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Critiques de Robert Goolrick (463)
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Féroces

Peu de temps avant son soixantième anniversaire, en 2007, Robert Goolrick trouve le courage de publier “Féroces”.

Ce récit autobiographique s'apparente à un chemin de croix mais jamais l'auteur virginien n'a pu faire sienne la première des sept paroles prononcées par Jésus à l'agonie : “ Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font”.

Les parents du petit Robert eux savaient...



Vous refermez “Féroces” quelque peu ébranlés, l'esprit marqué par d'horribles réminiscences d'un parcours de vie irrémédiablement brisé dès l'enfance.

Vous n'êtes pas prêts d'oublier non plus cette american way of life des années cinquante, cette vie de faux-semblants noyée dans les plaisirs faciles et la recherche du bonheur à tout prix, ce désoeuvrement dans les vapeurs d'alcool qui pousse très loin les limites de la bêtise humaine...



Avec une sensibilité à fleur de peau Robert Goolrick met son âme à nue et extériorise une souffrance qui depuis si longtemps le ronge. Sans voyeurisme ni pathos, “Féroces” oscille dans sa seconde partie entre témoignage et catharsis.

Le rôle d'éponge qui échoit au lecteur est parfois difficile mais celui-ci s'honore à aborder, à comprendre, à finalement absorber les choses de la vie jusque dans leur laideur la plus immonde.
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Féroces

"The End of the World as We Know It",tel est le titre anglais de Féroces, bien plus juste et fort que le titre français, assez racoleur.



Je viens de terminer ce livre atroce, ou plutôt c'est lui qui m'a achevée..



Effroi et douleur. Nausée et colère. Horreur et chagrin. Tout se mêle, il faut que j'écrive, vite : ne pas garder pour moi ce poison-là, si violemment infligé, si cruellement distillé,si authentiquement raconté. Voilà une autobiographie qui ne se laissera pas oublier.



Tout de suite la douleur est là, qui dévore chaque anecdote, même anodine: ces cow boys avec qui on ne veut pas jouer, cette robe diaprée comme une aile de libellule, qu'on ne veut plus mettre ni regarder,trouée qu'elle est par la cendre d'une cigarette, ce vélo qu'on ne donnera jamais, cette protection, cette tendresse toujours refusées, cette mascarade rejouée sans fin comme une mauvaise pièce à laquelle on ne croit plus, ces bouteilles de bourbon pour étourdir la honte des bourreaux , cette lame de rasoir pour raviver la plaie de la victime -pour appeler la mort ou se rappeler qu'on vit.. On sent planer une catastrophe, une malédiction, un traumatisme pire, cent fois, que celui de l'alcool destructeur et avilissant, pire que l'autodestruction à l'oeuvre sur les corps..



On traîne cet insupportable malaise jusqu'à la presque fin d'un récit écorché vif, désordonné, chaotique. Et tout à coup, c'est dit. On touche le fond de l'abomination. Plus rien à ajouter, juste à survivre. Et à écrire, enfin, après plusieurs romans, la vérité effrayante. Aux yeux du monde.



Mais ce qui arrache le coeur et les larmes, c'est ce fond de douceur, cet immense besoin de grâcier les coupables, cette impossibilité physique de quitter la maison du crime, parce que la maltraitance a ceci d'épouvantable c'est qu'elle demeure perversement liée à l'amour.



Je n'ai mis que 4 étoiles parce que je n'en pouvais plus de découvrir et de partager cette souffrance-là. Une telle sincérité ne devrait d'ailleurs pas être évaluée. On n'est plus dans l'oeuvre littéraire, on est dans le cri, dans la survie.



Un livre terrible.

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Après l'incendie suivi de Trois lamentations

Saratoga, une des plus belles maisons géorgiennes, « la plus vaste d'Amérique » est un champ de ruine. L'incendie qui l'a dévastée en 1941 reste encore un mystère. Sa propriétaire a disparue lors de ce drame.

C'est sur les traces de celle-ci que nous emmène l'auteur : « la légendaire Diana Cooke Copperton Cooke », ancienne gloire américaine du début du siècle, héritière d'une demeure trop grande pour elle et d'une fortune évanouie.



Sa richesse s'est faite sur le dos de centaines d'esclaves. Sa perte en est-elle sa malédiction ? Voilà de quoi donner un peu plus d'ampleur à cette histoire. Malheureusement, tout au long du roman, c'est le côté mièvre qui l'emporte : un scénario de papier glacé servi par une écriture froide et ampoulée.



Bien sûr, c'est aussi le portrait d'une femme forte qui se bat pour son indépendance... mais toujours pour elle-même.

Cette pauvre petite fille riche – Marie-Antoinette des temps modernes, se rêvant plus fermière qu'aristocrate – ne m'a pas conquis. Peut-être faut-il aimer les histoires de princesses se débattant dans les griffes de l'amour, entre splendeur et décadence, sous le poids d'un héritage insoutenable, pour en apprécier sa juste valeur.



Je remercie chaleureusement Babelio pour ce livre obtenu lors de la Masse Critique Littératures du 17 janvier, ainsi bien sûr que les éditions 10/18 !

Je souhaitais lire un jour un livre de Robert Goolrick. Voilà qui est fait. Et, qui sait, ce ne sera peut-être pas le dernier...

En effet, j'ai beaucoup plus apprécié le récit autobiographique qui fait suite à ce roman, "Trois lamentations", au style plus direct et franc, et pour ces trois amitiés féminines plus sincères et vraies.



Lu en février 2018.
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Arrive un vagabond

Dans la petite cité de Brownsburg, en Virginie, fin des années 40, les habitants se connaissent tous, ils sont ordinaires et croient davantage aux prédictions du bon dieu qu’à leur propre conscience. La foi sied à tous comme seule bonté à vénérer. Lorsqu’arrive un vagabond, Charlie Beale n’a qu’une idée en tête, vivre heureux et vivre libre. Il tombe amoureux une première fois des terres de la Virginie qu’il acquiert comme le meilleur achat pour sa liberté. Il tombera une seconde fois en amour, pour la plus belle fille de la région, Sylvan, une jeune fille aux allures de pin up comme celle des photographies que les soldats emporteraient avec eux pour partir au front.

Ce que Charlie ignore en tombant ici amoureux, c’est la tragédie qui entoure cet amour aux contours ravageurs. Sylvan porte un lourd secret qui la rend prisonnière et la prive de sa liberté d’aimer.

Les secrets et non-dits pendent aux cous de nos deux protagonistes comme la passion et le désir les enserrent dans leur chair et leur cœur. Charlie, fou d’amour n’aura de cesse d’acheter la liberté pour sa belle sans se douter qu’une âme enchaînée traîne sa vie dans un labyrinthe sans issue.



Robert Goolrick signe un roman sur fond de drame social, sans naïveté et sans romantisme exacerbé, il plonge dans la nature humaine pour y disséquer les préjugés, les fausses convictions. Il prend un enfant de 6 ans en otage, spectateur et victime de ce qui se joue sous ses yeux innocents. Un roman audacieux où les puissants en sortent gagnants et les saints damnés...
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Féroces

Si vous trouvez votre vie pourrie, lisez ce livre et vous verrez que l'herbe est parfois beaucoup moins verte chez le voisin.

Si vous avez l'âme d'un thérapeute, allez vers ce récit, vous allez être servi.

Si vous avez un coup de déprime, abstenez-vous et tournez-vous plutôt vers un feel-good.



Cette lecture est une erreur, un mauvais choix de ma part fait sur la base du résumé de la 4e de couverture. Un résumé trompeur. Car dès les premières pages, je me suis demandée dans quoi je m'étais fourrée. C'était loin, très loin de l'idée que je m'étais faite. Un roman je pensais... J'aurais dû au moins regarder les étiquettes de la fiche du livre :(



Il s'agit d'un témoignage, celui de l'auteur, qui remonte le fil du temps jusqu'à un événement traumatique vécu à l'âge de 4 ans. Une fissure dans cette enfance qui aurait pu être dorée auprès de parents chics donnant soirées sur soirées où l'alcool coule à flot sans jamais tacher les jolies robes en soie. Une fissure énorme, irréparable, détruisant toutes les chances d'une vie paisible, normale, joyeuse pour ce petit garçon. Une brèche ouverte sur un ensemble de dommages collatéraux, à défaut d'avoir pu au moins en parler pour amorcer le chemin de la réparation et ne pas se sentir coupable. Une vie gâchée. Un séjour psychiatrique, des automutilations, une quête d'amour impossible... Une vie de spectateur, à regarder celle des autres, à regarder tout ce qui lui est inaccessible, tout ce qui a été perdu...



Le récit est fait d'une suite de souvenirs qui surviennent sans chronologie, conduisant le lecteur vers cet événement majeur, terrible. Cela semble couché sur le papier comme un jet de pensées, souvenirs, qui s'articulent jusqu'à ce point crucial de la mémoire de l'auteur. Comme sur un journal intime. Ou comme un entretien dans le cabinet d'un psychothérapeute.

C'est bien construit, bien écrit, sans victimisation. Le ton est mélancolique. Le fond est bouleversant.



Mais s'il y a des livres où l'on ne souhaite pas connaître le contenu afin de le découvrir soi-même (c'est le cas en particulier lorsqu'il y a une intrigue ou un fil conducteur), il y a ceux où il me paraît nécessaire d'avoir les informations essentielles afin de s'engager dans une lecture en connaissance de cause et pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Ce livre fait partie de cette deuxième catégorie pour la lectrice que je suis. Ce défaut d'informations m'a fait vivre une lecture malaisante, me donnant le sentiment de violer l'intimité très secrète de l'auteur, une intrusion dans son histoire et sa psyché. J'aurais aimé savoir avant de m'engager sur ce terrain, peut-être aurais-je davantage apprécié cette mise à nu.
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Arrive un vagabond

Une cité de Virginie à la fin des années quarante. Un nouvel arrivant. Une femme fatale.



Chronique d'un drame annoncé.



Robert Goolrick y dessine avec finesse l'existence d'une bourgade ordinaire, son rythme paisible et les discrets états d'âme de ses habitants, se focalisant en parallèle sur l'inexorable progression d'une histoire qui bouleversera irrémédiablement l'équilibre si parfait de ce tout petit monde.



Ce roman ressemble à la vie : âpre et doux, simple et complexe, et Goolrick utilise à merveille ces puissants paradoxes pour en peindre un tableau somptueusement fort et envoûtant.



Avec en intro ces quelques paroles du Boss qui résument tout...



“ It wasn't the cold river bottom I felt rushing over me

It wasn't the bitterness of a dream that didn't come true

It wasn't the wind in the gray fields I felt rushing thought my arms

No no baby, baby it was you ”



(Ce n'était pas le lit froid de la rivière qui m'emportait

Ce n'était pas la saveur amère d'un rêve jamais réalisé

Ce n'était pas le vent dans les champs qui me cinglait les bras

Non, non, c'était toi)



... impossible de résister à ce vagabond là.






Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Féroces

« Je donnerais tout, n'importe quoi, pour être l'homme à qui cela n'est pas arrivé. Je ne peux m'y résoudre. J'ai essayé toute ma vie, et je ne peux m'y faire. » Robert Goolrick écrit cela à la fin du récit de l'événement qui a brisé sa vie alors qu'il n'était qu'un jeune enfant. Un traumatisme provoqué par un adulte, celui qui aurait dû le protéger contre toutes les agressions, son père.



Une histoire d'une famille du sud des Etats-Unis, d'enfants brillants et de parents beaux et mondains qui noyaient dans l'alcool leur mal être. Des parents qui ont piétiné l'enfance de leur fils de quatre ans presque négligemment, un soir où, une fois de plus, ils avaient trop bu. Une souffrance insurmontable et un secret inavouable que nous confie Robert Goolrick et qui nous bouleversent.

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Arrive un vagabond

- pépite !



Etats-Unis, 1948. Brownsburg est une bourgade paisible et modeste de Virginie, avec ses Blancs et ses Noirs qui ne se mélangent pas mais se côtoient sans heurts. La petite ville est peuplée de gens "sans histoires" : la famille sympathique du boucher, une couturière aux doigts de fée, aussi douée pour rendre les femmes lumineuses que les marraines de Peau-d'Âne et de Cendrillon. Et puis "arrive un vagabond", Charlie. Homme sage et doux, il est vite adopté, mais perturbe involontairement cette harmonie en tombant amoureux.



Les protagonistes et leurs interactions sont brillamment dépeints, exprimant les passions et les paradoxes humains. Rêver ou vivre, vouloir plus au détriment d'un équilibre précaire mais confortable, limites de ce qu'on peut montrer et demander à un enfant, menace de l'Enfer brandie par les prêtres lorsque les événements les dépassent... Autant de sujets intéressants que l'auteur expose avec talent et finesse.



Superbe histoire d'une passion ravageuse, destructrice, d'une grande tristesse. Dit ainsi, cela semble annoncer un roman à l'eau de rose. Pensez plutôt à 'Seul le silence', pour la beauté de la plume, l'atmosphère, les personnages et la subtilité, mais aussi à 'Portrait de l'artiste en hors la loi', 'Emma Bovary'...



Intense, douloureux, magnifique.
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Féroces

C'étaient les années 50, dans une petite ville de Virginie. Les femmes mettaient des bigoudis avant l'heure du cocktail et de belles robes en soie. Les hommes jouaient de la cuillère et du shaker pour la préparation de ces fameux cocktails. Les cocktails, la première religion des Goolrick, nettement plus assidus en cette heure de fin d'après-midi que pour la messe du dimanche. D'ailleurs, on ne dérange pas un Goolrick à l'heure du cocktail, à savoir de dix-sept heures à minuit passé. Le jeune Goolrick l'apprendra à ses dépens.



Derrière les rideaux fermés de ces demeures virginiennes, à l'abri des regards indiscrets, l'atmosphère devient étouffante, oppressante même. Je suffoque de ces faux-semblants d'une famille noyée sous des cocktails aussi colorés que les tapisseries du salon cosy et où l’alcool est aussi envahissant que ces sumacs de Virginie. Le drame est là, je le pressens, je le ressens, juste une question de jours ou d'années, mais il va survenir, inexorablement, dans les vapeurs de gin.



Les scènes d'une vie, dignes de la fin d'un monde, celui de l'innocence du jeune Robert, s'achèvent à ma lecture. Achevé, je le suis totalement devant l'horreur de cette vie, les malheurs de cette enfance. Certains chapitres remuent les tripes, donnent la nausée, et le flot d'alcool déversé entre les pages n'est qu'un moindre mal. Un chapitre en particulier donne envie de fermer les yeux, et de laisser couler la tristesse de ce gamin de ses paupières closes. Oui, il y a des scènes horribles dans ce roman autobiographique, un grand roman certes, mais une expérience innommable, plus atroce et féroce que ne laisse présager la vie d'un grand écrivain. Je ou lecteur lambda ne peuvent rester insensibles à ces mots, les maux d'une époque et des cocktails de Virginie.
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Arrive un vagabond

« Je crois à la bonté. Je crois que c’est la seule chose qui compte. La seule qui restera de nous après notre départ ».

Voilà une phrase que j’adore, à laquelle j’adhère absolument.

Je suis donc d’accord avec la femme de Will le boucher, et mère de Sam, 5 ans.



Nous sommes en 1948, et cette famille de la Virginie rurale accueille Charlie le vagabond, voulant l’intégrer à la communauté de la petite ville de Brownsburg.

Charlie est bon et ne peut provoquer que de la sympathie à son égard. Sam, en particulier, lui voue une adoration sans faille. Adoration mise à rude épreuve lors des mois qui suivent, à cause d’une certaine Sylvan, la belle blonde aux yeux verts malheureusement mariée au plus ignoble des individus…



Histoire d’amour et de bonté, sur fond de racisme, d’indifférence et de religion.

Histoire d’enfance et de confiance.

Histoire de vérité et de mensonges, de paradis et d’enfer.

Histoire tragique et belle à la fois.



Voici enfin, après deux lectures décevantes de cet auteur, le roman de Goolrick que j’apprécie énormément.

Des personnages ambivalents à la psychologie développée évoluent dans une nature apaisante.

A coup de phrases tantôt simples, tantôt poétiques, le drame se prépare à partir de rien, enfin, presque rien : un regard, une silhouette, deux rêves. Celui d’une toute jeune femme et celui d’un homme bon, du moins, qui croyait à la bonté…



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La chute des princes

Il a voulu s'approcher trop près des étoiles et s'est brûlé les ailes.

Dans les années 80 il est devenu Golden Boy sur un coup de poker. L'argent a coulé à flot … Et ce qui va avec, sexe, drogue, alcool et rock and roll. La journée c'est le taf, la nuit c'est la fiesta … parfois les deux se mélangent ... jusqu'à ne plus en pouvoir … Jusqu'à la cure de désintoxe ... Jusqu'à se faire virer. Et tout perdre. Même sa femme le jette dehors. Commence une longue errance dans les tréfonds des bas quartiers. C'est l'envers du décor.

Cette écriture que Robert Goolrick utilise me sied à merveille, je m'y sens comme chez moi. L'histoire n'est pas narrée d'une manière linéaire, les chapitres sont comme des petites nouvelles qui se suffisent à eux-mêmes, mais l'ensemble brosse un tableau plutôt négatif sur le monde des paillettes.

Dans un monde ou l'argent est roi, la majorité vont se retrouver sur le carreau, certains caresseront du bout du doigt ce rêve américain de pleine réussite … Mais la bête est cruelle, sans pitié. Ce peut-être un point de départ pour une introspection, un coup de fouet pour déboucher vers plus de compréhension et commencer à entrevoir la Vérité en face.

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Féroces

Un très grand roman, magnifique et déchirant, d’un des plus talentueux auteurs de la littérature américaine contemporaine.



J’avais déjà gouté au talent de Robert Goolrick, mais venir à « Féroces » après « Arrive un vagabond » et « la chute des princes », tous deux très bons, ne fait qu’en aviver la qualité car « Féroces » les surpasse à mes yeux.



J’espère ne pas me tromper en affirmant que cet avis n’est pas porté uniquement sous le coup de l’émotion, évidemment forte à la lecture de ce témoignage terrible, et qui m’a demandé, chose assez rare, un long moment de recueillement à l’air libre une fois refermé pour retrouver ma sérénité.



C’est qu’il y a beaucoup de choses admirables dans ce livre : sa construction, en une série de tableaux animés, épars mais qui amènent en cercles concentriques vers le nœud du drame, révélé tard car immensément difficile à dire; la puissance d’évocation de cette famille tant dans sa gloire factice que dans ses démons cachés aux regards; l’élégante manière de dévoiler l’intime, sans vulgarité même dans la crudité; la plume naturaliste, délicate mais incisive de Goolrick qui regarde en face le réel, et dont on a l’impression qu’il nous murmure son histoire à l’oreille.

Et surtout l’étrange sensation de paisible tristesse qui se dégage du propos malgré la violence exorcisée avec colère, avec douleur, mais sans fiel. Il ya cependant quelque chose de dangereux dans ce livre dont les âmes sensibles se doivent de se tenir éloignées.



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Féroces

"Féroces" est un livre terrible sur les blessures qui ne guériront jamais. Les blessures d'un enfant de 4 ans qui cherchera en vain à vivre heureux, à être aimé et aimer.

Vivre avec le souvenir du passé , avec ce passé cruellement, sournoisement présent quoiqu'il arrive, c'est ce que nous raconte avec une force troublante Robert Goolrick.

Dans un décor où tout semble parfait, où "la bonne éducation" fait loi, que d'ambivalences, mais aussi que de souffrance pour cet enfant qui cherche et rêve de rendre heureux ses parents malgré la haine qui se dégage d'eux.

Tout au long de ce récit on sent la souffrance de ce "non amour", de cette quête d'affection.

Lle mal-être est d'une telle puissance que la lecture en devient parfois oppressante. "je ne voulais pas que les gens aient du chagrin, je ne voulais pas de leurs larmes. Mon rêve n'était pas de leur manquer mais de n'avoir jamais paru sur cette magnifique planète ronde, tourbillonnante est démesurément peuplée."

Les raisons qui poussent l'auteur à écrire ce livre sont égrainées à la fin, elles percutent, elles bouleversent, elles émeuvent. C'est un livre écrit avec beaucoup de pudeur, il n'y a pas de déballage, de règlement de compte. C'est un livre tout en nuances, écrit avec une certaine retenue ce qui renforce l'ambivalence. C'est un livre d'une grande qualité, les mots sont justes, bien choisis, percutants et d'une grande sensibilité. Ce n'est pas un livre qui réconcilie avec la race humaine, ce n'est pas un livre qui donne la pêche mais c'est un livre cruellement touchant.
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Après l'incendie suivi de Trois lamentations

Elle est jeune, belle, a de la classe à revendre et pas d'argent. Elle doit ferrer des prétendants riches pour sauver de la ruine Saratoga, l'immense propriété des Cooke en Virginie. Elle, c'est Diana, descendante en ligne directe des Pères Fondateurs, l'unique héritière des lieux.



Pour son malheur, Diana Cooke épouse le richissime capitaine Copperton, un arriviste qu'elle est persuadée d'aimer. Elle se trompe. Elle a d'autres priorités, lui le sait. Entre les deux amants, après des débuts idylliques, il n'y aura plus que fantasmes, violence, et rancœurs.



Digne d'une tragédie antique, l'histoire de Diana illustre le poids du passé quand il pousse à ne pas rompre avec les traditions ancestrales, et impose de perpétuer coûte que coûte ce qui échoit en héritage. Un drame personnel, familial, et le drame des esclaves noirs qui ont servi à créer et maintenir dans les états confédérés, des propriétés comme Saratoga.



Avec ce roman poétique et inspiré, Robert Goolrick raconte la fin d'un monde, celui du Sud des Etats-Unis où il a vu le jour. Il raconte aussi, toujours et encore - avec quel talent ! - ses blessures d'enfance. Celles infligées par une mère, qui a trahi son fils, et par toute une région, qui a vécu de l'exploitation et de la servitude des Noirs.

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Une femme simple et honnête

Première précision, Robert Goolrick est un de mes auteurs préférés. J'étais donc impatiente de m'attaquer à ce roman après avoir adoré « Arrive un vagabond », et surtout « La chute des princes ».

Cette fois-ci, l'histoire se déroule dans le Wisconsin à la fin du XIXème siècle où un riche veuf attend sur un quai de gare enneigé celle qui a répondu à sa petite annonce en se décrivant comme « une femme simplet et honnête »

Mais Catherine Land n’est ni simple ni honnête. Avec ce projet de mariage arrangé, elle poursuit une vengeance implacable : tuer cet homme.

Une fois encore, l’auteur distille son intrigue par petites touches parfaites et imperceptibles décrivant aussi bien les émois des corps, les douceurs d’une peau, mais aussi la lourdeur des paysages de neige.

Cette nouvelle lecture de Robert Goolrick se solde à nouveau par un immense coup de cœur.



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Arrive un vagabond

Shakespeare et les autres n'ont pas attendu les Rita Mitsuko pour composer des histoires d'amour qui finissent mal en général. Les amants croient au paradis et se retrouvent en enfer… Dans Arrive un vagabond, l'histoire que raconte Robert Goolrick se termine elle aussi tragiquement.



L'enfer, c'est parfois au début, dans l'enfance, qu'on y est plongé. Les parents de Robert Goolrick font la fête à en perdre la raison. Un jour, après trop d'alcool, son père lui fait subir l'indicible. Il a quatre ans. Son parcours sera atypique. A trente ans, devenu à New York une star de la pub, il se met à gagner des sommes folles qu'il dépense à son tour en alcools, drogues, fêtes et orgies diverses, en compagnie de jet-setters et de prostitué(e)s ; il aurait fréquemment croisé D. Trump et J. Epstein. Mais à la cinquantaine, du jour au lendemain, il est viré, « fired ! »… Il se retrouve seul, sans un rond, et se met à écrire des romans, dont plusieurs sont à connotation autobiographique. Aujourd'hui septuagénaire, il vit seul avec ses deux chiens en Virginie.



Arrive un vagabond n'est pas un roman autobiographique. L'intrigue se situe en 1948 et 1949 à Brownsburg, un village tranquille de Virginie. Les habitants sont des gens simples, satisfaits de leur sort, chacun se tient à sa place, les relations sont apaisées. La plupart sont blancs, mais quelques familles de gens de couleur vivent entre elles, dans leur quartier. Les deux communautés vivent côte à côte, sans heurts malgré les évidentes inégalités sociales.



Au coeur du village et de l'histoire, une famille exemplaire. Will est propriétaire de la boucherie, où tous viennent s'approvisionner. Avec Alma, sa femme, ils sont accueillants, bienveillants et ils s'efforcent de donner une bonne éducation à Sam, leur fils unique, cinq ans.



Arrive alors à Brownsburg un étranger, Charlie, un homme qui trimballe avec lui son lot de mystères et les marques d'un passé chaotique. Il cherche un endroit pour poser ses maigres bagages. Un vagabond, en somme, mais un bel homme, d'une virilité de bon aloi, affichant bon sens, bonnes moeurs, bonne moralité. Financièrement, il ne semble pas démuni. Bref, sa décision de s'installer à Brownsburg ne suscite, de la part des femmes et des hommes du village, que des avis très positifs.



Dans une maison isolée vit Sylvan, une très jeune et très jolie femme issue d'une famille arriérée. Elle est mariée à un butor riche, gras et vaniteux, pour lequel la beauté de sa femme n'est qu'une marque de standing. Sylvan est obsédée par les vedettes d'Hollywood – Lauren Bacall, Lana Turner, Joan Crawford… – dont elle épluche la vie dans les magazines et dont les coiffures, tenues et manières lui servent de modèles pour la vie de tous les jours à Brownsburg. Pour la population, et notamment les hommes, l'effet est ravageur.



Charlie… Sylvan… Un homme capable de tout sacrifier à ses désirs et une femme enfermée dans une bulle fantasmatique... Que voulez-vous qu'il arrivât ?



L'intrigue se met en place lentement, sur un faux rythme, dans une atmosphère qui devient d'autant plus irrespirable, que Sam, le petit garçon auquel Charlie voudrait transmettre des savoirs et des valeurs comme s'il en était le père, assiste sans tout comprendre aux instants qui les emportent vers le drame annoncé.



Charlie avait pourtant relevé la spécificité des prêches religieux. Dans ce qui sert d'église à la population noire, on chante le paradis avec enthousiasme, alors que chez les Blancs, on menace de l'enfer les pécheurs. C'est ce qui déclenchera le drame. La peur de l'enfer, voilà ce qui finit par y précipiter le meilleur des hommes, un innocent, parce que chez ces gens-là, on ne pèche pas, monsieur, on ne pèche pas… on prie.



Une prose d'un lyrisme tourmenté, sauvage, presque dissonant. La vie n'a pas arraché la poésie du coeur de Goolrick, comme il l'écrit lui-même pour Charlie. Mais elle a tout mis à vif.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La chute des princes

« Allez tous vous faire foutre ! On veut tout, et vous pouvez nous tuer sous le joug, on s’en tape. On veut des choses impossibles, uniquement des grands crus, le nec plus ultra dans tous les domaines. On veut des salaires équivalents à notre âge multiplié par cent mille. On veut cramer notre vie dans une course furieuse, on veut saccager, piller notre quartier, violer et détruire nos amis les plus chers. On se montrait d’une générosité grandiose à l’extérieur, et d’une mesquinerie absolue dans le secret de nos cœurs ».



Aïe ! Ces phrases m’écorchent, elles me déchirent, m’étripent. Je déteste ce genre de personnage qui se croit omnipotent, qui adule la richesse et les plaisirs égoïstes, qui écrase, manipule, jouit et « tue ».

Et pourtant, ça existe !

Ce roman raconte l’expérience de feu qu’a connue un jeune dans les années 80, à New-York, dans l’univers de la Bourse, des traders, de ces agités du bocal qui ne peuvent vivre que sous pression et qui terminent leur vie en ayant tout brûlé, tout consommé, tout violenté, terrassés souvent par une crise cardiaque, le suicide ou le sida. Ces jeunes à qui on (« la Firme ») a promis le paradis – en l’occurrence, l’argent – et par conséquent la toute-puissance et l’irrespect total des moins riches (ne parlons même pas des « pauvres » qui n’ont aucune existence à leurs yeux).

« Difficile d’évoquer les années 1980 sans employer les expressions ‘putain’ et ‘va te faire foutre’ à tout bout de champ. Surtout si on considère que je passais l’essentiel de mon temps soit en état de fureur, soit à la recherche de femmes avec lesquelles coucher – et parfois les deux simultanément ».

Les trois quarts de l’histoire détaillent avec une précision exaspérante les multiples jeux auxquels s’adonnent le héros et ses « amis », leur vie de fous à mille lieues de celle du commun des mortels.

J’ai détesté ces descriptions, pourtant très bien mises en scène et servies par une langue fleurie, acerbe et tranchante.



Et puis vient la déchéance : l’alcool et les drogues ne font pas bon ménage avec le cerveau rationnel, et même si l’on est jeune, celui-ci arrive à se rebeller, et à forcer le corps à délirer. Conséquence : le renvoi, définitif, de cet univers doré et dangereux de la finance.



La chute commence, inéluctable. Chute des princes, donc de très haut, descente aux enfers, perte des amis, des repères, de l’amour, pour arriver à un état accepté avec plus ou moins de sagesse.

Et curieusement, c’est cet état que j’ai aimé lire. Le narrateur s’est malheureusement très peu appesanti sur le présent, c’est dommage. C’est là qu’on trouve les réflexions profondes sur l’amour, l’argent, l’amitié, la mort.

« Je contemple la moitié du lit dans laquelle personne n’a dormi, et je me demande ce qui est arrivé à tous les possibles de ma jeunesse ».

Cette phrase recèle toute la nostalgie du monde, et conduit à un possible où s’exaltera peut-être la vraie nature de l’homme qui a osé creuser en lui pour y voir la vérité.



Avis donc plus que mitigé, car le côté obscur et abondamment décrit du personnage m’a procuré énervement et exaspération. Même son aspect plus sage – l’acceptation de sa vie déchue – m’a agacée à certains moments par le fait que celle-ci, plus « normale », est décrite comme étriquée, insignifiante.

Cela me choque, car moi qui ai une vie sans richesse excessive et sans misérabilisme, je l’aime et je la trouve riche. Riche de sens et de contacts, riche d’amour.

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Féroces

Chez les Goolrick, il y a « le paraître », il faut briller en société, être connu et respecté et surtout incarner la famille idéale. Le quotidien n'est qu'une succession de mondanités, de cocktails, de soirées, de thés, de barbecues et de fêtes chez les uns et les autres... Une vie publique douce et heureuse, insouciante...

Et puis, il y a « l’être », l’envers du décor, nettement moins avenant. L'alcool, l'ennui, les déceptions professionnelles, les non-dits, le silence, l'absence d'amour et le mensonge emplissent le quotidien... Et surtout, un terrible secret, si lourd et douloureux qu'il a marqué à vie l'auteur.

«Je n'ai jamais raconté cette histoire aux gens que je connais et que j'essaie d'aimer. Je ne l'ai pas racontée à ma famille. J'ai peur de la raconter aujourd'hui.»

Robert Goolrick s’attaque à ses vieux démons. Il tente de panser des blessures jamais cicatrisées et nous livre une lecture éprouvante et poignante, dont il est impossible de sortir indemne.

« Féroces » est un livre magnifiquement terrible.

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La chute des princes

Quand on raconte une chute, il existe, il me semble , deux façons de faire : en dégringolant, depuis le haut de la falaise jusqu'en bas, ou alors,   comme ces bandes qu'on rembobine, en remontant lentement du tas de cailloux sur lequel le corps s'est abîmé,  jusqu'au faîte d'où il a chu.



La première façon  est dramatique et moralisatrice -sic transit gloria  mundi.. - la seconde est tragique mais permet aussi le recul ironique,  façon  Cécile  Sorel - "l'ai-je bien descendu?"-



Goolrick en a inventé une troisième: il pulvérise façon puzzle, il atomise  la chute, au mépris de toute chronologie - wind ou rewind-  en une infinité de petits moments pailletés comme les soirées de ses héros et poudrés comme leur  nez , une collection de petites nouvelles dont le héros-ou plutôt le narrateur-personnage récurrent- est tellement inconsistant  qu'il dit plus souvent "nous" que "je"- et qu'on ne connaît même pas son nom. Tout au plus,  son surnom: Rooney.



Difficile de s'attacher à une trajectoire aussi savamment brouillée,  à un personnage aussi pâlichon.  



Reste le charme de la plume...



En lisant, on accroche  bien quelques silhouettes: Jools, la pauvre petite fille riche qui ressemble tellement à Audrey Hepburn, morte d'une overdose de drogue et d'inattention, Holly, prostituée  transsexuelle au grand coeur,  et tous ces fêtards ou fêtardes brusquement terrorisés par un virus qui rend 'tout contact, tout baiser(..) tragique" , tandis que "la voix du désastre chuchote à  ( leur) oreille" : " c'est la mort du plaisir"...



Les années 80, dans la Big Apple, ce sont aussi les années sida, la catastrophe à  l'oeuvre dans cette gigantesque partouze friquée.. .



On retient quelques scènes...on hume quelques atmosphères. ..mais sans jamais s'attacher, sans s'attarder ni s'apesantir, encore moins s'apitoyer ou frémir,  comme gagné par la frénésie consommatrice, par la futilité  de cet univers d'argent facile, où il est impensable de ne pas rouler en Lamborghini, avec des Lobb  aux pieds, une chemise Turnbull tendue sur des tablettes de chocolat savamment entretenues à coup de coaching, impeccablement sanglé dans  un costard  Brioni , sûrement le fin du fin chez les yuppies! -  je cite de mémoire, tant ces marques fétiches ponctuent en abondance le récit, à se demander si Goolrick n'en a pas fait ses sponsors...



Bref, j'ai lu, j'ai vu, j'ai pas adoru.



J'ai même été plutôt déçue.
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Une femme simple et honnête

« Ces choses-là arrivent ».

Des hommes qui deviennent fous, qui tuent leur femme.

Qui jettent leur enfant dans le puits.

Qui se tranchent la main.

Des hommes qui deviennent fous, alcooliques, violents.

Dingues de cette vie de pauvreté, d’hiver interminable, dans ce Wisconsin du début du 20e siècle.



Une femme soi-disant simple et honnête, répondant à la petite annonce d’un veuf de longue date, seul, triste, crevant de désir charnel et du besoin d’être aimé. Riche, aussi, et c’est important pour cette femme. La rencontre se déroule, l’alchimie prend.

Ces choses-là arrivent.

Mais la femme ne peut se défaire de son passé, lourd. Et à travers une rencontre, celle du fils supposé de l’homme, renoue avec ses turpitudes.

Ces choses-là arrivent.



Le drame est là, latent. La bienveillance, aussi.

Et l’ennui, pour moi.

L’inextricable embrouillamini des sentiments. L’improbable revirement. L’incroyable persistance de la haine. Tout cela me parait si compliqué, si peu vraisemblable, si emmêlé, parfois, avec l’apparition soudaine de personnages secondaires, suivi de leur disparition tout aussi soudaine.

Ces choses-là arrivent.



Je n’ai pas aimé. Ou si peu...Le style de Goolrick sauve l’ensemble, et particulièrement ses dernières pages, sensibles, justes, poétiques. Terminons donc par une note positive, si l’on peut dire :

« C’était une histoire banale, où le froid pénétrait dans les os des êtres pour ne plus jamais les quitter, où les souvenirs s’enfonçaient dans leur cœur pour ne plus jamais le laisser en paix. C’était l’histoire de la douleur et de l’amertume qu’on endurait dans l’enfance, quand on était sans défense mais capable de reconnaitre le visage du mal, de secrets maudits qu’on ne pouvait raconter à personne, de la vie qu’on s’inventait contre sa douleur et la douleur des autres, impuissant à changer quoi que ce fût, l’histoire de la fin déjà écrite ».

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