AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sénèque (190)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Médée

Mais pourquoi diable est-ce que je m’ennuie toujours autant à la lecture de l’une ou l’autre Médée ? Avec la Médée d’Euripide, j’avais bâillé à faire de la concurrence aux hippopotames, et avec la Médée de Sénèque, rebelote ! C’est pourtant un personnage réellement intéressant, complexe, symbolique et qui — à mes yeux en tout cas — a tout pour plaire.



J’en viens à considérer l’œuvre sous deux angles d’attaque très distincts. Sur le plan du pur bonheur de lecture, sur le chapitre du plaisir proprement littéraire, Médée est selon moi un bide monstrueux, une pièce assommante, bavarde, ampoulée, un brin geignarde, volontiers poussive et où les rares moments d’action sont éludés pour notre plus grand malheur.



En ceci, la Médée de Sénèque est très comparable à celle d’Euripide. On pourrait peut-être noter malgré tout un petit surcroît de grandiloquence et de formules tragiques absolument indigestes, malgré une fort belle écriture latine, un petit côté encore plus baroque chez Sénèque, notamment la scène finale de trucidation de progéniture qui aurait tout pour ravir les producteurs américains de films à grand spectacle. Si l’hélicoptère avait existé du temps de Sénèque, nul doute qu’il nous aurait concocté un final à la James Bond. (soupirs) Mais outre cette frêle nuance, dans l’ensemble, c’est quif-quif bourricot, c’est-à-dire un pénible moment de théâtre.



Ceci étant dit, et ne souhaitant pas m’étendre sur ce volet, reste le personnage et ce qu’il symbolise et qui, lui, aurait de quoi alimenter bien des réflexions. Médée est une étrangère, une fille de roi, qui a trahi les siens par amour pour Jason et cela en dépit du fait qu’elle ait une très haute estime de son propre lignage et de son pays natal.



Il fallait donc qu’elle aimât à la folie pour commettre une telle trahison, il fallait donc qu’on justifiât dans sa nation d’adoption de l’ampleur du sacrifice consenti. Et au lieu de cela, qu’est-ce qu’on lui chante, après quelques années, l’on souhaiterait la reléguer au rang de seconde, même pas reine, tout juste lui accorder des mérites de mère et encore, puis la contraindre à l’exil ? Et tout ça pour quoi ? Pour que Jason puisse aller librement convoler en justes noces avec la fille du roi Créon ! Cré non de non ! Ça ne se passera pas comme ça !



C’est bien mal connaître Médée si l’on s’imagine qu’elle va gober la chose et s’en retourner penaude là où d’ailleurs plus personne ne peut vouloir d’elle, précédée qu’elle est par sa sinistre réputation.



Voilà le décor. Ne reste plus qu’à s’imaginer une lionne, une furie qui symbolise toutes les craintes d’un public masculin omnipotent. Médée, la femme fatale, la femme piège, la femme qui ne s’en laisse pas compter, la magicienne, l’étrangère qui n’a donc nulle allégeance à faire vis-à-vis du pouvoir en place, la folle, la mère castratrice, l’épouse indomptable, la fille insoumise bref, l’incarnation de la menace, la révélatrice de l’angoisse enfouie au plus profond des hommes.



Personnage donc hyper intéressant dans un monde méditerranéen machiste à l’extrême. Car une telle furie, à elle seule, est capable de faire ployer la mécanique bien huilée du pouvoir des hommes et de la soumission des femmes. Les femmes, dont les seules raisons d’être semblent résider dans la bonne tenue du foyer, l’incontournable rôle procréateur en ayant fourni au passage un joli motif de satisfaction à peu de frais pour leurs secourables fertiliseurs.



On comprend mieux qu’une telle femme qui se fiche du foyer comme d’une guigne, qui refuse à son mari le droit d’un quelconque plaisir à l’extérieur et qui, de surcroît, n’hésite même plus à supprimer les propres rejetons de ses entrailles, tout ce pour quoi elle a des raisons d’exister, on comprend mieux donc qu’une telle femme cristallise à elle seule beaucoup des angoisses masculines.



En somme, Médée fait peur car Médée choisit son destin et ne laisse pas un homme, fût-il roi du monde, décider à sa place de la conduite à tenir. Ça ne vous rappelle pas quelques débats enflammés de la fin du XXème siècle à propos du droit à l’avortement ? du droit de vote quelques années plus tôt ? et du droit à l’homoparentalité féminine plus récemment ?



Médée fait peur également parce qu’elle n’hésite pas à faire couler le sang, apanage typiquement masculin. Médée fait peur parce qu’elle est un peu enchanteresse et qu’on lui prête également des dons de troisième vue. Ça ne vous rappelle pas le fameux adage débile de « l’intuition féminine » qu’on nous ressort à toutes les sauces, comme un pouvoir supposément magique hérité unilatéralement dans notre chromosome X et qui n’est autre que reconnaître aux femmes des pouvoirs occultes, comme pour leur mieux dénier une quelconque compétence cartésienne.



Médée, c’est aussi l’incarnation de l’étrangère qui réclamerait les mêmes droits que les natifs du sol. A-t-on jamais vu pareille audace ? Peut-on tolérer pareille hérésie, en Grèce comme ailleurs ?...



Bref, Médée fait peur aux hommes de son temps, tout simplement parce qu’elle se comporte en homme exalté et non en épouse soumise. En ce sens, pour tous ceux qui militent pour une plus grande égalité des sexes, Médée est une œuvre essentielle de l’histoire humaine, chiante à lire, mais essentielle. En outre, n’oubliez surtout pas que ce que j’exprime ici n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : Je me permettrai juste encore d'ajouter que cette crainte ancestrale d'une femme qui se comporterait à l'égal des hommes est encore très présente, même parmi les milieux les plus progressistes. Prenez par exemple la fameuse chanson de Renaud où le refrain disait en substance (je cite de mémoire) : " Femmes du monde, femme je t'aime, à part bien sûr Madame Thatcher ".



L'ancienne premier ministre britannique a été l'objet de monstrueuses campagnes de dénigrement (par ailleurs tout à fait justifiées quant à sa politique) alors que dans le même temps, Ronald Reagan qui faisait exactement la même politique n'a jamais été autant critiqué. Pourquoi à votre avis ? Tout simplement parce qu'inconsciemment, la majorité des gens refuse à une femme le droit d'agir comme un homme.
Commenter  J’apprécie          604
De la brièveté de la vie

"Personne n'apprécie le temps à sa véritable valeur" dit Sénèque dans ce rapide traité sur la brièveté de la vie, qu'il adresse à son beau-père Paulinus.

Nous n'avons pas véritablement une existence courte, mais nous en gaspillons une part considérable.



Il s'applique alors à démontrer, souvent par l'absurde, que finalement, nous disposons d'un temps suffisant, mais que la vie nous parait plus ou moins courte selon ce que nous en faisons.



Ainsi, "la vie la plus courte et la plus remuante échoit à ceux qui oublient leur passé, négligent leur présent, redoutent l'avenir : quand la dernière extrémité est venue, ces malheureux comprennent trop tard qu'ils ont cru tout le temps, alors qu'ils ne faisaient rien, avoir été occupés".



Il nous amène alors à considérer que ceux qui veulent fréquenter quotidiennement les philosophes n'émietteront plus les années de leur existence et apprendront à mourir.



A mon avis :

Sénèque est un philosophe stoïcien (courant dont la finalité est le bonheur individuel, qui s'appuie sur l'acceptation de ce qui ne dépend pas de nous pour se concentrer sur ce que nous pouvons modifier).

Il naquit entre -4 et -1 avant J-C (encore que J-C ne soit pas né en l'an zéro, mais sans doute 7 ans plus tôt... mais c'est un autre débat !) pour mourir en 65.



Autant dire que l'étayement de sa philosophie repose sur un environnement qui nous est parfaitement étranger.



Et pourtant, quelle modernité dans le propos !



Un traité plein de bon sens et d'exemples concrets, qui permettent une compréhension facile de son contenu, lu rapidement et trop bref à mon goût (cela s'expliquant par le fait qu'il s'agit d'une correspondance avec son beau-père).



Attention néanmoins à quelques contresens possibles sur des mots dont la signification a pu être légèrement modifiée avec le temps ou qui ressortent d'une définition philosophique (exemple : "l'oisiveté" relève plus de la pratique de la sagesse, les "occupés" étant ceux qui ne la pratiquent pas).



Bref, un traité instructif qui démontre que certaines problématiques d'aujourd'hui... ne datent pas d'aujourd'hui.



Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :

https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
Lien : https://blogdeslivresalire.b..
Commenter  J’apprécie          540
De la constance du sage (suivi de) De la tr..

Sénèque fut un philosophe, stoïcien romain du premier siècle. Il se considère comme un "médecin de l'âme". Ce livre regroupe deux écrits pour son ami Sérénus.

Le premier, De la constance du sage, essaie de le convertir au stoïcisme, car pour l'auteur, l'âme du sage est invulnérable à l'injustice qui supprime les biens de l'homme : le sage n'a pas de biens, les pertes des biens ne sont rien, et même la perte de ses proches ou d'un œil, ne compte pas pour l'âme du sage, même s'il n'est pas insensible.

Le sage est aussi insensible à l'insulte, car l'insulte vient du méchant. Le sage se pose la question :

"quels progrès ont fait les méchants depuis l'enfance ?"

Ce sont des malades ou des fous. Il ne sert à rien de s'irriter et de se venger des moqueries, quelqu'un le fera sûrement à notre place. Il faut s'éloigner des disputes.

.

Un peu plus tard, Sérénus se plaint encore à Sénèque.

Celui-ci lui envoie un écrit, De la tranquillité de l'âme.

La tranquillité exclue l'exaltation et la déprime.

Sénèque propose à Sérénus de l'action : de la politique, soldat, orateur, ou si c'est impossible, au moins des loisirs et des lettres.

Il faut d'abord s'évaluer, pour ne pas forcer un talent faible.

La tranquillité de l'âme passe par la négligence de l'argent, de l'opulence ; elle passe aussi par l'indifférence à la mort : l'exemple de l'orgueilleux Séjean montre qu'on peut monter très haut, être le second de l'empereur Tibère, et être descendu pour trahison, et découpé en morceaux par la foule.

A contrario, l'exemple du philosophe Canus Julius qui joue aux échecs alors qu'il est condamné à mort, ou l'exemple de Socrate qui plaisante en buvant la ciguë, montre leur acceptation, et la tranquillité de leur âme.

.

J'aime Socrate, Épictète et Sénèque, car tous trois se moquent des circonstances extérieures, car ils ne sont pas responsables des événements qui leur arrivent, et qui sont provoqués par des hommes méchants.

.

Moi aussi, je suis passé par des périodes de ma vie sans biens, et je me sentais libre comme l'air. Mais là, sur la vieillesse, je pense à léguer quelque chose à mes enfants.

Moi, l'ancien cartésien-déiste, je suis avec une femme médium merveilleuse qui m'a fait découvrir le monde des Esprits, ce qui a tranquillisé mon âme, car ce monde des Esprits va, je pense, au-delà du monde terrestre des philosophes.

Commenter  J’apprécie          512
De la constance du sage (suivi de) De la tr..

C'est toujours un grand plaisir de lire les philosophes stoïciens. J'ai bien souvent beaucoup de difficultés à comprendre les grands systèmes philosophiques. Les écrits philosophiques sont difficiles à comprendre pour moi et me paraissent souvent abscons, déconnectés de la réalité. En revanche, pas de problèmes avec les stoïciens. Leur philosophie est souvent facile d'accès, d'une écriture claire sans grand système philosophique compliqué. Je m'y retrouve. Et j'adhère complètement à leurs propos. Ils prônent un code de vie vertueux destiné à vivre pleinement tout en nous adaptant à notre environnement. Cette petite édition Folio reprend deux courts écrits de Sénèque : « De la constance du sage » et « de la tranquillité de l'âme ». Dans le premier, Sénèque explique en quoi le sage se situe au-dessus du groupe. Par son état de sagesse, de raison, il ne peut pas être atteint par les injustices ou les insultes. Dans le deuxième essai, il s'agit d'obtenir la tranquillité de l'âme, la fameuse ataraxie. Il nous conseille donc pour arriver à cet état, des conseils concrets s'appuyant sur son expérience. Bien souvent, ces préceptes sont encore d'actualité et applicables de nos jours. Sénèque est pour moi un de ces guides dont les propos donnent un sens à ma vie.
Commenter  J’apprécie          443
Éloge de l'oisiveté

Sénèque, philosophe stoïque sur le tard, fut sénateur sous deux tyrans : Caligula puis Néron : il n'en réchappa pas et dut s'ouvrir les veines en 65.

Le Romain, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard,

qu'on ne l'y prendrait plus :

De 62 à sa mort, il écrivit "Eloge de l'oisiveté" et 124 lettres à son ami Lucilius, dont cinq sont publiées dans cet essai ; Lucilius était sénateur en Sicile, et Sénèque insiste pour qu'il se retire ( otium ) dans une villa. Ce sont des leçons de philosophie, de mise à distance qu'il n'a pas réussi à appliquer lui-même.

.

C'est bien écrit, mais il y a peu de phrases percutantes.

Le modèle de pensée que j'ai fait de la philosophie de Sénèque ressemble un peu à celui d'autres philosophes, plusieurs siècles plus tard, dont Pascal.



Il y a les cupides, qui veulent toujours plus de propriétés, ingrats, remuants, ambitieux, sujets aux passions, et qui dépendent du Prince.

Puis il y a les sages, qui sont dans l'otium, l'oisiveté, ou plutôt la retraite, la contemplation ; ce sont des hommes de Bien, indépendants, solitaires, qui recherchent des biens indivisibles comme la paix et la liberté ; ceux là ont supprimé les passions : ils sont dans l'ataraxie, le calme absolu de l'âme ; ils sont hors de l'atteinte des maux, comme Jupiter, Dieu, le Soleil, le Destin, la Nature... Ils sont même au niveau des dieux !

Pour Sénèque, les philosophes "stoïques" du Portique, dont Zénon est le chef de file, sont plus salutaires pour leur Etat que les chefs de guerre.

.

Un passage de ce livre interroge sur la théodictée, la justice divine, qui permet le mal alors que, selon Sénèque, Dieu est bon. Cette question de théodictée a été fouillée par Leibniz en 1710 ; il faudra que je lise ça !

Commenter  J’apprécie          410
De la providence - De la constance du sage ..

Sénèque fut Romain d'Espagne, et vécu au premier siècle sous l'empire de Caligula. C'était un philosophe stoïcien.

Ce petit livre est très bien écrit. certaines phrases sont des pépites. Sénèque parle de la Providence, puis suivent 4 lettres à son ami Lucilius.

.

Personnellement, j'appellerais ce livre : "Eloge de l'épreuve".

En effet, les hommes de bien travaillent, s'endurcissent face aux épreuves et ne sont pas malheureux. Et il cite Caton, Socrate, et d'autres.

L'épreuve permet de se connaître, tester son courage et sa constance.

Sénèque s'insurge contre les biens matériels, fortune, avantages, qui ne durent pas et ne rendent pas heureux, car les agités, c'est son terme, en veulent toujours plus. Alors que les animaux, qui n'ont pas ces vices, sont plus heureux que les humains.

Quels sont les biens, selon Sénèque ?



"Les biens invisibles, la paix et la liberté, sont tout entier à tous autant qu'à chacun."

.

Ceci me fait dire que la Liberté est intérieure.

Comme pour Spinoza, Le Sage doit dompter les passions, et s'élever au niveau de la Providence, si ce n'est dans la durée, au moins dans la qualité.

Comme un philosophe récemment lu, Sénèque pense que la vertu une fois acquise ne se perd pas. La vertu, c'est l'honnêteté.

Le Sage ne doit être perturbé par rien pour être heureux, ni la perte de ses biens, ni celle de ses enfants.

.

Sur ce dernier point, il pousse le bouchon trop loin pour moi qui ai cinq enfants adorables et adorés. Cependant, je trouve sa doctrine superbe, et l'ai appliquée hier matin, quand la stomatologue m'a arraché quatre dents. ...Ahem, bon, je sors... : )
Commenter  J’apprécie          366
Éloge de l'oisiveté

POUR UNE OISIVETÉ PRODUCTIVE ET HEUREUSE ?



Ce bref mais ô! combien dense opuscule des éditions Mille et Une Nuits intitulé par leurs soins "Éloge de l'oisiveté" n'a jamais été réellement composé de cette manière-là par le philosophe romain du Ier siècle après Jésus-Christ Sénèque, car terriblement incomplet. L'ouvrage se compose donc comme suit :



Les cinq premiers textes sont les seuls fragments qui nous restent d'un ouvrage intitulé De otio (l'oisiveté), probablement rédigé dans les dernières années de la vie de Sénèque (62 - 65)



La seconde partie est composée de cinq des 124 lettres magnifiques de sagesse, écrites lors des dernières années de la vie (63–64) du philosophe à l'intention de Lucilius le Jeune, alors gouverneur romain de Sicile.



Comme il l'avait déjà fait dans l'un de ses ouvrages précédents, De la brièveté de la vie (De breuitate uitæ), il fait ici un éloge du retrait et de ce fameux "otium" que nous traduisons comme nous le pouvons par ce terme d'oisiveté qui, au fil du temps, s'est acquise une bien mauvaise réputation - surtout à partir du moyen-âge où oisiveté prendra plus au latin vitiosus (gâté, corrompu, vain) qu'à son autre racine plus vraisemblable - recouvrant tout le champ lexical de la paresse, de la fainéantise, de l'occupation ne rapportant rien (pécuniairement). En bref, cette oisiveté va devenir ce sport exécré et exécrable des oisifs, des bons à rien, quelque chose de parfaitement vain, vide, inutile.



De cette oisiveté-là, il n'est absolument pas question chez nos antiques. Sans doute une meilleure presse lui eût-elle accordé une traduction plus juste de loisir (la "skolhè" des grecs) et même de loisir utile, afin de bien marquer sa différence d'avec le simple farniente, de méditation, bien que ce dernier terme recouvre aussi d'autres domaines. Chez nos romains, l'otium n'est en rien l'absence d'accomplissement, il en est même l'inverse, mais il passe par la réflexion, la méditation, c'est, en quelque sorte, l'équivalent cérébral et spirituel de l'activité physique à laquelle le soldat s'astreint dans l'intérêt de son corps et de sa bonne constitution.



Préférer l’oisiveté n’est donc pas un vilain défaut. Cet exil de la pensée permet, selon Sénèque (dont la mort est attestée en 65 ap. J.C), de se déprendre des affaires et des passions de la vie quotidienne. Cultiver son oisiveté, c’est se donner l’occasion de méditer sur soi-même, sur les autres et sur le monde. A l'opposé, farniente et apathie sont tout autant proscrits pour donner lieu à un idéal de sagesse. Ainsi, persévérer dans cette activité de l'esprit n'est ni un vice, ni une fuite, mais le privilège du sage qui sait vivre en autarcie, plus ou moins définitive ainsi que nous allons le voir par la suite.



Car, hélas, on oppose généralement l'otium, et peu vite, au negotium, comme s'il en était l'antithèse absolue, l’ennemi définitif, le mauvais génie. Si le premier s'en différencie en ce qu'il impose le calme, le retrait, la contemplation, tandis que le negotium représente le monde des affaires, du commerce, ce qu'on appellerait aujourd'hui en bon franglais le "business", ces deux concepts sont, en réalité, les deux faces d'une même pièce qu'il serait vain de vouloir systématiquement dissocier, en faire des ennemis irréconciliables. Ainsi, le negotium devient-il une activité qui relève de l’otium, et dans laquelle il s’inscrit.



C'est ce que ne cesse d'expliquer Sénèque à son disciple Lucilius, ce qui ne l'empêche pas de le mettre constamment en garde contre les mauvais penchants que le negotium impose à l'homme de vices irréconciliables avec le seule idée de bonheur : l'ambition (qui n'a jamais de limite), la cupidité (insatiable), l'hypocrisie (à fin de complaire).



Sénèque, en bon serviteur de l'Etat et de plusieurs empereurs qu'il fut savait fort bien que ce negotium, aussi ingrat fut-il, futile quant à ce qu'il semble pourtant valoriser de l'être, est indispensable au bon fonctionnement de la Cité. Et s'il semble pencher parfois pour cette retraite totalement vierge d'implication sociale qu’Épicure - qu'il cite souvent - revendique, quasiment un "pour vivre heureux, vivons cachés", la réflexion de Sénèque ainsi qu'un certain sens pratique, un engagement à l'action, à la vie sociale que sa philosophie d'essence stoïcienne implique généralement, ces deux temps de son existence passée lui imposent de reconnaître qu'il serait vain de toujours se refuser à s'impliquer dans les affaires du monde. C'est à ce moment que l'otium, notre oisiveté décidément pas si oiseuse que cela, prend tout son sens, toute son importance. Car c'est ce temps plus ou moins long - qui peut être, vers la fin d'une vie, définitif - de loisirs studieux, de réflexion calme durant lesquels ont pourra prendre le temps de lire, d'écrire des notes, de compiler des pensées, de reprendre une correspondance plus riche, déliée des obligations du monde, ce sont tous ces moments qui permettront à l'homme s'en retournant aux contact du monde de ne pas aller se perdre corps et âme, au sens propre, dans l'affairisme, les intrigues malsaines, la spéculation tant des biens que des êtres. Ainsi l'otium pousse-t-il l'individu à demeurer sage et vertueux.



Il va sans dire que, pour notre philosophe, le point d'orgue de cet otium c'est, après une vie plus ou moins bien remplie durant laquelle on s'y sera soigneusement préparé, le moment où le sage pourra enfin s'y consacrer jusqu'à plus soif et jusqu'à sa propre fin, acceptée avec sérénité. Alors le bonheur est-il enfin chose véritablement envisageable car il n'est plus besoin d'anticiper quelque future contrainte que ce soit (en cela, d'une certaine manière, Sénèque rejoint tout de même Épicure à la philosophie pourtant si dissemblable), ne plus être qu'à soi au monde.



Mais de tout cela, un seul peut décider de l'accomplir : c'est donc soi-même - où l'on retrouve, deux millénaires plus tard, Michel Foucault pour qui l'otium était « l’écriture de soi » -. Il appartient à chacun de s'y adonner, et de devenir vertueux ou de céder aux vices les plus communs mais les plus épouvantables des hommes lorsqu'ils font société. Car, rappelle-t-il à son disciple en quelques lignes d'une grande et belle sagesse :



«Il est tombé dans chaque créature humaine des germes célestes dont une heureuse culture obtient une moisson de même nature que la semence et digne en tout point du créateur. Mais faute de soin, comme en un sol stérile et marécageux, ils meurent, et on voit naître de viles herbes au lieu de bon grain.»



Il n'y a pas à dire : l'oisiveté chez cet homme-là, c'est un sacré boulot !
Commenter  J’apprécie          358
Lettres à Lucilius

Sénèque est l'héritier de ces écoles philosophiques qui se sont développées dans l'Athènes des IVème et III ème siècles avant Jésus Christ et qui ont contribué à l'émergence d'une nouvelle préoccupation, à savoir la poursuite du bonheur.

Sénèque s'inscrit dans la tradition d'un thérapeute de l'âme, comme il le dit lui-même. Son but ici est de nous donner des clés pour mieux nous conduire au bien et à la beauté.

Le rôle de la philia, l'amitié, est ici essentiel.

Il n'hésite pas à se présenter comme un modèle de vertu.

La philosophie de Sénèque invite à l'examen préalable de soi, afin de s'assurer un regard lucide.

Il est né au début de notre ère. Après une formation en rhétorique, il adhère dans un premier temps au pythagorisme et ensuite au stoïcisme.

Son parcours a été varié: il a été avocat, questeur et sénateur.

Il est brillant et cela lui attire la jalousie de Caligula qui va le faire condamner à mort en l'an 39.

Sénèque va côtoyer plusieurs empereurs: il va devenir fonctionnaire de l'empereur Claude. De nouveau des attaques qui l'obligent à s'exiler en Corse.

A son retour d'exil il va devenir le précepteur de Néron, et c'est là qu'il va écrire son oeuvre philosophique.

Avant de connaître de nouveau la disgrâce qui le conduira au suicide (on l'accusera d'avoir participé au complot de Pison contre Néron), Sénèque va rédiger sa correspondance avec Lucilius, son vieil ami.

Lucilius est un homme d'origine modeste qui est devenu chevalier à force de mérite. Il est bien plus jeune que Sénèque et fait figure ici de disciple.

Sénèque lui donne des conseils pour vivre mieux en harmonie avec soi-même.

Il exhorte son ami à cultiver sa vie intérieure.

C'est un langage limpide et concret qu'il emploie.

Ses propos m'ont beaucoup touchée par leur réalisme et leur simplicité.

On retrouve souvent l'influence d'Epicure.

Les chapitres traités sont d'une grande intemporalité:

"que faire de son temps", "la sagesse, un travail sur soi", " le sage a-t-il besoin d'amis.."

A lire et à relire.. pour mieux prendre du recul par rapport à une actualité parfois envahissante...
Commenter  J’apprécie          340
Médée

J'ai étudié le mythe de Médée durant mes cours de littérature générale et comparée, et j'ai décidé de me pencher sur la version de Sénèque (quelques années après avoir lu celle d'Anouilh et le roman de David Vann, qui est également une réécriture du mythe).



Cette pièce de théâtre aura marqué les esprits parce que Médée est amenée à tuer ses deux enfants. Son amour, Jason, père des enfants, va en épouser une autre, la fille du roi Créon. Médée, quant à elle, est vouée à l'exil. Après tous les sacrifices - et les crimes - qu'elle a pu faire pour Jason, elle ne peut l'accepter. Elle décide alors de commettre l'irréparable, l'impardonnable. Bien qu'aimant ses enfants, elle va prendre la terrible décision de les tuer.



La figure de la magicienne est ici très marquante, tant elle est monstrueuse et inhumaine, mais c'est également une femme indomptable et puissante, qui terrorise les hommes, qui nous est présenté. En effet, le personnage construit par Sénèque est fascinant.



L'édition que je possède est précédée d'une présentation et suivie d'un dossier, que j'ai parcouru brièvement, étant donné que mes cours de littérature générale et comparée portaient sur le mythe (et notamment sur cette pièce et celle d'Euripide), mais cela peut être intéressant pour des personnes qui ont envie d'en apprendre plus.



En conclusion, c'est une pièce de théâtre que j'ai aimée, que j'ai trouvée intéressante parce que le personnage de Médée est fascinant, mais je sais que le fait de l'avoir étudié m'a permis de l'apprécier plus à sa juste valeur, et que mon avis aurait été différent s'il s'agissait d'une lecture effectuée seule.
Commenter  J’apprécie          320
De la brièveté de la vie

Oeuvre intemporelle que cet essai du célèbre philosophe stoïcien qu’était Sénèque ! Rééditée en 1998 aux éditions Fayard, dans la collection Mille et une nuits, » De la brièveté de la vie « est une lettre écrite à son beau-père Paulinus en l’an 49, dans laquelle Sénèque expose le fait que pour atteindre le bonheur, il faut consacrer son temps à la sagesse et non le perdre en activités stériles et inutiles ! Si l’homme court inexorablement après le temps, il semble ne pas en user efficacement. Un grand classique de la philosophie qu’il est bon de lire et relire.

Qui n’a jamais fait le triste constat que la vie nous filait entre les doigts ? Sénèque débute ainsi cette lettre :

p. 7 : » La majeure partie des mortels, Paulinus, accusant de mauvaiseté la nature, déplore que nous naissions dans la perspective d’une trop courte existence. «

Or, d’après le philosophe, nous ne manquons pas de temps, bien au contraire, mais nous ne l’exploitons pas à bon escient. L’homme semble se placer dans une certaine attitude de passivité, ce qui lui confère cette sensation de frustration. Cette négligence du présent est contraire au discours épicurien.

p. 9 : » Mince est la part de la vie que nous vivons. Quant à tout l’intervalle restant, au fond n’est pas vie mais seulement temps. «

Ainsi, Sénèque invite à vivre l’instant présent. Si nous ne pouvons échapper à la finalité de notre existence par la mort certaine, nous pouvons en revanche tendre vers le bénéfice de la vie et la sérénité devant l’acceptation de la mort.

p. 23 : » Personne n’apprécie le temps à sa véritable valeur ; chacun en use avec lui sans retenue, comme s’il était presque gratuit. «

L’oisiveté semble par conséquent incompatible avec la limite inéluctable qu’est la brièveté de la vie. Vantant notamment les vertus de la connaissance, de la curiosité et de l’ouverture d’esprit, l’homme sage devient ainsi pleinement acteur de l’accomplissement de sa vie. Sénèque réfute la notion de prévoyance. Car en se projetant, l’homme s’arrache au moment présent.

p. 24 : » Le plus grand obstacle à la vie est l’expectative, qui, suspendue au lendemain, gâche l’aujourd’hui. «

La crainte de l’avenir empêche tout être humain de tirer parti du temps présent. Sénèque désapprouve ceux qui dépensent ce précieux sésame qu’est le temps en plaisirs et distractions éphémères. Recherchant plus souvent une ascension sociale qu’une élévation de soi, l’homme néglige sa propre réalisation. La cause de cette insouciance : chacun vit comme s’il devait vivre pour l’éternité, mais la fragilité de l’existence ne vient souvent que trop tard. Et si le temps est ce que l’homme dit avoir de plus précieux, c’est ce qu’il dépense le plus, quand au contraire il s’attache à son argent ou ses possessions. Ces occupations futiles sont des passions incompatibles avec la vie de l’homme sage.

p. 18 : » Votre vie, pardieu, durerait-elle mille ans et plus, se rétrécira malgré tout jusqu’aux plus étroites limites ; point de siècles que les vices ne soient capables de dévorer ; il est, de fait, inévitable que cet espace, que la nature franchit même si la raison s’efforce de le rallonger, vous échappe bien vite ; car vous ne comprenez pas, ne retenez pas, ni ne forcez à ralentir, la plus fugitive des choses, vous la laissez au contraire s’en aller comme une chose superflue et récupérable. «

Ainsi, pour le penseur romain, la vie se divise en trois temps : ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. Le rapport qu’entretiennent les hommes avec ces trois ekstases de la temporalité influe sur la qualité de leur existence.

p. 41 : » La vie du sage offre de vastes perspectives ; cette fameuse limite, qui enferme le reste des gens, ne vaut pas pour lui ; lui seul est dégagé des lois du genre humain ; tous les siècles lui sont dociles comme à un dieu. Une période est-elle passée ? Il s’en saisit par la mémoire. Présente ? Il en use au mieux. Est-elle à venir ? Il l’anticipe. Il se fait une longue vie par conjugaison de tous les temps en un seul. «

Sénèque constate également l’incapacité de l’homme à pouvoir rester seul avec lui-même. Cependant, seule une confrontation avec ses propres désirs pourrait lui procurer le sentiment de vivre une vie accomplie. L’expérience de l’ennui et de son dépassement est peut être le passage obligatoire pour se rencontrer et s’éprouver dans une temporalité véritable.

Entre stoïcisme et épicurisme, ce traité de sagesse a pour vocation d’atteindre l’ataraxie, la paix de l’âme. Sa hauteur morale n’a pas perdu de son actualité. A méditer pleinement…
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          310
Consolations

"La mort est la loi de l'univers" et l'affronter une de nos terreurs. La vie qu'on qu'on le veuille ou non nous expose à des souffrances plus ou moins intenses. La perte d'un être cher en est une redoutable, la peur de notre propre finitude une autre. A travers ces consolations Sénèque témoigne avec quelle rigueur (et efficacité) les stoïciens faisaient face à la douleur psychique et physique. Cet ouvrage reprend les lettres que Sénèque écrivit, lors de son bannissement, à sa mère Helvia et à Marcia une femme qui vient de perdre un fils. Il y médite sur le deuil et la souffrance et ses mots visent à soulager, avec les mots et le raisonnement, les deux femmes. Ses phrases restent encore aujourd'hui un réconfort, tout en étant un témoignage passionnant de l'époque. Comme Socrate, il mettra fin lui-même à sa vie et son courage face à la mort témoigne que ces Consolations ne sont pas de vains mots. Chacun trouvera dans ces consolations la force dont il a besoin pour faire face à cette "adversité (qui) ne brise que les âmes qu'avait leurrées la prospérité". Un petit ouvrage pour ne pas se leurrer, vivre les yeux ouvert et construire "une vie heureuse". A lire impérativement en cas de tempête intérieure ...
Commenter  J’apprécie          290
Médée

Pour des raisons toutes personnelles, j'ai été amenée à relire tout ce que j'avais en magasin sur Médée...



Médée, le prototype de la femme-sorcière, de la harpie vengeresse, de la criminelle sans tabou, Médée l'empoisonneuse au sens propre...



Médée, le cauchemar des hommes! Médée la féministe enragée!



Je partais plutôt avec un préjugé favorable: elle a été tellement noircie, traînée dans la boue par Euripide, Ovide, Diodore, les frères Corneille, Lamartine, Anouilh...Une telle unanimité, c'en devenait suspect!



J'ai donc commencé mes relectures par Sénèque: un philosophe, stoïcien de surcroît, ça doit avoir le cuir plus épais face aux susceptibilités masculines, ça doit écouter avec moins de complaisance les qu'en dira-t-on littéraires, se montrer moins crédule face aux ragots mythologiques de tout poil...et manifester plus d'ouverture et de tolérance face à la problématique complexe de la femme abandonnée, rompue et manipulée...



Eh bien la réponse est non! Pour être philosophe on n'en est pas moins homme.



Voilà un terrible portrait de femme !



Voici une héroïne tragique plus près de la camisole de force que de la malédiction divine !





La tragédie antique fonctionne sur le double phénomène de la projection- répulsion : le spectateur éprouve, pour l'héroïne, à la fois horreur et pitié. Il est révulsé par sa conduite en même temps qu'il la plaint d'être le jouet de puissances qui la dépassent. Malin, il s'en tire à bon compte ! Compatissant mais pas dupe : elle, c'est elle, lui, c'est lui. C'est ce qui s'appelle la catharsis, une sorte de blanchiment de pulsions criminelles pour pas cher !



Dans la pièce de Sénèque, pas la moindre compassion pour Médée ni du côté du choeur, ni du côté des personnages.



La tragédie du temps de Sénèque ne se jouait plus depuis belle lurette: elle se disait ou se lisait. cela se voit à la fonction fort creuse, ici, du choeur- qui est au...coeur de la forme tragique, à l'origine. le choeur tragique, traditionnellement, représente l'humanité moyenne- un petit 36 par rapport au cothurne géant chaussé par le héros tragique. C'est de lui, le plus souvent, que vient la mesure humaine, cette pitié, mêlée d'effroi.



Le choeur de Corinthiens, dans la pièce de Médée, ne commente même plus les épisodes, n'en redoute pas non plus l'accomplissement, n'en déplore pas l'horreur -il reste MUET après le meurtre des enfants !! Non, il fait une leçon de mythologie, comparant les exemples d'hybris à travers les siècles et les légendes, ou alors il donne des recettes de buffet pour réussir un beau mariage- j'exagère à peine! Il ne faut donc pas compter sur ce choeur, qui botte en touche en permanence, pour avoir un mot favorable ou simplement compatissant pour l'héroïne..



Médée est accompagnée de sa nourrice : traditionnellement, c'est un personnage maternel, mi-servante, mi-protectrice, qui est souvent le seul secours de l'héroïne en butte aux attaques de la Némésis, cette jalousie sans pitié des Dieux. Eh bien, ici, la nourrice est vendue à l'ennemi : pas un mot sympa pour Médée, pas le moindre effort pour la ramener à des sentiments plus humains en lui rappelant, par exemple, comme elle préparait bien les tisanes quand elle était jeunette… Cette sociale-traître de nourrice nous confie même son horreur pour son ancienne pupille dans des a parte qui frisent le coup de poignard dans le dos :



« Nous sommes menacés d'un forfait immense, effréné, impie, si j'en crois le visage furieux que je lui vois ! »



Quant aux autres personnages, Créon, Jason ou le Messager, inutile de dire leur répulsion pour la magicienne !



Médée est donc seule, face à Créon qui la hait et lui accorde à grand peine un jour pour dire adieu à ses enfants. Et bien sûr seule face à Jason qui s'apprête, le salaud, à convoler en injustes noces avec Créüse, fille de Créon, elle qui n'a pas levé le petit doigt pour lui donner la Toison d'Or, alors que Médée a fait tout le sale boulot! Médée n'a-telle pas tué son père, son frère, son beau-père, pour permettre à Jason d'accéder au trésor et au pouvoir?



Mais cet opportuniste de Jason a une faiblesse : ses enfants. Il les aime, et ne veut pas les laisser à Médée, ni partir avec elle non plus. Folle de chagrin, de colère et de ressentiment, Médée tue alors, un à un, ses enfants sous les yeux horrifiés de Jason et du spectateur. Non sans avoir au préalable chargé ces mêmes enfants de porter à leur future belle-mère des cadeaux empoisonnés qui provoquent sa mort et celle de Créon, tandis que l'incendie ravage leur palais….Fin de la tragédie !



Oups !



Là, la pilule passe vraiment mal…Sénèque a beau l'avoir abandonnée en rase campagne sans le moindre avocat, on a du mal à compatir aux fureurs d'une héroïne, qui semble trouver dans les pires abîmes la force qui va l'aider à commettre l'infanticide :



« O haine, mène-moi où il te plaît ! Je te suis ! (…) Que n'ai-je mis au monde quatorze enfants ! J'ai été trop stérile pour ma vengeance ! je n'ai mis au monde(…) que deux fils ! »



Et Médée ose dire à Jason:



« le fils que voici a déjà subi le trépas auquel il était voué ; quant à l'autre, c'est sous tes yeux que je vais le mettre à mort ! »



et elle ajoute, sadique :



« C'est à l'endroit où tu refuses d'être frappé, au point qui t'est douloureux, que je plongerai mon glaive. Va maintenant, homme superbe, va rechercher le lit des vierges : abandonne celles que tu as rendues mères ! »,



avant de fuir, altière, sur un char ailé tiré par deux serpents !!



Too much !



Cette Médée-là n'est qu'horreur : c'est une forcenée, un bloc de haine. Les dérives de la tragédie latine- à l'estomac et sans choeur - ne nous laissent rien à quoi nous accrocher. On ferme la dernière page avec un sentiment de dégoût !



Et pas le moindre argument, mesdames, pour titiller un peu notre fibre féministe !





Commenter  J’apprécie          288
La vie heureuse - La brièveté de la vie

De la brièveté de la vie: De la brièveté de la vie ou encore si' l'on peut se permettre de l'écrire autrement sous forme interrogative: Le temps est-il irréversible à l'homme?

Sénèque commence:

''La plupart des mortels, Paulin, se plaignent de l'injuste rigueur de la nature, de ce que nous naissons pour une vie si courte, de ce que la mesure du temps qui nous est donnée fuit avec tant de vitesse, tarit de rapidité, qu'à l'exception d'un très− petit nombre, la vie délaisse le reste des hommes, au moment où ils s'apprêtaient à vivre.''

Voici une problématique qui a toujours figuré parmi les préoccupations de l'homme. Mais elle ne concerne plus que la philosophie, elle implique aussi d'autres domaines de la science et de la vie.



Elle nous accompagne dans notre quotidien où l'homme par moment est tenté de se faufiler dans la peau de Dorian Gray, cet illustre personnage de portrait de Dorian Gray. En effet ce personnage avait percé le secret du temps qui n'avait plus d'emprise sur lui mais seulement sur sa jeunesse mais pas effectivement sur la brièveté de son existence.



Par contre à mon entendement, discuter de la brièveté de la vie est utopique d'autant plus que la science elle-même qui est sensée guider l'homme actuellement est complètement controversée sur la question. Dans un premier temps cette science contribue à lutter contre cette brièveté puis dans un autre elle s'y prête elle-même...
Commenter  J’apprécie          270
Apprendre à vivre : Lettres à Lucilius

À la seconde où j’écris ces lignes, des milliards d’informations transitent par internet. Le moindre battement de cils peut-être capturé par une caméra, votre position sur cette planète peut être géolocalisée par une armée de satellites et le timbre de votre voix est susceptible d’être enregistré, à tout moment, par le micro de votre smartphone. Notre être est scruté sous toutes ses facettes avec notre accord tacite. Que cela soit par inconscience, crédulité ou peurs en tout genre, nous sommes devenus asservis à la sacro-sainte technologie. Elle est notre nouvel horizon indépassable. Nous nous inclinons naïvement devant ce nouveau dieu et nous lui offrons notre servitude la plus volontaire. Un des effets de bords est que l’Homme, pour la première fois de l’Histoire, est acculé par la rapidité des évolutions technologiques. À peine a-t-il le temps de comprendre grosso modo ce qui lui arrive, que de nouvelles options entrent, de gré ou de force, dans son quotidien. Là où, autrefois, il contrôlait les machines, le voici soudainement à se rendre esclave d’elles. Ce talon d’Achille est du pain béni pour les créateurs de gadgets pseudo-révolutionnaires qui, grâce à un matraquage publicitaire intensif, tirent sur de vieilles ficelles usées jusqu’à la corde mais qui continuent de fonctionner à merveille: Les peurs, les passions et la modernité. “Si tu n’achètes pas le tout dernier Floutch3.0 qui te rendra puissant, alors tu fais déjà partie de l’ancien monde. Au revoir”. Drôle d’époque où l’être humain se marchandise lui-même sous le joug de la technologie. 😉



Il ne tient qu’à nous de ralentir cette folle agitation qui a tendance à émietter notre existence. Et pourquoi pas en relisant des classiques de la philosophie tels que les Lettres à Lucilius. Je vous livre ici une petite analyse de cette correspondance épistolaire qui pourrait nous donner des pistes pour mieux vivre.



Il convient d’abord de dire un mot sur l’auteur de ces lettres, Sénèque. Il naquit à Cordoue en – 4 avant J-C et mourut à Rome en 65. Conseiller à la cour impériale romaine sous Caligula avant d’être forcé de s’exiler en Corse sous le prétexte d’un adultère avec la sœur de ce même Caligula. Il reviendra, des années plus tard, en tant que magistrat dans la cité éternelle avant d’être le précepteur de Néron. Une relation qui ne tardera pas à tourner au vinaigre puisque l’empereur finira par haïr Sénèque au point de vouloir l’empoisonner dans un premier temps et ensuite de le contraindre au suicide.



En plus d’être un homme d’État, Sénèque était dramaturge et philosophe stoïcien. À travers des dialogues ou des correspondances imaginaires, il prônait une neutralité à toute épreuve que cela soit en rapport avec l’argent, l’amour, la vie ou la mort. Nous sommes d’ailleurs en droit de nous demander si les belles paroles de Sénèque, que l’on retrouve, entre autre, dans les Lettres à Lucilius, avaient une portée réaliste tant la vie du philosophe était tout sauf indifférente.



Les cent vingt-quatre lettres qu’écrivit Sénèque au jeune Lucilius, alors gouverneur de Sicile, sont autant de conseils où le philosophe expose sa vision d’une vie paisible. Aucune trace d’un envoi ni aucune réponse de Lucilius ne prouve que cette correspondance fut réelle. Il semblerait que ces lettres soient non seulement destinées à un lectorat plus large mais aussi à Sénèque lui-même puisqu’il indique ceci dans la lettre VIII :



“ Je me suis non seulement écarté des hommes mais des affaires, et avant tout de mes propres affaires. Je travaille pour les hommes qui viendront. C’est pour eux que je consigne des choses qui pourront peut-être leur être utiles. Je leur adresse par écrit des avertissements salutaires, d’utiles préparations médicinales en quelque sorte, après en avoir testé l’efficacité sur mes propres blessures. Si elles ne sont pas complètement guéries, au moins ont-elles cessé d’empirer. ”



En écrivant ces lettres, c’est lui-même que l’auteur romain exhorte au stoïcisme. On peut lire, en filigrane, ses erreurs et faiblesses ainsi que sa définition d’une vie meilleure. Sénèque ajoute aussi la manière à son propos puisqu’il était un parfait rhéteur, il parvient, en utilisant savamment le langue, à créer une foule de maximes à l’intérieur de ses lettres qui font toujours mouche à notre époque. De plus cette écriture sous forme épistolaire fait en sorte que le lecteur a l’impression que Sénèque s’adresse directement à lui et susurre ses sages conseils au creux de l’oreille.



Les thèmes abordés dans ces lettres sont vastes et variés. Il y a le temps, la richesse, la foule, la vieillesse, la souffrance, le corps, l’activité physique, la reconnaissance, la servitude, les plaisirs, la cuisine, etc. Sénèque dissèque la vie et donne son avis de stoïcien sur chaque élément. D’après l’auteur romain, l’existence dans son ensemble doit être la plus indifférente que possible. Il ne faut pas, par exemple, chercher à se distinguer mais simplement à “être”. Il faut se contenter du strict nécessaire, avoir une activité physique qui ne vide pas la tête mais qui, au contraire, renforce l’esprit ou encore manger des choses simples, sans fioritures.



Et c’est peut-être là que le bât blesse puisque malgré ses exhortations, Sénèque n’était pas vraiment celui qu’il conseillait d’être. Sa vie fut loin d’être indifférente et discrète. Faites ce que je dis, pas ce que j’ai fait 😉. La philosophie stoïcienne a sans doute le défaut de son avantage, elle est trop belle pour être réaliste, trop ambitieuse pour être pratique.



Il n’en reste pas moins que les conseils, que l’auteur romain égrène au fil des lettres, questionnent notre époque qui est l’exacte opposée de ce que préconisait le stoïcisme de Sénèque. Nous ne cessons de nous précipiter tous azimuts mûs par la peur, l’envie, le désir de paraître, sans nous arrêter un instant et faire réellement le tour de soi-même. À ce titre, lire ou relire ces lettres n’est certainement pas vain.



“ Il a bien recueilli les fruits de la sagesse, celui qui meurt aussi tranquille qu’au jour de sa naissance. Tandis que nous, nous tremblons à l’approche du danger. Plus aucun courage ; nous changeons de couleur, nous versons des larmes inutiles. Quelle honte ! Être inquiet au seuil de la quiétude ! La raison, la voici : dépouillés de nos biens, nous souffrons d’avoir gaspillé notre vie. Elle ne nous a rien laissé d’elle, elle a passé, coulé. Tout le monde veille non à bien vivre mais à vivre longtemps, alors qu’en fait il est donné à tout le monde de bien vivre, mais de vivre longtemps, à personne. “
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
Commenter  J’apprécie          268
De la providence

Sénèque est un philosophe stoïque né en Ibérie romaine, à l’époque de Jésus.

« Pourquoi, si le monde est conduit par la providence, des hommes de bien sont si souvent atteints par des maux ? », lui demande Lucilius, son ami.

A partir d’éléments virils, les Romains étant relativement "machos", Sénèque explique que Jupiter aime les gens qui affrontent les épreuves : on rejoint un peu Epictète et son stoïcisme.

Pour Sénèque : « Le souverain bien, c'est une âme qui méprise les événements extérieurs et se réjouit par la vertu.

« Le souverain bien, c’est l’honnêteté", ok ;

pour Pascal, « le souverain bien », c’est « la grâce », mais à l’époque de Sénèque, la théologie n’existait pas, car « l’analyse du ciel » n’était que celui des étoiles.

Mais je le trouve plus dur qu’Epictète, car il justifie, et même glorifie le sacrifice de Régulus, le fait d’être capable de supporter, avec égalité d’âme, la perte d’un enfant, le suicide de Metellus Scipion qui n’arrivait pas à prendre Hippone.

Je trouve qu’il demande de mépriser ce qui correspond aux péchés capitaux, sauf l’orgueil : qu’est-ce qu’un suicide devant une ville qu’on n’arrive pas à prendre, sinon de l’orgueil, et même un caprice ?

Cependant, je pense que la vie n’avait pas autant d’importance à cette époque que maintenant : les valeurs ( la vertu ) de Sénèque ne sont pas les mêmes que les nôtres.

..

Je me méfie de Sénèque.

D’une part, à deux reprises, il a déformé les propos de Socrate.

D’autre part, je le trouve très orgueilleux dans ses propos : « le bonheur du sage est comparable à celui de Dieu ». Il y a deux ou trois autres passages de cette facture.

De plus, où est « le cœur » ? Evidemment, chez les stoïques, il faut être impassible, c’est « l’apatheia », l’ataraxie, la tranquillité de l’âme, évoquée également par Epictète.

Mais je pense que la philosophie doit composer avec trois éléments, et non pas deux :

.

- le ventre, les passions, le « ça » de Freud ; ok, ils essaient tous de ne pas faire un compte avec cela, qui est pourtant, dans le sens positif, un facteur de motivation ;

- l’esprit, le cerveau, le « surmoi » ;

- le cœur, les sentiments, l’âme, l’empathie, le « moi ». Si ce dernier n’existe pas, l’homme n’est qu’une machine, et il est capable de se protéger des événements malfaisants comme le font les stoïques, certes, mais aussi de conduire aux pires catastrophes.

.

Pour Sénèque, il ne reste que l’esprit, la raison !

Enfin, il critique Epicure, dont la philosophie, quoiqu’on en dise, ne me semble pas « dépravée ».

Et puis j’ai eu des échos comme quoi Sénèque n’appliquait pas toujours les principes qu’il prônait 😊

Sénèque avait des responsabilités dans des gouvernements difficiles, sous les tyrans Caligula ou Néron. Mais je doute qu’avec son orgueil, même sous Marc-Aurèle, Sénèque eût été un bon sénateur.

Commenter  J’apprécie          253
Lettres à Lucilius

Ce livre est un recueil de 124 lettres que Sénèque adresse à Lucilius, alors gouverneur de Sicile. Leur correspondance aborde une foule de sujet et donne une bonne introduction au stoïcisme. Sénèque conseille de se détacher complètement des plaisirs du monde et de mener une vie sobre : frugalité des repas, exercices simples pour faire travailler le corps, renoncer à la richesse, au luxe et aux honneurs, … D'un autre côté, le sage doit se préparer aux nombreux coups du sort et se rendre indifférent aux malheurs qui pourrait le frapper.



Le côté «pratique» est très appréciable : l'auteur ne disserte pas pendant des heures sur des concepts purement intellectuels, mais prend des exemples contemporains et réels, et les dissèque en montrant ce qui et ce qui n'est pas digne d'un sage. Les références à Épicure sont nombreuses, ce qui surprend au premier abord, puisque les deux écoles sont opposées sur bien des points. Ça rehausse encore l'estime que j'ai pour le philosophe, qui est capable de reconnaître la valeur des hommes qui sont pourtant en désaccord avec lui.



Même si le stoïcisme «pur et dur» est un peu trop austère à mon goût, chacun pourra y trouver une foule de conseils pour améliorer sa vie.
Commenter  J’apprécie          250
L'exil

Ouvrage emprunté d'une boite à livres en ville. Quelques extraits de Consolation à Helvia, ma mère, alors que Sénèque était en exil en Corse, assortis de calligraphies d'Hassan Massoudy.



Considérons que Sénèque voulait atténuer la peine de sa mère en cherchant à la convaincre que la privation ne lui pesait pas et était pour lui source de réflexions sur les biens de ce monde. Sinon que vaudraient les bonnes paroles quand on sait que celui qui les a prononcées ne les a pas appliquées à lui-même ?



Finalement plus intéressant pour le prétexte à calligraphie choisi par Hassan Massoudy.



Commenter  J’apprécie          230
Lettres à Lucilius : 1 à 29 : livres I à III

Cette édition ne reprend que les 29 premières lettres, qui composent l'introduction à la correspondance totale avec Lucilius.

Dans ces lettres , Sénèque parle de la conception de la sagesse selon les stoïciens et essaie d'inculquer cette philosophie à son ami. Basée sur la maîtrise de soi, le refus de biens inutiles, l'acceptation de ce que l'on ne peut pas changer, et donc de la mort, la nécessité de conformer nos actes à nos paroles... Cette philosophie s'opposait, sous le règne de Néron, aux déviances épicuriennes et à la décadence des meurs à cette époque.

Chaque lettre correspond à un thème particulier, à une "leçon" qu'il nous faut mettre en pratique si possible. le style et les références sont accessibles, grâce aux nombreuses notes. de plus, Sénèque, en utilisant des exemples de la vie quotidienne nous replace dans le contexte de son époque, ce qui me paraît intéressant.

C'est donc une lecture qui nous questionne sur notre vie - c'est le but de la philosophie - et nous incite à nous améliorer par la pratique quotidienne des préceptes stoïciens ; c'est le plus difficile.

Commenter  J’apprécie          230
Lettres à Lucilius

Après avoir lu « Quitte Rome ou meurs » de Romain Sardou, un roman épistolaire fondé sur les « Lettres à Lucilius » de Sénèque, j’ai dû franchir le pas suivant par consulter ces lettres de Sénèque moi-même. C’est en fait un bon moment pour ça, car maintenant je suis aussi en cours de lire « Essais » de Montaigne. Ce livre célèbre contient suffisamment de références à l’œuvre de Sénèque pour qu’il faille la peine pour me plonger dans ces lettres illustres. Ils sont disponibles sur internet. J’ai lu la collection sur Wikisource, la traduction française des lettres à l’origine écrites en latin par J. Baillard, Hachette, 1914.



La collection comprend 124 lettres qui touchent à un grand nombre de sujets. Il y a des lettres sur la vie quotidienne romaine mais aussi sur de sujets plus métaphysiques comme le stoïcisme. Les lettres contiennent beaucoup de citations des autres œuvres philosophiques. Par exemple, Sénèque donne à la fin de maintes lettres une parole mémorable d’un quelconque philosophe grec ou romain comme une « fleur dérobée aux jardins d’autrui ». Ces « fleurs » sont souvent des citations d’Épicure.

Malgré la diversité de sujets traités, il y a quelques termes clés qui reviennent régulièrement : « l’affermissement de ses principes et la diminution de ses désirs », « la pauvreté, l’âme, la sagesse » et « la signification de la mort et du suicide ». C’est une chose intéressante comment Sénèque présente fréquemment la pauvreté comme la façon la plus sûre de développer la sagesse et de « purifier son âme ». Par exemple, il écrit : « Il est beau de n’être pas gâté par la compagnie des richesses ; il y a de la grandeur à rester pauvre au milieu d’elles, mais plus de sécurité à ne les avoir pas ». Cette insistance à la sobriété est intéressante et un peu ironique, car je crois que Sénèque lui-même était un homme extraordinairement riche.



Bien que les lettres soient des textes philosophiques qui contiennent souvent des arguments difficiles à suivre et des phrases compliquées, la plupart de la collection est raisonnablement facile à lire. En effet, les lettres constituent une sorte de matériel scolaire pour apprendre le français. C’est aussi pour ça que j’ai lu cette collection de lettres avec un tel plaisir.



Après avoir terminé « Les lettres à Lusilius » je crois que je devrais aussi découvrir un peu l’œuvre d’Épicure. C’est un philosophe grec dont je connaissais déjà le nom mais pas encore son œuvre. Alors, après avoir d’abord terminé « Essais » de Montaigne, ce qui va durer encore un peu de temps, je vais explorer l’œuvre d’Epicure. J’espère qu’il est également facile à lire que Sénèque…
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
Commenter  J’apprécie          230
De la brièveté de la vie

Bonne nouvelle : la vie n'est pas courte, elle est longue si on sait la vivre, utiliser le temps qui nous est donné à bon escient. Réflexions d'une grande modernité, ce qui est logique puisque le sujet abordé est intemporel.

Les hommes courent après la gloire, les honneurs, gaspillent leur temps en activités inutiles, vivent comme s'ils avaient l'éternité devant eux. "Vous vivez comme si vous étiez destinés à vivre toujours".

Inutile de se demander ce que l'on fera à la retraite, à cinquante ou soixante ans puisque nous ne sommes pas sûrs d'atteindre cet âge, vivons le présent et ne le gaspillons pas."Le plus grand obstacle à la vie est l'attente qui espère demain et néglige aujourd'hui".

Beaucoup d'hommes n'ont pas longtemps vécu mais ont longtemps été, n'ont pas été dans la vie mais dans le temps "ce n'est pas de la vie mais du temps". Pour éviter de perdre sa vie, mobilisons nos ressources intérieures, les seules qui restent durables.

Commenter  J’apprécie          210




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sénèque Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous bien l'histoire de Parvana ?

Comment se nomme la grande sœur de Parvana ?

Nooria
Marwa
Soliah
Fouzia

15 questions
141 lecteurs ont répondu
Thème : Parvana : Une enfance en Afghanistan de Deborah EllisCréer un quiz sur cet auteur

{* *}