Le duo Emma Green aurait été ravi de vous rencontrer à Livre Paris ! Pour votre plus grand plaisir, elles vous parlent de "Recherche Coloc" et d'un projet à venir
....Tout ça pour dire qu'on imagine pas toujours qu'il y a mieux ailleurs. Ou alors on pense qu'on y a pas droit. Quand on a quelque chose qu'on aime, ou qu'on croit aimer, même si ça manque de saveur, de passion, d'intensité, on n'a pas envie de le laisser tomber...Au moins, on a "ça". Et c'est rien qu'à soi.
- J'aime cette idée de loyauté. Mais à force d'aimer cette ... "chose", de ne jamais la lâcher, de s'y accrocher...On finit par oublier qu'elle ne nous convient pas. Qu'on mériterait mieux. Pas quelque chose de parfait, mais au moins quelque chose de plus vrai...
Si j'avais su à quoi ressemblait la vie d'adulte, je n'en aurais pas rêvé si fort.
Vous savez, vous pouvez rire de tout si ça vous chante, mais c'est très sérieux et très violent. Il y a des jeunes filles qui ont envie de se suicider pour moins que ça. Ça en dit long sur notre société qu'une victime soit traitée comme une coupable dès lors qu'un lâche bien caché derrière son écran décide de poster une vidéo intime ! La honte doit changer de camp, ce n'est pas à celle qui n'a rien fait de mal de se justifier, de se retrouver insultée, harcelée. Prenez-vous-en à ceux qui diffusent ces images, bon sang !
Ma colère prend soudain un autre tournant - du genre dérapage dangereux sur une plaque de verglas. Je peux encaisser les insultes, quand elles se font discrètes, j'ai déjà tout entendu. Je me fous bien de devenir une vache, une truie, une bombonne, une barrique ou une baleine dans la bouche des imbéciles plus ou moins originaux. Mais les humiliations publiques, ça ne passe plus. M'habiller en taille 50 ne fait pas de moi une victime consentante: qu'on me marche dessus, qu'on me rabaisse, qu'on m'appelle « ça », qu'on me réduise à mon corps gros comme si je n'étais qu'un objet, un amas de chair et de bourrelets, qu'on m'écarte comme un problème à régler, qu'on cherche à me faire disparaître pour me punir de trop exister, je ne le mérite pas. Je porte déjà mon poids tous les jours, toute l'année, je suis grosse et je le sais, je n'ai pas à supporter aussi le fardeau du rejet.
Il y a bien longtemps que j'ai arrêté d'avoir honte de qui j'étais.
Je prends conscience qu’on s’imagine souvent souffrir plus que les autres, par principe. Quand l’injustice et le malheur frappent au hasard et que leur foudre s’abat sans pitié, le réflexe consiste à se renfermer dans sa douleur plutôt que de s’ouvrir à celle des autres.
C'est ce que la société attend des gens différents: qu'on se fasse oublier, qu'on prenne moins de place, qu'on s'écrase, qu'on s'efface quand on dérange. Moi, je demande juste du respect et le droit d'exister telle que je suis. Mais ça a l'air impossible, dans cette vie.
Je suis ce que je suis. Et ce que je suis suffit.
(Et je veux bien le confesser: j'ai lu cette maxime un peu niaise sous la photo retouchée d'une fille parfaite allongée face à un coucher de soleil sur Insta...)
Alors je ne peux pas m'empêcher de me demander si on connaît aussi bien les gens qu'on le pense. Même ceux qu'on aime plus que tout.
Quand vous mentez, décevez ou abandonnez un enfant, ne croyez pas qu'il va renoncer, se résigner, arrêter d'espérer. Tout ce qu'il va faire, c'est s'accrocher d'avantage, y croire encore plus fort, attendre la prochaine promesse que vous tiendrez. Le prochain regard, la prochaine parole en l'air, la prochaine étreinte qui ne cédera pas, cette fois.
Merci d’accepter mes bizarreries et mes faiblesses, merci de ne pas m’oublier. J’ai à me montrer forte quand je ne me sens pas capable. Merci d’aimer ce qu’il y a de bien en moi… Et tout le reste.