Solo, c'est l'aventure d'une jeune lycaon qui se retrouvera un jour abandonnée, sans son clan.
L'auteur la baptisera
Solo.
Nous la suivrons tranquillement, perdue, livrée à son instinct de survie, affrontant un peu, sympathisant certainement et trouvant un nouveau chez soi en nomade. Avec une nouvelle famille.
De telles aventures nous rapprochent-elles des déboires des hommes?
Oeuvre graphique silencieuse, lentement dynamique, sauvage et tendue, grâce au choix de la peinture, aux jeux de découpage des scènes, mais aussi à l'histoire de
Solo.
Bien qu'il ne se passe pas grand chose jusqu'à l'heure où grogne l'estomac de Danau, les phrases courtes restitueront un peu de vivacité, d'instinct.
Imaginez, cette lycaon femelle livrée à elle-même, devant partager les rares ressources ou maigres pitances avec des fauves, des carnassiers, des charognards, dans une savane sublime mais un peu désolée et continuer.
Nous aurions tendance à penser à tort ou à raison que c'est là chose courante chez les animaux et qu'avec les dures journées pour se remplir l'estomac, se sentir aimé et lié ne représenterait qu'une maigre préoccupation.
Pourrions nous vraiment l'affirmer, que ce que nous ne saurions sacrifier à aucun prix à notre quotidien ne soit pas recherché par les animaux?
Solo improvisera, ira au jugé, vers des canidés qui lui ressembleront, ne fonctionneront pas à l'identique et auront une image public et générale parfois répugnante.
Dans le bruissement de l'herbe brûlée et sous le soleil plombant, lycaons, hyènes et chacals devront faire "bon ménage" pour se nourrir des proies fatiguées.
Le personnage canin de
Solo, malgré l'absence de reflet dans ses petits yeux noirs de "raisin sec", provoquera l'attachement chez le lecteur, c'est certain.
Il y aura quelque chose de l'ordre du ressenti, de la noblesse dans ce lycaon.
La situation d'abandon, de désoeuvrement,
Solo qui ne chassera et ne se nourrira que par nécéssité et respectant les cadavres, jouant des rapprochements peu évidents, devrait sensibiliser à l'intelligence animale.
Esthétiquement, le résultat est chouette. L'auteur
Marc Daniau nous plongera dans des tableaux.
C'est graphiquement séduisant.
Les couleurs choisies, l'opposition de bleu indigo et de jaune doré inspirera autant le coeur d'une Afrique du Nord que sa réalité désertique.
Il y aura quelque chose de brut, de coloré, de chaud, de beau dans les touches épaisses de pinceaux et le crayonné.
L'Art et la littérature jeunesse sauveront un peu l'actualité de l'Afrique subsaharienne, on doit bien l'avouer.