ses propres compagnons et ses conquêtes féminines et publie son oeuvre sous son nom, ce dont Byron n'apprécia guère... ce vampire-là on lit surtout le coté diabolique de
Lord Byron à travers les yeux d'un ami qui a été dégouté de sa personnalité exécrable et qui se venge de ses dépravations en le peignant en véritable monstre. La sensualité qui l'accompagne est discrète mais n'est pas absente pourtant, déjà nait l'érotisme malsain du vampire qui attire autant qu'il révulse.
En dépit de l'austérité présente dans cette nouvelle, des personnages peu fouillés (Lord Ruthven semble s'y tirer du lot) de l'écriture peu mémorable et parfois faible de
Polidori et des rebondissements prévisibles, l'histoire nous accroche par l'évocation du folklore des Balkans sur
le vampire, qui nous apporté cette créature dans notre imaginaire occidentale et que Byron avait déjà amené dans ses oeuvres comme dans son poème épique le Giaour de 1813 mais aussi de la superficialité du Londres mondain dont Lord Ruthven s'y coule aisément.
Le Vampire de
Polidori mérite d'être lu tant il a façonné un mythe artistique qui continue d'irriguer. Sans les mots de
Polidori ni Carmilla du Fenu, Clarimonde de Gautier,
Dracula de Stoker où Lestat de Rice n'auraient jamais le jour (ou la nuit si l'on veut) mais aussi pour voir le coté sombre du héros byronien si prisé chez les romantiques qui dévoile ses vices.