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Critiques sur le theme : féminisme (59)
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Miss Islande

Quand on s'appelle Hekla, du nom d'un volcan, on est voué à un grand destin. Et ce que souhaite avant tout la jeune héroïne de Miss Islande, c'est écrire. Mais nous sommes en 1963, et Hekla se heurte au regard des hommes. Ils ne voient que sa beauté et préféreraient la voir concourir pour Miss Islande plutôt que de lui reconnaître un talent traditionnellement masculin sur cette île où les poètes sont sacrés. Quittant la ferme familiale pour Reykjavik, Hekla reste fidèle à son amie d'enfance, Ísey, qui tente vainement de maintenir sa flamme créatrice malgré sa vie de mère et d'épouse, et fidèle surtout à son ami Jón John, que son homosexualité condamne à choisir entre une vie de campagnes de pêches viriles et violentes ou l'exil. de son côté, se contentant de petits métiers, se liant avec un bibliothécaire poète, aimant mais conventionnel, Hekla ne cède rien à son désir d'écrire malgré l'époque qui l'entrave. On retrouve avec plaisir l'écriture délicate d'Auður Ava Ólafsdóttir dans ce roman plus militant que ses précédents, qui traite avec une évidence marquante de la force de la littérature et avec une précision clinique, des obstacles qu'elle doit surmonter. Son écriture limpide, très bien traduite, nous replonge dans cette Islande rude et belle, où la tendresse et la beauté sont toujours présentes aux côtés de la violence ou de l'enfermement.
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La servante écarlate

Dans la république de Gilead, les femmes sont triées, hiérarchisées et assignées à un rôle. Dans ce monde tyrannique, où les catastrophes écologiques ont rendu la quasi-totalité de la population infertile, les Servantes, vêtues de longues robes rouges, sont mises au service des élites pour procréer. C'est le cas de Defred qui, en s'agrippant aux souvenirs d'une liberté révolue et à l'espoir de rejoindre le monde libre, nous ouvre les portes d'un monde qui a chuté brutalement dans le totalitarisme. Cette dystopie, parue en 1985, est rééditée en 2017 à la suite de l'adaptation en série télé, dont l'univers est fidèle à celui imaginé par Margaret Atwood. A voir comme à lire, La Servante écarlate est une chronique glaçante, qui résonne comme une mise en garde contre les possibles dérives de notre époque.
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Radium Girls

En 1918, les bienfaits du radium découvert 20 ans plus tôt par Marie Curie sont vantés partout aux États-Unis : en cure, en cosmétique, son pouvoir phosphorescent qu'on dit régénérant s'étale dans toutes les publicités. Mollie, Grace, Edna, Katherine, Albina et Quinta, ouvrières de la United State Radium Corporation, le peignent sur des cadrans de montres destinés à briller dans le noir : avec la méthode du "lip, dip, paint", elles enduisent 250 cadrans par jour, lissant à chaque mouvement le pinceau entre leurs lèvres. Mais ce geste, dont elles ignorent le danger, creuse irrémédiablement la tombe de ces "ghost girls", fantômes phosphorescents et bientôt l'ombre d'elles-mêmes jusqu'à la mort. La révélation tardive de la cause des décès successifs de leurs collègues les poussera à intenter des procès à leurs anciens employeurs, ouvrant la voie à des lois cruciales sur la protection des travailleurs américains.
Pas une oeuvre chorale mais vraie BD sororale, cette histoire remet au jour la lutte acharnée de femmes victimes d'une industrie meurtrière, condamnées mais déterminées à obtenir justice et pourtant oubliées de l'histoire. Au fil de leur amitié, c'est aussi un pan de la condition féminine de l'époque que l'on lit. Entièrement portée par des nuances de violet profond et de vert luminescent dans un univers Art déco, cette BD réalisée aux crayons de couleur met aussi en lumière la virtuosité de son autrice, Cy.
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Le choix

« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse » : la mère d'Oliva regorge de dictons pour éduquer sa fille. Ainsi, après ses premières règles, sa liberté s'est envolée et elle a dû obéir à toutes ces injonctions : baisser la tête, ne pas courir, être accompagnée par son frère jumeau quand elle marche dans la rue… A 15 ans, Oliva est promise à Franco, un jeune baron aveugle vivant dans la ville voisine. Mais son viol par un de ses anciens prétendants met en péril cette union. Un choix s'offre alors à Oliva : sauver son honneur par un mariage réparateur ou affronter son bourreau en portant plainte.
Ce roman, sublimé par la langue populaire de ses personnages siciliens, est un beau témoignage sur la place des femmes dans la société italienne des années 60 : des mères au foyer et des épouses fidèles. Viola Ardone y dresse le portrait d'une jeune fille courageuse qui a osé s'opposer aux lois et aux coutumes qui emprisonnaient ses semblables dans des mariages malheureux. Nous sommes touchés par la sororité qui s'installe entre l'héroïne et sa meilleure amie, fille d'un communiste militant, mais surtout par le soutien qu'elle reçoit de son père, homme sage qui comprend et défend sa fille avec une grande délicatesse.
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Nos espérances

Nos espérances suit le parcours sur plus de 20 ans de trois amies de milieux différents qui se sont connues à Manchester pendant leurs études et qui partagent en 2004 une maison à Londres. Dans ce roman choral, Anna Hope s'attache à la personnalité de chacune, s'interroge sur leurs rêves et leurs espoirs, alternant le passé et le présent, soulignant les souvenirs heureux et les drames. En 2010 quand on retrouve les trois trentenaires, elles font face à leurs désillusions. Les rancoeurs, les non-dits et les trahisons mettent à l'épreuve leur amitié.

Cate, jeune maman dépressive est confrontée à une nouvelle vie à la campagne avec son mari et reste obsédée par son histoire d'amour avec une militante écologiste et le deuil impossible d'une mère trop tôt disparue. Hannah incarne la réussite professionnelle et son couple semble parfait mais elle souffre de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Lissa, quant à elle, accumule les petits boulots et les petits rôles et déchante en amour. Les relations mère-fille sont finement observées, notamment le ressentiment de Lissa envers sa mère qu'elle juge égoïste, plus intéressée par sa carrière et son engagement féministe que par sa vie de famille. Ces beaux portraits de femmes, de leurs aspirations et de leurs contradictions forment un hymne à la force de l'amitié et permettent aussi d'esquisser l'évolution de la société anglaise des années 90 à aujourd'hui.
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Femmes, race et classe

Militante féministe, membre des Black Panthers, théoricienne marxiste, Angela Davis est une figure incontournable de toutes les luttes pour les droits humains aux Etats-Unis. Il est donc naturel que son essai le plus connu, Femmes, race et classe, retrace l'histoire des liens entre féminisme, anti-racisme et lutte des classes, trois combats qui furent régulièrement concurrents au cours du vingtième siècle mais ont tout à gagner à devenir complémentaires.

Angela Davis y montre comment des premiers liens s'établissent entre le féminisme naissant et la lutte pour l'abolition de l'esclavage, avant de se distendre face à la pression d'adversaires politiques qui cherchent à diviser les luttes, ce dont témoignent les prises de positions racistes de certaines suffragettes ou la silenciation des ouvriers noirs et des femmes dans les cercles syndicaux.

Redonnant vie à des figures politiques majeures mais méconnues en France, comme Sojourner Truth et son célèbre “Ne suis-je pas une femme ?” qui interroge la place des femmes noires dans la société, Femmes, race et classe est un essai dense et fondateur, qui ouvre la voie à un féminisme plus divers et plus inclusif.
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La couleur pourpre

Dans la grande tradition du roman sudiste, La Couleur pourpre (1982) dénonce les discriminations raciale et sexuelle dont furent victimes les femmes noires. Il obtient plusieurs prix, avant d'être porté à l'écran par Steven Spielberg. Dans le roman, Célie évolue grâce aux femmes qu'elle rencontre et qui l'aident à s'affirmer et à résister face aux oppressions. Shug, avec qui elle découvre l'amour, est un modèle d'indépendance et la libère de l'emprise de son mari. La solidarité féminine, thème récurrent chez Alice Walker, et la lutte contre les préjugés sont au coeur du roman : la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis y est dénoncée, au même titre que le patriarcat, la polygamie ou encore l'excision, qui règnent dans certains pays d'Afrique.
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Le Coeur synthétique

Tout juste divorcée, Adélaïde n'a qu'une idée en tête : trouver à nouveau chaussure à son pied, et vite. Car à quarante-six ans, cette dynamique attachée de presse dans une maison d'édition parisienne réalise qu'elle n'a plus autant d'atouts que dans sa jeunesse, et que les rares hommes encore célibataires cachent tous des tares rebutantes. Tentant maladroitement de concilier sa frénésie matrimoniale avec ses convictions féministes, Adélaïde court d'échec en échec, et ne trouve de remède à son angoisse de la solitude qu'auprès de quelques amies.
Combinant un portrait acide du monde de l'édition à celui d'une génération de femmes tiraillées entre des injonctions multiples et contradictoires, le coeur synthétique allie la légèreté comique d'un épisode de Sex and the city à la rage critique d'un essai de Virginie Despentes. Chloé Delaume y met le doigt sur les réflexes à la fois sexistes et âgistes de nos sociétés, et redonne une place à ces quadragénaires mises de côté par les logiques de marché - professionnel et amoureux -, pour leur offrir une autre issue, loin des schémas habituels : celle d'une sororité rebelle et joyeuse.
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Le monde selon Garp

Pourquoi le Monde selon Garp est-il toujours aussi culte aujourd'hui, 40 ans après sa publication ? Pas seulement parce que sa façon de parler des minorités reste très actuelle, ni parce que l'histoire de Garp, écrivain hésitant, et de sa mère, l'icône féministe Jenny Fields, fait passer le lecteur du rire aux larmes… La force de Garp, c'est la formidable tendresse humaine de John Irving, qui transparaît ici à chaque page au travers d'une galerie de personnages secondaires improbables et cabossés. Exaltant autant notre vulnérabilité et nos faiblesses que nos victoires sur l'inexorable violence du monde, Irving ne cesse de réaffirmer sa seule espérance : au bout du chemin, la littérature, l'humour et la compassion offrent toujours une possible rédemption…
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Demain les ombres

Des scientifiques sont parvenus à faire naître des Néandertaliens à partir de restes d'ADN. Ils ont d'abord éduqué ces enfants : vie en communauté, langue, chasse, spiritualité… puis, ils les ont laissés dans une région isolée, d'où ils pouvaient analyser leur évolution en milieu naturel. Mais l'expérience scientifique s'est transformée au fil des années en un programme de téléréalité très suivi : les Sapiens, vivant dans un monde pollué et ultra-connecté, se délectaient d'observer leurs lointains cousins chasser, discuter, s'aimer, en accord avec la nature. Jusqu'à ce que, pour animer l'émission de divertissement, un essai soit tenté : provoquer une histoire d'amour entre Sapiens et Néandertaliens.
Pour son second roman, Noëlle Michel propose un texte d'anticipation d'une grande originalité, mêlant polar, science-fiction et restitution historique minutieuse. le suspense augmentant peu à peu, nous nous attachons aux différents personnages que nous suivons en alternance, avec des allers-retours dans le temps : les Néandertaliens Aube Claire, Lune Rousse ou Azur et les Sapiens Eva, Noah ou Adam. En plaçant sa narration dans un futur proche, l'autrice interroge le sentiment que nous avons, nous les Sapiens, d'être supérieurs aux autres espèces et notre tendance à vouloir dominer la nature. Elle y aborde également des questions éthiques sur l'utilisation de l'ADN pour recréer la vie. Par ailleurs, la vie des Néandertaliens a été parfaitement restituée dans ce roman, comme le confirme l'éminente préhistorienne Marylène Patou-Mathis qui a relu le livre.
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Compartiment pour dames

Akhila a 45 ans. Célibataire, elle est devenue, à la mort de son père, le soutien et l'appui de sa famille. Elle subvient aux besoins de ses frères et soeurs, prisonnière d'un carcan familial et d'un quotidien de servitude. Mais a-t-elle définitivement accepté le rôle et la condition que son pays, l'Inde, et sa culture lui imposent ? Est-elle définitivement devenue l'une de « celles qui font ce que l'on attend d'elles et qui rêvent du reste » ?
Un jour, Akhila prend une décision : acheter le premier billet de train de sa vie. Destination : le sud de l'Inde. Elle prend place dans un compartiment pour dames qu'elle partage avec cinq femmes. Immédiatement, ce lieu clos se révèle être un incroyable espace de liberté où les témoignages de ces femmes sur leurs destins, sur les sujets aigus de société, font naître une empathie et créent une formidable solidarité. La destination importe moins que ce cheminement intérieur au cours duquel Akhila va se découvrir, se connaître et se sentir enfin, au terme du voyage, « complète et forte ». Dans ce roman choral, Anita Nair nous entraîne dans les questionnements fondamentaux sur la condition des femmes et leur libre-arbitre et donne aux destins de ses héroïnes, pleines de vie et de force, une portée universelle.
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King Kong Théorie

Ne pas aimer les femmes, chez un homme, c'est une attitude. Ne pas aimer les hommes, chez une femme, c'est une pathologie.” Dans son manifeste King Kong théorie, Virginie Despentes revisite les étapes marquantes de sa propre vie - le viol, la prostitution, le métier de hardeuse, la “conversion” homosexuelle - pour examiner le féminin, le masculin et l'assignation des rôles en fonction de sexes. Ouvertement pro-pornographie et prostitution, Virginie Despentes analyse les mécanismes de la domination masculine et dénonce un idéal féminin qui n'existe pas. À travers la métaphore d'un King-Kong hybride au-delà des genres, des sexes, entre l'homme et l'animal, l'adulte et l'enfant, Virginie Despentes déconstruit la catégorisation des genres, des identités hommes et femmes, et revendique la liberté totale de disposer de son corps. Avec ses mots crus, elle libère une parole nouvelle, qui fait résonner des évidences. Encore aujourd'hui, King Kong théorie claque, dans la lignée des grandes penseuses de la condition féminine, de Virginia Woolf à Simone de Beauvoir.
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Une vie étincelante

Une vie étincelante est la dernière pépite publiée par le Typhon, jeune éditeur particulièrement intéressé par les romans du début du 20e siècle injustement méconnus. Si le livre d'Irmgard Keun fut un best-seller en Allemagne à sa sortie en 1932, sa trajectoire fut freinée par son interdiction par le régime nazi un an plus tard. Ce roman n'a pourtant rien de subversif. Keun raconte les aventures de Doris. Licenciée de son emploi de bureau après avoir refusé de coucher avec son patron, elle part de Cologne pour tenter sa chance comme actrice à Berlin. Elle ne trouvera pas la célébrité mais un quotidien entre mondanités, gueules de bois, histoires d'amour bancales et fins de mois difficiles. Qu'importent les problèmes, Doris y fait toujours face avec malice. L'humour grinçant de Keun et la galerie de personnages qu'elle brosse en font aussi une occasion de découvrir l'Allemagne à l'époque de la République de Weimar, trop largement méconnue.
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Sans foi ni loi

Garett, seize ans, fils d'un pasteur autoritaire et violent, semble condamné à une vie austère à la ferme. Mais son destin va basculer le jour où Abigaïl Stenson le kidnappe. Cette cowgirl, qui n'est pas sans rappeler la célèbre Calamity Jane, l'entraîne dans une chevauchée périlleuse à travers l'Ouest, et lui fait vivre son quotidien de hors-la-loi. Elle lui présente également la communauté de marginaux que constituent les habitués du saloon où elle a laissé sa fille sous la surveillance d'une des pensionnaires. le roman de Marion Brunet nous emporte dans une aventure palpitante qui plaira autant aux grands adolescents qu'aux adultes ! A la fois roman initiatique et western dans la plus pure tradition du genre, ce livre est avant tout un hymne à la liberté.
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Ce qu'elles disent

Bolivie, 2009. Dans la colonie mennonite de Manitoba, huit femmes - trois générations - se réunissent en secret pour décider de leur destin. Au sein de cette communauté autarcique ultra-conservatrice, elles ont toujours vécu au service des hommes, sous le joug de la religion, et subissent quotidiennement viols et agressions sexuelles. Parmi elles, il y a Ona, la seule femme célibataire, enceinte de ses agresseurs, sa soeur Salomé, la révoltée, et leur mère Agata, affaiblie mais volontaire ; dans l'autre famille, il y a Greta, forte et pleine de sagesse, sa fille Mariche, soucieuse de la morale, sa petite-fille Mejal, impulsive et fataliste ; les deux plus jeunes de la tribu se nomment Autje et Neitje. Ensemble, elles ont deux jours pour statuer sur leur avenir : ne rien faire, rester et se battre, ou partir. Analphabètes, elles confient leur serment à un homme excommunié.
Au fil de la parole singulière de ces femmes, de leurs aspirations et de leur rage, Miriam Toews nous immerge au coeur de la communauté impénétrable des Mennonites, dont elle est elle-même issue. Dans ce récit puissant, loin de tout misérabilisme, elle nous donne à ressentir le quotidien de ces femmes et l'amour qu'elle porte à ses “soeurs”. On mesure la force incommensurable qui les pousse à renoncer à tout ce qui était leur vie, pour accéder à une liberté dont elles ignorent tout. Avec ce livre, Miriam Toews rend un bel hommage aux courage de ces femmes, et en fait une ode à la sororité.
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