Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Seuil, grâce à qui j'ai pu découvrir
Petite Lisa, premier roman de
Rachel Mourier, autrice française, dans le cadre de cette Masse Critique privilégiée.
Je me dis qu'écrire un premier roman n'est pas simple. Et qu'écrire un roman sur la Shoah, alors que le sujet a été maintes fois traité sous tous les aspects possibles par un nombre incalculable d'auteur.ices, ne l'est pas non plus.
De mon point de vue, cela ne me semble pas évident du tout, donc rien que pour cela, j'admire le travail de l'autrice, que j'imagine considérable.
Même si aujourd'hui, il existe des milliers d'oeuvres évoquant ce génocide connu sous 39-45, je me dis qu'il y aura toujours des choses à en dire, peu importe le temps qui passe. Et je n'aurais pas postulé pour cette Masse Critique privilégiée si cela ne m'intéressait pas, cela va de soi.
Ce que j'aime quand je découvre un livre, c'est ce sentiment éprouvé quand un.e auteur.ice arrive à me faire rentrer dans son histoire dès les premières pages.
En soi, il ne m'en faut généralement pas beaucoup. Il me suffit d'une plume qui m'est agréable ainsi que des personnages qui attirent mon intérêt, et me voilà embarquée dans le récit...
Cela ne m'arrive pas systématiquement, mais je l'ai ressenti avec
Petite Lisa.
J'ai lu quelques chroniques sur le livre et honnêtement, je n'aurais jamais ce talent pour retranscrire mon ressenti de façon aussi brillante avec un propos si étayé. Mais j'espère juste pouvoir montrer que j'ai aimé cette lecture.
Ce récit nous fait suivre Lisa, une dame âgée se retrouvant à replonger dans son passé, lors de ces années où elle n'était qu'une adolescente quand la Seconde Guerre mondiale a commencé.
J'ai mis beaucoup de temps à lire le roman en raison de mon rythme de lecture complètement éparpillé depuis septembre dernier, donc ma découverte de
Petite Lisa n'a pas été fluide du tout et s'est étalée sur vingt jours... Pourtant, malgré ce temps étalé dont je n'ai pas du tout l'habitude (et que je déteste !), j'ai eu l'impression, chaque fois que je reprenais le cours du récit de Lisa, que d'un coup, plus rien n'existait autour de moi. J'étais alors plongée dans son histoire, et rien d'autre.
La forme qu'a choisi l'autrice pour son roman et sa façon d'aborder un témoignage (certes fictif, mais fondé sur de nombreux cas, bien réels) m'ont plu. Ce sont à travers différents 'entretiens' que Lisa raconte petit à petit son histoire. À noter que le livre n'est pas écrit à la première personne et que le lecteur n'a pas exclusivement les pensées et pdv de Lisa. Cela m'a dans un premier temps surprise car je trouve que cela donne une atmosphère assez différente, mais je pense finalement que le choix du pdv à la troisième personne était plutôt pertinent. Il permet que le récit soit, d'une certaine manière, davantage accessible, moins intimiste, et le fait d'avoir également le regard et les pensées des personnes gravitant autour d'elle est super intéressant. Quand on parle de témoignage, on pense souvent à un récit à la première personne, mais je trouve qu'ici, le parti pris de l'autrice était bien choisi.
Il y a les passages où Lisa raconte son histoire, et puis il y a aussi les passages où les personnages qui l'ont écoutée reviennent sur ce qu'elle a dit, échangent entre eux et font part de leurs réflexions. Une sorte de debrief. Et j'ai beaucoup aimé ces moments-là. Je me suis sentie proche d'eux, sûrement parce qu'ils sont de la même génération que moi, de celle qui n'a pas connu la guerre et qui est née après...
J'ai aimé le personnage de Lisa, qui s'est créé sans le vouloir une espèce de mécanisme d'auto-défense, en quelques sortes pour se 'protéger', comme un endroit dans lequel se réfugier afin de survivre au traumatisme... C'est un personnage profondément touchant.
Malgré les horreurs évoquées, j'ai sincèrement apprécié la plume de l'autrice. Les chapitres sont courts et le récit est fluide, ponctué de phrases percutantes pour ma part à certains moments donnés. Cette lecture ne m'a clairement pas laissé indifférente, c'est certain. (et cette dernière partie ! je ne m'y attendais pas !)
En refermant le roman, mes yeux se sont posés sur la couverture, sur laquelle j'ai désormais un regard bien différent de la première fois que je l'ai vue. le regard d'une personne qui en a compris toutes les symboliques.
Ce n'est pas un coup de coeur absolu, il me manquait sûrement un petit quelque chose pour que l'émotion me pousse à le noter plus que 4/5. Mais c'est une belle découverte malgré tout, sans nul doute !