Pessoa

Je photographie le temps qui passe et les êtres invisibles qui se penchent sur l’irréalité du miroir… Çà et là j’esquive une idée saugrenue qui me dévoile la futilité des actes existentiels que forme ce dédale translucide et qui accapare notre spleen ancré au plus profond de notre âme. Parfois j’émerge de cette torpeur envahissante la fleur au fusil, prêt à charger tel un vieux lion rugissant pour me porter à l’attaque, (voilà le fin mot du contemplatif). Puis je retombe impuissant, vidé de cette éructation qu’on nomme énergie. Alors commence un douloureux combat contre le désespoir qui assombrit mon ego mortellement blessé, lassé par ces flagorneries d’indécision. Là dans la rue, je vois ou imagine les déboires sentimentaux de mes semblables, à portée de main je touche leurs passions échevelées et leurs rêves les plus fous, leurs désirs inavoués. Mais je m’y perds en soliloques et absurdités philosophiques, j’abandonne très vite ce triste spectacle qui réveille en moi une impénétrable mélancolie du souvenir.