Le duo Emma Green aurait été ravi de vous rencontrer à Livre Paris ! Pour votre plus grand plaisir, elles vous parlent de "Recherche Coloc" et d'un projet à venir
....Tout ça pour dire qu'on imagine pas toujours qu'il y a mieux ailleurs. Ou alors on pense qu'on y a pas droit. Quand on a quelque chose qu'on aime, ou qu'on croit aimer, même si ça manque de saveur, de passion, d'intensité, on n'a pas envie de le laisser tomber...Au moins, on a "ça". Et c'est rien qu'à soi.
- J'aime cette idée de loyauté. Mais à force d'aimer cette ... "chose", de ne jamais la lâcher, de s'y accrocher...On finit par oublier qu'elle ne nous convient pas. Qu'on mériterait mieux. Pas quelque chose de parfait, mais au moins quelque chose de plus vrai...
Si j'avais su à quoi ressemblait la vie d'adulte, je n'en aurais pas rêvé si fort.
On ne peut plus continuer à cacher bourrelets, rides, poils, cellulite, rougeurs, cheveux blancs, vergetures, cernes et boutons comme s'ils n'existaient pas. On ne doit pas continuer à faire croire à qui que ce soit que la perfection existe ou est un but en soi. On ne peut plus perdre autant de temps, d'énergie et de larmes à jouer à cache-cache avec nous-mêmes, à maîtriser les angles flatteurs, les pauses trompeuses, les sourires faux et les moues sexy qui cachent un cri silencieux : je ne sais pas comment vivre avec qui je suis.
Vous savez, vous pouvez rire de tout si ça vous chante, mais c'est très sérieux et très violent. Il y a des jeunes filles qui ont envie de se suicider pour moins que ça. Ça en dit long sur notre société qu'une victime soit traitée comme une coupable dès lors qu'un lâche bien caché derrière son écran décide de poster une vidéo intime ! La honte doit changer de camp, ce n'est pas à celle qui n'a rien fait de mal de se justifier, de se retrouver insultée, harcelée. Prenez-vous-en à ceux qui diffusent ces images, bon sang !
L'image qu'on se force à renvoyer dans la rue ou sur les réseaux sociaux n'est que la vitrine d'une réalité modifiée, retouchée, enjolivée, où tous les défauts sont lissés... Mais pourquoi? Plaire à qui? Faire croire aux autres qu'on est mieux qu'elles? Être désirées par des hommes à qui on ne demande pas le dixième de ces efforts?
Ça doit s'arrêter.
Ça me met en colère, on a tellement d'autres guerres à mener. J'aime toutes les femmes et je veux qu'elles soient libres. D'être elles, d'être différentes de moi, de faire leurs choix. Je veux qu'elles se rappellent qu'elles sont fortes d'avoir autant de sœurs qui désirent la même chose : passer leur vie à changer le monde plutôt qu'elles-mêmes.
C'est même sûrement la première fois qu'il voit une femme « comme moi » de si près.
La première femme à avoir des seins lourds, des hanches pleines, des fesses imposantes, des cuisses qui se rejoignent et se câlinent. Une femme normale en somme, mais que la société a juste décidé de rendre invisible.
Je prends conscience qu’on s’imagine souvent souffrir plus que les autres, par principe. Quand l’injustice et le malheur frappent au hasard et que leur foudre s’abat sans pitié, le réflexe consiste à se renfermer dans sa douleur plutôt que de s’ouvrir à celle des autres.
- Raconte-moi plutôt la boulette que tu t'apprêtes à faire.
- Seule dans une suite avec un parfait inconnu
- Je t'aime, t'es mon idole. Je veux une photo. Et l'adresse de l'hôtel. Et son casier judiciaire. Dans l’ordre que tu veux.
Ma colère prend soudain un autre tournant - du genre dérapage dangereux sur une plaque de verglas. Je peux encaisser les insultes, quand elles se font discrètes, j'ai déjà tout entendu. Je me fous bien de devenir une vache, une truie, une bombonne, une barrique ou une baleine dans la bouche des imbéciles plus ou moins originaux. Mais les humiliations publiques, ça ne passe plus. M'habiller en taille 50 ne fait pas de moi une victime consentante: qu'on me marche dessus, qu'on me rabaisse, qu'on m'appelle « ça », qu'on me réduise à mon corps gros comme si je n'étais qu'un objet, un amas de chair et de bourrelets, qu'on m'écarte comme un problème à régler, qu'on cherche à me faire disparaître pour me punir de trop exister, je ne le mérite pas. Je porte déjà mon poids tous les jours, toute l'année, je suis grosse et je le sais, je n'ai pas à supporter aussi le fardeau du rejet.
Il y a bien longtemps que j'ai arrêté d'avoir honte de qui j'étais.