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Critiques (919)
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Les Racines du ciel

Dans les années 1950 au Tchad, un homme fait circuler une pétition pour empêcher le massacre des éléphants, décimés par milliers. Lorsqu'il prend les armes, incendie des dépôts d'ivoire et tire sur des chasseurs, c'est la stupeur dans l'administration coloniale. Que veut vraiment cet homme, très vite érigé en héros par certains ? Agit-il uniquement pour la préservation de la faune africaine, ou a-t-il d'autres ambitions politiques, à un moment où l'idée d'indépendance commence à faire son chemin en Afrique Equatoriale Française ? Alors qu'une traque s'organise, les nombreux personnages de ce roman polyphonique prennent partie pour ou contre Morel, objet de tous les fantasmes et de toutes les rumeurs. Tantôt tourné en ridicule, haï, traité d'idéaliste ou de misanthrope, tantôt porté aux nues, incarnant par son combat la liberté et l'humanisme le plus audacieux, cet ardent défenseur de la nature renvoie tous les protagonistes à leurs contractions, à leurs conflits d'intérêt et bien souvent, à leurs fragilités personnelles. Son obstination farouche les questionne et les pousse à agir. Avec ce roman foisonnant qui embrasse des thématiques écologiques et politiques sur fond de colonialisme, Romain Gary dessine un personnage inoubliable, et montre que le respect des animaux n'est pas incompatible avec les exigences du progrès. Un prix Goncourt 1956 d'une actualité confondante.
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Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mo..

Dans le Gang de la clef à molette, roman culte du militantisme écologique paru en 1975, Edward Abbey met en scène quatre personnages, un vétéran du Vietnam accro à la bière et aux armes à feu, un médecin destructeur de panneaux publicitaires, sa compagne du Bronx avide d'action, et un mormon polygame, qui décident d'agir contre la bétonisation des espaces naturels. Ils s'attaquent aux ponts et aux routes qui défigurent le paysage, aux barrages qui enserrent les fleuves, aux bulldozers. Ils dénoncent aussi le tourisme de masse, la déforestation et la pollution galopante. Leurs discussions pleines d'humour s'accompagnent de considérations sur le devenir du monde sauvage et sur les modes d'action à adopter. Activistes utopistes, ils sont considérés comme des terroristes par ceux qui les poursuivent. Les traques dans les montagnes donnent lieu à des passages dignes des meilleurs romans d'aventures.
Malgré leurs contradictions, ces personnages iconoclastes nous touchent par leur solidarité et leurs convictions : préserver une nature non domestiquée et un écosystème d'une grande richesse. Les descriptions minutieuses de la flore et des reliefs exaltent la splendeur des paysages d'Arizona, soulignant les menaces qui pèsent sur l'environnement. En filigrane transparaît également le sort réservé aux Indiens. Personnages pittoresques, dialogues truculents, humour jubilatoire, cette ode à la liberté et à la nature est un vrai roman d'évasion !
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L'Arbre-Monde

C'est LE roman que l'on attendait sur l'écologie, et il n'y avait sans doute que le génial Richard Powers pour lui donner toute sa puissance politique et narrative. Au départ, ils sont neuf, neuf personnages comme autant d'arbres d'une même forêt, de ramifications secrètes et entrelacées, de destins inextricablement reliés à la cause environnementale. Il y a Nick, garant de l'un des derniers châtaigniers d'Amérique ; Mimi, héritière d'un mystérieux talisman de jade ; Adam, chercheur sceptique sur l'activisme radical ; Ray et Dorothy, amoureux de la forêt mouvante dans Macbeth ; Douglas, vétéran de guerre miraculeusement sauvé par un banian ; Neelay, génie informatique qui excelle à coder le vivant ; Olivia, messagère revenue d'entre les morts ; Patricia, enfin, botaniste visionnaire et auteure d'une thèse révolutionnaire sur la communication des végétaux. Autour d'elle, les consciences s'éveillent, les luttes se forment. de l'activisme à l'éco-terrorisme, les champs d'action convergent au service d'une espèce bien plus intelligente, solidaire et organisée que la communauté humaine : les arbres - car ce sont eux les véritables héros de Richard Powers - un écosystème unique qui a su s'adapter et se régénérer depuis des millénaires. Sur le siècle foisonnant que déploie le roman, chaque vie semble alors bien peu de choses, jusqu'à son propre effacement. Les générations passent, les arbres observent, la nature transmet. A nous maintenant de savoir l'écouter. C'est tout le sens de ce roman dense et virtuose, une expérience de décentrement aussi riche qu'inédite, qui fait le pari d'une fraternité entre le monde humain et végétal, la seule qui puisse nous sauver.
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Le monde du vivant

Beaucoup en rêvent, Jérôme l'a fait. Ancien ingénieur, il a tout plaqué avec sa femme Marion pour devenir propriétaire d'une ferme, où il s'efforce de mettre en application toutes ses convictions : culture bio, élevage à taille humaine, inscription dans des circuits locaux... Mais au bout de quelques années, la belle aventure ressemble de plus en plus à une galère : entre les fins de mois difficiles à boucler et la crise d'ado de Solène, sa fille aînée lassée de devoir sans cesse prêter main forte à la ferme, le moral de la famille accuse le coup. Alors que les moissons approchent, un banal accident et l'arrivée de Théo, jeune aide agricole plein de charme et aux idées bien arrêtées, vont accélérer la déroute.

Dans ce premier roman attachant, le musicien Florent Marchet soumet à l'épreuve du réel les idéaux de ses protagonistes. Dans un monde agricole toujours soumis aux logiques du rendement en dépit des positionnements plus ou moins éthiques de ses acteurs, Jérôme, Théo et les agriculteurs de la génération précédente se débattent, toujours tiraillés entre un désir d'équilibre et le simple besoin de survivre. Entre eux tous, le beau personnage de Solène, adolescente enfiévrée et rétive à tout compromis, met le feu aux poudres et se retrouve au centre d'un drame familial intense, qui révèle des lignes de failles irréconciliables.
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Walden ou La vie dans les bois

"J'ai écrit ces pages, ou tout au moins la plus grande partie d'entre elles, alors que je vivais seul, dans les bois, à un mile de mon plus proche voisin, sur la rive de l'étang de Walden…" En 1845, Henry David Thoreau décide de vivre dans une cabane qu'il a lui-même bâtie au fond des bois. Loin de la société des hommes, il se recentre sur l'essentiel : l'observation de la nature, le rythme des saisons, le temps de méditer.
Fustigeant le consumérisme, il aspire à une vie simple, libre et ascétique. Aujourd'hui, la nouvelle traduction de Jacques Mailhos aux Éditions Gallmeister nous permet de (re)découvrir toute la mesure de cette oeuvre fondatrice : ne boudons pas notre plaisir !
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Arcadie

Peut-on vivre hors du monde ? C'est l'expérience que veulent tenter les parents de Farah en rejoignant la petite communauté pastorale de Liberty House et son leader Arcady, objet et moteur du désir de toutes ses ouailles... Mais Farah, dont le corps, ni masculin ni féminin, se rebelle, pourrait provoquer la chute de cette Abbaye de Thélème moderne.
Le rapport à autrui et les métamorphoses du corps ont toujours été au centre des préoccupations d'Emmanuelle Bayamack-Tam, qui publie aux @editions_pol depuis 1996. Poursuivant cette réflexion de longue haleine, Arcadie prend à bras le corps des sujets urgemment contemporains, des normes de genre à la crise migratoire, tout en les tirant vers une salutaire intemporalité qui, entre deux réminiscences d'Ovide et de Virgile, interroge nos conceptions de l'amour, de la liberté et de ce qui fonde toute société humaine.
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