AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Adrian Tchaikovsky (255)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dans la toile du temps

Une lecture mitigée.





L’humanité s’est auto détruite, seule des arches ont pu être envoyées dans l’espace à la recherche d’une nouvelle planète pour tout recommencer. L’une de ces planètes, fruit d’une expérience ratée de l’ancienne civilisation terrestre, a permis l’évolution d’une espèce arachnide. L’affrontement est inévitable ?



Pour expliquer le roman, il suffit de mélanger Destination ténèbres de Robinson, Évolution de Baxter, Les fourmis de Werber, Aux tréfonds du ciel de Vinge et Élévation de Brin (dont l’auteur se réclame ouvertement) et vous savez tout.

Autant je me suis passionné pour l’évolution des arachnides, autant je me suis profondément ennuyé avec les humains, ce qui fait que je n’ai réellement apprécié que les deux tiers du livre.

La lecture n’est pas particulièrement exigeante, mais il faut savoir apprécier la Hard science, version biologie.

J’ai trouvé parfois ma lecture un peu froide, qu’il manquait d’un petit « je ne sais quoi » pouvant générer l’exaltation du lecteur.

Sur les différents concepts abordés dans le roman, une petite mention spéciale sur la condition masculine arachnide au travers de l’évolution de l’espèce.

J’ai bien aimé les cent dernières pages qui auraient méritées d’ailleurs un développement plus complet.



A lire donc, avec peut être une suite un jour ? Les spécialistes, ils en pensent quoi ?
Commenter  J’apprécie          10712
Dans les profondeurs du temps

Décevant.

Après les araignées, les poulpes et un parasite bien roublard.



Construit comme le tome précédent, on retrouve nos Portidés et les Humains, en bonne intelligence, comme on les avait laissés à la fin.

Direction une nouvelle planète qui, surprise, a aussi fait l’objet d’une approche de « l’ancien Empire » ce qui a eu pour effet de développer (cette fois consciemment) une nouvelle espèce intelligente. Les poulpes.



On alterne donc, séquences sur le passé, humains ancienne génération, espèce en devenir pour les octopodes et le présent. Affrontement d’intelligences avec l’énorme écueil de la communication inter espèce.

Si Portidés, Humains et IA ont réglé, ou presque, leurs problèmes de communication, on retrouve là un nouveau système fondé sur les couleurs, les émotions. Et gardons nous de tout anthropomorphisme.



Ce que j’avais le plus aimé dans le premier tome, c’était l’histoire et l’ascension des Portidés, m’ennuyant avec les humains. Et dans ce tome, on est quasiment mis devant le fait accompli, on découvre une nouvelle espèce, déjà évoluée, ayant même par moment dépassé l’ancienne technologie. Mais pour quelle utilisation ? Et j’ai du coup, moyennement apprécié les interactions inter espèces.

Sans compter les relations avec le parasite. On se demande si l’auteur n’avait pas en tête deux possibilités, poulpes et parasites, mais pas assez de matière pour faire un livre sur chaque concept.

Parce que c’est là que le bât blesse. La matière. On ne découvre ni n’apprenons grand-chose. Scientifiquement parlant (Hard science) c’est survolé, pas de sens of wonder, pas d’épique, pas de surprises.



Bref, décevant.
Commenter  J’apprécie          926
Chiens de guerre

Passionnant.





Rex est un chien de guerre, avec ses comparses biomorphes, Miel, dragon et abeilles,  ils sont aux ordres d'une multinationale paramilitaire pour contrer un mouvement révolutionnaire en Amérique du Sud. Mais quand le contrôle, technologique et affectif, se brise ou est brisé, que vont faire ces machines biologiques de guerre livrées à elle-même. La société est-elle prête à laisser en vie ces armes de destruction massive ?





Après une première partie très "primaire" où l'action est omniprésente, dans un style très simple, puisque le conteur est Rex, on aborde ensuite de façon plus complexe, la place des intelligences artificielles et celles des biomorphes dans la société. Avec procès, opinion publique et médias à l'appui (mais sans négliger la part d'ombre de ces êtres créés pour le combat).



Beaucoup plus abordable stylistiquement que "dans la toile du temps" du même auteur, j'ai particulièrement bien aimé ma lecture. Le sujet est abordé intelligemment, mais sans excès, la lecture est fluide, attractive. C'est original, sans excès, on ne verse pas dans le pathos ou le veganisme.





Après, si cela reste une lecture appréciée, elle ne laissera pas, pour moi, non plus un souvenir impérissable. Il est des livres, qu'on lit, qu'on relit et qu'on adore reprendre, des années plus tard. (Les Dune de Herbert, les Vorkosigan de Bujold, les H.H de Weber ect puisqu'on est dans la sf militaire), lui ne rentrera pas dans mon cercle restreint des bouquins portés au panthéons des œuvres cultes en la matière.
Commenter  J’apprécie          9212
Sur la route d'Aldébaran

L’humanité organise un voyage interplanétaire pour découvrir et explorer une structure mystérieuse découverte au-delà de l’orbite de Pluton



Rencontre du troisième type, BDO (ou GTS en français) dans un mix de l’homme du labyrinthe de Silverberg et du célèbre Cube.

Loin d’un rendez-vous avec Rama, l’auteur mélange un humour grinçant, ironique mais qui fait souvent mouche avec une SF parfois horrifique façon Alien.

Je fais comme l’auteur, je multiplie les références et les clins d’œil.

Mon sentiment, hélas est que ce n’est pas parce que j’ai repéré pas mal de ces refs (et que beaucoup d’autres font l’objet d’une note du traducteur) que j’ai apprécié ma lecture.



Difficile de se passionner pour le personnage principal, on est à la limite du désintérêt de son devenir. Les xénos sont soient fades, soit caricaturaux et le tout avec un manque de finalité évidente, en dehors d’un truc sociologico, psychologico éthologique.



Bref : je suis passé à côté…
Commenter  J’apprécie          742
Chiens de guerre

Décidément, Brexit ou pas, la Grande Bretagne regorge d’auteurs talentueux.



Chiens de guerre est le premier roman d’Adrian Tchaikovsky que je lis. L’auteur est déjà réputé en France pour son Dans la Toile du Temps. J’ai préféré commencer par « Chiens » pour une raison prosaïque : il est plus court. Et franchement, rien à regretter. C’était superbe de bout en bout.

Je pensais au départ avoir droit à un « simple » récit de SF militaire. Comme on dit dans Les Tontons Flingueurs : « il y en a ». Les scènes de bataille avec ces animaux augmentés et variés maitrisant la tactique aussi bien que Montgomery, vues par les yeux de Rex, sont incroyablement visuelles ; pas besoin d’effets spéciaux. Mais l’auteur nous amène sur des chemins que je n’aurais pas imaginé un animal – même augmenté – prendre. Les chapitres consacrés au « procès » ne sont pas sans rappeler des thrillers judiciaires comme Le Maître du Jeu de John Grisham (je n’ai vu que la version cinématographique de Gary Fleder). Et les scènes de la Fourrière valent bien Le Prophète de Jacques Audiard (bon, j’exagère un brin).



Au-delà de l’aspect guerrier, deux thèmes pointent leur nez dans ce roman : l’humanité des êtres créés par l’homme (et son corollaire législatif) et la transformation profonde de la société par la technologie.

Par « humanité » j’entends bien sûr que les êtres créés par l’homme sont susceptibles d’acquérir des émotions et des modes de pensée humains. C’est un thème ancien auquel on peut rattacher parmi de tonnes d’exemples Frankenstein de Mary Shelley, L’Homme Bicentenaire d’Isaac Asimov ou Marée Stellaire de David Brin. A ce titre, l’évolution du langage de Rex au cours du roman (Rex sert souvent de point de vue principal) est proprement remarquable. Si au départ on peut le considérer comme équivalent à une intelligence artificielle formée par une méthode proche de l’apprentissage par renforcement (dans lequel les notions de récompense et de punition tiennent une place importante), il finit par se comporter de manière tellement humaine – du bon côté de l’humain – qu’il en arracherait des larmes.

Bien sûr, la réception par l’opinion publique et les gouvernements d’une espèce aux capacités dangereuses pose problème (et là je vous renvoie vers les X-Men ou A la Poursuite des Slans de A. E. van Vogt). On peut en avoir peur, vouloir la détruire, assurément la maintenir sous contrôle. Quelles sont les stratégies qui s’offrent aux « augmentés » pour se faire accepter ? Cette question irrigue tout le récit. Il y a des gens pour les considérer comme des objets et d’autres pour vouloir leur accorder des droits équivalents à ceux des hommes. Diversité d’opinions entre lesquelles navigue la « publique » en fonction des événements.



Adrian Tchaikovsky se régale à tirer les fils de son idée d’animaux augmentés, à extrapoler dans toutes les directions technologiques : intelligence distribuée sur une multitude d’êtres vivants ou pas, extension de la notion d’esprit global au niveau écosystémique, mais aussi nouvel esclavagisme, respect de la chaine hiérarchique implantée dans les esprits des employés. On frôle en permanence la notion de singularité technologique chère à Vernor Vinge. Certaines idées sont enthousiasmantes, d’autres proprement effroyables. L’auteur excelle quand il nous présente les possibilités dans toute leur diversité, en se basant sur le fait que l’humanité est assez nombreuse pour autoriser la mise en œuvre de ces idées de manière simultanée. Du grand art.



Ce roman m’a séduit bien au-delà que ce que j’en attendais. A présent il faut vraiment que je descende Dans la Toile du Temps de son étagère.

Mais en fait il m’a surtout donné une furieuse envie de relire deux œuvres qui n’ont pas grand-chose à voir entre elles : Marée Stellaire, que j’ai déjà mentionné, et la série BD De Cape et de Crocs 😊.

Commenter  J’apprécie          4913
Dans la toile du temps

Sur une lointaine planète terraformée par les Hommes, une expérience visant à augmenter l’intelligence de singes via un nanovirus a échoué. C’est une toute autre espèce animale qui va évoluer à leur place, des araignées. Au fil du temps, ces chasseuses solitaires vont peu à peu se muer en animaux sociaux et créer une véritable société. Pendant que les arachnides évoluaient, l’humanité s’est détruite. La Terre se meurt et ne subsistent que quelques Hommes qui, à bord d’arches spatiales, parcourent l’espace à la recherche d’une planète qui pourra leur permettre un second départ.



En voyant ce résumé, on pourrait facilement s’imaginer qu’on va se retrouver face à un récit bourrin qui mettra en scène la confrontation des deux espèces. Et bien pas du tout ! Avec « Dans la toile du temps », Adrian Tchaikovsky propose un roman intelligent et subtil qui m’a littéralement soufflée.

Le récit consiste en une alternance de chapitres, tantôt du point de vue des humains, tantôt du point de vue des araignées. De façon naturelle on s’attache à ces Hommes qui sont les derniers représentants de l’humanité. Mais, et c’est là un des exploits du roman, en nous immergeant dans la civilisation arachnide l’auteur créé un véritable lien entre ces créatures et le lecteur. Dans la vraie vie, les araignées me répugnent. Lors de ma lecture, je n’ai jamais ressenti cette répulsion. Tchaikovsky est parvenu à me faire aimer ses araignées. Impossible de ne pas s’attacher à Portia, Fabian et les autres. L’auteur nous fait adopter leur point de vue et ceci en recourant très peu à l’anthropomorphisme. Peu à peu le lecteur prend conscience que ces deux espèces, bien que très différentes, ont des points communs. Humains et arachnides ont le même instinct de conservation de l’espèce, problématique qui est un des enjeux principaux du roman.

Le récit est parfaitement mené, notamment grâce l’alternance des points de vue. A chaque fin de chapitre, on est triste de quitter les uns mais heureux de retrouver les autres. L’intrigue ménage de jolis rebondissements dont l’impact est renforcé par des ellipses savamment dosées. Tout est d’une fluidité remarquable et le lecteur est happé jusqu’à un dénouement bouleversant :



« Dans la toile du temps » est un grand roman de SF alliant un propos humaniste à un côté hard-SF très bien exploité (on n’est guère surpris d’apprendre que Tchaikovsky a une formation en zoologie), le tout avec un sense of wonder ébouriffant. « Dans la toile du temps » m’a passionnée du début à la fin, j’ai été transportée par un torrent d’émotions diverses et variées. Je remercie chaleureusement Babelio et Folio SF pour m’avoir permis ce beau voyage dans l’espace et plus encore.





Commenter  J’apprécie          4914
Sur la route d'Aldébaran

Un maelstrom de science fiction et d'horreur que nous plonge profondément dans la folie. On y occupe la tête d'un astronaute perdu dans un objet céleste, au delà de Pluton. L'artefact défis les mathématiques euclidiennes ainsi que la plupart des lois de la physique. Le protagoniste est un scientifique et tout cela participe graduellement à lui faire perdre la boule.



C'est aussi le genre d'histoire de laquelle on ne pas dire grand chose sans trop en dévoiler. L'intrigue infuse lentement et relève juste ce qu'il faut, juste au bon moment. Je dirais que c'est 150 pages de suspense. Puis un dernier 25 pages de "Oh, shit?!?!?!"



De manière générale, la weird SF et la SF d'horreur, c'est pas trop mon truc. Mais j'avoue qu'ici, j'ai complètement embarqué.
Commenter  J’apprécie          460
Chiens de guerre

Rex est un chien biomorphe créé comme guerrier. Rex veut être un bon chien. Qu'est-ce qu'un bon chien, si ce chien est créé pour tuer? Subtilement bien écrit pour aborder les thèmes de l'éthique et du choix. Une réflexion sur l'intelligence artificielle et ses dangers, mais peut-être également sous couvert de science-fiction, une réflexion sur le conditionnement que peut imposer certains maîtres à leurs animaux. Ce roman m'a fait penser à la trilogie Singularités de Robert J. Sawyer : ce singe qui réfléchit sur sa violence soit disant innée et l'intelligence artificielle que tout le monde craint : et si on choisissait tout simplement d'être bon? C'est le premier roman d'Adrian Tchaïkovsky que je découvre et je pense que ce n'est pas le dernier tant j'ai été ravie de cette découverte.
Commenter  J’apprécie          443
Dans la toile du temps

Incursion inhabituelle dans la SF : à bord du Gilgamesh, j'ai quitté ma zone de confort livresque pour une envoûtante balade dans les étoiles.



Alors que les humains ont bien fini par s'entretuer et détruire la planète, quelques milliers de Terriens sont parvenus malgré tout à fuir à bord de vaisseaux spatiaux, où ils ont été cryogénisés afin de recomposer l'humanité dans un autre système solaire. Les passagers du Gilgamesh errent ainsi pendant des centaines d'années dans l'univers, jusqu'à ce que le verdoyant monde de Kern leur apparaisse. Problème : il est déjà peuplé par une autre espèce, qui refuse d'accueillir les Terriens conquérants. Deux civilisations vont alors s'affronter au cours des siècles qui viennent.



J'ai beaucoup aimé cette histoire, bien plus complexe et profonde que mon résumé le laisse entendre. Car si Adrian Tchaikovsky utilise les codes de la SF en les détraquant (intelligences artificielles névrosées, portes automatiques qui coincent, écrans vidéos fêlés, équipage de anti-héros), j'ai eu davantage l'impression de lire un ouvrage philosophique qu'une oeuvre de pure fiction. L'auteur aborde en effet des sujets aussi forts que l'environnement, le temps, l'évolution, la communication, l'empathie -et j'ai particulièrement apprécié la façon dont il traite la question de la domination sexuelle. J'ai également admiré sa manière de décrire la formation d'une société (et quelle société !), et de ne pas choisir entre les deux civilisations amenées à s'affronter.



C'est donc un roman intelligent et bien nuancé, ponctué d'humour (british) et plein de suspense ; une belle découverte, qui me donne envie de lire la suite.

Et vous, vous embarquez quand sur le Gilgamesh ?
Commenter  J’apprécie          4024
Sur la route d'Aldébaran

J’ai choisi de découvrir la plume d’Adrian Tchaikovsky avec cette novella de science-fiction horrifique. J’avais été prévenue dès le départ, l’histoire était une rencontre improbable entre La grande porte de Frederik Pohl (dans ma pàl mais pas encore lu) et le film Alien.



Gary Rendell a toujours voulu devenir astronaute et il a réalisé son rêve. Il intègre une équipe internationale pour aller explorer un mystérieux artefact dans l’espace. C’est lui qui raconte l’histoire et il le dit lui-même : « il fallait être dingue pour entrer dans ce foutu machin. »



J’ai beaucoup aimé le ton, c’est très amusant à lire. On sent bien qu’il a quelque chose qui cloche mais quoi ? Pour vous donner un indice, je n’irai jamais voir l’adaptation cinématographique.



Le fin fond de l’histoire est inattendu et épouvantable mais j’ai passé un très bon moment de lecture.











#12auteurs2022

Challenge SFFF 2022

Challenge mauvais genres 2022
Commenter  J’apprécie          406
Chiens de guerre

Formidable !

Après ma lecture de “Sur la foute d’Aldebaran” d’Adrian Tchaikowsky que j’ai adoré, j’ai tout de suite enchaîné avec celui-ci. Mon enthousiasme pour cet auteur n’est pas retombé, bien au contraire. C’est un récit de SF militaire, ou plutôt un Techno-Thriller (de la SF pas très éloignée de nous dans le temps, mais avec beaucoup de technologie). Au Mexique, une guerre larvaire s’enlise depuis de nombreuses années, une armée, financée par des multinationales opère dans cette région, aidée par des animaux augmentés, un commando, composé d’un chien et de quelques autre animaux, génétiquement et cybernétiquement modifiés se charge d’y faire le ménage. Quasiment invincible, c’est un commando dirigé à distance par un officier, une machine de terreur qui ne laisse pas la moindre chance à ses adversaires.

La plupart des chapitres sont racontés à la première personne du singulier, on est dans la tête du chien Rex. L’auteur joue en nous mettant dans l’esprit de l’animal, avec un langage à son niveau, souvent parsemé de “bon chien”, comme un leitmotiv. Le langage évolue au fil du livre, tel Charlie Gordon dans “Des fleurs pour Algernon”. Les explications scientifiques sont rigoureuses, l’histoire paraît très crédible et le découpage et le rythme nous tiennent en haleine. L’écriture est efficace, inventive, cohérente avec l’histoire, elle ne néglige pas les émotions dans une ambiance où elles ne devraient pas apparaître, on s’attache aux personnages, complexes et tourmentés.

Le récit est dans l’action, c’est violent, mouvementé. Le thème de la guerre est agrémenté d’une flopée de thèmes tous plus passionnant les uns que les autres, la déontologie de la guerre, la soumission des militaires aux ordres supérieurs, le rôle des multinationales, l’éthique scientifique, rappelant aussi les thèmes de Frankenstein avec la création de la vie intelligente, de L’île du Docteur Moreau avec l’humanisation des animaux, des fleurs pour Algernon avec l’augmentation de l’intelligence, et aussi les questions de racisme, de reconnaissance des droits de tous les êtres vivants, de la peur de la différence, de la ghettoïsation. Adrian Tchaikowsky revisite le mythe de Prométhée, en soulevant une grande quantité de questions d’éthique, de déontologie, c’est intelligent, bien mené, le rythme et l’action s’articulent parfaitement avec les réflexions diverses, pas de temps de répit, du suspense, on ne reste pas en place, j’en ai eu le souffle coupé, je l’ai dévoré, j’ai adoré !

Commenter  J’apprécie          392
Dans la toile du temps

Lu grâce à une critique qui a titillé mon cerveau reptilien (niveau 1).

Selon la théorie qui s'y rapporte, notre cerveau est composé de trois «couches» qui se seraient développées à des moments différents de notre évolution.

C'est un peu le thème du livre : peut-on contrôler l'évolution d'une espèce ?

Nous allons suivre deux trajectoires parallèles et nous impliquer émotionnellement (niveau 2) dans les aventures des deux tribus décrites dans ce roman.

Ici, il est amusant de réfléchir (niveau 3) à notre perception de leur évolution. Posez-vous la question : que souhaite-je qu'il advienne de l'une, de l'autre? Puis : pourquoi cette réaction?

Sous cet aspect, c'est un roman très intéressant, ainsi bien sûr grâce au côté space opera mâtiné de "civilisation" (le célèbre jeu).

Une entrée en science fiction très recommandable, je confirme.

Retour au cerveau : sa structure la plus ancienne correspond à un cerveau hérité d’ancêtres reptiliens, d’où le nom, siège des comportements primaires, tandis que les deux autres, développés plus récemment, seraient dédiées d’une part aux émotions et d’autre part à la cognition.

Enfin pour les derniers, les preuves d’existence sont peut être moins certaines.

C'est aussi le thème de ce livre.
Commenter  J’apprécie          379
Dans les profondeurs du temps

Amis arachnophobes, welcome back !

En 2018, Denoël Lunes D’encre traduisait Dans la toile du temps de l’anglais Adrian Tchaikovsky, une histoire de colonisation à travers le temps et l’espace où une espèce inattendue allait devenir le nouvel espoir d’une humanité auto-destructrice : les araignées !

Et plus précisément, les Portia !

Génial opus de xénobiologie et réflexion passionnante sur la communication et l’évolution, Dans la Toile du Temps se terminait sur un espoir, celui d’une coopération entre araignées intelligentes et Humains avec un grand H, capables désormais de comprendre les arachnides et de vivre en paix avec elles.

Trois ans plus tard, voici qu’Adrian Tchaikovsky remet le couvert avec Dans les profondeurs du temps, nouvelle épopée spatio-xénobiologique qui nous révèle d’emblée une terrible vérité : Avrana Kern n’était pas la seule terraformatrice de l’univers !



Sur la route de Damas

C’est en effet avec une autre équipe de terraformateurs que commence Dans les profondeurs du temps à bord d’un gigantesque vaisseau, l’Égéen dirigé par le scientifique Yusuf Baltiel et son bras droit, le fantasque et asocial Disra Senkovi.

Contrairement à Kern, ce n’est pas un mais deux mondes potentiellement habitables que découvre l’expédition. La première planète, Damas, est recouverte de glace mais pourrait facilement devenir une planète-océan accueillante si l’on s’en donne la peine. La seconde, Nod, réserve quant à elle une immense surprise à l’Égéen : la vie !

Une vie animale primitive sans aucune structure sociale ou véritable civilisation, mais une vie quand même. Erma Lante, la biologiste, commence alors à étudier cette découverte hors du commun tandis que Baltiel réfléchit aux implications éthiques d’une telle présence extra-terrestre sur sa mission.

Disra Senkovi, de son côté, a une idée étrange et brillante à la fois : tester le virus de Califi et Rus, celui-là même qui permet une évolution accélérée des espèces, sur… ses poulpes chéris ! Bientôt, le scientifique colonise Damas avec une population d’octopodes imprévisibles et querelleurs.

Pourtant, ce n’est pas de Damas que viendra la véritable menace mais de Nod et d’une espèce prête à tout pour partir vers… une grande aventure !

Bien des années plus tard, une autre équipe d’explorateurs arrive dans le système de Nod et Damas à bord du Voyageur.

Cette équipe cherche des traces d’une humanité disparue et dont les derniers membres survivent sur une lointaine planète en compagnie d’araignées intelligentes vivants au sein d’une société matriarcale. Personne, ni Humains ni arachnides, ne s’attend à ce que cache ce coin d’univers perdu à des années-lumière de la planète de Kern !

Pour son nouvel opus, Adrian Tchaikovsky déplace son action vers de lointains horizons mais ne change pas, fondamentalement, la recette gagnante de son précédent ouvrage.

On pourrait croire dès lors que Dans les profondeurs du temps fait dans la redites…mais c’est bien mal connaître l’auteur britannique et son imagination débordante !



Huit tentacules ou Huit pattes ?

Tchaikovsky reprend une même structure narrative avec Dans les profondeurs du temps en alternant entre passé et présent, permettant au lecteur de découvrir par petits bouts l’histoire du système de Damas et de Nod (et incidemment de l’expédition de terraformation humaine qui y échoue) tout en entretenant le suspense sur ce qu’il se trame dans le présent lors de la redécouverte de ces deux planètes par l’équipage du Voyageur.

L’anglais tente alors simultanément de nous montrer les évolutions qu’on subit les relations arachnides-Humains depuis le dernier roman mais, en plus, de nous faire prendre conscience qu’il existe toujours des barrières intrinsèques et extrinsèques à la cohabitation entre les espèces, qu’il s’agisse des araignées, des Humains…et désormais des Poulpes.

C’est sur Damas que cette nouvelle espèce prospère et va, très rapidement, devenir capable de maîtriser le voyage spatial.

Comme toujours, Adrian Tchaikovsky est un maître lorsqu’on en vient à parler de xénobiologie et d’imaginer des races nouvelles dont le raisonnement n’a que peu à voir avec celui des êtres humains.

Les Poulpes, comme les arachnides dans le précédent roman, sont passionnants et se distinguent radicalement des deux autres espèces précédemment citées.

Le britannique imagine une société impulsive et imprévisible, en perpétuel changement, où la violence est aussi soudaine que passagère, où l’on compose avec plusieurs « cerveaux » et avec une curiosité dévorante.

Même si les Poulpes sont moins humanisés cette fois — car ils sont principalement appréhendés par le point de vue de l’équipage du Voyageur — , il n’en reste pas moins l’une des pièces maîtresses du récit.

À travers eux, et en restant focalisé sur les explorateurs du Voyageur, Adrian Tchaikovsky nous rejoue un énième premier contact où la place du langage prend toute son importance.

Encore une fois, la communication est la clé de la paix inter-espèces.



Les langages de l’univers

Prolongeant sa réflexion de Dans la Toile du Temps, l’auteur anglais s’attache à démontrer le rôle central joué par le langage et la communication dès que l’on entreprend d’aller vers l’autre.

De façon particulièrement brillante, Adrian Tchaikovsky explore les nombreuses possibilités de l’évolution, montrant autant de chemins possibles dans la communication qu’il y a d’espèces. Si les humains s’expriment en faisant vibrer leur larynx, les araignées utilisent les vibrations générées par leurs pattes et les postures de leurs corps. Les Poulpes, eux, affichent leur sentiment directement sur leur Parure, leur peau et leurs tentacules, en changeant de formes et de couleurs. Dès lors, il faut trouver des schémas universels pour se comprendre, des ressentis similaires et, finalement, des terrains d’entente qui font fi des spécificités de langage pour mieux les retranscrire de façon universelle. Il s’agit d’ailleurs ici plus de traduction et de compréhension que de lisser les choses.

Car à travers les différentes façons de communiquer, Tchaikovsky amorce une autre thématique, celle de la transmission du savoir.

Et c’est ici que le roman se fait le plus intéressant, dans sa façon de montrer comment se transmet l’histoire dans les diverses civilisations, utilisant divers supports et prenant en compte certaines caractéristiques essentielles de l’espèce.

C’est aussi à ce point de l’histoire que la « menace » qui se terre sur Nod va avoir un intérêt tout particulier pour le récit. Sans trop en dire, Tchaikovsky parvient à nous rejouer une variation de The Thing tout en s’interrogeant justement sur la nature et les intentions de la Chose en question.

Dès lors, l’anglais oppose la mémoire génétique à la mémoire acquise avant d’y déceler des points communs pour mieux les réconcilier.

Le Savoir, élément déjà prépondérant avec Dans la Toile du Temps, devient cette fois un enjeu universel capable de conquérir l’espace, il est aussi le marqueur de la civilisation et de l’entité consciente d’elle-même.

Peut-on vraiment se considérer comme une espèce intelligente si l’on n’a pas conscience de son passé et de son rôle dans notre évolution ?



L’importance de la diversité

Contrairement à pas mal de romans revendicateurs et militants du moment, Adrian Tchaikovsky parvient de façon particulièrement astucieuse à démontrer que la force vient de la pluralité et non de l’uniformisation.

Il le démontre à la fois par la pluralité des espèces présentes dans son histoire et leur façon d’interagir entre elles, mais aussi, et surtout, par l’évolution de cette espèce menaçante (et prodigieusement bien utilisée) qui tient longtemps lieu de danger interstellaire dans le récit.

En utilisant également Avrana Kern (ou ce qu’elle est devenue), son interaction avec Meshner et la tentation d’écraser son esprit pour son seul profit, le britannique offre au lecteur une ode à la diversité des êtres, des langages, des pensées, des civilisations.

Sans lourdeur et avec une précision narrative qui force le respect, Dans les profondeurs des temps montre que l’uniformisation est l’ultime fléau de l’évolution et de la pensée, que la cohabitation et la différence sont autant de chances pour l’être biologique comme pour l’être philosophique.

Une démonstration magistrale que l’on peut utiliser une histoire ambitieuse pour parler de principes moraux et sociaux sans sacrifier pour autant ses héros et ses enjeux sur l’autel d’un militantisme aveugle lourdingue.

Tchaikovsky impressionne et se permet même quelques caméos bibliques/littéraires amusants où s’invitent Noé, Paul ou encore Achab.

Les amateurs apprécieront.



Suite passionnante et foisonnante, Dans les profondeurs du temps continue de régaler le lecteur grâce à son sens aigue du suspense narratif, à son traitement malicieux de thématiques universelles et, surtout grâce à l’imagination xénobiologique débordante de son auteur, Adrian Tchaikovsky.
Lien : https://justaword.fr/dans-le..
Commenter  J’apprécie          361
Le Dernier des aînés

Auteur prolifique s’il en est, le britannique Adrian Tchaikovsky s’est déjà taillé une sacrée réputation dans le milieu de l’imaginaire.

Après Dans la Toile du Temps chez Denoël Lunes d’Encre, Sur la route d’Aldébaran chez Le Bélial’ ou encore Le Jour de l’Ascension dans l’univers de Warhammer 40.000, voici qu’il retourne dans la collection Une Heure Lumière pour une novella des plus excitantes : Le Dernier des Aînés.

Et si vous ne savez que choisir entre science-fiction et fantasy, pas de problème, Adrian Tchaikovsky a tout prévu !



Il était une fois…

Tout commence par la fin d’un périple, celui d’une princesse, Lynesse Quatrième Fille. Bien décidée à aider les peuples voisins à son Royaume, Lynesse, qui connaît par cœur les histoires et légendes de jadis, sait qu’il reste encore une personne qui peut contrecarrer la nouvelle et sinistre puissance qui s’étend dans l’Ordibois.

Cette personne, c’est Nyrgoth l’Aîné, dernier des sorciers.

En compagnie d’Esha Libre Marque, elle tente l’ascension de la montagne jusqu’à la tour mystérieuse de l’ancêtre.

Mais…

Hum.

Un sorcier, vous dites ?

Dès le deuxième chapitre, tout change.

Ce qui semblait être une énième histoire fantasy d’une jeune fille courageuse qui veut prouver sa valeur à sa famille et sauver son peuple, se transforme complètement.

Car Nyrgoth se réveille et il n’a rien d’un sorcier.

Nyr Illim Tevitch est anthropologue de deuxième classe du Service d’Exploration Terrien. Il a plusieurs siècles, des cornes augmentiques et un Système de Dissonance Cognitive (SDC) pour l’aider à prendre les meilleures décisions en toutes circonstances. Du moins, sur le papier.

Ce qui renvoie inévitablement à la troisième loi de Clarke :

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. »

Pour Lynesse et son peuple, Nyr est un sorcier, un magicien, capable d’accomplir des choses extraordinaires comme dompter des bêtes métalliques qui rôdent encore dans la forêt.

La vérité, c’est que Nyr dispose d’une technologie extrêmement avancée et qu’il fait partie de ceux qui ont « ensemencé » Sophos 4, cette lointaine planète, pour la rendre habitable. Nous sommes dans le même univers que Dans la Toile du Temps mais ici, point d’araignées intelligentes.

Ce qui intéresse l’auteur reste pourtant exactement la même chose au fond mais par une approche différente et rudement maligne.



Des hommes et des mythes

Le Dernier des Aînés se propose de nous raconter l’histoire d’une jeune femme consciente du passé de son peuple mais aussi de la souffrance de ses voisins. C’est une histoire de courage et d’héroïsme, une histoire qui pourrait être tout à fait fantasy s’il n’y avait ce second point de vue, complètement science-fictif cette fois, où Nyr nous donne une perception radicalement différente de la situation.

Celle d’un peuple qui ne comprend pas ce qu’il se passe, qui ne sait plus d’où il vient et qui a évolué de façon franchement fascinante.

Délicieux dans sa double-vision des évènements, le récit se concentre en réalité sur le thème favori d’Adrian Tchaikovsky : la communication.

Et pour être plus précis, l’incommunicabilité.

Celle-ci n’est plus ici entre des races différentes mais entre des peuples/paradigmes différents. C’est le décalage technologique qui crée ici l’incommunicabilité entre Nyr et Lynesse.

Et pourtant.

Pourtant tout est affaire de traduction entre ces deux représentants de deux civilisations aux attentes différentes. Lors d’un excellent chapitre, vous aurez droit à la traduction directe entre ce qu’explique Nyr et ce que comprend Lynesse. Le résultat est à la fois drôle et édifiant tant le fossé entre les deux montre à quel point le temps a fait son effet.

Au centre de tout ça se trouve aussi une plongée dans le rôle du conte et du mythe, dans ce que sa transmission a d’important historiquement et dans sa manière de consacrer l’adage que tout mythe contient une part de vérité.

S’il l’on peut tout à fait lire Le Dernier des Aînés comme une aventure sur une lointaine planète pour sauver des innocents des griffes d’une étrange créature (d’ailleurs elle aussi difficilement compréhensible, même pour Nyr), il faut admettre que ce qui fait tout l’intérêt de cette histoire, c’est de faire entrer en collision directe deux genres que tout sépare : la fantasy (et sa magie) d’un côté et la science-fiction (et sa rigueur) de l’autre.

Cette différence se ressent jusque dans la personnalité des deux personnages principaux, que ce soit Lynesse et son courage à toute épreuve ou Nyr et sa solitude glacée d’où suinte une tristesse matinée de rationalisme. En faisant se rejoindre ces deux êtres, Tchaikovsky ne fait pas qu’établir un pont entre les genres, il opère aussi une jonction entre deux humanités différentes qui en ressortent plus forte et plus durable.

Finissons sur une réflexion intéressante sur l’interventionnisme et sur ce que peut (doit) faire un observateur technologiquement plus avancée face à une civilisation pas forcément prête pour accueillir son savoir et ses conseils, et vous comprendrez définitivement que cette novella déborde de thématiques fascinantes et modernes.



Novella intelligente et passionnante, Le Dernier des Aînés compte assurément comme l’un des meilleurs textes de la collection Une Heure Lumière et comme l’un des meilleurs écrits d’Adrian Tchaikovsky autour du thème de la communication entre les espèces, les peuples et… les genres littéraires !

Indispensable et réjouissant.
Lien : https://justaword.fr/le-dern..
Commenter  J’apprécie          350
Dans les profondeurs du temps

« Dans la toile du temps » avait été un énorme coup de cœur. Preuve en est, cette suite, n’a pas pris la poussière sur mon étagère pendant des années. A l’issue de ma lecture, il y a quelques jours, j’étais un peu déçue. Mais, après avoir un peu digéré ce pavé foisonnant, je le réévalue à la hausse. C’est un bouquin qui gagne sans doute à chaque relecture, mais ça c’est l’avenir qui le dira.



Même si depuis la fin de ma lecture quelques jours se sont écoulés, mes réflexions vis-à-vis de ce roman sont encore un peu confuses et cela va sans doute se ressentir dans mon billet. « Dans les profondeurs du temps » est un roman complexe et foisonnant. Et c’est peu de le dire. Tchaikovsky propose une intrigue sophistiquée avec plusieurs ramifications. « Dans la toile du temps » utilisait déjà le principe des deux lignes narratives croisées, d’un côté celle des humains, de l’autre celle des araignées. « Dans les profondeurs du temps » va plus loin dans la double narration. On suit une tentative de terraformation se déroulant plusieurs générations avant la seconde ligne narrative qui suit une expédition menée par les descendants des humains et des araignées du 1er roman. L’intrigue est donc plutôt complexe et m’a un peu déroutée. Je l’ai trouvée parfois un peu difficile à suivre et j’ai parfois eu l’impression que le récit était confus et brouillon. En y repensant quelques jours après, ce sentiment s’estompe un peu et le récit m’apparait au contraire comme particulièrement maîtrisé mais très exigeant et demandant une forte implication de son lecteur.



L’auteur aborde une nouvelle fois de nombreux thèmes passionnants, en premier lieu la communication. Comme dans le roman précédent, cet aspect est vraiment passionnant. Tchaikovsky, tout en abordant le même sujet, parvient à ne pas se répéter et à proposer des développements autour de ce sujet nouveaux et originaux.

Le récit brasse plusieurs genres. « Dans les profondeurs du temps » tient du space opera, du récit de contact extra-terrestre, le tout avec un soupçon de hard-SF et une bonne dose de thriller horrifique. Le récit est donc foisonnant, riche, presque trop. Il y aurait eu de quoi faire plusieurs romans avec tous ces registres, tous ces arcs narratifs. C’est cette luxuriance narrative qui m’a sans doute donnée ce sentiment de trop-plein mais ce serait tout de même un comble de reprocher à un auteur sa générosité. D’autant plus que, si l’ensemble donne l’impression de partir dans tous les sens et demande une concentration sans faille, chaque registre est bien maîtrisé et donne lieu à des développements intéressants. La palme revenant au côté thriller horrifique qui m’a fait penser à «the thing » de Carpenter mais qui se déroulerait sur plusieurs générations sans pour autant perdre en suspense ni en sentiment d’urgence.



Le seul point que je ne réévalue pas à la hausse après digestion du roman, c’est le côté émotionnel. Par rapport au 1er roman, il m’a vraiment manqué quelque chose. « Dans la toile du temps » avait réussi à me toucher, à m’émouvoir, voire à me bouleverser. Ce n’est pas le cas de « Dans les profondeurs du temps » qui n’est pas parvenu à me remuer le cœur. Je pense que cela vient du fait que ce second volet manque de personnages vraiment attachants. Dans le 1er roman, j’étais tombée sous le charme des araignées. Portia, Fabian et les autres étaient, contre toute attente, de formidables personnages qui suscitaient des émotions. Les personnages de « dans les profondeurs du temps » sont intéressants mais m’ont laissée assez indifférente. J’ai trouvé que ce second volet s’adressait plus au cerveau qu’au cœur et la dimension émotionnelle m’a manquée.



« Dans les profondeurs du temps » est un roman qui se mérite, qui demande une grande implication du lecteur. Moins immédiatement séduisant que son prédécesseur, ce second volet est plus brillant, encore plus intellectuellement stimulant. Mais il m’a manquée un brin d’émotion pour emporter mon adhésion totale.

Commenter  J’apprécie          353
Dans la toile du temps

Vous pouvez passer un bon moment de lecture sans devoir vous accrocher aux premières pages…Le face à face humains et arachnides est captivant et nous fait penser aux fourmis de Bernard Werber. On ne tombe pas trop dans l’anthropomorphisme. En effet, les araignées restent des araignées, même si leur évolution les entraine sur les sujets habituels à la science-fiction : la guerre, la technologie, la religion, l'égalité des sexes. Sans jamais tomber dans les archétypes du genre, Adrian Tchaikovsky arrive à nous maintenir en haleine durant les 600 pages de son roman. Pour faciliter le premier contact entre les deux espèces, l’évolution des araignées sur leur planète pendant plusieurs millénaires, s’articule sur la chronologie du vaisseau humain dont les pérégrinations s’étalent également sur la même période. Les protagonistes peuvent ainsi se rencontrer et s’opposer violement mais aussi froidement comme deux races ignorant tout l’un de l’autre. Cette rencontre du troisième type s’appuie sur un style vivant et alerte qui caractérise l’auteur. Faute de lire l’anglais, je suis impatient d’attendre la traduction du tome 2 « Children of time»
Commenter  J’apprécie          342
Sur la route d'Aldébaran

Sur la route d'Albébaran fût une entrée dans l'univers d'Adrian Tchaikovsky vraiment percutante et perturbante. Une très belle découverte pour commencer cette nouvelle année !



La découverte, aux confins du système solaire, d'une immense structure qui ressemble étrangement à une gigantesque tête de grenouille va chambouler toutes les connaissances des organismes mondiaux. Un équipage international surentraîné va être dépêché pour un voyage qui va durer des dizaines d'années. le résultat de cette expédition va être étonnant à bien des égards.



Très court roman dépassant à peine les 150 pages, Sur la route d'Aldébaran est un véritable tour de force. L'intrigue tient la route et nous entraine dans un récit étonnant à l'ambiance particulièrement stressante. Adrian Tchaikovski étonne par la palette d'émotions à laquelle il nous fait passer : du rire à l'horreur sans que l'on s'y attende. L'évolution du personnage principal est étonnante et fait assurément le sel de ce récit marquant !
Commenter  J’apprécie          320
Sur la route d'Aldébaran

Après plusieurs publications chez Lunes D’encre, le britannique Adrian Tchaikovsky débarque cette fois chez Le Bélial’ pour une novella dans la prestigieuse collection Une Heure-Lumière.

Exit les araignées intelligentes de Dans la Toile du temps et bienvenue dans un immense labyrinthe aux couloirs infinis et aux salles gigantesques.

Sur la route d’Aldébaran ne marque pas pour autant la fin de l’histoire d’amour entre l’écrivain et les vies extraterrestres improbables, au contraire.

Découvrons avec l’astronaute Gary Rendell les nouvelles races qui arpentent le Dieu-Grenouille.



La faune de l’espace

Perdu dans un étrange labyrinthe, un homme nous raconte sa survie en milieu hostile (et silencieux).

Cet homme, c’est Gary Rendell, un astronaute d’une équipe d’exploration internationale lancée à la suite de la sonde spatiale Kaveney qui a découvert un bien étrange artefact aux confins du système solaire.

Dans le vide, un immense objet non identifié semble appeler à lui les visiteurs. Rapidement surnommé le Dieu-Grenouille à cause de son apparence de batracien, l’édifice semble s’ouvrir sur un gigantesque réseau de galeries et de salles incitant naturellement les différentes nations terrestres à former une équipe pour l’explorer…mais quelque chose tourne mal et Gary se retrouve le seul survivant humain en ce lieux étrange et inquiétant.

Immédiatement, on pense à L’Homme dans le Labyrinthe de Robert Silverberg ou même à Cube avec cet enchaînement de lieux froids et inhumains. Sauf qu’ici, pas de piège mécanique mais d’autres « visiteurs » comme autant de voyageurs égarés dans les couloirs du Dieu-Grenouille.

On retrouve ici l’amour immodéré d’Adrian Tchaikovsky pour la xénobiologie et les créatures improbables, des Ovoïdes-marcheurs à des êtres pyramidaux ou engoncés dans une enveloppe de métal, la faune de l’espace du britannique est toujours aussi réjouissante et inventive.

Pour la commenter, le britannique use cette fois d’un ton plus léger, souvent très humoristique et ironique, par l’intermédiaire de notre narrateur-survivant, Gary Rendell. Si cela rend le récit plus facile à lire, il enlève un élément pourtant fondamental à l’histoire : la tension horrifique. Malgré ses clins d’œil multiples à Alien/Prometheus, Sur la route d’Aldébaran ne mise pas sur l’horreur pure et dure, désamorçant quasiment toutes les situations par l’humour incisif de son héros astronaute. Nous sommes donc très loin de l’angoisse qui peut nous saisir à la lecture d’un Vision Aveugle ou de La Nef des Fous. Sur la route d’Aldébaran s’affirme plutôt un récit d’exploration gentiment désespéré où la communication semble extrêmement difficile pour ne pas dire impossible, une autre marotte de l’auteur britannique qui, cette fois, ne résoudra pas l’équation pour nous.



Le vrai visage du Mal

La novella entrelace deux fils narratifs : celui de Gary Rendell explorant le Dieu-Grenouille, perdu et esseulé, et celui de la découverte de l’objet cosmique par l’humanité, faisant hommage aux récits de science-fiction contenant des BDO (ou Big Dump Objects). Davantage qu’un 2001, Sur la route d’Aldébaran a un petit côté Stalker totalement imprévu où le narrateur (et le lecteur) se questionne sur la véritable nature du Dieu-Grenouille et ses espaces infinis. Qui a construit cet objet ? Dans quel but et pour qui ? Comme les stalkers picoraient les restes d’un pique-nique intergalactique, les êtres égarés dans le Dieu-Grenouille semblent incapables de saisir les tenants et aboutissants de leur propre aventure/existence en ce lieu, condamné à la question et au tâtonnements dans une froide obscurité. Peu à peu, Adrian Tchaikosvky va pourtant inverser les rôles pour mettre l’humain sur le même plan que les supposés prédateurs qui rôdent dans le Dieu-Grenouille. Très vite, le lecteur s’aperçoit que l’homme n’a rien à envier aux autres monstres et, peut-être même les surpasse-t-il tous en malignité ? Une sinistre conclusion sous les commentaires grinçants et hilarants d’un Gary Rendell de plus en plus inhumain et dérangé.



À la fois récit d’exploration faussement horrifique et journal intime d’une survie en milieu hostile, Sur la route d’Aldébaran vous offre le foisonnement habituel d’espèces étranges comme les affectionne tant Adrian Tchaikovsky et une réflexion sur le statut de prédateur et l’incommunicabilité avec l’autre.
Lien : https://justaword.fr/sur-la-..
Commenter  J’apprécie          320
Sur la route d'Aldébaran

j’ai trouvé cette novella totalement réjouissante. Un récit entre science fiction et fantastique, entre introspection et horreur, qui nous fait passer par toutes les émotions, du fou rire au dégoût total. C’est une histoire d’exploration spatiale, les éléments scientifiques sont bien posés, presque cohérents et pourtant totalement délirants, et le héros qui parle à la première personne est truculent, avec son côté désabusé, se demandant bien pourquoi il est allé se fourrer dans cette aventure, les flashbacks reviennent sur l’organisation de la mission pour mieux nous faire apprécier l’absurdité de la situation. J’ai adoré le ton cynique, j’ai adoré la conception scientifique de la situation, j’ai adoré le rythme, le suspense et la chute. C’est court et ça me donne envie de mieux découvrir cet auteur. Je n’en resterai donc pas là.
Commenter  J’apprécie          311
Sur la route d'Aldébaran

Gary erre dans les Cryptes. Gary est le seul humain perdu dans ce labyrinthe de l’espace. Gary est prisonnier dans cet artefact construit bien avant nos civilisations. Gary est un astronaute qui rencontre d’autres représentants d’espèces extra-terrestres, tour à tour menaçants, intrigants, dangereux ou indifférents. Gary veut survivre et retrouver le chemin du retour, tout en parlant à Toto, un personnage imaginaire qui l’accompagne et l’aide à ne pas sombrer.



La narration en flash-back explique peu à peu les raisons de la présence de Gary dans les Cryptes, dont la découverte aux confins du système solaire a amené les puissances terriennes à mettre sur pied une expédition. Quand l’équipe approche de cet objet, elle découvre une « tête de grenouille » géante.



Gary est coincé dans cette tête de grenouille, en réalité des salles et des couloirs qui défient les lois de la physique et qui offrent des atmosphères et des gravités adaptées à certaines espèces, mais pas à d’autres. Gary tente de sympathiser avec ces vagabonds de l’espace, mais il ne sait pas comment communiquer avec des êtres si différents… quand il n’échappe pas de peu à la mort avec des créatures tout droit sorties des pires cauchemars. Amateurs de Lovecraft, vous vous régalerez.



Gary ne manque pas d’un humour caustique, quand il parle à Toto, et à nous autres lecteurs. Le style du récit est une autre qualité de cette novella, contrepied bienvenu à une ambiance inquiétante, voire effrayante. Je me suis beaucoup amusée à la lecture de certains passages.



Si vous appréciez les courtes histoires de science-fiction bien ficelées et bien écrites, si vous attendez un worldbuilding solide et étonnant, si vous aimez avoir peur, si vous aimez les nouvelles « à chute », ou si vous recherchez une prose croustillante, ne vous privez pas !




Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          302




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Adrian Tchaikovsky (945)Voir plus


{* *}