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Critiques sur le theme : lgbtq+ (77)
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En finir avec Eddy Bellegueule

Si le premier roman d'Edouard Louis a énormément fait parler, c'est entre autres en raison de la polémique qui a opposé l'écrivain à certains membres de sa famille et à des habitants de son village natal qui l'accusaient d'avoir travesti la réalité.

Une polémique qui ne peut cependant occulter la force de ce texte autobiographique qui évoque la violence des actes homophobes quotidiens subis par le jeune Eddy Bellegueule tout au long de son adolescence. Avec le regard affuté d'un sociologue, Edouard Louis analyse les ressorts de cette homophobie qui s'exprime sans aucune entrave, et montre comment elle se nourrit de conceptions éculées de la virilité qui peinent à être déconstruites dans le milieu ouvrier dont il est issu. Cette démarche sociologique, qui rapproche le texte de Louis de ceux d'Annie Ernaux ou de Didier Eribon, permet à En finir avec Eddy Bellegueule de dépasser le cadre du simple récit autobiographique.
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''Arrête avec tes mensonges''

C'est une histoire de jeunesse qui ne cesse de hanter l'oeuvre de Philippe Besson : son premier amour avec Thomas, un camarade de lycée. Pendant quelques mois, les deux adolescents vivent à l'abri des regards une passion contrariée par le sentiment de honte de Thomas et sa certitude que Philippe quittera leur petite ville de province pour un avenir brillant, tandis que lui restera sur place et reprendra l'affaire familiale. C'est cette histoire trop tôt avortée, reprise sous différentes formes dans bien des romans de Philippe Besson, qui est mise en scène dans Arrête avec tes mensonges. L'auteur y retrouve la trace de Thomas et reconstitue sa vie brisée par le silence et la pression sociale. D'ores et déjà un des romans les plus remarqués de 2017, Arrête avec tes mensonges est un hommage bouleversant à cet amour sacrifié et un témoignage indispensable sur l'homophobie la plus ordinaire.
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Le mari de mon frère, Tome 1

Yaichi et sa petite fille Kana mènent une existence paisible jusqu'au jour où ils reçoivent une visite inattendue. Tout juste débarqué du Canada, le robuste Mike Flanagan n'est autre que le mari du frère jumeau de Yaichi, aujourd'hui décédé. Si Kana accepte avec enthousiasme cet oncle surprise venu d'Amérique, Yaichi se montre beaucoup plus réservé face à ce beau-frère homosexuel. le trio va pourtant vite s'apprivoiser, grâce à la pétillante Kana (qui ose toutes les questions) et à la tendre bienveillance des adultes. Chronique d'une famille presque comme les autres, le Mari de mon frère met la différence - culturelle, sociale, sexuelle - au coeur de son propos, et nous invite à l'accepter avec bonheur. On en ressort meilleurs, plus tolérants, plus attentifs et plus humains !
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Carmilla

Dans un château isolé de Styrie, la jeune Laura s'ennuie d'une existence morne et solitaire en compagnie de son père. Un jour, ils croisent par hasard le chemin de Carmilla, une mystérieuse jeune fille victime d'un accident, qu'ils décident d'héberger le temps de sa convalescence. Bientôt, Laura se sent irrésistiblement attirée par le charme vénéneux de Carmilla, qui l'abreuve de déclarations ardentes. Alors que d'inquiétants phénomènes commencent à apparaître dans la campagne environnante, Laura est progressivement rongée par une étrange mélancolie, comme consumée par l'amour que lui voue Carmilla… Oscillant entre sensualité, érotisme et domination, Carmilla ose suggérer le désir intense entre deux femmes, contre la morale puritaine de l'époque. Métaphore envoûtante de l'amour interdit, ce récit gothique offre à la littérature son premier personnage de femme vampire, figure puissante et éternelle de l'entre-deux.


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Changer : Méthode

Sept ans après En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis revient sur sa jeunesse dans le nord de la France. Il montre comment, méthodiquement, celui qui s'est toujours perçu comme un intrus dans sa famille, démunie et froidement homophobe, comme à l'école, a décidé, un jour, de se changer. Car si dans son premier roman, l'auteur confiait comment l'adversité l'avait contraint à se cacher, à terrer au fond de lui tout ce qui pouvait dissoner ou témoigner de sa singularité, sa trajectoire fut plus complexe : ce nouvel opus témoigne qu'il n'a cessé, en même temps, de se former, luttant pour échapper à son milieu et à un destin qui lui semblait tout tracé.
De ces pages émouvantes, portées par une écriture simple, presque blanche, affleure une mélancolie qui laisse rapidement percevoir que la métamorphose du jeune homme ne s'est faite ni sans violence, ni sans perte. Les dernières pages sont particulièrement bouleversantes : Louis exprime, à demi-mots, la nostalgie nouvelle qu'il éprouve pour ses heures d'enfance, qui malgré la souffrance immense, possédaient une couleur, une atmosphère, une étoffe particulière et à jamais enfuie. Entre un passé perdu et un présent sans repos, ces pages marquent, lucides, le caractère tragique de l'existence du transfuge, qui n'est jamais, nulle part, chez lui.
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Confessions d'un masque

Dans les années 1930, Kôchan est un enfant maladif et solitaire, couvé par sa famille. Fasciné par la mort et les scènes sanglantes, il aime parcourir les livres d'art à la recherche d'images de héros mythologiques ou de saints martyrs. A l'école, il admire Omi, un camarade plus âgé et plus athlétique que lui, sans parvenir à déterminer d'où lui vient cette attirance. En grandissant, il se questionne sur ses sentiments et le désir qu'il ressent pour les corps masculins. Alors que le Japon est secoué par la guerre et vit dans la crainte des bombardements américains, le jeune homme entame une relation platonique, faite de jeux de séduction, avec Sonoko, la soeur d'un ami. Mais rapidement, Kôchan devra tenter d'échapper à cet amour qu'il a lui-même inspiré.
Dans son premier roman autobiographique, publié en 1949, Yukio Mishima évoque toute la difficulté à assumer son homosexualité dans un Japon encore très traditionnaliste. L'auteur raconte comment, rongé par la culpabilité, il a refoulé ses pulsions afin de rester dans une “normalité” acceptable. Mais cela l'a conduit à mentir et à masquer, aux autres et à lui-même, sa préférence sexuelle.
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À moi seul bien des personnages

Orphelin de père, Bill est élevé dans une famille férue de théâtre et découvre très tôt la fluidité des genres en voyant son grand-père se travestir sur scène pour incarner les plus grandes héroïnes de Shakespeare. Mais cette connaissance précoce de la comédie que sont les normes de genre ne rendent pas le désir naissant de Bill pour les autres jeunes hommes moins effrayant pour autant... Grâce à l'aide de la bibliothécaire de sa petite ville qui lui fait découvrir James Baldwin, Bill finira par assumer pleinement sa bisexualité.

Depuis cinquante ans, John Irving a régulièrement affirmé dans ses romans le droit de chacun à vivre sa sexualité sans entraves. À moi seul bien des personnages semble le couronnement de cet engagement incessant, et met notamment en scène un des plus beaux personnages transgenres de l'oeuvre d'Irving. Commençant comme un roman de Dickens et se terminant comme un film d'Almodovar, ce récit de l'éducation sentimentale et sexuelle de Bill et de sa dramatique traversée des années Sida, n'est peut-être pas aussi spectaculaire que les grandes fresques du John Irving des années 70, mais reste un des plus attachants de ses romans de la maturité.
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Querelle de Brest

Peu d'écrivains ont fait autant pour la reconnaissance d'une véritable culture homosexuelle et queer que Jean Genet. de son premier roman, Notre-Dame-des-fleurs, à la pièce posthume Splendid's en passant par son seul film, Un chant d'amour, et le poème de prison le condamné à mort, l'oeuvre de Genet ne cesse de célébrer un homoérotisme placé sous le signe des voyous et des garçons des rues.

Parmi ces oeuvres, Querelle de Brest, adapté au cinéma en 1982 par Rainer W. Fassbinder, brille d'un éclat particulier. Son héros, Georges Querelle, matelot viril et magnétique qui sème le trouble y compris chez les hommes hétérosexuels, cristallise les tensions qui structurent le regard de Genet sur l'homosexualité. A la fois amant passionné et assassin, issu des bas fonds interlopes mais visant une expérience de l'extase quasi-métaphysique, Querelle incarne cette dialectique du danger et de la béatitude chère à Genet.
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Pussyboy

Patrick Autréaux commence avec Zakaria une relation qu'il a du mal à définir : c'est plus que du sexe, mais pas encore de l'amour. Il se trouve que Zakaria est très peu fiable : Patrick ne sait jamais quand il viendra. Zakaria reste de longues semaines sans donner de nouvelles, puis appelle au dernier moment pour dire qu'il arrive et souvent ne vient pas. Patrick ne fait plus attention aux lapins que Zakaria lui pose et se résout à apprendre de lui "l'ambivalent plaisir de ce qui n'est jamais acquis”. Mais lorsque Zakaria vient, les corps se rencontrent et se retrouvent d'une façon que Patrick n'a jamais expérimentée avec aucun de ses amants. Pourtant Zakaria est d'une autre sphère : il est arabe, musulman et pratiquant. Sa religion inscrit fortement en lui un interdit sur cette relation homosexuelle.
Dans ce court récit, Patrick Autréaux questionne le désir sexuel et cherche à remonter à sa source. Bien que sa relation avec Zakaria ne semble pas se situer dans les hautes sphères amoureuses, elle prend une place déterminante dans sa vie et lui permet de faire des liens avec son histoire familiale. Dans une écriture qui ne s'encombre d'aucun tabou sexuel, Patrick Autréaux attribue une importance remarquable à une relation qui ne semble mener nulle part. L'auteur donne ainsi une force et une profondeur littéraire à ce qu'on pourrait juger un peu rapidement frivole ou secondaire.
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Le jardin, Paris

Paris, dans les années vingt. Rose, un jeune garçon de dix-neuf ans, s'apprête à faire ses premiers pas sur la scène du Jardin, un cabaret burlesque tenu par sa mère célibataire, où il a grandi entouré de danseuses aux noms de fleurs : Marguerite, Tournesol, Jasmin… Il fait la connaissance d'Aimé, spectateur admiratif et attentionné, puis celle de Martin, journaliste dont un article élogieux apporte au Jardin une nouvelle renommée. Ces rencontres poussent Rose à sortir de ce cocon protecteur pour explorer le monde extérieur : s'habillant dans un vestiaire tantôt masculin, tantôt féminin, il découvre les clubs de jazz, les boutiques élégantes, les terrasses de café, les étés à la campagne.
L'autrice relate avec poésie et délicatesse l'éclosion de ce “petit bourgeon” à l'identité de genre fluide et assumée, dans un roman graphique optimiste centré sur l'acceptation de soi et des autres. La beauté de l'histoire fait écho à celle du dessin : Gaëlle Geniller dépeint d'un trait précis les expressions des visages et les costumes aux inspirations fleuries des années vingt, dans une palette de couleurs douces et chaleureuses. Un ouvrage et un héros admirables, fiers et romantiques comme une rose.
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Le Jardin Arc-en-ciel

Ni la différence d'âge, ni la désapprobation de leurs familles n'aura raison de l'amour d'Izumi et Chiyoko. le hasard qui pousse cette mère célibataire et cette jeune lycéenne au bord du suicide dans les bras l'une de l'autre a des airs de coup du destin : indéfectiblement liées, elles vont élever deux enfants ensemble et ouvrir une maison d'hôtes où elles mettront en oeuvre leur capacité à écouter et aider les autres. Sous leur pavillon arc-en-ciel, Izumi et Chiyoko construisent leur propre mode de vie et parviennent, à leur manière douce et discrète, à faire évoluer les mentalités dans le petit coin de campagne qu'elles ont choisi pour s'établir.

Modeste et attachant, le Jardin arc-en-ciel donne la parole successivement aux quatre membres de cette famille finalement très ordinaire, et dépeint avec minutie leur bonheur frêle mais toujours régénéré à force de bienveillance et de soutien mutuel.
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Sexy

Bon élève, beau garçon, membre émérite de l'équipe de plongeon... Darren, 16 ans, a tout pour lui et s'attire la sympathie de tous, même de son professeur d'anglais. Alors, quand celui-ci se voit accusé à tort de pédophilie, c'est toute une partie de l'univers de Darren qui s'effondre.

Révélant l'hypocrisie de la bonne société et son homophobie à peine déguisée, Sexy évoque aussi bien les ravages du harcèlement scolaire que la découverte, toujours semée d'embûches, de la sexualité. Adaptant son écriture à un lectorat dit "jeune adulte", Joyce Carol Oates ne renonce pas pour autant à ses sujets de prédilection, ni à leur noirceur... Et signe encore un excellent roman, à mettre entre toutes les mains !
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Corydon

S'il le publie d'abord anonymement en 1911 avant d'en revendiquer la paternité en 1924, Gide cite dans son journalCorydon comme son livre “de plus grande utilité, de plus grand service pour le progrès de l'humanité”. Suivi en 1925 et 1926 par Les Faux Monnayeurs et Si le grain ne meurt, deux autres textes essentiels qui finissent de lever le voile sur l'homosexualité de l'auteur - déjà évoquée à mots plus couverts dans des romans antérieurs -, Corydon est un texte fondamental dans l'histoire des représentations de l'homosexualité. Certains aspects du discours de Gide paraîtront aujourd'hui dépassés, notamment lorsqu'il distingue des “types” d'homosexuels. Mais le propos central de Corydon, qui vise à démontrer, en allant aussi bien sur le terrain des sciences naturelles que de la psychanalyse, que l'homosexualité n'est en rien contre-nature et à revendiquer une place dans la société pour les homosexuels, reste aujourd'hui encore pertinent. Et continue d'impressionner tant la prise de position apparaît, pour l'époque, courageuse.
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Carol - Les Eaux dérobées

Pour publier Carol, Patricia Highsmith dut se résoudre à utiliser un pseudonyme et à trouver un nouvel éditeur. Aujourd'hui, et grâce au brillant film de Todd Haynes sorti en 2015, ce roman connaît un regain de popularité. Avec la finesse psychologique qu'on lui connaît, Patricia Highsmith y évoque l'amour naissant entre deux femmes qui, peu à peu, se soustraient aux conventions. Carol connut un beau succès dès les années 50 notamment parce que, fait rarissime alors, il racontait une relation lesbienne dont l'issue était heureuse.
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Les vilaines

Camila, María ou encore Nadina ont construit leur identité transgenre sur les bases d'un passé chaotique et violent. Toutes gravitent autour de Tante Encarna, figure divine de cent soixante-dix huit ans, mère protectrice et reine d'une communauté trans torturée mais lumineuse. Leur terrain de vie nocturne est le parc Sarmiento, poumon vert de Córdoba en Argentine qui devient, la nuit tombée, le lieu de tous les désirs, qu'ils soient amoureux, inavouables ou prostitués. Une nuit, elles découvrent un bébé abandonné sous les ronces et décident de l'adopter clandestinement. A travers cet enfant, qu'elles baptisent Éclat des yeux, le rêve d'un avenir digne émerge mais se heurte à la cruauté et au rejet qui façonnent leur quotidien.
Dans Les Vilaines, Camila Sosa Villada raconte la prostitution, la dépossession du corps, l'impossible acceptation d'une identité masculine dans un monde où la férocité de l'homme s'érige en modèle. Elle révèle la violence subie par les trans, perpétuelle et omniprésente, ressuscitée par la nuit, prête à surgir au milieu de chaque page et sur chaque partie du corps. Elle écrit à la fois la douleur et le bonheur d'être trans, dans une fresque flamboyante qui mêle trash et lyrisme, brutalité et douceur, souffrance et humour, réalisme et fantastique. Elle lance un cri de tolérance phosphorescent, mû par un instinct de solidarité tendre et implacable.
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