La Revanche des abeilles

Entre utopie et dystopie, La Revanche des abeilles de Louis Zaatar nous plonge dans un monde où la place de l'homme est repensée, et questionne notre propre mode de vie.

Bienvenue dans l'utopie la plus pure ! Beaucoup en rêvaient, Louis Zaatar l'a réalisée en imaginant Albadia, une cité conçue selon les critères écologistes les plus stricts. Dans l'excellentissime Dévolution de Nataly Roques, l'humanité finissait par être anéantie après avoir complètement négligé son environnement. Dans La Revanche des abeilles, nous partons du postulat inverse. La sonnette d'alarme a bien été entendue et toutes les mesures, même les plus contraignantes ont été prises pour éviter la catastrophe et vivre finalement en harmonie avec la nature.

Tout est parfait donc ? Circulez, il n'y a rien à voir… Évidemment que non et c'est tout l'intérêt de l'histoire. Pour qu'une telle société puisse fonctionner, il est hors de question de céder à l'individualisme, ce monstre à plusieurs milliards de visages qui arpente notre planète et n'ayant cure du mal qu'il lui fait. Non, ici, il faut jouer collectif. Chaque humain est un petit rouage de cette immense machine qui ne laisse absolument rien au hasard. Que ce soit la procréation ou le droit d'être malheureux.

Nous voyons ainsi planer l'ombre de Franz Kafka sur notre pauvre protagoniste. Sa tension trop élevée relevée lors d'un simple contrôle le place en infraction caractérisée de cette obligation au bonheur. Il sera soigné contre son gré, s'en énervera, ce qui demandera encore d'autres soins et se retrouvera par conséquent au centre d'un cercle vicieux qui menacera de le rendre fou.

Mais quel texte génial que nous livre Louis Zaatar ! L'écriture est d'une efficacité redoutable et lance un vertigineux défi à notre esprit. J'étais bien incapable de lâcher le livre. Il fallait que je sache, que je comprenne. Je voulais connaître la réponse à cette question brillamment posée par l'auteur : pour atteindre un idéal collectif, doit-on sacrifier son individualité ? Doit-on cesser d'être quelqu'un pour devenir une pièce d'un organisme plus grand ? Doit-on se métamorphoser en abeille, ne plus avoir d'aspirations personnelles et oeuvrer uniquement pour le bien commun ? Sommes-nous dans un rêve utopique ou dans un cauchemar dystopique ?

Des interrogations qui m'ont passablement effrayé, car si dans Dévolution, l'humanité s'était autodétruite à cause de l'individualisme, ici elle se nie complètement et devient autre chose. Sommes-nous prêts à l'accepter et à nous sacrifier ? Rien n'est moins sûr…

Merci, Louis Zaatar, pour ce roman ébouriffant. Un très grand moment de lecture.

🐝 « C'est l'humain qui doit être au service de la nature et non l'inverse. »
Voilà l'exemple d'un des principes de la société, loin dans le futur.
🐝 L'auteur nous emmène à Albadia, ville où les robots cultivent artificiellement fleurs et plantes, où la loi impose d'être heureux, où il faut une autorisation pour tout…
🐝 Nacer fait partie des êtres humains, pucés et tatoués à fin d'identification. Il travaille au ministère du Tout, une bonne place !
🐝 Tout est millimétré, jusqu'à ce qu'il fasse une rencontre…
🐝 Dans ce monde futuriste, tous les aspects de la vie humaine sont mis au service du fonctionnement de la société. L'humain est un pion, posé par la société là où elle a besoin de lui, faisant fi de ses envies, ses désirs, ses émotions mêmes !
🐝 Avec force de détails et toujours beaucoup d'humour, l'auteur aborde l'excessivité d'une politique en pleine négation de l'être.
On en vient à se réjouir de la liberté de ce monde dans lequel nous vivons ! Où nous avons droit, selon notre bon vouloir, de sortir des sentiers battus quand Nacer, lui, en proie au questionnement, cherche à être le meilleur citoyen possible… au détriment de son être propre…
🐝 Une rencontre et c'est le signe que la vie vous propose une voie… ou une voix, pourquoi pas ?!
🐝 Un décalage enivrant, voilà la patte de Louis Zaatar !

Dans "La Revanche des abeilles" de Louis Zaatar, l'auteur nous plonge dans un futur où la technologie règne en maître et où le bonheur semble être un impératif absolu. Au coeur de cette société futuriste se trouve Albadia, une cité où l'homme vit en harmonie avec son environnement grâce aux avancées technologiques, mais où la pression pour être heureux est omniprésente.
Nacer, un haut fonctionnaire, incarne parfaitement le citoyen modèle, pourtant sa vie bien réglée bascule lorsqu'un simple contrôle d'humeur le confronte à la réalité de ses propres émotions. C'est alors qu'Ariola, une mystérieuse femme, entre en scène, bouleversant son existence réglée au millimètre.
Ce récit, à première vue empreint de comédie et d'immersion dans un univers futuriste, évolue progressivement vers un drame humain et technologique. L'humour initial se mue en une réflexion profonde sur une société déshumanisée où la liberté individuelle s'efface au profit d'une quête incessante du bonheur imposé.
Les personnages, en particulier Nacer, sont riches en profondeur, et l'on s'attache à leur parcours dans ce monde dystopique où l'individu est sacrifié sur l'autel du bien-être collectif. L'auteur réussit brillamment à dresser le portrait d'une société où la technologie, loin de libérer l'homme, le contraint davantage.
Le lecteur est entraîné dans une réflexion sur les travers de notre propre société et sur les dangers d'une vision utopique où la technologie dicterait nos vies. À travers des détails saisissants et un humour acéré, Louis Zaatar dépeint une réalité alternative où l'individu lutte pour retrouver son humanité dans un monde gouverné par les machines.
Cependant, malgré la profondeur du récit et la pertinence de ses questionnements, la chute du récit m'a laissé avec d'avantages d'interrogations. L'auteur semble jouer avec les limites de l'utopie technologique, mais laisse une part d'interprétation qui peut laisser perplexe.
En bref, cette lecture, pousse à la réflexion sur notre propre rapport à la technologie, à la liberté individuelle et au bonheur. L'auteur nous offre un roman riche en imagination, où l'humour se mêle habilement à une critique sociale incisive, nous invitant à méditer sur les enjeux de notre avenir technologique.

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Bienvenue dans le 23ème siècle, ne vous occupez de rien nous gérons pour vous de contrôler votre santé, vous trouver l'emploi adapté à vos capacités, le ou la partenaire adéquat pour la reproduction de l'espèce… En contrepartie seule votre bonne humeur est exigée.
Nacer qui a grandit avec le spectre de la tristesse à la suite de la disparition de son père donne tout à la société et au ministère du Tout dans lequel il travail avec acharnement pour accéder au droit d'avoir une compagne et ainsi avoir un enfant et devenir parent.
Mais un grain de sable va venir enrayer cette machinerie bien huilée ou comment dans une société aseptisée, gérée par les machines, l'humain et l'individualité va ressortir malgré tout.
Dans cette vison à première vue idyllique d'un monde qui n'abuse plus des ressources et s'autogère à la perfection, l'auteur pointe du doigt avec humour les travers de notre société et certaines visions utopistes de notre monde.
Et une fin que je n'avais pas tout à fait vu venir, même si j'avais découvert certains indices.

C'est une histoire débordante d'imagination. On aspire d'arriver à la fin pour connaître le dénouement qui est très surprenant. Ceci dit, vu l'évolution actuelle de toutes les technologies peut-être bien que la vie sur terre ressemblera à cela dans les siècles futurs. Félicitations!