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Citation de diFunttiChro


J’en étais à ma troisième bouteille de Jack Daniels lorsque Bones arriva. La nuit tombait, et les derniers rayons du soleil donnèrent une teinte rougeâtre à ses cheveux lorsqu’il passa la porte. Le simple fait de voir son corps rigide et musclé me fit serrer la main davantage autour de la bouteille de whiskey. La vache, ce qu’il était beau, mais il fallait que j’étouffe mes idées obscènes et que je tourne mes pensées vers autre chose. Les machines agricoles. L’élevage. La crise économique.
— Bon Dieu, Chaton, c’est comme ça que tu as passé ta journée ? Une bouteille à la main ?
Le ton moralisateur de Bones refroidit mes ardeurs temporaires. Bien, pas la peine de réfléchir au déclin de la nation !
— Tu as un teint magnifique, alors tu es mal placé pour critiquer, dis-je. C’est pour ça que tu as mis tant de temps ? Elle était particulièrement appétissante ?
J’étais jalouse, aussi irrationnel que cela puisse paraître. Bones se nourrissait de femmes pour deux raisons : son allure lui permettait de les charmer avec une facilité déconcertante, et il préférait leur goût à celui des hommes. Je n’avais pas cru que Bones puisse apprécier la différence entre le sang masculin ou féminin jusqu’à ce qu’il me prouve le contraire. Il était capable d’identifier sans la moindre erreur le genre de tout échantillon de sang. Il avait même ajouté un jour qu’il pensait avoir acquis le goût des œstrogènes avec le temps.
— Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’était pas imbibée de whiskey, me rétorqua-t-il en s’approchant de moi et en fronçant les sourcils à la vue de ma bouteille presque vide. C’est tout ce que tu as avalé aujourd’hui ?
— Tout juste, Crispin, claironna Ian. Elle a passé la journée à boire avec la détermination d’un poivrot irlandais.
Je n’avais rien à lancer sur Ian, à part mon whiskey, et il n’était pas question que je le lâche.
— Va te faire voir, Ian !
Bones s’empara de ma bouteille, mais j’avais prévu sa manœuvre. Je m’accrochai et nous tirâmes chacun de notre côté.
— Lâche ça, aboya-t-il en m’arrachant mon trophée. Tu as besoin de te nourrir, Chaton, et de boire une bonne dizaine de litres d’eau. Enfin, où est ta mère ? Cette satanée bonne femme n’est même pas capable de veiller à ce que tu ne meures pas de faim ?
S’il avait pour but de me mettre en colère, il n’aurait pas pu choisir de meilleur moyen.
— Ne te gêne pas. Fais-moi nourrir, abreuver et tenir en laisse par quelqu’un. Tu sais ce que tu aurais dû épouser, Bones ? Un chien, comme ça tu n’aurais pas eu à t’inquiéter qu’il lui prenne occasionnellement l’envie d’agir de son propre chef.
— Exactement ce qu’il me manquait, grommela-t-il en se passant la main dans les cheveux. Rentrer chez moi pour y affronter une harpie bourrée qui ne rêve que de m’arracher la tête.
Comment ça, ce qui lui manquait ? C’était moi qui m’étais fait assommer, droguer, et qui avais été réduite à se faire nourrir à la cuiller, tout cela à cause d’un vampire fou qui m’avait kidnappée à seize ans et qui refusait d’admettre l’évidence.
— Jouer les harpies bourrées, ça a été le meilleur moment de ma semaine, alors tu m’excuseras de ne pas t’attendre à la porte avec une cible rouge sur mon cou pour t’indiquer où prendre ton dessert.
J’étais en partie horrifiée par ce que je venais de dire. Après tout, ce n’était pas contre Bones que j’étais en colère, mais contre les circonstances. Malheureusement, j’avais craqué et dit des choses que je ne pensais pas vraiment. Je ne pouvais même pas accuser Jack Daniels. Mon statut d’hybride m’immunisait contre les effets pervers de l’alcool.
— Pour l’instant, j’ai l’impression que c’est exactement ce dont tu as besoin, me rétorqua Bones. C’est ce que tu veux ? Il faut que je te monte au lit et que je te saigne un bon coup pour évacuer ta hargne ? Même si je préfère te flanquer une bonne raclée pour te remettre les idées en place, en tant que vampire, je suis à la hauteur de la tâche, que j’en aie envie ou pas.
J’en restais bouche bée, et je ressentis un désir impérieux de le gifler.
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